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Si c’est Geffroy qui le dit…

Claude Monet, la Seine à Vétheuil, 1879, musée d’Orsay – Paris

« Quand un homme possède le don de voir, de comprendre, de reproduire en résumés magiques ce passage de la lumière sur le monde, il peut vivre seul, car il n’est pas seul : il est entouré de toutes les fées des sources, des rivières, des champs, des bois, de la mer, des saisons ; il est en dialogue perpétuel avec elles, il écoute leurs voix, qui sont ses voix. C’est ainsi que s’est affirmé de plus en plus le goût de la solitude de Monet, sa sauvagerie, sa vie retirée parmi ses fleurs, au bord de l’eau, dans les prairies, partout où l’on entend les rumeurs de l’espace. »

Gustave Geffroy a été un ami intime de Monet et certainement l’une des personnes qui l’ont le mieux compris. La biographie qu’il a consacrée au peintre est l’une des sources les plus précieuses dont disposent les historiens de l’art. GG, dans ses écrits, est du genre sérieux. Allez, j’ose : il est même peut-être parfois un tout petit peu plombant à lire.

Je me faisais cette idée de lui, un homme sincère, entier, passionné et éventuellement un peu ennuyeux, quand je suis tombée sur le passage ci-dessus à la fin de la biographie. Interloquée, je reste des minutes à lire et relire ces lignes sans pouvoir trancher : est-ce une simple image poétique, ou le pense-t-il vraiment, que les fées existent ?

Quel historien de l’art oserait aujourd’hui écrire cela ? On lui rirait au nez. Des FEES ??? Cela ferait pouffer. Notre époque ne permet plus à des amis de se dire qu’ils s’aiment, elle a aussi coupé tout lien avec le monde des esprits de la nature. Autrefois, beaucoup de personnes les voyaient. De nos jours, s’il en reste, elles se cachent. Je parle des personnes sensibles à leur présence, car je pense qu’ils continuent de vivre leur vie, indifférents à notre cécité.

Tout compte fait, je crois que Geffroy ne plaisante pas. Il a pesé ses mots, toujours aussi sérieux. Il y croit dur comme fer, comme quelqu’un qui en a vu. Perçu. Et qui comprend qu’on se retire dans un coin de nature pour mieux « entendre les rumeurs de l’espace ». Dans mes bras, Geffroy.


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