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La fenêtre de Bonnard

Pierre Bonnard, Fenêtre ouverte sur la Seine (Vernon), 1911-1912, musée des Beaux-Arts Jules Chéret de Nice

Nous sommes dans la salle-à-manger de Pierre Bonnard et Marthe de Méligny à Ma Campagne, un hameau de Vernon sur la rive droite de la Seine. Pierre et Marthe y ont emménagé en 1910, séduits par ce coin de nature à l’écart de la ville, et par la jolie vue qu’ils ont depuis leur maison. Une vue si plaisante que Pierre la prend comme motif de tableaux. Se place-t-il vraiment devant la fenêtre ? On peut en douter, car il aime recomposer dans sa tête l’image aperçue.
Cette oeuvre, qui fait partie des collections du musée des Beaux-Arts Jules Chéret de Nice, a été montrée pendant toute la saison 2021 au musée des Impressionnismes Giverny, dans le cadre de l’exposition De Monet à Bonnard.

Une petite oeuvre qui appartient au musée Poulain de Vernon lui fait écho :

Pierre Bonnard, Vue du balcon sur la Seine (Vernon) vers 1911, Musée A.-G. Poulain de Vernon

De dimensions beaucoup plus réduites, elle fait penser à un travail préparatoire à la grande toile. Apparemment, c’est la même chose en plus rapide, moins « fini » : même motif, mêmes couleurs. Mais si on compare les deux oeuvres, on s’aperçoit que le cadrage diffère. La partie droite de la fenêtre est coupée dans le tableau du musée de Vernon.

Impossible de positionner la toile de Vernon sur celle de Nice : la partie qu’elle représente n’est pas du même format. Elle se présente au format paysage à Vernon mais comme un portrait, plus haute que large, à Nice. C’est le travail de recomposition mentale qui donne cette élasticité aux formes, en dehors de toute représentation « réaliste » de ce qui se donne à voir.


4 commentaires

  1. Merci Ariane, pour tes explications toujours aussi détaillées!!
    Un plaisir de contempler ces oeuvres de Bonnard, autre peintre que j’apprécie.
    Ils avaient choisi un bien joli endroit !

  2. Mêmes formes des nuages aussi ! J’aime beaucoup cette « Fenêtre ouverte sur la Seine (Vernon) », ce jeu entre l’intérieur et l’extérieur, la silhouette à la porte. Comme c’est vivant, comme Bonnard arrive à faire bouger les couleurs devant nos yeux, même quand il peint l’immobile !

    • Rendre vivante la peinture, son but… C’est amusant le temps qu’il nous faut pour voir tous les détails, on ne distingue pas tout de suite la silhouette de Marthe, ni le chien.

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