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Eventails

Le musée des Beaux-Arts de Rouen présente en ce moment une importante exposition sur Whistler et le whistlérisme. Les éventails y ont la part belle. Ce délicieux regard rêveur a été capté par Jacques-Emile Blanche (1861-1942), portraitiste de la bonne société française et anglaise ; il orne un projet d’éventail, où deux jeunes femmes en robes blanches manient des éventails noirs, en une amusante mise en abîme :

L’éventail était un accessoire de mode indispensable aux élégantes de la Belle Epoque, et, si Monet n’en a jamais peint, d’autres artistes de ses amis s’y intéressaient, par exemple Whistler et Mallarmé.

Voici celui d’Anna Rodenbach, femme de lettres belge et épouse du poète Georges Rodenbach. Il est co-signé par Puvis de Chavannes et Whistler, tandis que Stéphane Mallarmé y a tracé un quatrain de sa belle écriture, déjà rencontrée sur ses enveloppes :
Ce peu d’aile assez pour proscrire
Le souci, nuée ou tabac
Amène contre mon sourire
Quelque vers tu de Rodenbach.

Madeleine Roujon, épouse de l’académicien Henry Roujon, a eu droit elle aussi à son quatrain de Mallarmé :
Simple, tendre, aux prés se mêlant,
Ce que tout buisson a de laine
Quand a passé le troupeau blanc
Semble l’âme de Madeleine.

L’épouse de Mallarmé, Maria, possédait un éventail magnifique, qui figure aussi à l’exposition. Le texte écrit en rouge sur fond foncé est difficile à déchiffrer, et pas plus facile à comprendre :

Avec comme pour langage
Rien qu’un battement aux cieux
Le futur vers se dégage
Du logis très précieux

Aile tout bas la courrière
Cet éventail si c’est lui
Le même par qui derrière
Toi quelque miroir a lui

Limpide (où va redescendre
Pourchassée en chaque grain
Un peu d’invisible cendre
Seule à me rendre chagrin)

Toujours tel il apparaisse
Entre tes mains sans paresse

Mallarmé ne manquait jamais d’adresser ses nouveaux livres à Claude Monet. Dans ses remerciements, le peintre avouait ne pas tout comprendre, mais disait sentir que c’était bien beau.


5 commentaires

    • Toi aussi ils t’ont fait rêver ? C’est un peu marginal par rapport au thème de l’expo, mais l’éclairage était si sombre que je n’ai pas de photo qui me permette de parler des tableaux, dommage.

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