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Le manteau rouge

reflets d'arbres dénudés dans le bassin de Monet, reflet de visiteurs

La plupart du temps, les visiteurs de Giverny ne font pas attention à la façon dont la couleur de leur vêtement va s'harmoniser avec les jardins de Monet. Elle peut être discrète, et le promeneur se fondra dans le décor comme un caméléon. Ou bien elle peut trancher – et gâcher en toute innocence les photos de dizaines de co-promeneurs.  Le turquoise, par exemple, est l'une des couleurs qui paraissent les moins naturelles dans un jardin. Même le blanc ressort.

Je plaide coupable. Je ne suis pas toujours habillée couleur passe-muraille, ou plutôt passe-jardin, et à force de demeurer des heures et des jours dans les jardins de Monet je dois figurer incognito sur des milliers de photos, que je gâche un peu de ma présence. C'est Giverny : il faut en prendre son parti. 

Mais ce jour-là, cette personne en manteau rouge, quelle chance ! Je ne crois pas l'avoir fait exprès. Je ne sais même pas si je l'avais remarquée. Je devais être bien occupée à chercher la netteté du reflet de ces arbres encore nus, au tout début avril. 

Cette personne était là, parmi les premiers visiteurs de la saison, l'irruption de la vie humaine dans le jardin encore engourdi par l'hiver.

Pour cette petite flamme dans le coin de la photo, pour son manteau rouge et sa présence incognito ce matin-là, je voudrais lui dire merci. 


8 commentaires

  1. ….Tout comme dans les  tableaux de Camille Corot,  qui souvent anime  ses paysages  d'une infime, mais intense touche de vermillon, posée  judicieusement sur le bonnet d'un pêcheur ou le corsage d'une belle . 

     

    • Et on se prend à chercher cette petite touche de rouge parce qu’on sait qu’elle doit y être, n’est-ce pas ? Geneviève, je crois en effet que ce sont les références fortuites à la peinture qui m’ont arrêtées sur cette photo en particulier : peinture classique, qui raconte une histoire que l’on ne perçoit pas tout de suite ; ou encore Bonnard, qui animait ses marges de personnages « coupés ». Mais encore une fois je ne l’ai pas fait exprès. Tout le mérite revient au hasard de l’instant.

  2. Et , juste pour vous faire sourire, je vais commettre  un délit d'initiés :   Comme une tomate cerise posée sur un plat d'épinards ?

     

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