Ses bras invitant cachaient une traîtrise. Vous aviez envie d’un peu de repos, vous ne vous êtes pas méfié, vous vous êtes assis.
L’information d’un agréable relâchement musculaire arrive à votre cerveau une seconde avant une autre information, tout à fait contrariante celle-là : le banc était mouillé.
Votre visage trahit-il quelque chose de votre désagrément ? Pour l’instant vous êtes le seul à le savoir. A travers le vêtement, vous ressentez une fraîcheur humide qui ne laisse aucun doute, mais vous pouvez encore faire comme si. Quelle réaction choisissez-vous ? Pester haut et fort contre le banc ou contre vous-même, mettre tout le monde au courant de votre mésaventure ? Ou au contraire essayer que personne ne s’en aperçoive ?
Si l’idée d’exhiber un fondement orné d’une marque humide en son point de contact avec le siège vous fait honte par avance, vous élaborez des stratégies. Vous allez peut-être nouer négligemment votre pull autour de votre taille, prétextant la douceur de l’air. Ou à l’inverse remettre votre manteau en arguant de sa fraîcheur.
Ressaisissez-vous. Ce n’est qu’un peu d’eau qui sèchera vite. Vous n’êtes plus un enfançon sur le point de se faire réprimander parce qu’il n’a pas su contrôler sa miction.
N’attachez aucune importance à l’épisode. Levez-vous et continuez votre promenade sans y penser.
Tout le monde a déjà été sujet à ce genre d’étourderie. Si quelqu’un venait à le remarquer, il vous saurait gré de lui donner l’occasion de constater qu’il n’est pas le seul à être imparfait.
Le banc n’était pas un traître. C’était un tendre qui a posé sur vos joues d’en bas un joli baiser mouillé en forme de coeur.
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Que c’est bien dit ! Je vois plutôt sur les joues d’en bas des… barreaux, mais c’est nettement moins poêtique.
J’aime beaucoup !
Très joliment tourné ce joli post empreint de poésie.
J’adore ce petit poème !!!
Bravo à l’auteur!!!