Comme chaque année c'est un nénuphar blanc qui s'est ouvert le premier sur le bassin de Monet à Giverny, le 13 mai. Peu après, les nymphéas de toutes les autres couleurs ont suivi, encouragés par la vague de chaleur de la fin mai. Les très nombreux visiteurs de ces dernières semaines ont pu voir un étang en tous points semblable aux tableaux de Monet. 

Dans le jardin de fleurs, c'est le temps des roses et de leur opulence précieuse. L'autre roseraie de Giverny, celle de l'ancien hôtel Baudy, est en pleine floraison elle aussi et diffuse ses parfums au moindre rayon de soleil. C'est un joli endroit où se réfugier à l'écart, réservé aux clients du café-restaurant.

Tout à l'heure j'ai reçu un appel de New-York. Le seul fait de lire la géolocalisation m'évoquait des images de gratte-ciel. La communication était étonnament claire, comme si mon interlocuteur se trouvait dans la pièce. Nous avons parlé de tout ce que l'on peut voir à Giverny en plus de la Fondation Monet. De l'hôtel Baudy, sa terrasse et sa roseraie romantique. 

Cela doit faire drôle, dans le petit matin de New-York, d'entendre évoquer l'air de Giverny et ses fragrances, tout comme cela me fait drôle ici, en regardant mon jardin tout vert par la fenêtre et les vaches dans le pré au-delà, d'essayer de me figurer l'univers minéral de mon correspondant. Une heure plus tard, celui-ci me rappelle. "Vous disiez qu'il y a un rooftop garden où l'on peut déjeuner à Giverny?" La désignation m'a fait sourire, appliquée à une terrasse sous les tilleuls. Nous sommes tous prisonniers du carcan de nos référentiels. Le téléphone n'efface que la distance.

Ce sont les voyages, leurs découvertes et leurs rencontres qui nous permettent d'élargir le champ de nos références.  Peut-être que j'irai à New-York un jour. J'ai tout à apprendre de la vie hors sol.