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Est-ce la rencontre d’Aureliano de Beruete qui leur en a donné l’idée ? Le 17 octobre 1904, depuis Madrid, Alice Monet écrit à sa fille Germaine : « Demain sans doute nous irons à Tolède ». Le 18, Germaine est destinataire d’une carte postale qui confirme l’excursion. Le 19, Alice reprend la plume pour lui donner plus de précisions :
D’abord que je te dise toute notre admiration pour Tolède ! Hier, ma carte n’a pu t’en donner une idée. Jamais je n’ai rien vu de pareil. Monet dit que cela lui rappelle absolument Alger. Hier nous avons fait le tour en voiture. C’était unique, c’est ici qu’on voit des oliviers, figuiers de Barbarie etc., mais avec l’aspect des maisons mauresques et même le chant des femmes, puis les ânes, les mules, tout rappelle l’Afrique.
Lettre d’Alice Monet à sa fille Germaine, 19 octobre 1904, Tolède
Je me figure qu’en 1904, le tour de Tolède proposé se faisait en voiture à cheval. Mais peut-être suivait-il un itinéraire proche de celui du petit train touristique actuel, qui part tout en haut, de l’Alcazar, descend dans la ville basse, franchit le Tage pour arriver à ce point de vue, et termine sa boucle par la gauche. Hélas ! le pittoresque décrit par Alice appartient à l’Histoire. Fini le chant des femmes, les mules, les ânes… C’est à peine si l’on aperçoit encore quelques oliveraies entre Madrid et Tolède, et il faut bien chercher pour dénicher des figuiers de Barbarie.
Reste une architecture qui fait souvent référence à celle du Maghreb, mais est-ce assez pour soutenir la comparaison avec l’Algérie ? Pour Monet qui y a effectué son service militaire, les similitudes abondent. Il se trouve transporté au temps de sa jeunesse, alors qu’il servait dans le 1er régiment de chasseurs d’Afrique, âgé d’à peine 20 ans. On imagine l’émotion pleine de nostalgie qui l’étreint. Mais descendre plus au sud, il n’en est pas question. Même si Michel adorerait assister à un spectacle de flamenco à Séville, ils n’iront pas si loin.
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