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C’est avec bien du mal que je puis t’écrire, outre tout notre temps prix par la visite des églises, couvents, musées, etc., impossible dans cet hôtel baroque d’avoir du papier. […] Nous partons ce soir pour Madrid, malgré la somptuosité de cet hôtel absolument mauresque, je serai aise de retrouver celui de Madrid où nous sommes mieux installés.
Lettre d’Alice Monet à sa fille Germaine, 19 octobre 1904, Tolède
Que visitent les Monet à Tolède ? Dans quel hôtel séjournent-ils ? En l’absence de précision, place aux spéculations. Face à la cathédrale se trouve l’office de tourisme de la ville. La conseillère en séjour, très aimablement, déplie pour nous le plan de la ville et barre tous les lieux touristiques qui n’existaient pas en 1904. Puis nous essayons de nous mettre à la place des Monet et d’imaginer ce qu’ils ont eu envie de voir, dans le bref laps de temps dont ils disposaient.
La cathédrale, cela ne fait pas de doute. Pas question d’y faire un petit tour d’un quart d’heure comme dans celle de Tours : de nos jours, la visite est payante et audioguidée. Elle dure près de deux heures ! De quoi ressortir saturé d’art religieux. C’est splendide, bien sûr :
Alice évoque aussi la visite de couvents. Ils ne manquent pas à Tolède ! Celui qui m’attire le plus est San Juan de los Reyes pour le jardin au centre de son cloître.
Le sapin bleu surprend, j’y vois l’évocation de l’hiver. Le magnolia à sa droite pourrait figurer le printemps, les quatre parties du jardin seraient les quatre saisons. Vision contemporaine, car le jardin avait certainement un sens profond et mystique. On y voit toujours le puits central pour l’eau, source de vie. Le cloître lui-même est à deux niveaux, l’étage supérieur étant réservé à la circulation royale.
Changement de décor tout à côté, à la synagogue Santa Maria la Blanca, qui date du XIIIe siècle. Je ne sais pas si les Monet l’ont visitée, et le mot synagogue n’est pas dans la liste d’Alice, mais c’est si beau que je le leur souhaite.
Je vois que j’ai manqué tout un voyage ici. Je reviendrai lire tout ça quand je pourrai, bien à mon aise.
Bonne lecture Tania ! Dernier billet sur ce voyage demain.
Je comprends le manque de temps d’Alice tant de beaux édifices à découvrir!!
Cette synagogue est magnifique en effet,espérons que la famille Monet ait pu la découvrir!
Un voyage vraiment passionnant à travers ton propre périple. Ça a dû être excitant de rechercher les traces de leur passage.
Oui, malgré les 119 ans passés depuis, on peut essayer de mettre ses pas dans les leurs, et quand on y arrive, on ressent une joie particulière. Ce n’est pas la première fois que je voyage sur les pas de Monet, à Bordighera, Venise, Fresselines, Londres, Zaandam, Belle-Île-en-Mer et bien sûr Rouen et la côte normande, mais je ne l’ai jamais raconté. Je me figurais que cela n’intéressait personne, que je devais parler du jardin de Giverny. De même j’ai visité beaucoup de maisons d’artistes mais j’en ai très peu parlé. C’est pourtant un parallèle intéressant avec celle de Monet. C’est une question de ligne éditoriale que l’on s’impose, tu dois comprendre cela en tant que blogueuse : que le lecteur s’y retrouve par rapport à ce qu’il vient chercher. Mais comment savoir vraiment ce qu’il vient chercher ? Giverny ? Les fleurs ? Monet ? Ou autre chose encore ?
Je viens de relire vos articles sur le voyage de Monet à Madrid avec beaucoup de plaisir et d’intérêt. Personnellement je suis preneur pour d’autres voyages si vous avez conservé des notes. Pourquoi pas un nouveau voyage chaque hiver lorsque la saison est plus creuse ?
Merci, c’est très gentil. Je vais y penser avant l’hiver prochain.