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Reflets

Bassin de Monet à Giverny

En automne, les massifs qui bordent le bassin aux Nymphéas ont pris de l’ampleur.
Ils reflètent leurs différents tons de vert dans l’étang, tout autour des radeaux de Nymphéas.
Tout ce vert est réveillé par les petites touches de couleur des fleurs : mauve des asters, blanc des anémones du Japon, qui font écho au rose des nénuphars.
C’est un « bassin aux Nymphéas, harmonie verte » traité en petites touches vibrantes et variées, pour un rendu très impressionniste.

Arrêt sur image

Glycines chez Monet
C’est le temps si court où les trois glycines qui ornent le pont japonais de Claude Monet sont en fleurs, en même temps. La précoce et les deux tardives se rencontrent à la façon de l’équipe de nuit relayée par l’équipe de jour (ou l’inverse). Le chassé-croisé des juillettistes et des aoûtiens.
On voudrait faire durer l’instant, s’éterniser sur cette image. Mais la nature tourne les pages du livre à notre place et à son rythme à elle, trop lentement à notre goût en hiver, bien trop vite à la belle saison.
C’est un peu triste de voir les moments les plus magiques s’effacer, mais c’est toujours pour laisser la place à d’autres. Et l’avantage de ce livre-là, c’est qu’on le relit chaque année.
Le texte est le même et pourtant changé. 2015 aura été une très belle année pour la floraison des arbres, par exemple. Qui sait si 2016 sera aussi généreuse ?
Le texte est le même mais la pièce est interprétée par une troupe différente, parfois brillante et parfois décevante, à l’image de la météo.

La bambouseraie de Monet

La bambouseraie de Monet La bambouseraie plantée par Claude Monet, captive sur son île, a subi une cure de jouvence cet hiver.
Un fort éclaircissage a ouvert des perspectives nouvelles dans le jardin d’eau de Giverny.
Les visiteurs qui entraient dans le jardin en cheminant le long du Ru étaient face à un imposant mur de verdure à travers lequel on ne distinguait rien.
Ce printemps, ils pourront voir à travers les bambous jusqu’au pont japonais.
C’est le pouvoir du jardinier de modeler les opacités et les transparences.
Quant aux bambous, ils sont par nature coriaces, et si on les laisse faire, il reprendront vite le dessus.
Au printemps, la croissance des tiges qui sortent de terre est impressionnante, digne d’une époque où les plantes géantes étaient dans l’air du temps.

Photo avril 2009

La lutte contre les taches

Le bassin de Monet sous la pluieIl a fait un temps superbe aujourd’hui à Giverny, et comme d’habitude les visiteurs étaient nombreux à se photographier sur le pont du bassin aux nymphéas.
Au milieu d’eux, accoudé au parapet, j’ai été surprise d’apercevoir l’un des jardiniers de la Fondation Monet. S’était-il subitement métamorphosé en touriste ? Les apparences étaient trompeuses : en réalité, il était en plein boulot.
De cette position en surplomb, le jardinier évaluait la disposition des îlots de nénuphars à la surface de l’étang. Ce n’est pas simple d’obtenir une impression de naturel, tout en contrôlant la prolifération des plantes.
Les jardiniers du bassin se préoccupent constamment de la taille de ce qu’ils nomment « les taches » de nymphéas.
Il faut retirer des feuilles presque tous les jours pour éviter l’envahissement.
C’est mieux si les radeaux restent détachés, bien formés, ne se mélangent pas.
Et puis, il faut respecter l’alignement.
Là, j’ai ouvert de grands yeux. Un alignement ? Où donc ? J’avais en mémoire une photo des débuts du jardin, où les nymphéas étaient rangés comme à la bataille, et je trouve cela tellement plus joli qu’il n’y en ait pas, d’alignement…
Eh bien si, voyez-vous ! Il est en diagonale ! Un rangement tout en rondeur, comme le reste du jardin d’eau…
« Ça a l’air naturel, mais rien n’est laissé au hasard ! » a souri le jardinier avant de retourner à son bateau, les défauts qu’il est le seul à voir enregistrés dans sa tête.

Complémentaires

Tulipes rouges au jardin d'eau de MonetLes dernières tulipes sont en fleurs à Giverny.
Du côté du jardin d’eau, quelques-unes percent les pelouses qui bordent le bassin.
Au milieu de l’harmonie de tons de verts qui règne autour de l’étang, leur rouge éclate, plus radiant que jamais.
C’est l’effet des couleurs complémentaires, qui se font vibrer réciproquement jusqu’à la stridence.
On pense à Camille Corot, qui disait qu’il faut toujours un accent rouge dans un tableau.
Les petites tulipes aux pieds des grands arbres verts jouent ce rôle de réveiller les tons apaisants des feuillages.

Pointillisme de printemps

CornouillerVoici ce que l’on découvre le matin en débouchant dans le jardin d’eau de Monet.
Tout fait touche de peinture dans la lumière matinale : les feuilles vert tendre, les pensées aux couleurs de porcelaine, les tulipes mauves, et les fleurs des cornouillers. On aperçoit à peine, tout au fond près du pont japonais, le cornouiller rose, mais devant, le blanc, un cornus kousa milky way, étale ses branches presque jusqu’au sol.
Milky way, la voie lactée : son nom lui va bien, lui qui se couvre de milliers de fleurs blanches au printemps. Je suis sûre que le soir, il doit luire doucement dans l’obscurité.

On pleure un saule

Reflet de saule dans l'étang de MonetJe ne suis pas tout à fait sûre que le saule qui se mire ici est bien celui à droite vu de la rive opposée, qui avait jauni le premier à l’automne dernier, offrant de magnifiques reflets d’or autour des derniers nymphéas. Si ce n’est lui, c’est son frère, car il sont trois alignés sur le bord de l’étang de Monet côté route. C’est ce qu’avait voulu le peintre : un panneau de l’Orangerie intitulé « trois saules » les prend pour motif.
Cet automne précoce ne laissait rien augurer de bon, et il n’est pas certain que l’arbre puisse être sauvé, malgré les bons soins qui lui ont été prodigués aussitôt. Quand je suis passée la semaine dernière, il avait subi une taille sévère.
Votre coiffeur, s’il a le sens des affaires, vous l’a sans doute déjà dit : une bonne coupe redonne du tonus à vos cheveux. Il semble qu’il en aille de même pour les saules.
En Normandie, les saules qui ne sont pas pleureurs, les saules à osier donc, dont les rameaux se dressent en cette saison, orange vif, comme la crête d’un punk, sont régulièrement rabattus et finissent par former ce que l’on nomme des trognes. Leur tronc se termine en tête boursouflée pleine de caractère.
Il reste quelques-uns de ces très vieux saules à Giverny le long du Ru, tout près de la propriété de Monet, entre le parking et le jardin d’eau. Ils ont sans doute connu Monet, et méritent un coup d’oeil. Leur circonférence est impressionnante, leur santé aussi.
J’espère que leur cousin moins en forme va se remettre grâce à son traitement de choc. Si ce n’est pas le cas, il faudra l’abattre et le remplacer, quelle désolation. Couper un saule pleureur, ce serait vraiment trop triste.

Comme un vitrail

cotinus en automne
La belle page de l’automne se tourne à Giverny.
Le vent des derniers jours a arraché les feuilles les plus jolies.
Il y a deux semaines à peine, elles formaient une matière colorée et translucide où les rayons du soleil jouaient comme dans un vitrail.
Sur la surface aqueuse du bassin de Monet, l’illusion vitrée était totale.
L’automne, grand illusionniste, a fini son tour.
Il ne reste plus qu’à battre des mains, un peu déçu par cette fin trop rapide.
Comme la floraison des cerisiers au printemps, le grand show est bref.
S’il durait, la magie n’y perdrait-elle pas un peu ?

L’entrée du temple

Portique d'entrée au jardin d'eau, GivernyAu début du mois de juillet, le rosier qui couvre l’arceau à l’entrée du jardin d’eau de Claude Monet est en pleine floraison.
C’est la porte du jardin, un effet renforcé par les deux grands frênes qui montent la garde de l’autre côté du petit pont.
Est-ce la proximité des bambous, qui donne à ce coin du jardin un petit air asiatique ? Pour la visiteuse japonaise que j’accompagne, une image s’impose :

– On dirait l’entrée d’un temple shinto, dit-elle.

L’arceau couvert de roses lui évoque un torii, ce portique rouge aux bords relevés qui sépare le monde des hommes du domaine sacré.

Chuchotis à chat

Chat dans le jardin de Monet

Tout au bout du bassin de Monet, près du petit pont, l’eau clapote contre la vanne.
Quelquefois des grognements s’échappent du petit barrage mobile qui servait à alimenter à la demande le bassin aux Nymphéas avec l’eau de la rivière, pour ajuster le niveau de l’étang.
Les visiteurs se demandent quel est l’animal caché sous les lattes du pont, un cochon ? un chien ?
Ce bruit de succion qui rappelle celui d’une baignoire qui se vide n’intrigue pas que les visiteurs. Ce petit chat du quartier lui aussi est venu écouter.
Installé sur la grille du vannage au milieu des pétasites, il guette les bruits, moustaches frémissantes.

Il a fait preuve d’une grande patience, mais rien n’y a fait, la bête mystérieuse n’est pas sortie de sa cachette !

Reflets d’automne

Couleurs d'automne à GivernyL’automne a mis le feu aux frondaisons autour du bassin aux Nymphéas de Monet. Des flammes dansantes plongent dans les profondeurs bleues, chapeautées placidement par les feuilles rondes des nénuphars.
C’est un spectacle éphémère et superbe, ce choc des contraires, la rencontre du chaud et du froid, du mouvement et de l’immobilité, de l’air et de l’eau.
Les jeunes artistes se pressaient nombreux ce matin sur les berges pour tenter de saisir le flamboiement de l’automne.
C’est le moment que je préfère du côté du jardin d’eau, quand, las des gammes de verts qu’il a décliné tout au long de l’été, il se souvient qu’il y a d’autres couleurs et les sort subitement de son chapeau.
Le visiteur étonné découvre un tout autre décor, où chaque arbre révèle soudain un potentiel insoupçonné, comme un sportif qui se surpasse sous la pression de la compétition. C’est donc cela que tu avais dans le ventre ! se dit-on face au taxodium devenu roux comme un écureuil, aux buissons de lilas jaune pâle et aux liquidambars qui prennent des teintes vineuses, rouge, bordeaux ou or.
On ne sera plus là pour assister à la défaite ultime, la chute des feuilles desséchées sur les pelouses ou le bassin, la mise à nu des branches et des troncs. La Fondation Monet ferme dimanche prochain à 18h. C’est donc une image glorieuse qu’on emportera du jardin d’eau de Monet. Le jardin de fleurs, en revanche, a déjà rendu les armes, surpris par un gel nocturne précoce. Créées pour s’opposer en tous points, les deux parties du jardin n’ont jamais été aussi dissemblables.

Arrière-plan sans arrière-garde

Etang de MonetCette fois ça y est, les peupliers qui encerclaient le jardin d’eau de Monet ont disparu !
Depuis qu’ils ont levé leur siège cette semaine on découvre, tout étonné, l’aspect du jardin tel qu’il devait être à l’époque de Monet, quand aucun arrière-plan n’opacifiait la silhouette des arbres. Le bassin y gagne des trouées de ciel qui se reflètent dans l’eau plus lumineuse que jamais.
Les tronçonneuses ont vrombi pendant des jours, relayées par les engins venus retirer les grumes. Soudain le silence règne, mais pas pour longtemps. Le dessouchage demandera une nouvelle intervention mécanisée. Il paraît que cela se pratique avec un gros crochet, et que les souches cèdent en dix minutes, arrachées par la pelle mécanique. Je suis curieuse de voir ce spectacle.
Pour l’instant, c’est un peu la désolation quand on regarde par-dessus la clôture : un vaste champ de bataille où l’armée de géants a été vaincue, abandonnant des vestiges ici et là.
J’espère qu’on reverra des vaches sur ce terrain, comme par le passé. Si les producteurs de lait normands ne survivent pas au naufrage en cours, que restera-t-il ? Des bêtes à viande ?

Reflet

RefletRien de plus insaisissable, de plus changeant qu’un reflet. Les jours où le ciel y met du sien, c’est-à-dire que le vent souffle et charrie d’épais nuages, les aspects les plus riants alternent avec les plus dramatiques dans le jardin d’eau de Monet.
Vus de l’autre côté du bassin, les arceaux aux roses se détachent tête en bas sur le bleu lumineux du ciel, tandis que le vieux saule s’étire vers l’étang.
Même à l’envers on voit que l’arrière du jardin est dégagé, plus de peupliers à l’horizon !
Dans un instant, un coup de vent va brouiller la surface, on ne discernera plus rien du tout.

A tous les étages

Le vieux saule de Monet Bien qu’il ait été sévèrement élagué cet hiver pour cause de branches creuses, le vieux saule qui ferme le bassin de Claude Monet ne s’est pas départi de sa majesté. Les arbres centenaires ont un côté noble qui donne du caractère à n’importe quel jardin.
Cela vient peut-être de leur taille tellement plus haute que la nôtre. Ils font un lien entre le sol et le ciel, créant l’indispensable axe vertical.
Mais Monet n’aurait pu se satisfaire d’un aspect de parc à l’anglaise. Il lui fallait s’immerger dans le végétal. il a donc planté fleurs, arbustes et arbres les uns au-dessous des autres, en strates, pour que l’oeil rencontre pétales et feuilles partout où il se pose.
Le chemin qui fait le tour du bassin s’inscrit dans une luxuriance végétale qui atteint son apogée en été.
Pour les jardiniers, le tour de force consiste à faire fleurir des rosiers ou des arbustes à l’ombre d’arbres devenus immenses depuis l’époque de Monet, et qui ont tendance à écraser de leur imposante stature les plantes placées au-dessous d’eux.

Fenêtre sur jardin

Giverny, l'embarcadèreClaude Monet n’aimait pas les jardins tout plats. A Giverny, il a fait pousser des arbres et des grimpantes accrochées à des supports de toutes sortes pour créer des effets de volumes.
Il aimait bien la sensation d’avoir quelque chose au-dessus de la tête, branches ou pergola. Tout autour du bassin, la promenade alterne des passages à couvert et d’autres plus dégagés, faisant varier les effets d’ombre et de lumière.
A cette impression de cheminer dans un tunnel de verdure puis de ressortir à l’air libre s’ajoute un jeu avec les échappées vers le bassin. Tantôt il apparaît dans toute son étendue, tantôt il s’encadre dans des fenêtres, comme ici depuis l’embarcadère aux roses, un point de vue qui met en valeur la floraison des azalées de l’autre côté de l’étang.
Monet a même imaginé une troisième façon de voir le bassin, à travers le rideau des branches de saule.
Dernière astuce pour éviter toute monotonie au chemin autour de l’étang, il alterne les vues sur l’eau avec des endroits d’où le bassin est masqué par d’épais arbustes. Une fois franchi le buisson d’azalées, on redécouvre le plan d’eau sous une perspective un peu différente.
Toutes ces trouvailles de paysagiste font penser à la vue que l’on a depuis le train le long des lacs suisses. Un petit bout de tunnel par-ci, un passage au ras de l’eau par-là. Est-ce une pure coïncidence ou Monet, qui connaissait la Suisse mais n’y a pas peint, s’est-il laissé inspirer par ce voyage ?

Un air de Japon

Jardin de Monet Le printemps japonise les jardins de Giverny.
Plus que n’importe quelle autre saison, c’est lui qui donne au paysage imaginé par Claude Monet ce petit air d’avoir glissé d’un paravent ou d’une estampe pour tomber, un peu étonné, dans la vallée de la Seine.
Chaque étape du printemps déploie un éventail de merveilles venues d’Extrême-Orient. C’est le plus joli moment pour les prunus et les cerisiers fleurs, puis les azalées et les pommiers du Japon, enfin les iris, les pivoines et les glycines.
Des couleurs les plus tendres aux flashes les plus intenses, il flotte sur Giverny, tandis que la nouvelle saison commence, un air venu d’ailleurs, un éclat de soleil levant.

Au feu !

Sumac de Virginie à GivernyC'est la Virginie à Giverny… Le sumac a pris les devants pour porter des couleurs d'automne avant tout le monde. Une vraie fashion victim qui va lancer la mode du rouge flamboyant !
Les couleurs trop somptueuses ne sont pas vraiment de chez nous. Souvent ce sont des arbres importés et acclimatés, comme ce sumac de Virginie au pied d'un frêne.
Les érables d'ornement commencent à aimanter le regard dans les parcs et le long des routes, un peu différents chaque jour.
Chez Monet aussi ça sent l'automne, le roussi, le rougi.
La pluie et le vent se chargeront de jouer les pompiers pour éteindre l'éphémère incendie.

Impatience

massif d'impatiencesA l’inverse du clos normand, le jardin débordant de fleurs qui s’étend devant la maison de Monet, son jardin d’eau est peuplé de grands arbres qui donnent une ombre très agréable en été.
Ici toutes les lignes sont sinueuses tandis qu’elles sont tirées au cordeau dans le clos normand.
Ce massif d’impatiences est une référence aux tableaux de Monet dans lesquels le peintre s’est attaché à rendre le jeu du soleil à travers les arbres, comme les Femmes au jardin, la Liseuse ou le Déjeuner sur l’herbe.
Les impatiences blanches rendent l’éclat du soleil tandis que les fleurs violettes figurent les zones d’ombre.
Pour obtenir un beau tapis coloré comme celui-ci, il faut imiter les jardiniers de Giverny et pincer les tiges des fleurs à la plantation. Elles développent de nouvelles tiges sur les côtés ce qui multiplie le nombre de fleurs.

Arrosage

Arrosage à GivernyEn langage de jardinier, forte chaleur signifie arrosage, car beaucoup de fleurs sont fragiles et se dessèchent en cas de canicule.
Dans les jardins de Giverny, tôt le matin, les rampes d’arrosage sont installées.
Elles projettent dans l’air de fines gouttelettes qui capturent la lumière.
A travers le rideau de bruine les rayons du soleil se matérialisent en éventail, les ombres s’allongent en oblique.
Il naît partout, à volonté, de minuscules arcs-en-ciel, souvenirs de la palette de Claude Monet.

Reflets roses

Reflets rosesL’embarcadère aux roses se reflète dans l’étang de Claude Monet à Giverny.
Quand la surface est tendue comme un miroir, qu’elle renvoie l’image de la berge ensoleillée, on se perdrait comme Monet dans la contemplation infinie des reflets.
Il y a quelque chose de fascinant dans ce monde à l’envers. Le changement de repère spatial, bien sûr, rappelé par la présence des nymphéas, mais aussi l’aspect virtuel des choses. Les reflets proposent une apparence qu’on peut comparer à chaque instant avec l’original, la réalité tangible.
Le miroir de l’eau est le point de contact entre le réel et le virtuel.
La peinture est venue, puis la photo, le cinéma, la télé, le net, et nous voilà aujourd’hui entourés de représentations dont les originaux se trouvent inaccessibles dans l’espace ou dans le temps.
C’est notre mythe de la caverne à nous, cette façon de vivre de plus en plus dans la virtualité, dans la communication assistée par l’électronique.
Mais ce matin, quand j’ai pris cette photo, les reflets s’étendaient vraiment devant mes yeux. Étaient-ils réels ou virtuels ?
Ouh là là ! J’arrête avant la migraine ! Déjà qu’il faut se tordre le cou pour voir la photo à l’endroit !

Brève rencontre

Brève rencontre entre un lilas et une glycineDans le jardin d’eau de Claude Monet à Giverny, un lilas couleur lilas répond au mauve de la glycine qui recouvre le pont japonais.
L’effet ton sur ton ne dure guère. Le lilas est déjà ouvert quand la glycine commence tout juste à avoir l’intention de fleurir prochainement. Le temps qu’elle se décide et il est déjà fâné. Mais dans le court laps de temps où les floraisons coïncident, les grappes de fleurs de la glycine et celles du lilas dialoguent de façon intéressante.
Comme ces deux fleurs de printemps, nous avons de nombreuses façons d’être le contemporain de quelqu’un. Quand nous étions enfant, nous avons côtoyé des personnes qui terminaient leur temps sur la terre. Quand viendra notre tour d’arriver au bout du parcours, nous en aimerons qui en seront à leurs balbutiements.
Mais nous avons aussi l’expérience depuis l’école de nos exacts contemporains, ceux qui sont nés la même année, et parfois le même mois et presque le même jour, comme Rodin et Monet, nés les 12 et 14 novembre 1840.
La date à laquelle nous avons été projetés sur la planète nous sépare définitivement de milliards d’autres humains, ceux qui ont vécu avant ou viendront après nous, tandis qu’elle nous associe à ceux qui partagent notre époque.
Il reste à se réjouir de vivre en même temps que ceux que nous admirons le plus, comme Mallarmé qui s’est écrié, transporté de joie par le don d’un tableau :

« Une chose dont je suis heureux, c’est de vivre à la même époque que Monet ».

Clemenceau devait partager cet avis.

On dirait le Japon

Le jardin presque japonais de Monet « On dirait le Japon ! », s’est exclamé Monet en arrivant en Norvège !
Si les montagnes enneigées de Scandinavie lui rappelaient ses estampes du Mont Fuji, ce n’est pas lui faire offense d’appliquer la même remarque à son jardin d’eau, ce presque jardin japonais.
C’est en ce moment qu’il faut le voir, quand les azalées et les rhododendrons en fleurs évoquent plus que jamais les jardins du pays du soleil levant, lumineux bouquets de couleur au milieu des feuillages découpés des érables, du Japon comme il se doit.

Comme c’est le printemps, j’ai fait un grand rangement dans les catégories de givernews. Cela va vous permettre de voir tous les billets depuis le début par thèmes plutôt qu’en passant par les archives. Bonne lecture !

Sous le saule

Avril chez Monet Le jardin d’eau de Monet a retrouvé ses couleurs de printemps. Vu de l’autre côté du bassin, le saule le plus proche du pont japonais tend son drapé vert tendre devant la passerelle plus verte que jamais, tandis que les bambous qui n’ont pas varié de l’hiver s’ébouriffent en grands plumets de l’autre côté.
Sur l’étang les nénuphars ont commencé à resurgir des profondeurs. Leurs premières feuilles encore violettes apparaissent à la surface.
Les rosiers bien taillés dardent leurs épines, ils n’attendent qu’un peu de douceur pour se mettre à pousser à toute vitesse. Viendra alors le grand spectacle des glycines lavande et blanche, dont les inflorescences légères répondront au balancement des branches de saule.
La scène est prête, le rideau s’ouvre. Le pont japonais est une estrade où chacun aime à se tenir l’espace d’un instant.

Le Ru

Le Ru à GivernyUn petit cours d'eau traverse le jardin de Claude Monet à Giverny. Il s'appelle le Ru.
C'est un des bras de l'Epte, la rivière qui constitue depuis 911 la limite entre la Normandie et l'Ile de France. Giverny se trouve pile sur la frontière, côté normand. Le village voisin, Limetz Villez, est francilien.
J'ai appris que le Ru n'était pas un bras naturel de l'Epte, c'est le bief d'un moulin, creusé par des moines au Moyen-Age. Monet s'en est servi pour son jardin d'eau.
Pourquoi le Ru ? Ce n'est pas très imaginatif comme nom. Un peu comme d'appeler son chat le Chat, ce qui est sûrement le nom le plus porté statistiquement par les matous.
Des rus, il y en a beaucoup dans la région, le plus souvent complétés par un nom, comme le ru de Vienne à Vétheuil. On pourrait dire alors, le ru de Giverny, ou le ru de Monet ?
Jusqu'au 16ème siècle, le mot ru était employé dans la langue littéraire. Il a perdu de son lustre pour ne survivre que dans la langue ru…rale. Le sens exact de ru fait d'ailleurs débat. Le dictionnaire affirme qu'il s'agit d'un "petit ruisseau", mais des linguistes suggèrent que c'est plutôt le mot ruisseau qui serait un diminutif de ru. Je laisse à votre sagacité le soin de trancher si vous le souhaitez.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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