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Pictorialisme
La nouvelle exposition du musée d’art américain de Giverny, Portrait of a Lady, a été composée à partir des oeuvres américaines présentes dans les collections publiques françaises. Le musée d’Orsay, par exemple, possède de nombreuses toiles importantes des artistes américains du 19ème siècle. Il détient également un fonds de photographies anciennes très riche.
Au tournant du siècle nombre d’artistes se sont passionnés pour le média nouveau qu’était alors la photo. Ils ont exploré avec enthousiasme ses possibilités, et cette fièvre d’expérimentation, par delà le temps, nous les rend proches, tandis qu’en ce début du 21ème siècle nous jouons à notre tour avec les ressources de l’internet, de la vidéo ou de l’image numérique.
La question qui divisait les photographes était de savoir si la photographie devait rendre compte de la réalité de façon neutre, documentaire, ou si c’était un art à part entière.
Qu’est-ce qui distingue les deux ? La part de créativité humaine que l’on insuffle dans le cliché.
Un courant est né en Europe et aux Etats-Unis, le pictorialisme. Ce nom rattache la photo à l’art pictural, la peinture. Ses membres intervenaient beaucoup sur les clichés pour en faire des oeuvres d’art : comme les peintres ils composaient avec soin des scènes très posées, riches de symboles, ils jouaient du flou, du clair-obscur, il estompaient les tirages, grattaient les négatifs pour ajouter des rayures…
Le cyanotype, ce procédé photographique très simple qui produit des tirages bleus, ajoutait à l’irréalité de leurs photos.
Ils ont gagné leur pari : les critiques de l’époque n’ont eu de cesse de les comparer à toutes sortes de courants de la peinture, de l’impressionnisme au symbolisme, du préraphaélisme au japonisme.
Les tirages et les photogravures exposés aux Maag jusqu’au 14 juillet 2008 sont des portraits de femmes. Je ne sais pas si vous serez touchés par leur grâce singulière ou agacés par la mise en scène de leur composition. Ce qui sans doute parlera à beaucoup, c’est l’érotisme diffus qui s’en dégage. On ne peut s’empêcher d’imaginer ces hommes et ces femmes au moment de la séance de pose, à l’instant où Elle attend que l’objectif la saisisse, immobile dans une position qu’Il a choisie.
Musée d’Art Américain Giverny : expos 2008
Le Musée d’Art Américain rouvrira ses portes le 1er avril prochain avec deux belles expositions : « le temps des loisirs », déjà présente l’année dernière, qui restera à l’affiche pendant toute la saison et « portrait of a lady » à voir jusqu’au 14 juillet 2008.
Le temps des loisirs propose un parcours à travers l’histoire de l’art américain à partir d’oeuvres de la Terra Foundation for American Art. Le thème retenu, les loisirs, est décliné depuis le 18ème siècle, lorsque le loisir se résumait à une brève interruption dans le travail, à la faveur du passage d’un musicien ambulant par exemple, jusqu’au 20ème siècle et à l’invention des loisirs de masse caractérisés par l’image de plages bondées. Dans l’intervalle, au 19ème siècle, les loisirs sont devenus l’apanage d’une bourgeoisie aisée qui marque par son oisiveté l’accession à un rang social élevé.
Cette évolution sociologique se révèle dans les sujets des tableaux sélectionnés, le parcours chronologique faisant apparaître en parallèle l’évolution de l’art pictural aux Etats-Unis sur une période de deux siècles.
L’exposition Portrait of a lady (portrait de dame) proposée en même temps ce printemps au MAAG se focalise sur une période de temps beaucoup plus courte : des années 1870 à la Première Guerre Mondiale, c’est-à-dire à peu de choses près la période où Giverny était une colonie d’artistes américains.
Les 35 peintres et photographes qui ont été sélectionnés pour cette exposition ont tous plusieurs points communs : ils sont Américains, leurs oeuvres appartiennent à des collections françaises, elles ont pour sujet principal une femme.
Il est assez étonnant de voir à quel point les musées français regorgent d’oeuvres d’artistes américains, achetées par l’Etat, données par les artistes eux-mêmes pour leur promotion ou léguées par des particuliers. Une étude financée par la Terra Foundation a permis de les recenser tous. Les portraits féminins y figurent en bonne place.
Sous les pinceaux américains, devant l’objectif, c’est une femme élégante et idéalisée qui apparaît, une beauté sublime et gracieuse qui contraste avec l’image plus sensuelle de la femme offerte à la même époque par les peintres français.
Ci-dessus : John White Alexander Portrait gris dit aussi La Femme en gris, vers 1893. Huile sur toile, 190 x 90 cm Paris, musée dOrsay ©Photo RMN / Hervé Lewandowski
Chambre de verdure
Au musée d’art américain de Giverny, le jardin se décompose en petites chambres de verdure dont les murs sont faits de charmilles. Ces haies évoquent pour les uns celles du bocage normand, pour les autres les bosquets de Versailles. Leur opacité est telle qu’on ne peut deviner ce qu’elles cachent. On chemine d’une chambre à l’autre, chacune réservant une nouvelle surprise.
Ici, c’est une pièce de dimensions réduites, organisée autour de végétaux bien taillés. Là, une symphonie de tons oranges. Plus loin, on découvre un tout petit parterre à la française aux buis minuscules plantés de rosiers. Ailleurs, de puissantes senteurs de plantes condimentaires vous assaillent, puis c’est le clapotis d’un petit bassin au milieu d’un massif de fleurs blanches.
On déambule. On n’a pas tellement envie d’entrer dans les jardinets, mais on passe devant en jetant un coup d’oeil à l’intérieur, et l’on en retient une image fugitive et colorée qui impressionne la rétine.
Daniel Terra, fondateur du Musée d’Art Américain Giverny
La vie de Daniel Terra est un roman. Le fondateur du Musée d’Art Américain Giverny incarne le rêve américain, cet espoir que la possibilité de réussir et de devenir millionnaire est offerte à tous.
Daniel Terra est né en 1911. Il a commencé comme marchand de journaux dans la rue à Philadelphie, en Pennsylvanie, puis il a été danseur et chanteur, tout en poursuivant des études de chimie à l’université. Après la crise de 1929, il se lance dans la recherche en chimie et parvient à mettre au point un procédé de séchage rapide de l’encre d’imprimerie. Succès foudroyant qui coïncide avec le lancement de Life, un magazine consacré aux actualités.
En 1940, à 29 ans, Daniel Terra crée sa propre société de produits chimiques pour les arts graphiques. Vingt ans plus tard, Lawter Chemicals est cotée en bourse. Aujourd’hui, elle est présente dans 17 pays à travers la planète.
Voilà Daniel Terra riche à millions. Il consacre une partie de cette fortune à sa passion, la peinture. Daniel Terra se met à collectionner les oeuvres d’artistes américains, de 1750 jusqu’aux années 1950. Au total, un millier d’oeuvres parmi lesquelles bon nombre de toiles magnifiques signées des plus grands noms de l’art américain, Morse, Cassatt, Robinson, Homer ou Hopper, pour n’en citer que quelques-uns.
Daniel Terra milite aussi en politique aux côtés de Reagan. En 1980, le Président nouvellement élu le remercie de son soutien en créant un titre sur mesure pour lui : « Ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis chargé des Affaires culturelles ».
Daniel Terra voyage alors beaucoup, se faisant le défenseur de l’art américain.
En même temps, il lance une fondation et travaille à la création de musées pour montrer ses collections, de chaque côté de l’Atlantique. Le musée Terra de Chicago voit le jour en 1987, celui de Giverny en 1992.
Daniel Terra a eu le temps de voir le musée givernois prendre son essor. Il est mort en 1996. Il aurait sûrement aimé la grande exposition de cette année qui célèbre plus que jamais l’influence de l’école impressionniste française sur plusieurs générations d’artistes américains.
Giverny impressionniste : une colonie d’artistes
Claude Monet n’a pas été le seul peintre à poser son chevalet à Giverny. Deux ou trois ans à peine après son installation en 1883, d’autres artistes, majoritairement américains, ont découvert le village et choisi d’y travailler pendant l’été.
La colonie a rapidement pris de l’ampleur. Elle a perduré jusqu’à la première Guerre Mondiale, pendant près de trente ans.
A partir de dimanche prochain jusqu’au premier juillet, on pourra découvrir le travail de tous ces peintres au musée d’art américain de Giverny. Le MAAG fête cette année son quinzième anniversaire et propose à cette occasion une exposition évènement intitulée « Giverny impressionniste : une colonie d’artistes, 1885 – 1915 ».
Le visuel de l’expo ci-dessus reprend une Meule de John Leslie Breck Etude d’un Jour d’automne n°7, 1891. Breck est un des rares peintres américains à avoir noué des liens d’amitié avec Monet, qui l’a fortement inspiré.
L’expo présente plus de 90 oeuvres, la plupart de peintres américains, mais aussi canadien, anglais, finlandais, tchèque… au total 39 artistes de 8 nationalités qui ont fréquenté Giverny. Leurs noms sont peu connus du public français, mais ils jouissent d’une grande notoriété dans leur pays.
J’ai hâte d’être à dimanche pour voir tous ces tableaux, toutes ces touches impressionnistes différentes inspirées par les paysages d’ici. Mais pour être tout à fait sincère, ce qui me réjouit le plus, c’est de savoir que Claude Monet, Blanche-Hoschedé Monet et Pierre Bonnard figurent aussi au catalogue de cette exposition. Le magnifique « Champ de coquelicots à Giverny » de Monet arrive de Chicago…
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, l’entrée au MAAG sera gratuite le 1er avril, puisqu’on sera le premier dimanche du mois. Et en plus, il y aura à 16h une conférence de William Gerdts, auteur d’un de mes livres de chevet, le passionnant Giverny, une colonie impressionniste.
Ce sera bien entendu aussi l’ouverture de la maison et des jardins de Monet, à 100 mètres du MAAG dans la même rue, et une vraie fête de découvrir ce que les magiciens de la Fondation Monet auront concocté comme parure de printemps au jardin. Vivement dimanche !
Le jardin blanc sous la neige
Après le Jardin blanc au printemps, le Jardin blanc à l’automne, le Jardin blanc en hiver, voici une vision éphémère du jardin blanc du musée d’art américain de Giverny sous la neige, plus blanc que jamais…
Cette fois, les touches de rouge sombre qui le réhaussent en période de floraison sont absentes, tandis que la neige accentue la géométrie des lignes.
Le jardin blanc en hiver
Le jardin blanc du musée d’art américain de Giverny fait peau neuve pour la prochaine saison.
Nous l’avions visité au printemps et à l’automne. Le voici tel qu’il se présente après la fermeture du musée pour l’hiver.
Il est prêt à affronter le gel et la neige.
Il ne reste plus grand chose en surface, quelques touffes de vivaces rabattues et des iris taillés court.
Mais sous la terre, le jardin regorge d’invisibles promesses de racines, de rhizomes et de bulbes.
Le printemps les tiendra.
Jardin blanc en automne
Le jardin blanc du Musée d’art américain de Giverny déborde d’une profusion de fleurs au début de l’automne.
Des dahlias rouge foncé font ressortir les buissons d’anémones du Japon blanches, de cléomes, de dahlias blancs.
Le premier plan est occupé par des fleurs plus petites comme des tabacs et des bégonias.
C’est la même harmonie de couleur que celle du jardin blanc au printemps, interprétée avec les annuelles et les vivaces de fin de saison.
Winslow Homer
Pour beaucoup, c’est le plus grand peintre américain du 19e siècle : Winslow Homer est à découvrir au Musée d’Art Américain Giverny jusqu’au 8 octobre 2006.
L’exposition est centrée sur le thème de l’eau, aussi récurrent chez Homer que chez Monet.
Pendant une grande partie de sa carrière, Homer s’est attaché à représenter la mer, aimable et riante comme dans cette aquarelle des « Trois garçons au bord de la mer », ou au contraire dangereuse et menaçante. Ce sont des femmes de pêcheurs qui guettent le retour des bateaux, c’est le canot de sauvetage qu’on met à l’eau, c’est la côte hivernale, ou encore cette femme qui paraît évanouie dans les bras de l’homme qui la sauve, glissant avec elle le long d’un filin, au-dessus des flots en furie.
Une toile évoque irrésistiblement la Vague d’Hokusai : au milieu de vagues creusées par une forte houle, les bustes de pêcheurs apparaissent. On ne voit pas leur embarcation, cachée par une vague au premier plan. Dissimulé à notre regard, le bateau paraît bien prêt d’être englouti. L’impression de vulnérabilité transmise au spectateur contraste avec le regard impassible de ces hommes qui en ont vu d’autres.
La glycine du musée d’art américain
La floraison des glycines mauves se termine, laissant place à l’heure de gloire des glycines blanches.
A Giverny, le musée d’art américain est situé à 100 mètres de la maison et des jardins de Monet. Les bâtiments du musée, très contemporains, aussi bien que ses jardins sont traités dans un tout autre style que chez le père de l’impressionnisme. Mais l’entrée du musée de beaux arts rend doublement hommage à Monet.
On accède au musée d’art américain par une allée terminée par une passerelle. Cette allée passe sous une pergola couverte de glycines blanches.
Passerelle et glycine, voilà qui évoque irrésistiblement le pont japonais de Monet. Les arceaux qui supportent la glycine font pour leur part penser à ceux de la Grande Allée, où ils sont ornés de rosiers.
Pour le plaisir de l’oeil, le flou de la glycine est compensé par la rigueur du buis et des lavandes taillés, dans un subtil dégradé de verts.
Jardin blanc
Le jardin du Musée d’Art Américain de Giverny a une façon bien différente de celui de Monet de décliner le thème de la couleur. Ici, les teintes ne se mêlent pas dans des parterres chatoyants, elles se distinguent. Une succession de chambres de verdure abrite des massifs monochromes, où les fleurs se détachent sur le vert des haies.
C’est le blanc qui a été choisi pour orner la pièce d’eau, accentuant l’impression de fraîcheur. De discrètes touches de pourpre sombre font ressortir l’éclat du blanc. En ce moment des cohortes de tulipes blanches et noires resplendissent au milieu des touffes vertes des arums qui fleuriront le mois prochain, des narcisses et des iris blancs. A leur pied, des pensées blanches au coeur violet, et des pâquerettes blanches tout ébouriffées.
Les photos de Paul Strand
Un grand nom de la photographie américaine à Giverny : le musée d’art américain propose jusqu’au 11 juin un parcours dans l’oeuvre de Paul Strand (1890 – 1976).Ou plutôt trois parcours. Car Strand a cheminé sur trois voies simultanément. Son travail explore aussi bien les rapports de la photo avec la peinture moderne, que l’aspect documentaire de la photo, et enfin l’humain, dans une tentative de photographier les gens à leur insu.
Cela donne quelque chose de fascinant. A l’aide de son objectif, de son art du cadrage, Strand ouvre des portes à celui qui regarde ses images. On plonge dans l’atmosphère du début du 20e siècle, en Amérique et en Europe. Strand s’est livré à une expérience unique : il a photographié tous les habitants d’un village d’Italie. Ils ont les attributs de leur métier, le boucher, le coiffeur, mais des regards qui vous vissent encore aujourd’hui, et plus de présence que les meilleurs acteurs.
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