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Autographes
On écrivait beaucoup de lettres, avant l’ère du téléphone. Un millier de missives reçues par Monet viennent d’être vendues aux enchères à Paris par Artcurial. Quelle personne possède, aujourd’hui, un millier de lettres manuscrites qu’elle a reçues ?
La collection était estimée à 500.000 euros. La vente a explosé cette évaluation, pour atteindre 1,3 millions d’euros !
Presque tous les lots ont trouvé preneurs, certains très âprement disputés. Les musées français (le Musée d’Orsay, le musée Cézanne à Aix-en Provence…) étaient présents. Ils ont effectué 116 préemptions.
Je crois qu’ils n’interviennent pas pendant les enchères, mais qu’ils se manifestent juste après l’adjudication. Ils ont ensuite, me semble-t-il, quinze jours pour se décider, et s’ils se rétractent, l’objet va au dernier enchérisseur. C’est un système qui me paraît très juste pour tout le monde.
J’espère que les crédits suivront et que les musées pourront conserver une bonne quantité de ces précieux courriers. Mais pour tout dire, peu m’importe dans le fond où se trouvent physiquement les lettres. Je comprends qu’on puisse attacher une grande valeur à ce papier sur lequel a glissé la plume d’une personne plus ou moins célèbre, il y a plus de cent ans. C’est très émouvant. Mais le plus intéressant, c’est tout de même le contenu de la correspondance, sa valeur informative.
S’il fallait faire des économies, je serais d’avis qu’il y ait une obligation de prendre une bonne copie de chaque courrier, une transcription, et de mettre ces informations à disposition du public dans les archives des musées. Après, les lettres pourraient vivre leur vie en passant de main en main chez les collectionneurs.
Quand Monet est-il mort ?
Claude Monet est décédé le 5 décembre 1926, il y a exactement 80 ans.
La plaque qui est apposée sur sa tombe de marbre blanc, à Giverny, témoigne de l’affection que lui portaient non seulement ses proches, mais ses contemporains.
Monet est mort à un âge avancé : 86 ans, après une vie toute entière consacrée à la peinture.
Ses derniers instants ont été réconfortés par l’affection de sa belle-fille Blanche et de son grand ami Georges Clemenceau, qui a recueilli ses dernières paroles : « Souffrez-vous ? » demande Clemenceau. « Non », répond Monet d’une voix faible, et il s’éteint quelques instants plus tard, dans sa chambre de sa maison de Giverny, où il a vécu 43 ans.
Il est décédé d’une affection pulmonaire incurable, « une lésion et un engorgement à la base du poumon gauche » décelés à la radiographie par son médecin, Jean Rebière. On peut penser qu’il s’agit d’un cancer du poumon dû à sa tabagie.
Claude Monet a été enterré le 8 décembre 1926 près de l’église de Giverny. Il y repose toujours, bien qu’il ait été question un temps de transférer sa dépouille au Panthéon.
Naissance de Monet
Bon anniversaire, Monsieur Monet !
Le 14 novembre 1840, c’est la date de naissance d’Oscar Claude Monet, pour citer les prénoms dans l’ordre de son acte de baptême. Il voit le jour à Paris, au sud de la butte Montmartre, au numéro 45 de la rue Lafitte. Monet est baptisé le 20 mai 1841 à l’église voisine de Notre-Dame-de-Lorette.
Sa mère se nomme Louise-Justine, Aubrée de son nom de jeune fille. Elle a épousé Adolphe Monet en 1835. Quand Monet vient au monde, la famille compte déjà un frère aîné, Léon, né en 1836.
Pour l’instant, celui qui passera à la postérité sous le nom de Claude Monet se prénomme plutôt Oscar. C’est la tradition dans la famille paternelle, le prénom Claude vient d’un aïeul du début du 18e siècle, et peut-être d’encore plus haut. Papa Monet se nomme en réalité Claude Adolphe.
Dix-huit ans plus tard, le jeune Oscar signe ses premiers dessins O. Monet. On ignore pour quelle raison il abandonne un jour ce prénom au profit de Claude. Faut-il y voir un signe de rébellion à l’égard d’une famille qui veut le faire entrer dans un moule ? En choisissant Claude comme prénom usuel, Monet s’inscrit dans la lignée à laquelle il doit, peut-être, son don exceptionnel.
Oscar ou Claude, dans le fond peu importe, puisque bien peu de personnes étaient amenées à faire usage de son prénom. Alice parle de lui à sa fille comme de « Monet ». Clemenceau le nomme le plus souvent « cher ami », mais aussi « cher homme des bois », « pauvre vieux maboul », « mon vieux coeur », « cher vieux frère » et autre affectueux « pauvre vieux crustacé ». Pas la femme, pas les amis, alors qui ?
Je ne suis pas assez fine pâtissière pour avoir réalisé le fameux gâteau « vert-vert » avec lequel la cuisinière de Monet régalait les convives de Giverny, et pour le décor, vous voudrez bien me pardonner ce scorpion au titre de la licence poétique. Car même si le 19e siècle s’est passionné pour l’ésotérisme, je suis convaincue que l’astrologie laissait Monet totalement indifférent.
Vérité historique
« En 1892, Monet épousa Alice Hoschedé avec qui il avait eu une aventure tandis qu’il était marié à Camille. »
J’ai sursauté en lisant cette phrase dans une biographie. Curieuse façon de raconter l’histoire… Peut-on qualifier d’aventure un amour naissant, sans doute platonique ? Monet était tout sauf un mari volage, comme cette phrase le laisse entendre. En 1892, il était veuf depuis bien longtemps.
Tous les jours, comme tous les guides, je répète les mêmes anecdotes, les mêmes précisions biographiques. Parfois, un vertige me saisit : est-ce bien vrai, tout cela ? Ce que j’ai lu était-il exact au sens historique du terme ? Ai-je, peut-être, déformé ce que j’ai lu ? C’est comme si la répétition d’une inexactitude potentielle donnait plus de gravité à l’erreur.
Un exemple : Monet est né en 1840, arrivé à Giverny en 1883 et mort en 1926. On lit partout qu’il est arrivé à 43 ans à Giverny et qu’il y a passé la moitié de sa vie. Sauf que Monet est né en novembre et qu’il est arrivé en avril. Il n’avait donc que 42 ans à son installation à Giverny. Et tant pis pour la symétrie. Depuis que je me suis avisée de ce détail, je dis qu’il était dans sa quarante-troisième année.
Mais pour une petite erreur corrigée, combien se glissent ailleurs ? Me sera-t-il donné de m’en apercevoir et de les rectifier, ou mourrai-je dans une béate ignorance de mon ignorance ?
Qu’est-ce, au fond, que la vérité historique ? Y a-t-il une vérité objective ? Dans l’exemple des dates, oui, mais dès qu’on aborde le pourquoi des choses, n’y a-t-il pas plusieurs vérités possibles ? Monet lui-même aurait-il donné toujours la même réponse ? Il ne se gênait pas pour raconter l’histoire à sa manière, qu’il s’agisse de l’opinion de ses parents sur les arts, de sa formation à la peinture ou des débuts de sa collection d’estampes.
Si Monet lui-même pouvait déformer les faits en raison de son ressenti, comment en aurions nous une version historiquement irréfutable ?
Ces questions parfois me tourmentent. Je suis consciencieuse, je lis beaucoup. Et plus je lis, plus de nouveaux ouvrages viennent apporter une lumière différente sur la vie de Monet. On progresse dans sa connaissance. Tout n’a pas encore été découvert, de nouvelles sources inédites permettent de remettre certains éléments de biographie en perspective. Mais la subjectivité due au fait que nous vivons à un autre époque, la perte à tout jamais de documents entraînent des distorsions inévitables entre ce qui fut et ce que nous en savons, ce que nous en pensons aujourd’hui.
Restent les toiles qui elles, ne changent pas, et qui en disent long dans leur mutisme.
Le choix d’un motif
Pourquoi tel sujet plutôt que tel autre ? Ici plutôt d’ailleurs ? Qu’a de si extraordinaire ce point de vue, ce rocher ? Quand on regarde certains tableaux de Monet, les motivations du choix paraissent parfois obscures. Un de ses beaux-fils, Jean-Pierre Hoschedé, se souvient de la façon dont Monet sélectionnait ses motifs :
« Si au cours d’une promenade dans la campagne ou ses jardins, Monet s’arrêtait, allumait une cigarette très vite renouvelée, clignait des yeux, faisant une visière de sa main droite pour augmenter sa vision, reculait, avançait, allait un peu plus à droite, un peu plus à gauche et puis continuait sa promenade, c’était qu’alors bien souvent il venait de choisir un motif. »
Et c’était une responsabilité que de ne pas se tromper sur l’emplacement et le sujet, avant d’investir du temps, des efforts et du matériel à peindre ce motif. De la qualité de la production dépendrait la vente, et la subsistance de la famille.
Pourtant, malgré l’importance de bien vendre, alors qu’il était le chef d’une famille de dix personnes, Monet n’a jamais obéi à des sollicitations commerciales. Sa peinture ne cherche pas à plaire. On dirait plutôt qu’elle répond à une voix profonde qui le guide à travers le paysage vers des sujets pas toujours « pittoresques » et souvent bigrement difficiles à rendre, même pour un maître comme Monet. Il relève les défis, sans plus se préoccuper du joli que la Nature elle-même ne s’en soucie.
Monet et Daubigny
Admiration réciproque, amitié un peu lointaine : la vie de Claude Monet croise à plusieurs reprises celle de Charles-François Daubigny, le grand peintre de l’école de Barbizon qui est son aîné de 23 ans.
La première fois, c’est sous la forme d’une anecdote charmante que rapporte Marianne Alphant. Dans l’atelier de sa tante Lecadre, le jeune Monet est attiré par un petit tableau représentant des vendanges. A force d’insistance, il obtient de sa tante qu’elle le lui donne.
« Je débarbouillai la toile et je m’aperçus qu’elle était signée Daubigny. Ma joie fut grande, non pas de posséder une oeuvre d’un peintre déjà célèbre, mais d’avoir remarqué, découvert seul une toile de maître. C’était un certificat pour mon oeil. »
Il vendra la petite toile quelques années plus tard pour faire la fête avec des camarades, non sans l’avoir fait authentifier par le maître.
La deuxième rencontre, providentielle, a lieu à Londres où Monet se réfugie pendant la guerre de 1870. Il a retrouvé Pissarro, mais tous deux sont bien près de mourir de faim : les Anglais n’aiment pas leur peinture. Daubigny, rencontré dans un café, les introduit alors auprès du marchand de tableaux Paul Durand-Ruel.
Daubigny a l’oeil tout aussi affûté que Monet. Il a repéré tout de suite le talent de son cadet. « Voilà un jeune homme qui sera plus fort que nous tous », dit-il en le présentant à Durand-Ruel. Un éloge d’une remarquable clairvoyance.
Le mariage de Claude Monet et Alice Hoschedé
« Ce n’est pas une noce, mais simplement un acte, une simple formalité ». Voilà en quels termes Monet parle de son mariage avec sa deuxième femme Alice. Le 16 juillet 1892 à 10h, ils convolent à la mairie de Giverny, puis à l’église voisine.
Ils ne sont qu’eux deux accompagnés de leurs quatre témoins : Caillebotte, Helleu, Léon Monet, et Georges Pagny, un beau-frère d’Alice. Aucun de leurs enfants ni de leurs proches n’assiste à cette régularisation en catimini. Ils portent des vêtements de tous les jours, « vous savez mon peu de goût pour toutes les cérémonies », justifie Monet.
Une cérémonie, il s’en profile une, pourtant. Quatre jours plus tard, le 20 juillet : Suzanne, une des filles d’Alice, épouse Theodore Earl Butler, un jeune peintre de la colonie américaine de Giverny.
C’est cette union qui a précipité le mariage de Claude et d’Alice. « M. Monet a l’intention d’épouser maman, » explique Suzanne à son fiancé, afin qu’il puisse la « conduire à l’autel, et aussi pour que cela le mette plus à l’aise vis-à-vis de notre famille. »
On comprend aisément ces motivations là. L’ambiance avec la parentèle d’Alice, le clan Hoschedé-Raingo, était peut-être assez fraîche du fait de l’ambiguïté d’une situation qui s’est éternisée. Alice vit avec Monet depuis 1878, tout en étant mariée avec Ernest Hoschedé.
La mort d’Ernest le 19 mars 1891 change la donne. Veuve, Alice peut épouser Monet, lui-même veuf de Camille, après un délai d’un an.
Mais pourquoi faire ce mariage si attendu en « grand secret… sans que personne le sache« , dixit Suzanne ? On dirait qu’il y a comme une honte à conclure enfin cette « union projetée depuis longtemps« , selon Monet. Comme si ce mariage tardif était un aveu de l’illégitimité dans laquelle ils vivaient jusque là.
Il n’est pas facile aujourd’hui d’imaginer les règles de morale et de bienséance du XIXe siècle. Ce couple qui les brave pour vivre ensemble sans être marié pendant quatorze ans a pourtant quelque chose d’étonnamment moderne. Il faudrait donc employer un langage moderne pour parler d’Alice. Tout comme Camille, elle est la compagne puis la femme de Monet, tout simplement. Parler d’elle comme d’une liaison, ou d’une maîtresse, c’est faire preuve aujourd’hui de préjugés qui n’ont plus cours.
Monet et la musique
La musique, c’est bien beau, à condition que cela ne vous fasse pas coucher trop tard.
Je ne sais pas si Monet aurait traîné longtemps dans les rues ce soir. Il était du genre à se lever dès potron-minet pour être sur le motif avant le premier rayon du soleil. Pas facile à concilier avec des concerts tardifs, surtout lorque l’on n’est plus tout jeune et que les habitudes sont bien ancrées.
Alice raconte que pendant leur voyage à Venise, ils ont été enchantés du récital donné par la soeur de leur hôtesse, une cantatrice un peu fantasque, mais que ce concert les a fait coucher fort tard : minuit, alors qu’en général ils sont au lit avant 10 heures !
Une autre cantatrice a chanté pour Monet, l’Américaine Marguerite Namara. En 1922, elle insiste, elle veut venir à Giverny et chanter pour le maître. Une photo a immortalisé l’évènement, où l’on voit un Monet tout blanchi assis dans le grand atelier au milieu des panneaux des Grandes Décorations, tandis qu’une jeune femme joue du piano. Monet a conservé dans ses papiers la photo dédicacée que la belle Marguerite Namara lui a offerte. « A vous… Très grand et cher maitre in the happiest recollection of my life… to have met you and to have chantait pour vous ».
Plus généralement, les Monet vont au concert à Paris, où ils séjournent pendant plusieurs jours et dorment à l’hôtel.
Ils aiment aussi écouter des enregistrements sur un phonographe à cylindre dans le salon-atelier, ou encore écouter Marthe, une des filles d’Alice, jouer du piano. Monet avait paraît-il une belle voix, et quand il était en forme, il poussait volontiers la chansonnette…
D Day
C’est un jour très spécial aujourd’hui. Pourquoi ? Nous sommes le 6 juin, voyons ! Oui, bien sûr, c’est l’anniversaire du Débarquement, mais cela se passait près de vingt ans après que Monet eut quitté ce monde. On n’avait pas encore inventé les régions, on ne parlait pas encore de fusionner Haute et Basse-Normandie et encore moins de faire du 6 juin le Normandy Day.
Oui, je sais, nous sommes le 6/6/06, mais ma devinette n’a rien de diabolique. Vous donnez votre langue au chat ?
Eh bien, regardez votre agenda, c’est la Saint-Claude ! L’évêque de Besançon fait parfois date commune avec Norbert. Qu’à cela ne tienne. C’est en tout cas le 6 juin qu’Alice sortait la belle vaisselle à Giverny pour la fête de son époux. Ce jour-là, on mettait les petits plats dans les grands pour une cuisine encore plus raffinée qu’à l’ordinaire… Bonne fête Claude !
Et comme une fête peut en cacher une autre, voici « La fête d’Argenteuil » peinte en 1872 par Monet. Cette fête se tenait chaque année de l’Ascension à la Pentecôte.
Monet et le tabac
C’est la journée sans tabac. De ce point de vue, Monet n’est pas politiquement correct. Gros fumeur. Malgré cela, une belle longévité : il est mort à 86 ans d’une sclérose pulmonaire. Je ne sais pas si le tabac est la cause de cette maladie.
En 1872, Renoir le peint en train de fumer la pipe, avec son journal, le tableau s’appelle « Claude Monet lisant ».
Par la suite, sur les photos, on le voit souvent une cigarette à la main. Des « Caporal rose », selon la tradition familiale.
Il n’en abandonne pas la pipe pour autant. De Bordighera, Claude Monet écrit à Alice, en prévision de son prochain retour, de lui préparer du champagne, des morilles, « et quelle bonne pipe je fumerai sur le divan de l’atelier ! Je me réjouis d’avance. »
Si nous voulons être conformes à la réalité historique, il faut nous imaginer le peintre et sa maison empestant le tabac.
Camille Doncieux
Voici Camille Doncieux, la première épouse de Claude Monet. Elle pose pour Renoir, grand ami du jeune couple.
De l’âge de 18 ans jusqu’à son lit de mort, à 32 ans, Camille a servi de nombreuses fois de modèle à son mari, mais ce portrait-ci est plus détaillé que la plupart de ceux peints par Monet. Peut-être est-ce dû au style de Renoir, ou parce que… l’amour rend aveugle ?
Cette couleur bleu pâle lui va bien, on l’imagine très douce, Camille, très patiente. Mais à la vérité, il reste bien peu de choses de sa courte existence.
C’est pourtant la seule femme qui ait donné des enfants à Monet, Jean et Michel. Elle qu’ils auraient pu fêter aujourd’hui, si la fête des mères avait déjà été instaurée.
"Je travaille à force"
Une expression revient souvent dans la correspondance de Monet : « je travaille à force ». Cette locution ne se dit plus, comme le précise le Petit Robert qui qualifie l’expression de ‘vieux’, c’est-à-dire peu compréhensible de nos jours et jamais employée.
Le Nouveau Dictionnaire Encyclopédique de 1888 la juge simplement ‘familière’. Il faut prendre le ‘à force’ dans le sens de beaucoup, extrêmement. Le rédacteur donne pour exemple : travailler à force. Le Petit Robert préfère citer Ronsard : « Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force ».
C’est une chose qui impressionne chez Monet : son extraordinaire capacité de travail. Elle force l’admiration. En travailleur de force, Monet est capable de manier la brosse pendant une dizaine d’heures par jour. Jusqu’à s’en blesser le pouce qui tient la palette.
Lors de ses campagnes de peinture, rien ne vient le distraire de sa tâche. Il enrage quand le mauvais temps le force à l’inaction.
C’est aussi une force de la nature, ne craignant ni le froid ni la pluie. Bien emmitouflé, il brave des froids polaires pour peindre la Seine gelée à Vétheuil. Cette année-là, le thermomètre descend à -25°.
Monet est un matinal, debout à l’aube été comme hiver. Quand il est pris de la fièvre de peindre, il travaille sans discontinuer jusqu’à la tombée du jour. A 68 ans, nous savons par sa femme Alice qu’il peint encore plus de six heures par jour pendant leur séjour à Venise. Force est de constater que sans cette force de travail peu commune et l’exigence extrême envers lui-même qui le harcèle, Monet n’aurait pas réalisé l’oeuvre qu’il nous a laissé.
Installation à Giverny
C’est l’anniversaire de l’installation de Monet à Giverny : le peintre et sa famille ont déménagé dans la maison rose le 29 avril 1883. Venu de Poissy, Monet arrive le premier, « avec quelques-uns des enfants ». Alice le suit le lendemain, le 30 avril, en compagnie des autres rejetons Hoschedé et Monet. Ils passent quelques jours à l’hôtel avant de prendre possession de leur maison, dans le quartier du Pressoir.
Après des années d’instabilité, les voilà dans la maison dont ils ne bougeront plus. Monet a 42 ans, il est au milieu de sa vie. Il va passer à Giverny 43 autres années. Ici, il va s’affranchir enfin des difficultés matérielles et s’organiser une confortable vie bourgeoise. L’aisance puis la richesse vont lui permettre de se consacrer à son art.
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