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Il y a une logique qui m’échappe

exposition ange étrange Quelquefois la vie a l’air de vous envoyer des signaux. Il suffit d’une coïncidence et vous voilà parti à chercher ce que cela peut bien vouloir dire. Pourquoi ceci, maintenant ? Quel est le lien secret qui relie des évènements distincts, ce lien qui passe par vous ?

C’est étrange, dit l’ange.

Aussitôt informée j’ai couru à Rosny sur Seine voir la nouvelle exposition à l’Hospice Saint-Charles. Le thème de l’ange décliné par un collectif de peintres qui se disent Réalistes Magiques, il y avait de quoi piquer la curiosité.
L’exposition s’intitule L’ange exquis, être ange, étrange. 33 artistes réunis autour du Français Lukas Kandl ont travaillé sur de grandes toiles de même format sur le principe des cadavres exquis. Vous vous rappelez ce jeu imaginé par les surréalistes, où chacun inventait un bout de phrase sans savoir ce que les autres avaient écrit avant ? Là les peintres participent à une oeuvre collective, une sorte de série autour de l’ange, en ignorant ce que font les autres artistes du collectif.
Le résultat est spectaculaire. Ca explose de couleurs. Ca fourmille de détails, dans une virtuosité picturale qui épate les signataires du livre d’or.
Et en même temps c’est une peinture qui dérange, dans sa façon de recycler des éléments connus pour en faire, quoi ? On ne comprend pas très bien en général. Est-ce qu’il faut chercher du sens dans la toile d’Ugo Levita ci-dessus ? Y a-t-il des clés, un message, comme dans les rêves, qu’il faudrait savoir décoder ?
Ce qu’il ne faut certainement pas chercher dans les tableaux présentés, c’est la vision religieuse de l’ange. Il est ici plus magique que sacré, prétexte au surnaturel, et voisine avec des licornes, des lions et des chiens ailés, tout un bestiaire de monstres qui transporte l’imaginaire hors du référentiel habituel.
Rien d’étonnant à cette disparition du religieux pour qui s’inscrit dans la logique de Jacques Prévert l’athée. Prévert fut l’un des premiers surréalistes à jouer aux cadavres exquis. L’exposition a placé son poème en exergue :

Être ange
c’est étrange
dit l’ange
Être âne
c’est étrâne
dit l’âne
Cela ne veut rien dire
dit l’ange en haussant les ailes
Pourtant
si étrange veut dire quelque chose
étrâne est plus étrange qu’étrange
dit l’âne
Étrange est
dit l’ange en tapant des pieds
Étranger vous-même
dit l’âne
Et il s’envole.

Un petit bijou, n’est-ce pas ? On ne se lasse pas de le relire, emporté par ce délicat humour de l’absurde. Je ne sais pas si comme moi vous êtes tombé dans la marmite de Prévert étant petit, mais j’ai l’impression d’en avoir lu tant et tant que je suis surprise quand je découvre un de ses poèmes que je ne connaissais pas. C’est ce qui s’est passé cette semaine grâce à mon écolier. Et voilà que le même poème que j’ai ignoré pendant des années se manifeste deux fois en deux jours !
C’est étrâne, peut-être…


6 commentaires

  1. De l’ange à l’ane, je n’ôte que le "g". Mais si je n’ai plus de "g", qu’est ce que j’ai encore ? Un calembour intraduisible !

  2. Une piste : le tableau s’appelle les âges des anges. J’imagine qu’ils naissent dans un oeuf d’or, qu’ils ont des ailes de papillon quand ils sont petits, puis qu’ils se cherchent un partenaire et qu’ils finissent en vieil ange déchu… Pour le reste, à vous de jouer !

  3. Il y a des deux comme chez les humains, non ? Selon les peintres de l’expo les anges sont féminins ou masculins.
    Donc j’enlève le g j’ai âne, j’enlève le n j’ai âge. Est-ce qu’on avance à pas de géan(t) ou est-ce qu’on nage encore plus ?

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