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Septembre au jardin de fleurs
En septembre, c’est la grande allée du jardin de Monet qui est le clou du spectacle. Elle est envahie de capucines rampantes, tandis que les massifs de dahlias forment des murs de chaque côté.
Les petites allées, accessibles aux seuls jardiniers, se faufilent dans une exubérance de cosmos, cléomes, anémones du Japon, hélianthes et autres dahlias.
Dans le massif rose, les jardiniers ont joué des associations de formes : les persicaires légères se mêlent aux boules d’un rose intense des dahlias.
Sur le mur côté rue Claude Monet, les jeunes poiriers en espalier plantés à l’automne 2022 sont couverts de fruits.
Giverny cet été
L’allée en bas du jardin de fleurs de Monet en ce début août. Chaque année, à chaque saison, le tour de force des jardiniers continue de me bluffer.
L’albizia, que l’on aperçoit au fond de la photo précédente, se développe, à la faveur d’un climat toujours plus chaud. L’arbre de soie est l’un des chouchous des visiteurs.
Devant ces massifs de géraniums rouges et roses inventés par Monet, on imagine combien il a dû aimer les champs de tulipes en Hollande.
Les lis les plus incroyables sont en fleurs.
Par endroit, on dirait des bouquets.
Devant la maison de Monet, comme d’habitude c’est un feu d’artifice de lavatères, echinaceas, zinnias, laurentias, crinums, anthémis, campanules de Canterbury, pétunias, oeillets, bégonias, cosmos, célosies, verveines, glaïeuls, clerodendrons, streptocarpus, roses, euphorbes, fuchsias et toutes celles que j’oublie.
La roseraie presque secrète
Au coeur du jardin de Claude Monet s’étend une pelouse bordée de rosiers.
Leurs fleurs chatoyantes s’épanouissent tranquilles, presque à l’abri des regards.
Les rosiers ont été choisis avec amour, plantés selon les règles de l’art, ils sont bichonnés par les jardiniers de la fondation Monet. Mais peu de visiteurs y prêtent attention.
La roseraie s’étend sur les quatre côtés de la pelouse. Il faut prendre la peine de regarder par dessus les massifs hauts qui la bordent, effort récompensé, en plus des roses, par la vue des pivoines et des coquelicots plantés en carré au pied des rosiers tiges.
Il est vrai qu’à Giverny, les yeux ne savent pas où donner de la tête…
Giverny ce matin
Juste avant 9h. La grande allée du jardin de Monet se devine sous les arceaux de roses.
En cette saison, le regard traverse tout le jardin. Les iris de Hollande apportent une note bleue.
Les tulipes roses et les myosotis forment le tableau traditionnel devant la maison, même si la pluie donne du fil à retordre aux jardiniers.
Au pied de l’escalier, deux potées de jasmin parfument les environs.
Un rayon de soleil fait chanter les couleurs des tulipes et des jacinthes d’Espagne aux jolies clochettes bleues.
Les fritillaires de Perse, très sombres, dépassent du massif violet, à l’est.
Sous leur toit de paille, les énormes pivoines japonaises ne craignent rien des giboulées et offrent en ce moment le meilleur de leur floraison.
Les pélargoniums de Monet
Devant la maison de Monet à Giverny, un tapis de géraniums reproduit à l’identique celui cultivé par le peintre. Jusqu’aux variétés qui sont les mêmes : les rouges sont des Pélargonium X hortorum Paul Crampel, obtenus par Lemoine (France) en 1892 ; les roses s’appellent Pélargonium X hortorum Fraîcheur Beauty. Leur obtenteur est Cannell (Royaume-Uni) en 1910.
Je ne pouvais pas imaginer que ce serait si beau
Quel bonheur, ce jardin de Monet de la fin avril, dans l’éclat de ses tulipes et des fleurettes du printemps ! Silencieuse dans les allées, je tends l’oreille et je surprends cet aveu :
– Je ne pouvais pas imaginer que ce serait si beau.
Ce n’est pas « je n’imaginais pas » : je ne pouvais pas imaginer. La beauté du jardin de Giverny dépasse l’imagination, la met en déroute. On s’attend à quelque chose, un pont, des fleurs… Et on se retrouve soufflé par le spectacle du printemps à Giverny.
J’ai eu un peu de mal à illustrer ces propos dérobés à une visiteuse sous le charme. Aucune photo ne me paraissait à la hauteur, tant il est difficile de donner à voir l’impression générale autant que le détail, l’aspect de l’ensemble et la finesse de la broderie. J’ai finalement opté pour celle-ci en forme de synecdoque, où toute la beauté du jardin me paraît contenue dans une seule tulipe.
Garder la ligne
Voici un aspect du mur qui borde le côté nord du jardin de Monet, le long de la rue principale du village de Giverny. Les jardiniers de la fondation Monet ont décidé que cet hiver, ils vont changer le lattis de bois qui sert de tuteur à des plantes grimpantes : il a clairement fait son temps.
Je le soupçonne de dater de la restauration des jardins, il y a quarante ans, à cause de sa couleur bleu pâle. Avant de tout faire peindre d’un vert vif et franc, le restaurateur de la propriété, Gérald van der Kemp, avait d’abord opté pour cette teinte douce qu’on observe sur les tableaux de Monet, et qui était celle des huisseries de sa maison. Mais van der Kemp voulait restaurer les lieux dans leur état final, le plus abouti, et il s’est rendu compte que Monet avait opté à la fin de sa vie pour un vert plus claquant que ce ton bleuté qui évoque le sulfate de cuivre.
Tout a alors été repeint en vert. Tout ? Non ! Ce treillis de bois a résisté à la déferlante verte, sans doute parce qu’il n’est pas très visible dans son coin. Peu de visiteurs viennent fureter dans « l’allée du patron », comme la nomment toujours les jardiniers, celle qui relie le premier et le deuxième atelier, où van der Kemp s’était installé un appartement.
Le problème, quand on remplace quelque chose, est de garder la ligne, celle du parti pris. Rester fidèle à l’esprit du lieu et à celui de la restauration. Les jardiniers ont voulu d’abord s’assurer de ce que Monet avait à cet endroit. Au départ, rien du tout, un mur lisse et un peu ennuyeux. Et puis sur le tard, les photos anciennes révèlent un magnifique poirier palissé en palmettes, dont les branches forment des V.
Monet s’est fait plaisir, mais l’emplacement n’était pas très bien choisi, trop à l’ombre des tilleuls, et le poirier n’a guère vécu. Rester fidèle au peintre n’oblige tout de même pas à répéter ses erreurs.
Le rosier survivant
Parmi les survivants toujours présents, on compte des arbres, des arbustes, une glycine, et aussi un rosier : le rosier Mermaid qui pousse juste sous la fenêtre de la chambre de Monet. Remontant, il produit des fleurs simples jaune pâle de juin à novembre.
Le rosier Mermaid a inspiré un tableau à Blanche Hoschedé-Monet, que l’on peut voir en ce moment au musée de Vernon dans le cadre de l’exposition Saga familiale :
Blanche a posé son chevalet devant le premier atelier, dont on aperçoit la fenêtre en haut du tableau. Et il me semble reconnaître dans la partie supérieure à droite la porte ouverte de l’atelier, lampes allumées peut-être, émettant une lumière orangée. Difficile de dater cette toile, quelque part entre 1927 et 1947, entre la mort de Monet et celle de Blanche. La touche vibrante est impressionniste, l’utilisation de l’espace fait penser aux Clématites de Monet, à ses Chrysanthèmes, au Parterre de marguerites de Caillebotte, des vues plongeantes qui couvrent toute la surface du tableau. Ici, Blanche donne de la verticalité à la toile grâce à l’évocation de la fenêtre.
Gilbert Vahé aime bien raconter l’histoire de ce rosier. En tant que chef-jardinier, il a eu maintes fois l’occasion d’accompagner des personnalités dans le jardin ; déambulations ponctuées de brefs commentaires : Gilbert Vahé n’est pas un grand bavard. En 1985, se souvient-il, l’hiver avait été si glacial que le rosier avait gelé. Mais la plante est repartie des racines au printemps suivant !
On sent dans son intonation toute la surprise et la joie éprouvées au début de 1986, quand il s’est aperçu que le rosier Mermaid refaisait de nouvelles pousses, son émerveillement devant la puissance de ce rosier et la résilience de la nature. Des émotions qui venaient remplacer la désolation ressentie après le gel.
J’aime le fait qu’il aime raconter cette histoire. On y entend de la fierté d’avoir préservé un rosier historique, de l’humilité d’avoir failli le perdre. Faire le tour du jardin avec Gilbert Vahé, c’est découvrir les lieux de son point de vue, comprendre un tout petit peu ses responsabilités et son métier, à travers son ressenti.
Le rosier Mermaid symbolise l’histoire du jardin de Monet, qui a failli disparaître, et qui est reparti vigoureusement de ses racines, grâce à tous les jardiniers de Giverny.
Massif rose à la Giverny
Ce massif rose très raffiné de Giverny se trouve devant la maison à gauche, au pied de la fenêtre du premier atelier. Les fleurs cascadent des grandes aux petites, et s’arrêtent devant vos pieds en une écume mousseuse faite d’oeillet, diascia, laurentia, pétunia, héliotrope, phlox, gomphrena, cuphea, zinnia, scaevola, asarine et certainement encore bien d’autres que je n’ai pas repérées…
L’été des dahlias
Les dahlias sont en fleur à Giverny, et ne cessent de nous étonner par leurs couleurs et leurs formes chaque année plus extraordinaires. Dahlia dentelle, pompon, décoratif, balle, cactus, les genres de manquent pas et sont parfois si différents qu’on a du mal à croire qu’il s’agit de la même espèce.
Les jardiniers les mêlent à beaucoup d’autres fleurs, ici des mufliers, sauges, asters et glaïeuls dans un massif plutôt violet, de façon à profiter au mieux de leurs couleurs sans qu’ils ne volent la vedette aux autres.
Les voyages qu’on ne fera pas
Devant la maison de Monet, de grosses potées bleues montent la gardent. Les lobélias qui cascadent gracieusement par-dessus bord répondent aux tons du décor d’inspiration asiatique qui les orne. Un rêve bleu.
Je ne suis pas assez calée pour savoir si ce décor est japonais ou chinois, fait là-bas ou plus près d’ici. Mais peu importe au fond. Car Monet n’a jamais quitté l’Europe, sauf lors de son séjour sous les drapeaux en Algérie.
Il connaissait plusieurs régions de France : la Normandie en long et en large bien sûr, la Bretagne par son séjour à Belle-Île-en-Mer et Noirmoutier, le Sud-Ouest, la côte d’Azur, la Creuse… Il a fait de fréquents voyages à Londres. Il a visité la Suisse et l’Espagne. Il a peint longuement en Italie à Venise, à Bordighera, en Hollande. Tous les pays proches de la France, en somme, sauf l’Allemagne, où pourtant on appréciait sa peinture. Mais jamais il n’a songé à s’embarquer pour le Japon. Trop loin. Trop long.
Cela n’a pas empêché Monet de rêver du Japon toute sa vie, en fervent collectionneur d’estampes. Il s’est entouré de ces images exotiques, y puisant inspiration et délassement. De nombreux objets et meubles, dans sa maison, attestent de son goût pour le japonisme.
Nous revoilà dans la situation de Monet, cette année. Les pays aux antipodes sont redevenus des destinations lointaines, dont on ne fait que rêver. Nous en regardons des images sur nos écrans, tout en restant à la maison. Les raisons ne sont plus les mêmes que celles de Monet, mais le résultat est le même.
C’est une année à cultiver des lobélias.
Des iris à perte de vue
C’est le moment, celui auquel Monet écrivait à ses meilleurs amis – Clemenceau, Geffroy – pour les inviter à venir voir le spectacle des iris. Récemment renouvelés, ils offrent un panel incroyable de variétés toutes plus opulentes les unes que les autres, dans des coloris inattendus, comme cette merveille au premier plan.
Les iris d’aujourd’hui s’habillent de couleurs chaudes, orange, jaune, mordoré, bordeaux, et se déclinent du blanc au noir, unis ou bicolores, mouchetés de petits points, striés de fines lignes… Une splendeur. Si vous ne jurez que par les plus classiques, mauves ou bleus, vous ne serez pas déçu non plus.
Au bassin, les iris japonais plantés l’an dernier ont commencé à fleurir. De culture délicate car ils requièrent un sol inondable, leur forme gracieuse et leurs couleurs pâles nous sont moins familières. Ils ornent avec élégance les berges du bassin où les nénuphars roses sont en train de faire leur apparition.
Le joli mois de juin
Un vert anis aussi rafraîchissant qu’un pastis, c’est celui de l’alchémille mollis, plantée abondamment à Giverny en guise de bordure.
Juin est un mois gracieux dans les jardins de Claude Monet. Le printemps touche à sa fin, et pendant que les roses dégringolent de leurs supports les massifs rivalisent de fraîcheur. Coquelicots rouges, pavots roses et eremurus orange et jaunes donnent de l’éclat à des parterres où les fleurs d’été se préparent. Les lis d’un jour déploient leurs corolles charnues.
Un cocktail parfumé répond à celui des couleurs. En ce moment cela sent le chèvrefeuille, les roses et les lis.
Myosotis
Après le jaune des premières fleurs de printemps, les jonquilles, les primevères, vient le bleu des myosotis.
Devant la maison de Monet, les massifs sont des mousses légères d’où émergent les têtes de tulipes roses, rouges et corail.
Cette composition est un grand classique de l’horticulture, mais comment pourrait-on s’en lasser ? On rêve de la revoir au printemps suivant. A Giverny, la couleur des tulipes change un peu chaque année, histoire de créer un brin de surprise.
Décodage
Début octobre, l’opulence du jardin de Monet étonne et déconcerte les visiteurs. Si du côté du bassin aux Nymphéas, l’agencement du jardin se livre au premier coup d’oeil, il n’en va pas de même dans le clos normand. Chaque jour, en cette saison où l’exubérance végétale frise la folie, j’entends des visiteurs qui cherchent la clé de l’énigme. « Ca a l’air sauvage, mais on voit que c’est très pensé« , dit l’un. « There must be a scheme « , dit l’autre. Il doit y avoir un principe, des règles, un schéma, mais lequel ? « Regarde, il y a des perspectives« , remarque la troisième en plongeant le regard dans les allées rectilignes au pied du second atelier.
Chacun sent bien que ce jardin ne ressemble à nul autre. Pas de règles déjà vues ailleurs qui puissent s’appliquer ici. On essaie mais cela ne donne rien. Un jardin à la française ? Un jardin de cottage ? Un jardin de curé ? Une jachère fleurie ? Allons donc. Ca ne colle pas.
La clé de lecture est pourtant si simple. C’est le jardin créé par un peintre impressionniste fou de fleurs et de nature. Si on veut bien se donner la peine de comparer les pétales à des coups de pinceau, on y retrouve les règles chères aux peintres impressionnistes : de petites touches de couleurs voisines juxtaposées, la recherche de vibrance, de contraste, la disparition du dessin… L’opulence est la marque du désir de Monet de se fondre dans le végétal, d’avoir des plantes tout autour de lui. Le tracé rectiligne, dès lors, est le seul possible, et probablement celui hérité du potager-verger d’origine. Enfin, l’agrandissement du terrain de l’autre côté de la route induit la recherche de connexions entre les deux jardins, la plus remarquable étant la rivière de capucines qui paraît vouloir alimenter le bassin aux Nymphéas.
Voilà en quelques mots les grands principes. Quand même, je ne vous dis pas tout, je garde quelques éclairages supplémentaires pour les amateurs de visites guidées…
Lavande
Quand la lavande est fanée en Provence, elle fleurit encore à Giverny. Ses touffes compactes bordent la jolie allée surnommée la boîte de couleurs, où les teintes des massifs forment un arc-en-ciel de chaque côté du chemin.
Le chemin dans les alchémilles
En juin les rosiers grimpants recouvrent la clôture côté route à Giverny. Ce sont des murs de fleurs qui s’élèvent, et le doux parfum des roses se répand aux alentours.
Les jardiniers ont à peine la place de glisser un pied entre les touffes d’alchémilles, le long du massif où claquera bientôt le rouge des crocosmias. Déjà les coquelicots sauvages jouent les contrastes. Mais c’est encore le rose qui domine, avec les pavots dans toute leur majesté, si beaux dans la lumière rasante qu’on ne se lasse pas de les photographier.
La touche de rouge
Un peu plus bas dans la grande allée, à la faveur d’un petit rayon de soleil, on pouvait observer l’effet vivifiant d’une pointe de rouge dans le tableau.
Les fleurs géantes du printemps préfigurent déjà l’été et ses immenses tournesols.
Et déjà on ressent cette impression que Monet aimait d’être immergé dans le végétal, cette orgie florale de la démesure.
Alliums
Dans le jardin de Claude Monet, la fin mai se colore de violet et de mauve. L’époque des iris coïncide avec la floraison des juliennes des dames et des alliums.
Avec sa boule ronde perchée tout au bout d’une interminable tige toute raide, l’allium est une fleur qui intrigue. Elle a un air d’avoir déjà été croisée quelque part, et c’est vrai : elle vient du potager. Allium est le nom d’un genre botanique qui comprend l’ail, bien sûr, mais aussi le poireau, l’oignon et la ciboulette.
Les obtenteurs ont si bien amélioré les alliums qu’il en existe une multitude de cultivars aux teintes différentes, des plus douces aux plus soutenues. Certains ressemblent à des pelotes à épingles. D’autres s’ornent de collections d’étoiles violettes. Les alliums Universe sont si gros qu’ils ont l’air de vouloir défier la Terre. D’autres, les plus curieux, fabriquent une deuxième ombelle autour de la première et atteignent des tailles respectables : jusqu’à 30 centimètres de large. Des monstres, des mutants qui captent les regards. Ah bon, ça existe des trucs pareils ? Ceux-là n’ont rien de familier, si ce n’est qu’ils évoquent ces feux d’artifices où la gerbe une fois arrivée dans le ciel explose à nouveau en une multitude de couronnes de lumière.
Les alliums sont les derniers bulbes du printemps. Ils fleurissent longtemps et charment les jardiniers par leurs multiples possibilités, qu’on recherche une ambiance romantique ou une composition nette et contemporaine. A Giverny, ils se marient avec des fleurs aux couleurs voisines, ancolies, camassias, oeillets de poètes, pour décliner toute une douce harmonie violette dans ce massif à l’est du jardin.
La palette du printemps
Cette fois le printemps est bien là dans tout son éclat, un éclat à faire éclater les bourgeons, s’ouvrir les pétales et bourdonner les abeilles dans les cerisiers en fleurs.
Les couleurs claquent de partout, fièrement arborées par les tulipes au bout de leurs longues hampes, soulignées par les myosotis et les pensées, soutenues par ce vert si intense qu’on ne voit qu’au printemps, un vert qui a l’air bon à manger.
Un soleil généreux dore le jardin de Monet d’une lumière si vive qu’on voudrait la toucher. A contre-jour, chaque pétale irradie.
Les oiseaux ont entamé leur grand concert dans les ramures encore dénudées, et il flotte dans l’air une impatience de vivre, une hâte de croître qui gagnent malgré soi. Pourquoi tout doit-il aller si vite ? Chaque jour apporte son lot de nouvelles fleurs qui hier encore n’étaient pas là.
Les giroflées flamboient, les coeurs de Marie déroulent leurs colliers chargés de colifichets. Les fougères déploient leurs crosses. L’érable du Japon libère ses feuillettes comme autant d’origamis complexes qu’il s’est occupé à plier pendant tout l’hiver.
On devine que toute la nature tirait sur les rênes, et, enfin, se lâche, et il y a dans cet abandon à la force de la vie une énergie pure, un courant puissant comme l’eau d’un torrent, et une joie de s’y laisser entraîner.
Et que dire des humains ? Ils sont dans le ravissement, les yeux pleins du spectacle des milliers de fleurs plantées par harmonies de couleurs, tandis que l’air tiède de l’après-midi glisse sur leurs bras dénudés et que les fragrances mêlées élaborent un parfum si fleuri et printanier qu’ils prennent conscience de respirer.
Massif blanc
Les massifs monochromes de Giverny sont une source d’inspiration pour de nombreux jardiniers. Saison après saison, les gammes chromatiques restent les mêmes, mais les fleurs évoluent au fur et à mesure sans même qu’on s’en rende compte, tant leur renouvellement se fait progressivement.
Qu’y a-t-il en ce moment dans cette belle bordure blanche à l’est du jardin ? Des tulipes blanches et crème, des jacinthes, des narcisses, des fritillaires de Perse ivoire, des pavots d’Islande déjà en fleur car démarrés sous chassis. Voilà pour les plus grandes. Au-dessous poussent des pensées et des myosotis blancs, des ornithogalums, des alysses.
Les nuances vont du blanc pur au jaune doux, et de nombreuses fleurs mêlent les deux. Sur le vert frais des feuillages, le contraste est spectaculaire.
C’est parti pour le printemps !
Cette fois ça y est, les floraisons printanières de Giverny sont belles, et bien là, comme en témoignent ces petits massifs sous les supports de l’allée aux clématites.
Vues d’en haut, les allées disparaissent derrière les fleurs.
Dans l’esprit d’une boîte de peinture, les couleurs s’y succèdent du blanc jusqu’au pourpre.
L’enfilade des structures métalliques invente des perspectives étonnantes, comme un cadre étrange pour segmenter la vision et mettre en valeur ce tableau de fleurs.
Palette de tulipes
C’est le moment de mettre en terre les bulbes qui fleuriront au printemps prochain, et depuis septembre les jardineries débordent d’oignons ensachés sous des photos prometteuses. Votre panier à la main, vous errez, indécis, le regard happé par tous ces rêves de floraisons printanières. Moment délicieux et délicat du choix, quand le jardinier se fait peintre et décide souverainement des formes et des couleurs qui illumineront son mois d’avril.
Si vous êtes tenté par un massif d’inspiration impressionniste, voici celui qui se déploie devant la maison de Claude Monet. Il se compose de grosses tulipes dans les tons roses aux pieds desquelles s’étend un tapis de myosotis.
Quand on détaille les coloris des tulipes, on remarque qu’ils sont très variés. ils vont de l’abricot au violet, en passant par toute une gamme de roses.
Une fois les fleurs plantées en masse, ces différences de tons se fondent les unes dans les autres. Le visiteur verra un massif de tulipes roses.
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