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Le jardin de Berchigranges
Quittons un peu Giverny pour les Vosges, car je voudrais vous partager mon enthousiasme pour l’un des plus jolis jardins qu’on puisse visiter en France : le jardin de Berchigranges. Fruit de la passion d’un couple, Monique et Thierry Dronet, qui l’invente depuis plus de quarante ans, il combine fantaisie, poésie, rêverie, amour et harmonie avec la nature, faisant de sa visite un moment enchanté, un émerveillement sans fin, un rêve éveillé.
Nous sommes arrivés sous l’averse et la pluie ne s’est pas arrêtée tout le temps de la visite, ce qui n’est pas idéal pour les photos mais parfait pour avoir le jardin à soi tout seul, un luxe exquis quand on vient de Giverny. Monique et Thierry Dronet ont même poussé la délicatesse jusqu’à créer un jardin de pluie. Il met en valeur le bruit des gouttes sur les différents végétaux et les parfums particuliers qui se répandent quand il pleut. Nous n’aurions pas pu profiter de ce raffinement s’il avait fait sec.
Ce n’est pas l’eau qui manque à Berchigranges, grâce à la présence de plusieurs sources. Des ruisselets circulent partout au milieu des plantes, suscitant des petits ponts et créant des étangs.
L’humidité a permis aux Dronet de créer un jardin de mousse absolument magique, à partir de plusieurs dizaines de variétés de mousses vosgiennes. J’en ai admiré la propreté méticuleuse, connaissant le labeur qui se cache derrière. Sur la mousse, chaque feuille tombée se ramasse à la main.
Le jardin de Berchigranges regorge de contrastes. Netteté des haies taillées de la chambre des dames dédiée aux parfums, et du jardin flipper, exubérance sauvageonne savamment orchestrée un peu plus loin.
Des loges contenant des bancs permettent d’apprécier la vue au sec.
Partout des petites cabanes, des sièges plus originaux les uns que les autres, des splendeurs horticoles, et une vue comme un balcon sur ce vallon des Vosges… Tout ce que je pourrais dire sur ce jardin serait le réduire, et mes pauvres photos ne lui rendent pas justice. Il faut y aller !
Le jardin du yoga
A la Roche-Guyon, à quelques kilomètres de Giverny, un nouveau jardin vient d’ouvrir. Il se situe rue des Jardins, une voie parallèle à la rue principale en descendant vers la Seine. Faites quelques pas dans cette rue tranquille ; vous verrez bientôt un portail grand ouvert et une pancarte indiquant le Jardin du Yoga.
En matière de jardins, ce sont toujours un peu les mêmes thématiques qui reviennent (par exemple les cinq continents…) ; celle-ci m’a paru assez intrigante pour me donner envie d’aller voir. L’espace, clos de beaux murs de pierre, renferme quelques arbres fruitiers, des massifs tout simples de bergénias ou d’iris qui doivent être jolis au printemps, et des sculptures sans prétention figurant des postures de yoga.
Peut-être que les adeptes reconnaissent au premier coup d’oeil les mouvements dont il est question. Un panneau à l’entrée les identifie. A gauche, voici la torsion assise. Contre le mur, le guerrier. Le panneau vous suggère de les imiter. Je m’essaie à copier le guerrier, qui ne demande pas de s’asseoir, mais c’est plus difficile qu’il n’y paraît, surtout en robe.
Par-dessus le mur, l’arbre du voisin tend ses branches, gagné lui aussi par l’envie de s’étirer. Une partie du jardin est à l’ombre, l’autre au soleil, avec vue sur le donjon médiéval en haut de la colline. Le parcours, si parcours il y a, est ponctué de bancs. Si vous préférez la méditation, vous pouvez aussi vous poser un moment et rester là à laisser les minutes couler tout doucement.
Ce n’est pas un jardin qui en rajoute, mais il a une âme, c’est indéniable. Le panneau d’accueil informe les visiteurs que l’endroit a été offert à la commune par Déborah Manetta en mémoire d’Eugène Finley qui aimait beaucoup la Roche-Guyon. C’est Déborah qui a sculpté les postures. On aurait aimé en savoir un peu plus.
Eloge de la lenteur
Visiter un jardin, c’est une invitation à ralentir. Bien sûr on peut le parcourir au pas de charge, en saisir une vision d’ensemble fugace, qui sera vite effacée. Mais pour vraiment le comprendre et l’emporter avec soi pour longtemps, il faut prendre le temps de s’apaiser jusqu’à son rythme à lui.
Un jardin vibre et bouge, tout doucement. Arrêtez-vous et regardez. Vous percevez d’abord les mouvements provoqués par le déplacement de l’air. Les feuilles s’agitent sous la brise, les rameaux de saule ondulent. Tiens ! Quelque chose remue dans ce massif : un oiseau vit sa vie sous les fleurs, à la recherche de nourriture. Un autre vient de s’envoler, laissant derrière lui une tige qui se balance.
Les bourdons et les abeilles font la cour aux fleurs. Certaines les attirent plus que d’autres et suscitent des visites répétées. Tout ce petit monde travaille avec assiduité, sans musarder ni prendre de pause.
Rapprochons-nous encore, pourquoi pas à distance d’objectif. Faire des photos d’un lieu est une bonne façon de s’obliger à y prêter attention. Et voilà tout un nouveau monde qui se dévoile, fait de déplacements imperceptibles.
Les plantes sont mues par leur énergie propre. Elles s’étirent et grandissent. Elles bourgeonnent, elles se déploient. Leurs corolles s’épanouissent. Puis elles se flétrissent et fanent. Elles sèchent ou tombent, vidées de vie.
J’aime la promesse de pétales sur le point de s’ouvrir, d’une corolle qui va bientôt se dérouler. Cette fête de l’éclosion. Et j’aime aussi la grâce qu’elles mettent à leur chute. Leur savoir-choir.
Tout est éphémère, c’est ce qui fait le prix des choses. Dans le jardin, l’eau et la lumière dialoguent avec les fleurs. Les gouttes se prélassent ou glissent, et finissent en équilibre au-dessus du vide. Instant suspendu… Celle-ci va-t-elle tomber, ou rester là jusqu’à ce que le soleil la boive ? Va-t-elle aller nourrir des racines, ou va-t-elle s’élever, vaporeuse, vers le ciel ?
Août ou la gloire des potagers
Le coeur de l’été marque le moment de l’opulence des potagers, celui d’une abondance que l’on voudrait sans fin. Pour les châteaux ouverts au public qui ont maintenu cette tradition d’un jardin nourricier, il existe bien des façons de rendre celui-ci aussi beau que généreux. Le potager du château de Villandry en est sans conteste l’un des exemples les plus aboutis.
Plus près de Giverny, à la Roche-Guyon, le jardin du château aligne ses fruitiers et ses rangs de légumes. Les cardons sont de la fête. Ils s’élancent dans les hauteurs, bien au-dessus des têtes des promeneurs, qu’ils étonnent par le contraste de leurs feuilles dentelées et piquantes avec la grâce délicate de leurs houppettes mauves.
Effet de plumes
La visite de jardins est parfois l’occasion de changer son regard sur le monde. A Giverny, certains visiteurs m’ont confié qu’auparavant ils n’avaient jamais prêté attention aux reflets dans l’eau. D’autres découvrent l’extrême variété du règne végétal en détaillant la composition des massifs. On peut aussi s’ouvrir à une esthétique nouvelle, une façon de concevoir un jardin qui sort des sentiers battus.
C’est le cas d’une visite au jardin Plume, qui s’est fait une spécialité de l’utilisation des graminées, bien avant que tout le monde ne s’y mette. Le jardin Plume est situé à l’est de Rouen, en pleine campagne, à Auzouville-sur-Ry. Sylvie et Patrick Quibel y travaillent la lumière, mêlant la légèreté des herbes et beaucoup de fleurs aux couleurs franches. Cette broderie subtile est contenue par une forte structure de haies et de buis taillés.
Si pour vous les herbes sont des mauvaises herbes, le jardin Plume vous fait changer d’avis. Les graminées ont une manière à nulle autre pareille de s’emparer des rayons du soleil. C’est d’un attrait irrésistible.
Avec de telles images dans la tête, on se prend à regarder autrement les bords des chemins. Je suis allée me promener au nouveau quartier Fieschi à Vernon, une ancienne caserne en cours de reconversion en zone résidentielle. Dans les terres remuées par les engins de construction, des plantes sauvages prospèrent.
Camomille, achillée, tanaisie, vesce, chardon se mêlent, tandis qu’il ne reste que les capsules des coquelicots. On dirait un jardin, oui, dense et lumineux, offert gracieusement à l’admiration par l’Eté.
Toute cette beauté spontanée est menacée. Demain peut-être une pelleteuse viendra excaver par ici, sans considération pour les simples. Cette menace qui pèse sur elles a quelque chose qui me touche, comme une image de notre monde en sursis.
Les plantes savent-elles que leur vie est en danger ? Je me figure que oui. C’est dans leur nature d’être à la merci des voraces et des piétineurs. Cela ne les arrête pas, au contraire. Il y a dans l’énergie qu’elles mettent à vivre, à fleurir, à fructifier, à se ressemer pour continuer à se reproduire une foi extraordinaire. Essayons toujours ! semblent-elles dire. Nous verrons bien si nous parvenons à nos fins, confier à la terre nos gênes pour que la vie se poursuive. Elles sont heureuses, elles profitent de l’été, de la chaleur du soleil. Pour l’instant tout va bien.
A Gerberoy
C’était quand, la dernière fois que vous vous êtes dit que vous aviez une chance insensée ? Le coup de bol énorme qui vous emplit de joie, le cadeau fabuleux de l’univers ?
Pour moi c’était dimanche dernier.
En fin de journée, une envie de bouger, de profiter de la température agréable avant la canicule… Mon époux suggère Gerberoy. Je m’enthousiasme : c’est le moment des roses, le village doit être magnifique.
Gerberoy est à une bonne heure de route de Giverny, dans l’Oise, au milieu d’une campagne idyllique. Des prés, des champs, des bosquets, des vallons, des clochers. Nous arrivons à six heures du soir.
L’heure est douce, la lumière belle, les roses parfaites, le village plus ravissant que jamais. Tout est d’un charme inouï. On marche dans un monde à part, presque irréel.
Nos pas nous conduisent vers le jardin du peintre Le Sidaner, un lieu que je souhaite ardemment connaître. Mais ce ne sera encore pas pour cette fois vue l’heure tardive.
Tiens ! la porte est ouverte. Il y a du monde à l’intérieur. Je m’avance, j’aurai au moins vu l’entrée… La gardienne alors prononce ces mots magiques : « Entrez, ce sont les Soirées romantiques, la visite est gratuite et c’est ouvert jusqu’à huit heures ce soir ! La propriétaire est en train de faire un commentaire dans le jardin blanc. »
J’ai fait tout le tour de cette merveilleuse propriété dans un état d’extase et de ravissement absolu. Il y a une grâce très particulière dans ce jardin, une grâce qui ressemble à celle des tableaux d’Henri Le Sidaner. Si vous êtes dans le coin, surtout si c’est le moment des roses, allez-y, ne manquez pas ce havre de délicate poésie florale. Que ce soit une Soirée romantique ou pas, le romantisme est garanti.
Mini jardin à Giverny
A côté des vastes jardins de Claude Monet, dont l'étendue dépasse ce qui peut se faire chez soi, Giverny récèle un petit bijou de mini jardin. C'est celui de la boutique Emilio Robba, en face de la maison de Monet.
Ce sont les jardiniers de la Fondation Monet qui cultivent ce jardin de poche, avec tout leur savoir-faire et les ressources de leurs serres.
En ce moment, voici l'aspect qu'a le massif devant la boutique, orienté à l'est. Les tons jaunes dominent, avec des rudbeckias, des solidagos, des gaillardes, et quelques touches de rose apportées par les sedums, les mufliers et les dahlias.
Gazon anglais
Les Anglais ont l’art du gazon. Chez nous, une merveille pareille serait protégée comme un massif de fleurs, avec interdiction de poser le pied dessus. Rien de tel outre-Manche. Fouler la pelouse fait partie du plaisir de la promenade au parc ou au jardin, une sorte de droit imprescriptible.
Celle que vous voyez ci-dessus se trouve à Sissinghurst, dans le Kent.
Les roses de Bagatelle
Quand on vient de Giverny, tout paraît démesuré à Bagatelle. Ce grand parc parisien couvre au total 24 hectares, contre 2 chez Claude Monet. C’est un peu comme si vous aviez l’habitude de faire vos courses à la supérette et que vous vous retrouviez d’un seul coup dans un hypermarché. Vous avancez, un peu effaré d’avoir à parcourir de telles distances pour trouver ce que vous cherchez.
Les jardins de Latour-Marliac
Nous voici dans le sud de la France dans un village nommé Le Temple-sur-Lot, chez le pépiniériste Latour-Marliac.
C'est ici que Claude Monet se fournissait en nymphéas pour son bassin de Giverny.
Le jardin de l’ancien hôtel Baudy
C'est l'un des trésors cachés de Giverny : à quelques pas des jardins de Monet, le restaurant Baudy ouvre son parc à ses clients. Ce lieu où le temps semble s'être arrêté fut autrefois un hôtel et le rendez-vous de la colonie de peintres du village. Il suffit de traverser la salle-à-manger pour accéder au jardin.
Les serres de Kew
C'est en hiver qu'il est le plus agréable de visiter une serre. On pousse la porte, on prend soin de bien la refermer, et on change d'univers. La douceur commande de déserrer l'écharpe et d'ouvrir le manteau, l'humidité aveugle les porteurs de lunettes. Est-ce qu'on se sent bien dans la chaleur retrouvée ? Il y a cette présence des plantes, cette impression d'entrer dans une forêt qui n'en est pas une. Le silence bizarre quand il faudrait des cris d'animaux et des chants d'oiseaux.
Le potager de Mesnil-Geoffroy
En Seine-Maritime, le château de Mesnil-Geoffroy est réputé pour sa magnifique roseraie et son parc impeccablement entretenu. Il récèle aussi un petit bijou de potager.
Alors que, le plus souvent, les jardins potagers sont dévolus aux lignes droites, celui-ci serpente en courbes voluptueuses. Pas de rangées de poireaux alignés comme pour le défilé du 14 juillet, pas d’effet de masse de légumes identiques, mais des plates-bandes qui mêlent les fleurs et les plantes comestibles, les roses et les artichauts. Les allées aux bordures soigneusement marquées se détachent en surplomb des parties travaillées. On devine un important entretien quotidien.
Au fond, la serre ancienne adossée au mur de clôture est intacte, avec son élégant arrondi. Elle sert toujours au forçage des semis, et hormis les godets qui sont en plastique aujourd’hui, rien n’y a changé. Ces serres anciennes, avec leur atmosphère tiède et l’odeur de terreau humide qui les caractérise, leurs détails en fonte ouvragée et leurs astuces pratiques, sont parmi les lieux les plus évocateurs et les plus poétiques des jardins d’autrefois.
La roseraie de Grand-Quevilly
Le Grand-Quevilly est situé dans la banlieue sud de Rouen. Dans cette ville qui a poussé vite pendant les Trente Glorieuses, les arbres ont grandi entre les immeubles et partout, le végétal a l’air de cohabiter avec le minéral.
Tout en haut de l’agglomération, là où s’élevait autrefois le château d’eau de la commune, un trésor incroyable attend le visiteur. La ville de Grand Quevilly a planté la bagatelle de 16 000 rosiers.
C’est un espace vert public gratuit, où l’on peut même venir avec son chien. Sur six hectares, le promeneur chemine en toute liberté entre les roses.
Chacune des centaines de variétés fait l’objet d’un panneau explicatif à hauteur des yeux. Contrairement aux roseraies classiques, on peut admirer des dizaines de plants du même rosier, ce qui permet de se faire une idée exacte de l’impact de la fleur.
Les massifs aux contours arrondis en forme de pétales regroupent plusieurs sortes de roses, en mélangeant les dernières obtentions et les roses anciennes. On ne saurait dire lesquelles sont les plus belles, les plus opulentes, les plus gracieuses ou les plus suaves. C’est une surenchère de pétales ourlés, incurvés, dentelés, qui s’empilent ou s’alignent sagement en formant la ronde, qui turbinent depuis le centre de la fleur, tourbillonnent et s’offrent au regard et aux abeilles. Et des couleurs ! Des couleurs de folie, comme par exemple le rosier Rio Samba dont « les pétales virevoltent en jupons jaunes bordés d’orange, comme au coeur d’une danse brésilienne » selon la description gentiment lyrique du cartel.
On est en ville, comme le rappelle le mobilier urbain, les jeux pour les enfants et la présence au loin d’immeubles plus hauts que les autres, qui ont la chance d’avoir leurs fenêtres sur la roseraie. Et pourtant, un samedi midi de juin, nous étions peut-être une dizaine à nous partager les 60 000 m2 de roseraie, dans un air délicieusement parfumé. Autant dire qu’on n’est pas gêné dans sa contemplation.
Visiter des jardins
Jardin botanique du château de Vauville, Manche
Je rentre d’un voyage d’une semaine en Basse-Normandie et en Bretagne, une semaine à visiter des jardins. Parce que pour mieux cerner l’unicité de celui de Monet j’ai aussi besoin d’en découvrir d’autres, créés à d’autres époques, avec des intentions différentes, où le végétal est mis en scène autrement ; parce que les jardins ne se visitent pas en hiver, et qu’année après année il devenait plus frustrant de passer toute la belle saison à travailler en continu sans aller admirer ce qui pousse ailleurs, je me suis offert le luxe d’une semaine de congé en été pour ce « voyage d’études ».
Il y a eu de la griserie, de l’émerveillement, de l’admiration pour la créativité humaine qui sous-tend ces jardins, pour les prouesses horticoles. De la déception aussi, parfois. Et partout, des parcs quasi vides de visiteurs, même dans les lieux les plus réputés.
C’est agréable, habituée comme je peux l’être à louvoyer entre les promeneurs dans les allées étroites de Giverny. Et en même temps, je ressens une profonde injustice. Pourquoi Giverny, et Giverny seulement ? C’est l’effet grand homme, l’effet nymphéas. Ailleurs, les jardins sont plus vastes, plus variés, plus époustouflants peut-être, mais ils n’ont pas été peints par le père de l’impressionnisme. Et tous, nous allons d’abord vers ce que nous connaissons, vers l’image déjà vue, dans un musée, un magazine, un reportage ou un livre d’enfants, une carte postale reçue ou une brochure publicitaire, voire un panneau sur l’autoroute.
Libre de faire mon choix parmi tous les jardins possibles dans ce coin de France, j’ai tendu l’oreille à ces désirs de visites nés il y a plusieurs décennies parfois. Aller voir des jardins, c’est aussi devenir visiteur de jardin, et en me glissant dans ce costume-là, en savourant le plaisir de la première fois, du vieux rêve qui se réalise, je comprends et partage ce que ressentent mes clients à Giverny.
Les Jardins Agapanthe
L’adorable village de Grigneuseville se trouve en Seine-Maritime, entre Rouen et Dieppe. C’est là, dans l’humidité du pays de Bray, que s’épanouissent les plantes des Jardins Agapanthe.
Le concepteur de ce jardin, Alexandre Thomas, est architecte-paysagiste, et on est ici chez lui. Son jardin personnel est aussi sa vitrine professionnelle, bien sûr, mais il va bien au-delà d’un jardin-témoin ou d’un exercice de style. On y sent de la passion et de l’imagination, de la poésie et du lyrisme à tous les détours de sentier.
C’est un jardin qui s’explore, dans une délicieuse impression de dédale et de surprises.
On se faufile entre des masses végétales exubérantes, du vert qui prend toutes les formes possibles, au travers de végétaux venus de tous les continents. Certains intriguent, d’autres se laissent reconnaître.
Partout, des buis et des ifs taillés structurent le jardin, qui s’orne de mobilier ancien et de potées.
On pousse des portails art nouveau vénérables, on descend dans des minis vallons, on suit des chemins d’eau… Et, chance insigne, les jardins agapanthe font aussi pépinière. Attention, le coffre risque d’être trop petit !
Land art à Chaumont-sur-Loire
Le château de Chaumont-sur-Loire est réputé pour son Festival des Jardins qui réunit chaque année une vingtaine de projets paysagers extraordinaires, entre horticulture et art contemporain.
L’édition 2012 s’est close il y a quelques jours, mais on peut toujours visiter le parc et le château, qui fait partie, comme son nom l’indique, des châteaux de la Loire.
Pour fêter Halloween, une installation de coloquintes et de potirons accueille les visiteurs ce week-end.
Les couleurs des cucurbitacées contrastent avec celle de la pelouse.
Les coloquintes fichées en terre grâce à des piques font l’effet d’une armée de petits lutins. Certaines poussent la ressemblance jusqu’à se terminer en pointe à la manière d’un bonnet.
La masse et la rondeur des citrouilles fait contrepoint.
Peut-être que cette mise en scène vous inspirera pour la déco de votre jardin, ou de votre balcon…
Giverny est maintenant fermé pour cinq mois. Profitons-en pour aller voir ailleurs ! Réouverture avancée exceptionnellement au 30 mars 2013, Pâques oblige.
Le jardin de Valérianes
Hier j’ai visité, sous la pluie, le jardin de valérianes. Il se trouve en Seine-Maritime près de Buchy, à une bonne heure de route de Giverny.
Ce jardin privé qui s’étend sur 12000 m2 est l’oeuvre d’un couple qui l’embellit depuis trente ans. Il se compose en grande partie de vivaces et d’arbustes originaux, et d’une multitude de digitales qui ont trouvé dans la terre limoneuse et acide du plateau leur terrain de prédilection.
J’ai déambulé entre les masses de feuilles et de fleurs avec le regard des visiteurs de Giverny qui s’étonnent et s’émerveillent, en nommant au passage les plantes que je reconnaissais. Ce petit jeu m’a valu d’être qualifiée de geek par le jeune informaticien qui m’accompagnait.
Je suis frappée, quand je passe du côté du visiteur, par la nécessité de mettre des mots sur l’expérience de la visite. Sans mots, la vision glisse et s’échappe, le cerveau n’arrive pas à organiser les images qu’il reçoit en leur donnant du sens. On s’exclame un peu machinalement, c’est beau ! c’est beau ! mais on oublie tout de suite ce qu’on a vu.
J’ai regretté, donc, de ne pas avoir de guide. Ce qui m’a manqué plus encore que des détails sur les végétaux, c’est de découvrir l’intention. J’ai besoin de rembobiner la pelote du fil d’Ariane, de comprendre par quel cheminement on est arrivé à ce résultat.
Une petite vidéo donne un début d’explication sur le développement du jardin de valérianes.
Allez-y, c’est un rêve de jardin, subtil et intime. Vous y passerez un moment harmonieux de dialogue avec la nature, sans être troublé par des cohortes de visiteurs.
Le château du Champ de Bataille
A une heure de Giverny, le château du Champ de Bataille étale sa magnificence inspirée de Versailles en pleine campagne, dans la plaine du Neubourg. 38 hectares de parc qui déclinent bosquets, labyrinthe, pièces d’eau, broderies et topiaires, statues à l’antique et fabriques, serres et potager… Tout cela par la volonté d’un seul homme, le propriétaire des lieux Jacques Garcia, décorateur aussi prisé que passionné.
38 hectares magiques, et pas âme qui vive. En ce moment les appartements du château n’ouvrent que le week-end, si bien qu’en semaine, quand seul le parc est accessible, il n’y a personne. Le prix d’entrée élevé (12 euros pour les jardins) y est peut-être aussi pour quelque chose.
C’est une expérience extraordinaire que ce Versailles contemporain pour soi tout seul. Garcia a mêlé le grandiose et l’inventivité, le très proche et le lointain, la poésie et une touche d’ésotérisme, le jeu et l’exotisme, l’opulence et l’épure.
On joue à se perdre dans les bosquets impeccablement taillés, on guette la prochaine surprise nichée dans la charmille.
Le long des bassins, des baignoires empire abritent des jets d’eau.
Partout des sphinges, des déesses aux courbes sublimes, et des détails dorés, comme les énormes grenouilles qui tiennent concile sur les marches du plan d’eau.
Le retour ressemble à un voyage, avec des escales en Asie, en Grèce, en Italie peut-être, et un dernier point de vue sur un impressionnant alignement d’agaves en pots. C’est un jardin qui sait surprendre.
Les jardins d’Angélique
Pour ceux qui ont envie de prolonger la visite de Giverny par celle d’autres jardins, plusieurs endroits enchanteurs les attendent en direction de Rouen : le jardin plume, le parc du château de Vandrimare, et les jardins d’Angélique sont tous trois situés dans le même secteur en pleine campagne, à quelques kilomètres de la capitale normande.
Vandrimare est un jardin puissant, tout en arbres majestueux. Plume, un endroit sensuel et tactile, où la vue invite au toucher. Les jardins d’Angélique sont un rêve de jardin, un paradis doux et poétique à la touche très féminine.
Angélique était la fille des propriétaires. Elle a rejoint les anges, mais son souvenir flotte partout au coin des massifs : harmonies tendres blanches ou de tons pastels, statuettes d’angelots disposées deci-delà, délicat mobilier…
Le jardin a été créé par les parents pour tromper leur deuil, travailler le vivant. Ce sont aujourd’hui la mère et la soeur d’Angélique qui l’entretiennent avec une énergie et un goût admirables.
Il faut sans doute voir ces jardins à la saison des roses, partout présentes. En ce début d’automne, un air de mélancolie les gagne, qui leur va bien.
Au centre de la propriété, un manoir du 17e siècle est précédé d’une vaste pelouse. Derrière la bâtisse, on découvre un jardin de buis taillés entourant des carrés de vivaces. Une grande fontaine affirme le classicisme du lieu.
Devant le manoir, on entre dans la partie la plus magique, des ruelles de gazon donnant sur des massifs de fleurs aux accords subtils. Madame Le Bellegard est là, occupée à jardiner mais disponible, prête à renseigner. Encore plus qu’ailleurs chez d’autres passionnés, on sent que son jardin est l’objet de sa tendre attention.
On prend le temps de flâner pour découvrir toute la finesse de ses compositions, la rareté de certains spécimens, les surprises ménagées ça et là. Rien de plus simple : on n’a pas envie de partir…
Jardins d’Angélique Hameau du Pigrard 76520 Montmain (10km à l’est de Rouen)
02 35 79 08 12, ouverts toute l’année de 10h00 à 19h00.
Du 1er juillet au 15 octobre, fermés le mardi.
Entrée 5€, gratuit pour les enfants de moins de 12 ans.
Hydrangéas de collection
Je viens de voir les plus beaux hydrangéas de ma vie. Ces petites merveilles s’épanouissent dans « le jardin des Hortensias », à Varengeville-sur-Mer, en Seine-Maritime, à quelques kilomètres de Dieppe.
Corinne Mallet, spécialiste du genre, y a planté sa collection de quelque 1200 hydrangéas différents. C’est, dit-elle, la plus grande collection au monde, distinguée en France par le titre de collection nationale.
Je n’ai pas eu la présence d’esprit de lui demander pourquoi elle a nommé sa collection « Shamrock », comme le trèfle irlandais. Pour se porter chance ? En tout cas l’endroit, à la terre curieusement acide en plein plateau calcaire du pays de Caux, plaît aux hydrangéas.
Ils prospèrent à l’ombre des paulownias, offrant leur diversité étourdissante aux promeneurs. Inflorescences rondes, plates, en cornets, pétales plats ou frangés, en forme d’étoiles, empilés les uns sur les autres comme les brochettes de l’apéro, étamines contrastantes, duveteuses, branches gracieusement ployées, lianes parties à l’assaut des arbres, bouquets denses…
Il y a un ordre derrière ce foisonnement. A l’entrée, Corinne Mallet explique comment elle a classé chaque hydrangéa : par continent, selon qu’il s’agit d’une espèce trouvée dans la nature ou d’un hybride obtenu par la main de l’homme, par date d’introduction, etc.
Plan du jardin à la main, on déambule, fasciné par les curieuses feuilles en forme de chêne américain de variétés d’outre-Atlantique, par l’exotisme des fleurs japonaises que Corinne Mallet va chercher sur place, par l’inventivité de la nature.
Comme on aimerait, en partant, pouvoir emporter un hydrangéa à planter dans son jardin en souvenir de la visite !
Reflet à Majorelle
Il y a même un bassin aux nymphéas ! A la fin de ma visite du jardin Majorelle à Marrakech, découvrir ce plan d’eau de la taille d’une piscine où flottent des feuilles de nénuphars encore dépourvus de fleurs me réjouit. C’est absurde, mais j’ai l’impression que le jardin m’a réservé une surprise pour me faire plaisir, comme si ma grand-mère m’avait préparé mon dessert préféré. Quelque chose de familier, et que j’aime.
Chaque visiteur fait sa propre visite d’un lieu, avec toute son histoire personnelle, ses références, ses connaissances, son vécu. Les lieux changent un peu, les visiteurs plus encore. La perception d’une scène est par essence unique. Les réflexions des visiteurs de Giverny, quand ils m’en font part au cours des visites, me passionnent.
Qu’est-ce qui m’enchante devant le bassin de Majorelle ? Le familier allié au décalé, la variance du connu, essence de la collection, notamment la collection photographique. Je retrouve les reflets d’arbres dans le bassin, mais ce sont des palmiers et non des hêtres ou des saules. L’effet, rapporté au bassin de Monet, est presque humoristique.
Que vient faire ici ce bassin aux nymphéas ? Je ne sais s’il y a une explication officielle. Je présume que Jacques Majorelle, qui tenait à donner une impression de fraîcheur à son jardin souvent caniculaire, a voulu utiliser différentes ressources des jeux d’eau, fontaines, jets, bassins.
Quand il crée son jardin de Marrakech, dans l’entre-deux guerres, celui de Monet est archi connu par le biais de ses tableaux de nymphéas. Impossible de savoir si Jacques Majorelle pense à Giverny en créant son bassin. Monet n’est pas propriétaire du concept, le nénuphar a été une fleur en vogue à la Belle-Epoque, décliné sur tous les supports par l’Art Nouveau. Et Jacques Majorelle, fils d’un des ébénistes les plus talentueux de l’école de Nancy, a engrangé le vocabulaire artistique de l’époque dès son berceau.
C’est peut-être simplement la valeur d’exotisme de la fleur qui a séduit le peintre. Le nénuphar coloré arrive d’ailleurs, et c’est ce qui lui donne sa place dans ce jardin de collectionneur où sont réunies des espèces végétales venues de tous les horizons.
Le jardin Majorelle
Le bassin de Monet à Giverny n’est pas le seul jardin de peintre qui soit célèbre. A Marrakech, le jardin conçu par le peintre Jacques Majorelle (fils de l’ébéniste art nouveau Louis Majorelle) attire 600 000 visiteurs par an.
C’est plus que Giverny, mais sur douze mois et non sur sept. Bon, c’est idiot de comparer, ce sont deux lieux uniques et magiques, envoûtants. Mais même en disant cela, je suis encore en train de comparer. Impossible de faire autrement : le parallèle entre les deux sites est assez troublant, tout en coïncidences et correspondances.
L’histoire commence presque pareil. Jacques Majorelle, peintre, tombe amoureux d’un lieu, décide de s’y installer, achète un terrain, puis l’agrandit, en fait un jardin par passion, par plaisir et pour l’inspiration, y a son logement et son atelier. A sa mort, le jardin souffre du manque d’entretien, jusqu’à ce que le mécénat le sauve et le rende célèbre.
Le plus intéressant, ce sont les différences, qui donnent une image en creux de l’autre jardin, révélant ce qu’il est et ce qu’il n’est pas. Différences d’abord dans la conception du jardin, et donc des perceptions du visiteur.
Si Giverny est voué au reflet, à Majorelle ce sont les jeux d’ombre et de lumière qui dominent. Profondeur des ombrages, luminosité des parties exposées au soleil : on ne sait jamais s’il faut garder les lunettes teintées ou les ôter, dans ce jardin où l’intensité de la lumière est si contrastée. Ces flashes lumineux suivis d’ombre apaisante sont une autre façon de troubler l’oeil, effet que Monet obtenait dans le jeu infini des reflets de son étang.
La forme, ensuite. A Majorelle, dès l’entrée, le promeneur se sent avalé par les bambous géants, puis il avance dans la fraîcheur d’arbres de toutes sortes, une nécessité dans un pays où la chaleur peut devenir écrasante. Le visiteur est happé vers le haut, son regard glisse le long des troncs lisses des palmiers dont la couronne se détache sur le bleu du ciel.
A Giverny, en revanche, on ne passe pas vraiment sous les arbres. On les longe. L’impression d’enveloppement est fournie par l’effet de clairière autour du bassin, et par les fleurs du clos normand, surtout quand elles deviennent géantes à la fin de l’été.
Si le climat de la Normandie est idéal pour les fleurs, celui de Marrakech, trop chaud, est plus difficile. Elles sont rares à Majorelle, et les taches colorées des bougainvillées n’en sont que plus saisissantes.
Ce sont les apports de couleur des éléments peints qui font vibrer les verts. Jacques Majorelle est réputé pour son bleu, dont il a orné sa maison et les pots et maçonneries de son jardin, un magnifique bleu cobalt intense découvert par lui dans les villages de l’Atlas. Il l’a complété d’un jaune vif, une association qui est un régal pour l’oeil.
Et puis, parmi toutes les émotions qui submergent le visiteur de beaux jardins, joie esthétique, surprises, émerveillement, on trouve aussi des peurs. C’est un mot un peu fort, je veux parler de ces craintes vagues et informulées dont on a à peine conscience, qui transforment le cheminement en parcours d’Alice au Pays des Merveilles, délicieux et un peu effrayant.
Pour le visiteur occidental, la luxuriance même du jardin Majorelle est aussi fascinante qu’inquiétante, avec son effet de jungle, ses plantes inconnues, bizarres, qui vivent leur vie tout autour de lui. Cachent-elles un danger ? A peine débouche-t-on « à l’air libre », devant la maison, qu’une collection de cactus assaille les perceptions. Inaccessibles, intouchables, les épines dardées transmettent pourtant, par l’oeil, une impression piquante.
D’autres craintes encore s’immiscent, celle de se perdre au milieu du dédale végétal, inquiétude liée à la profusion du jardin, que l’on n’aurait pas à Versailles, par exemple, un parc infiniment plus grand mais où l’oeil embrasse d’un coup tout l’espace. Et puis, de la désorientation induite par le jardin découle la peur de tomber, à force de regarder partout, crainte de trébucher sur un obstacle, et même de tomber dans l’eau.
Au fil de la déambulation, ces angoisses discrètes s’estompent et se dissolvent. Le visiteur s’approprie l’espace, l’inconnu devient connu, l’impression de danger devient ridicule.
Et en même temps, c’est un peu de la magie du jardin qui disparaît.
Vandrimare
A environ 45 minutes de Giverny en direction de Rouen, le château de Vandrimare est entouré d’un parc dessiné sous le 1er Empire.
Ses arbres deux fois centenaires, parmi lesquels le plus vieux et plus grand magnolia d’Europe justifieraient déjà son titre de « jardin remarquable ». Mais l’intérêt ne s’arrête pas là.
Sous les frondaisons a été aménagé un jardin contemporain voué aux cinq sens.
Des chambres de verdure proposent des collections de vivaces colorées.
On chemine à travers le jardin des baies, on médite sous la pergola du cloître aux herbes aromatiques, on joue à se perdre dans le labyrinthe de charmilles où les araignées tissent des cloisons supplémentaires, on tourne dans les bosquets du mouvement perpétuel à la recherche de la lumière, on pénètre en catimini dans l’orangerie et la serre, fort anciennes, on lorgne sur le verger typiquement normand, on guette les grenouilles au bord du bassin…
Partout des odeurs étonnantes, des plantes rares, des arbustes jamais vus… Cinq mille végétaux différents paraît-il on été acclimatés dans ce jardin, à découvrir dans la grande paix d’un parc de six hectares qui, cet après-midi, n’était guère envahi de promeneurs.
Jardin japonais
Parce que Claude Monet y a planté des bambous et des azalées, et placé de petits ponts de bois arqués, le jardin aquatique du peintre à Giverny s’est attiré l’appellation de jardin japonais. Une étiquette à ne pas prendre pour argent comptant. Il suffit de visiter des jardins japonais plus authentiquement nippons pour percevoir l’océan qui les sépare du bassin aux nymphéas de Monet.
Prenez celui-ci, à San Francisco, une ville fière de sa communauté venue d’Extrême-Orient :
la main de l’homme y est partout présente.
Les arbres soigneusement conduits, taillés, deviennent des sculptures végétales, souvent nanifiées.
Des pas japonais se cachent dans les pelouses, permettent de franchir les ruisseaux.
Des lanternes de pierre animent les points stratégiques.
Surgissent aussi, ça et là, des pagodes rouges, des portiques aux ailes recourbées, des maisons de thé aux murs de papier.
La netteté règne. Pas un brin d’herbe qui dépasse. Ça file droit, autant que dans un jardin à la française aux fines broderies de buis taillé.
La nature résumée en modèle réduit est sous contrôle. Harmonisée, apaisante.
C’est de l’art, ou de l’artifice.
Et chez Monet ? Les plantations sont pensées, elles aussi, mais conduite avec plus de flou, l’envie de faire croire que tout a poussé tout seul. De la nature au naturel.
Les arbres ont le droit de grandir. La taille est discrète.
Hormis les passerelles, pas l’ombre d’une fabrique.
Pas la moindre sculpture.
Le mobilier de jardin se fond dans le décor vert.
L’élan de la nature est sensible, dans son extravagance estivale.
Si le jardin offre un résumé de la nature, c’est à travers les reflets du bassin, qui captent les nuages qui passent, le vent, les arbres.
L’artificiel se fait oublier.
C’est sous le pinceau de Monet que le jardin, de paysage, deviendra oeuvre d’art.
Photo : jardin japonais de San Francisco
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