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Un dernier tour à Giverny – 3
Le cléome fait partie de ces plantes qui ne se lassent pas de fleurir. Dans la grisaille de novembre, il multiplie les pétales comme si c’était le coeur du printemps, sans donner le moindre signe de fatigue.
Que restait-il en fleur dans le jardin d’eau de Monet à la veille de sa fermeture ? Les impatiences toujours fidèles au poste, imitées par les bégonias.
Rien n’arrête la danse des fuchsias.
Les touffes de cupheas restent couvertes de fleurettes allongées, souvent orange.
Au bout du bassin, les jardiniers ont planté deux Asclépias physocarpa, également nommés Gomphocarpus physocarpa ou Gomphocarpus brasiliensis. Le nom vernaculaire de cette plante prête à confusion : arbre à ballons est facile à retenir, mais ce n’est pas un arbre, et le titre de fleur ballon est déjà attribué au platycodon. On trouve aussi faux cotonnier et d’autres noms plus ou moins explicites, en français comme en anglais, dont celui de bijoux de famille. Les fruits apparaissent à hauteur des yeux, et leur étrangeté attire le regard.
Tiens ! encore un vaillant zinnia, qui s’est trompé de saison.
Un dernier tour à Giverny – 2
Le coleus est plutôt une plante de jardinière ou d’intérieur, mais pourquoi ne pas l’utiliser au jardin et profiter de ses magnifiques feuilles rouges et roses ? L’effet est saisissant près des fuchsias et des sauges rouges, rehaussés de la touche argentée d’une cinéraire. (L’identification des plantes est de mon fait. Si vous pensez que ce n’est pas ça, merci de me laisser un commentaire).
On attend toute l’année l’heure de gloire des liquidambars aux couleurs vibrantes. Voici l’un de ceux plantés au bord du bassin, qui se détache sur la masse sombre du laurier du Caucase planté par Monet. A gauche, l’érable du Japon flamboie. Les baies violettes sont celles du callicarpa, perles d’amour pour les Allemands (Liebesperlenstrauch).
Voici la même scène vue depuis le pont sur le Ru. Au fond, le cyprès chauve replanté après l’abattage du précédent, étêté par une tempête il y a une dizaine d’années, commence à être assez grand pour se faire remarquer.
Après une période sans aucun nénuphar début octobre, quelques-uns ont réapparu, roses ou blancs. La plupart peinent à s’ouvrir et restent en bouton. Pour cette fleur d’été, flotter au milieu des reflets de feuillages d’automne est une exception.
Un dernier tour à Giverny – 1
Juste avant que la maison et les jardins de Monet ne ferment leurs portes pour l’hiver, je suis allée dire au revoir au jardin d’eau.
Certains coins du jardin paraissent immuables, grâce au vert persistant des bambous ou du lierre.
Au pied du grand hêtre, de minuscules cyclamens pointent entre les racines moussues.
La lumière sourde est bien celle de la Toussaint. C’est à peine si on repère la sauge violette et noire et les hydrangéas.
Les massifs d’arbustes offrent un patchwork de feuillages aux formes et aux teintes assorties.
Les feuilles étoilées des liquidambars sont restées prisonnières des nénuphars, dont les tiges s’allongent. Au centre, des feuilles de nymphéas jeunes, plus foncées, témoignent de la vitalité de la plante, qui ne s’est pas encore mise en repos.
Septembre au jardin de fleurs
En septembre, c’est la grande allée du jardin de Monet qui est le clou du spectacle. Elle est envahie de capucines rampantes, tandis que les massifs de dahlias forment des murs de chaque côté.
Les petites allées, accessibles aux seuls jardiniers, se faufilent dans une exubérance de cosmos, cléomes, anémones du Japon, hélianthes et autres dahlias.
Dans le massif rose, les jardiniers ont joué des associations de formes : les persicaires légères se mêlent aux boules d’un rose intense des dahlias.
Sur le mur côté rue Claude Monet, les jeunes poiriers en espalier plantés à l’automne 2022 sont couverts de fruits.
Sous la caresse du soleil
A Giverny dans le jardin d’eau de Monet – 20 septembre 2024, 9h. Le soleil émerge paresseusement de la colline et vient réveiller l’étang aux nymphéas.
Les rayons qui filtrent à travers le feuillage illuminent les anémones du Japon comme des spots.
La maison de Monet est cachée dans la verdure.
Les berges débordent de fleurs, plantées avec tant de naturel qu’on les croirait arrivées là par hasard.
Derniers hydrangéas, derniers phlox au parfum entêtant. Le jeune saule a fière allure.
Une légère brume flotte encore dans l’air. C’est pour elle que Monet se levait bien avant l’aube.
Couleurs d’automne à Giverny
Depuis le changement d’heure, il fait presque nuit au moment de la fermeture, à 18h.
Et voilà ! C’est fini jusqu’à l’année prochaine.
« On n’a pas assez de ses deux yeux pour tout voir »
Dans le jardin de fleurs de Claude Monet, septembre déploie sa folie, lançant les corolles jaunes des hélianthes jusqu’à un mètre au-dessus de la tête des visiteurs. Les dahlias, les cupheas, les tithonias, les célosies se bousculent, se pressent et se hissent les unes au-dessus des autres pour mieux voir. Elles assistent au défilé de leurs admirateurs et ne veulent pas en perdre une miette.
Dans les allées règne une soif de voir. Chacun absorbe ce fourmillement de couleurs, ces plantations si denses qu’elles donnent le tournis. Les visiteurs repèrent deci delà des têtes connues, des fleurs qu’ils savent identifier. Mais impossible de les reconnaître toutes. Même avec les meilleures applications, on y passerait trop de temps.
Le groupe que je guide à Giverny est-il sous le charme de ce foisonnement généreux et coloré ? Ce sont des personnes âgées qui se sont levées bien avant l’aube et ont fait plusieurs heures de route pour arriver. Le voyage a été deux fois reporté, il a pu enfin avoir lieu. Elles se sont pliées à toutes les contraintes sanitaires, et les voici enfin dans ce jardin inattendu.
Je me demande ce qu’elles ressentent. Jusque-là elles m’ont écoutées, polies, sans jamais poser la moindre question, presque sans réaction.
Je les regarde avec tendresse, et un peu d’admiration. Est-ce que j’aurai leur courage pour bouger encore, quand j’aurai leur âge ? D’endurer la fatigue d’un voyage pour aller voir de jolies choses ? Est-ce que, dans les mêmes conditions, je ne serai pas sonnée, la tête vide ? Je m’applique à être aussi claire que possible, à bien expliquer sans prendre de raccourci. Je crois deviner une espèce de stupeur devant l’étrangeté des plantations imaginées par Claude Monet. On est enseveli sous l’avalanche.
Nous repartons, et je les entends se dire entre elles que c’est beau, que c’est du travail, et se parler de ce qu’elles font pousser sur leurs balcons. Et puis tout à la fin, l’une d’elles me livre leur ressenti, elle a cette jolie formule si juste et qui me touche : « On n’a pas assez de ses deux yeux pour tout voir. »
Balade automnale à Giverny
Et la barque des jardiniers était amarrée à l’embarcadère, si tentante…
Giverny secret
C’est un secret un peu trop bien gardé : les jardins de Monet sont magnifiques en octobre. Eh oui ! Si tard en saison, ils débordent toujours de fleurs ! Ils fermeront au soir du 1er novembre, mais en attendant, pendant les jours qui viennent, c’est toujours un moment bien choisi pour les visiter. Vous ferez le plein de couleurs et vous vous promènerez dans des allées presque vides.
J’ai tellement entendu les visiteurs regretter l’affluence qui régnait ces dernières années que je tiens à le souligner : les jardins de Giverny ont retrouvé en 2020 une apparence de jardin secret. Vous rêviez de les voir sans public ? Foncez ! Qui sait, l’an prochain, les touristes pourraient être de retour…
Un air d’arrière-saison
Les teintes rouges des sauges et des amarantes font chanter les verts. Le soleil assure, encore 26 degrés cet après-midi. Quelques visiteurs sont venus profiter de la puissance des couleurs, de la douceur des températures. Ambiance de fin septembre. A Giverny, c’est l’arrière-saison. Il reste moins de six semaines avant la fermeture, le 1er novembre.
Le jardin de fleurs explose de touches de couleurs, plus impressionniste que jamais.
Du blanc au presque noir, les teintes affichent leur progression dans la « boîte de peinture » du jardin de Monet.
Dans la lumière crue de l’après-midi, les nymphéas brillent comme des écus qui auraient roulé de la bourse d’un géant.
Leurs rosettes couronnent le bassin de Monet roi des plans d’eau.
L’un d’eux s’est égaré dans le bleu du ciel.
Pluie d’or et vagues de fleurs
Les petites feuilles dorées du gleditsia, les étoiles rouges des liquidambars, le vert des nénufars et le bleu du ciel : sur l’étang de Monet, l’automne fait de la peinture avec des couleurs franches.
Chaque année j’attends ce spectacle avec impatience. Mais si votre truc, c’est plutôt les nymphéas, il y en a encore une bonne vingtaine d’ouverts l’après-midi.
Le jardin de fleurs est plus que somptueux, magique.
Tous les contemporains de Monet ont été frappés par la hauteur des fleurs cultivées à Giverny. En 1918, René Gimpel est ébloui :
“Il faudrait un Maeterlinck pour décrire un tel jardin qui ne ressemble à aucun autre, d’abord parce qu’il est composé de fleurs très simples, puis, qu’elles s’élèvent toutes à des hauteurs inouïes. Je crois qu’aucune ne fleurit au-dessous d’un mètre…
… Certaines fleurs dont les unes sont blanches, les autres jaunes, ressemblent à de colossales marguerites et montent jusqu’à deux mètres. Ce n’est pas un champ mais une forêt vierge de fleurs… »
L’automne à Giverny : le cotinus
Les feuilles des arbres ont bien des façons de mourir. Certaines deviennent aussi sèches que du papier, brunisssent et se recroquevillent, se ratatinent, se roulent sur elles-mêmes comme pour prendre le moins de place possible. D’autres se laissent envahir par des taches. Ou des trous. Ou des pustules. Elles ont l’air d’avoir perdu la force de se défendre. Les parasites s’y installent en conquérants.
Appareil photo à la main, je me laisse fasciner par la défaite des feuilles.
Giverny une dernière fois
Une température qui flirte avec les 20° l’après-midi, il n’en faut pas plus pour donner des envies de promenade dans les jardins. Il y avait foule le 1er novembre à Giverny, pour le dernier jour d’ouverture de la Fondation Monet.
Eh oui ! Il faudra maintenant attendre jusqu’au 23 mars 2018 pour profiter à nouveau du chef d’oeuvre floral de Claude Monet.
(suite…)A feu doux
L’automne s’invite tout en douceur dans le jardin d’eau de Claude Monet. Les feuillages ont perdu leurs verts de l’été pour
Soirée mousse
Voici à quoi ressemblait Giverny cet après-midi : la maison rose de Monet émerge d'un flot mousseux d'asters et de dahlias gigantesques en pleine floraison. La méthode de culture givernoise a fait des merveilles avec les dahlias cette année : ils sont démarrés en serre et plantés en place alors qu'ils fleurissent déjà. Grâce à cette astuce, les dahlias ont évité les semaines catastrophiques de ce printemps (rappellez-vous, la crue de la Seine et les inondations…) et profité à fond du bel été qui a suivi.
Chambre avec vue
Mi-octobre, voici ce que l’on aperçoit depuis la chambre de Claude Monet dans sa maison de Giverny, un soir un peu trop frais pour laisser la fenêtre ouverte. C’est un moutonnement végétal dominé par la masse des grands arbres, les ifs devant la maison, les hêtres, frênes et peupliers du jardin d’eau au loin. Dans tout ce vert claque le jaune des hélianthes, encore accentué par le soleil couchant.
Rencontres fortuites
C’est l’époque de l’année où l’on voit les feuilles des arbres tomber. Au moindre souffle, elles se détachent et chutent en douceur, si légères qu’elles n’ont rien à craindre de la pesanteur. Qu’est-ce qui les attend en bas ? Le plus souvent, d’autres feuilles qui les ont devancées. Elles s’ajoutent à leurs consoeurs, elles s’empilent, elles s’entassent. Les voici fondues dans la masse, dans le tapis de feuilles sèches.
Crocus d’automne
A l'automne, la pelouse autour du Rond des Dames s'emplit de fleurs. Elles sont disposées en "taches", tout comme les Nymphéas à la surface de l'étang.
Pour parfaire l'analogie avec le bassin, les jardiniers ont planté des colchiques très doubles de la variété Water lily, le mot anglais pour nénuphar. Et c'est vrai qu'ils leur ressemblent.
Choir, puis gésir
L’automne, comme la guerre, conjugue les verbes défectifs. Les feuilles choient. Les feuilles gisent. Elles cherront encore demain, mais il n’y a pas d’avenir à gésir. Quand on gît, c’est pour longtemps. Le temps s’efface. Gésir, c’est mourir un peu.
De même que l’automne escamote les feuilles, la conjugaison escamote une partie des possibles. Des pans entiers des variations du verbe font défaut.
Il manque des personnes, il manque des temps. Est-ce le temps qui va nous manquer cet hiver ? Ou seront-ce les personnes ?
Quand la nuit tombe, quand les températures chutent, la vie se rétracte et rentre sous terre.
Le coeur se serre un peu face à la sourde mélancolie des feuilles mortes.
Il est temps d’allumer la lumière.
Octobre à Giverny
Fermeture annuelle des jardins de Monet à Giverny : 1er novembre 2011 à 18h
Ça y est ! L’automne s’annonce à Giverny. Chaque année j’attends avec impatience la deuxième quinzaine d’octobre, la cerise rouge sur le gâteau de la saison. Le grand embrasement des arbres. Et les reflets chauds dans l’étang de Monet.
Du côté du clos normand, le jardin de fleurs est sur le déclin. Il a fait -2°C cette nuit, il ne faut pas s’attendre aux merveilles qui rayonnaient partout début octobre, les dahlias somptueux, la rivière de capucines, le festival de sauges, de soleils et d’asters. Mais tandis qu’annuelles et vivaces tirent leur révérence à la belle saison, la magnificence s’est décalée vers le jardin d’eau.
Lui d’habitude si paisible et serein sort de sa méditation.
L’automne, ce peintre fauve, y fait voltiger ses invisibles pinceaux, et chaque jour le tableau change, toujours plus flamboyant.
C’est le moment où il faut voir le bassin, dans la lumière de midi, quand il tend des reflets de bleu pur qui se mêlent à l’or des frondaisons.
Autour des derniers boutons de nymphéas, qui ne s’ouvriront plus, leurs feuilles vertes et mauves éclaboussées d’ambre offrent des mondes en réduction.
Miroir parfait dans l’air immobile, la surface est le terrain de jeu préféré de la brise, qui vient la chatouiller de temps en temps. Dans le flou des éclats de lumière qui s’emmêlent, on entendrait presque ses éclats de rire.
Fin de saison
Les soubresauts du thermomètre sont imprévisibles. Cette année encore les fleurs fragiles ont perdu la bataille contre le froid plus tôt qu’à l’accoutumée. C’était l’histoire de rien du tout, deux degrés peut-être, quelques heures de gel, un temps un peu trop beau à la fin de la nuit. Le jardin de fleurs de Claude Monet n’est plus que l’ombre de lui-même. Les squelettes piteux des tithonias, des dahlias, se dressent foudroyés au milieu d’autres plantes plus rustiques qui luttent encore vaillamment, les asters, les sauges, les roses même.
Tout en haut du jardin, la maison de Monet a revêtu sa robe de feuillage rouge, comme un écrin de velours pour les merveilles qu’elle recèle.
Si le jardin de fleurs est presque entièrement à terre, bruni, vaincu, le jardin d’eau est plus somptueux que jamais. Lui d’habitude si vert se pare subitement des teintes les plus éclatantes, dans le flamboiement des liquidambars, des érables ou des saules. C’est comme si les couleurs chassées du clos normand s’étaient réfugiées autour du bassin, envolées vers les cimes pour mieux plonger dans les reflets de l’étang.
Souvent la brume du petit matin vient tempérer de douceur tout cet éclat, et c’est une atmosphère irréelle qui règne autour du paysage créé par Monet. Quand le soleil rasant émerge derrière la colline, ses rayons viennent dorer les vapeurs mouvantes, dans un spectacle à couper le souffle.
Symphonie automnale
On aimait bien les titres qui évoquaient la musique à l’époque de Monet, les Harmonies en vert, en bleu, en rose pour le maître de Giverny, les Symphonies ou les Arrangements numérotés chez Whistler…
Voici donc quelques mesures de la symphonie de jaunes et de rouges qui se joue en automne dans le clos normand du chef de file de l’impressionnisme.
Les massifs aux teintes chaudes rayonnent dans les feux du couchant, tandis que ceux aux tons plus doux, mauves, roses, font plutôt face à l’est.
Et la maison, tout au bout de l’allée, est comme noyée sous l’envolée des accords de couleurs.
Pointillisme d’automne
L’automne est la saison où l’aspect pictural des jardins de Monet se manifeste le plus.
Les floraisons à leur apogée émiettent de petites taches de couleurs pures à la manière pointilliste.
Contrairement aux tapis colorés des tulipes, à l’opulence des roses et des pivoines, les fleurs d’automne s’épanouissent en gros bouquets qui compensent la petitesse des corolles par leur multitude.
Dans ce recoin du clos normand on reconnaît des mauves au premier plan, et puis des cosmos, des gauras, des tabacs, des phlox, des sauges…
Elles n’ont jamais autant de volume qu’à l’arrière-saison, en septembre ou en octobre, et elles offrent cette sensation délicieuse d’avancer dans une mousse de pétales vibrante de lumière.
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