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Yearly Archives: 2007

Motte féodale

Le château de Gisors construit sur une motte féodale Le château de Gisors est construit sur une motte féodale. Cette levée de terre artificielle a dû demander bien des efforts à ceux qui l’ont construite au 11e siècle.
Il y eut sans doute d’abord une tour peu imposante, en bois, entourée d’une palissade, qui avait pour fonction essentielle d’asseoir l’autorité du seigneur au début de la féodalité. Puis Gisors est devenue ville frontière entre le Duché de Normandie et le Royaume de France, et le château s’est fortifié.
En haut de sa butte, le donjon et sa chemise gardent un air imposant. La motte servait à protéger les fondations de la sape. Elle était couverte de ronces et de buissons épineux pour en empêcher l’assaut.

Albizia

albizia
Ce ne sont pas ses pétales, mais ses étamines roses qui font tout le charme de l’albizia et lui valent le nom d’arbre de soie.
Celui du jardin de Monet est en fleurs, une floraison qui va se prolonger pendant plusieurs semaines.
Il est planté entre des rosiers conduits en arbres, et son rose répond au rose des roses.
L’albizia est tellement beau avec ses fleurs soyeuses, son port de pin parasol et son feuillage léger, qu’il peut se permettre quelques défauts.
D’abord, il ne pousse qu’en climat assez doux, ou alors bien protégé. Si l’on déroge à cette règle, le pauvre va stresser et se mettre à se fissurer ou sécréter de la sève ou autre symptôme de mal être.
Ensuite, même s’il ne vous fait pas le coup de la sève collante sous les semelles, il faut s’attendre à ce qu’il perde ses feuilles, ses fleurs, ses tiges, ses fruits et les gousses qui les entourent, puisque c’est une légumineuse. Autant dire qu’il vaut mieux l’admirer de loin, au milieu de la pelouse. Planté près d’une terrasse, il vous imposera un balayage quotidien.

Photos de mariage dans les jardins de Monet

Les Mariés dans les jardins de Monet

Il n’est pas rare en cette saison de croiser des mariés dans les allées du jardin de Monet à Giverny.
Les photos doivent être jolies, en tout cas le tableau que composent les amoureux sur le pont japonais ou devant les massifs de fleurs est ravissant.
Mais les jeunes couples et leur photographe doivent s’armer de patience, et avoir beaucoup de temps devant eux pour arriver à prendre des photos sans touristes à l’arrière-plan.
Tous mes voeux de bonheur et sincères félicitations aux mariés du jour !

Edit 2020 : En raison de l’affluence, les photos de mariage ne sont plus autorisées dans les jardins ni la maison de Monet.

Kiwi

Kiwis à GivernyAvez-vous déjà vu des kiwis « dans l’arbre » ? Ils sont les fruits d’une longue liane qui accepte de produire sous le climat normand. Ceux-ci poussent dans un coin du jardin de Monet à Giverny, et je suis sûre que presque tous les visiteurs repartent sans les avoir vus. Ils ombragent la petite ruelle Leroy qui dévale à droite de la maison depuis la rue Claude Monet.
La floraison printanière est jaune, de grosses fleurs parfumées qui bourdonnent d’insectes pendant quelques jours. Puis, avant qu’on ait eu le temps de faire ouf, arrivent les fruits duveteux. Ceux de chez Monet deviennent moins gros que les maousses de Nouvelle Zélande, mais ils sont très bons m’a-t-on dit. On les récolte en septembre et on les laisse mûrir à l’intérieur encore quelques jours, avant de les déguster et de faire le plein de vitamines en prévision de l’hiver.
Bon d’accord, j’entends d’ici les grincheux, qu’est-ce que ces kiwis viennent faire dans un jardin qui se veut une restitution du 19ème siècle ? Mais voyons, c’est pour faire plaisir à Monet. De là-haut, sûr qu’il se félicite de cette initiative. Gourmand et fin jardinier comme il était, fanatique de plantes exotiques, cela ne fait pas de doute qu’il aurait aimé les accueillir dans son jardin, histoire d’épater son monde.

La colline Saint-Michel

La colline Saint-Michel à VernonLa ville de Vernon s’étend sur les deux rives de la Seine, le centre ville rive gauche, le quartier de Vernonnet rive droite. Entre les deux, un pont existe depuis près de mille ans. C’est l’un des plus anciens points de franchissement du fleuve en Normandie. Au 12e siècle, il n’y en avait que deux, à Vernon et à Pont-de-l’Arche. Partout ailleurs, il fallait prendre un bateau.
La colline qui domine le pont a été placée sous la protection de saint Michel à une date inconnue, mais probablement antérieure au 12ème siècle, alors que Vernon était normande : saint Michel est le patron de la Normandie.

Saint Michel a un rôle de premier plan dans l’Apocalypse. Archange combattant, il terrasse « le grand dragon, l’antique serpent, celui qu’on appelle Satan ».
C’est aussi lui qui pèse les âmes pour savoir si elles méritent d’entrer au Paradis.
Ce rôle fait de lui l’archange passeur, défenseur des portes.
Son culte a commencé au Mont-Gargano, en Italie, où saint Michel apparaît en 492. Suite à ces apparitions, partout en Occident on choisit alors des endroits retirés, des grottes, des hauteurs pour bâtir des sanctuaires à saint Michel.
L’ange combattant est particulièrement protecteur, il veille sur les frontières, les lieux de passage. Le Mont Saint-Michel, à la limite de la Normandie et de la Bretagne, lui est consacré dès l’an 709.
Vernon était à la fois ville frontalière et lieu de franchissement du fleuve. Cela faisait donc deux bonnes raisons de dédier un sanctuaire à saint Michel sur la colline la plus proche du pont. Cette chapelle n’existe plus aujourd’hui.

Composition et perspective

Giverny Une route a l’audace de couper les jardins de Monet en deux. Sur la gauche de la départementale 5 quand on vient de Vernon, s’étend le jardin fleuri, sur la droite, le jardin d’eau.
Les touristes s’en étonnent, et pour tout dire s’en offusquent. Comment est-ce qu’on a pu laisser faire une chose pareille ! Qu’est-ce qu’on attend pour la dévier ! Au mieux ils regrettent que le passage des camions vienne troubler la paix du jardin.
La réponse est toute simple : la route a toujours été là. Elle est très ancienne, et portait au temps de Monet un nom qui fleurait bon l’Ancien Régime : le chemin du Roy.
Il n’est pas question de la dévier, le paysage est protégé.

Après avoir aménagé le clos fleuri, Claude Monet a eu l’opportunité d’acheter une parcelle de terrain de l’autre côté de la route, où il a créé son jardin d’eau. Puis il s’est porté acquéreur d’une deuxième parcelle, nettement plus grande, qui lui a permis d’agrandir l’étang aux nymphéas.
La porte du jardin d’eau fait face à celle du clos fleuri. Pour se rendre au bord de son bassin, ce que Monet faisait plusieurs fois par jour, il lui fallait traverser non seulement une route, mais encore une voie ferrée.
Le petit train à vapeur ne gênait guère Monet. Il était si lent qu’on pouvait, dit-on, le héler pour qu’il s’arrête et vous prenne à son bord.
Cette petite ligne de Pacy-sur-Eure à Gisors a disparu depuis, transformée en voie verte sur une partie de son parcours. Disparue aussi, la nécessité de traverser la route, aujourd’hui un passage souterrain permet d’aller d’un côté à l’autre en toute sécurité.

Bref ! Quand Monet a décidé de créer un autre jardin en face du premier, la question s’est posée à lui de réunir les deux visuellement.
J’ai pris une photo de printemps parce que cela se voit mieux, surtout si vous l’agrandissez. Regardez bien au-dessus de la porte du jardin, tout en bas de la grande allée, on aperçoit une glycine mauve en fleur. C’est celle qui recouvre le pont japonais du jardin d’eau. Monet a placé la passerelle exactement dans le même axe que la grande allée. Et le chemin se poursuit par-dessus le pont, à travers la bambouseraie, jusqu’à l’autre extrémité du jardin d’eau.
La peinture est affaire de couleur mais aussi de composition. Cette ligne qui relie les deux jardins en est l’axe fort. Perpendiculaire à la route, elle forme une croix avec elle.

Lilla Cabot Perry

L'atelier de Lilla Cabot Perry à GivernyDans la chambre de Claude Monet à Giverny, on peut voir un tableau de style impressionniste représentant une petite fille debout dans une rue bordée de fleurs. Il est signé Lilla Cabot Perry. L’artiste américaine a pris pour modèle sa fille cadette Alice, dans une des rues du village.
Je présume qu’il s’agit d’un cadeau de la peintre à son illustre voisin. Lilla Cabot Perry habitait la maison juste à côté de celle de Monet dans la rue de l’Amsicourt, devenue aujourd’hui rue Claude Monet. Les deux propriétés ne sont séparées que par la ruelle Leroy, une étroite venelle.
La maison des Perry se nommait Le Hameau. Sur cette photo prise dans le jardin du Hameau, on apercoit l’atelier de Perry, et, derrière, le pignon rose de l’atelier de Monet. Dans ses souvenirs, Perry raconte que Monet aimait bien faire une apparition chez elle après le repas, avant de retourner à son travail.
C’est toujours agréable d’entretenir de bonnes relations avec ses voisins. Madame Perry et Claude Monet s’entendaient à merveille, passionnés tous deux par la peinture et le jardinage. Elle est l’une des rares artistes de la colonie américaine de Giverny à être devenue intime avec Monet.
Les Perry ne résidaient pas toute l’année à Giverny, mais ils y ont passé dix étés entre 1889 et 1909.
Lilla Cabot Perry était issue de l’élite culturelle de Boston. A 36 ans, elle décide de se mettre à la peinture. Elle étudie aux Etats-Unis, puis en Europe, et se révèle si douée qu’elle devient peintre professionnelle.
Lors d’un séjour à Paris, elle découvre un tableau de Monet dans une galerie. C’est une révélation qui va changer sa vie. Voilà comment elle veut peindre ! Elle se met en quête de l’artiste, le rencontre à Giverny et sympathise avec lui. C’est le début d’une longue amitié.
Perry fait partie de ces peintres qui sont considérés plus ou moins comme des élèves de Monet. Monet ne voulait pas d’élèves, pensant que chacun devait trouver sa propre voie en art, mais il lui arrivait de donner son avis sur les toiles en cours. Perry, Breck ou Blanche Hoschedé ont été très profondément influencés par sa manière.
Perry a beaucoup oeuvré pour faire acheter des Monet par les collectionneurs américains. Elle a écrit sans relâche à ses amis de la bonne société bostonienne pour les encourager à en acquérir ; ils étaient alors à un prix très abordable, 500 dollars. Les descendants des relations mondaines de Perry lui doivent une jolie chandelle.

Le bal du 14 juillet

14 juillet à Vernon, Normandie, FranceJ’étais venue juste pour faire quelques photos au coucher du soleil.
Et puis, dès l’entrée dans le jardin public où le bal du 14 juillet était organisé, je me suis laissé emporter par l’ambiance festive et détendue, et je suis restée jusqu’à la fin.
Il y avait des ballons bleu blanc rouge accrochés aux grilles, des guirlandes et des lampions.
Sur la scène installée au pied de la tour des Archives, à l’emplacement du jeu d’échec dont on avait à peine repoussé les pièces dans un coin, un groupe excellent jouait des standards avec sincérité.
Sur la piste, des couples de danseurs tourbillonnaient dans un style impeccable. D’autres plus maladroits regardaient leurs pieds. Une petite fille en robe de tulle courait après un ballon.
La tour des Archives, heureuse d’être de la fête, prêtait son gros ventre à la projection de lumières. Tout en haut, une brise agitait les drapeaux et les faisait flotter en rythme avec beaucoup d’à propos. Le mur d’enceinte et les bâtiments autour du jardin créaient un espace intime sur lequel tombait la nuit.
Il faisait agréablement doux, une petite bulle d’été qui venait tout juste d’arriver alors qu’on n’y croyait plus. On savourait ce temps suspendu, ce petit miracle d’harmonie urbaine, sans oser respirer trop fort de peur qu’il ne s’envole.
– Vous reviendrez l’année prochaine ? a demandé quelqu’un dans le public.
Même avant, j’espère.

Feu d’artifice

Feu d'artifice

« D’éblouissants feux d’artifice allaient mêler aux étoiles leurs panaches de feu ».

C’est du Maupassant. C’est beau, cette petite citation, n’est-ce pas ? Il n’y a pas un mot à changer pour décrire le spectacle pyrotechnique d’hier soir, tiré sous un ciel enfin dégagé.
Guy de Maupassant, écrivain haut-normand, critique d’art, a été un grand ami et admirateur de Monet.
Rien de nouveau sous les étoiles, donc, tous les 14 juillet. Pour changer un peu de point de vue, je suis montée sur la colline Saint-Michel.
L’escalade avec le matériel photo dans la pénombre s’est avérée un peu dangereuse, mais le paysage était à la hauteur, si j’ose dire. La nuit tombait sur la vallée de la Seine, la ville de Vernon brillait déjà de toutes ses lumières. De là-haut, le château des Tourelles ressemblait plus que jamais à la Bastille. Un endroit rêvé pour tirer un feu d’artifice, d’autant plus qu’on peut aussi l’admirer depuis le pont ou de l’autre berge de la Seine, et qu’on profite alors des reflets.
Mais pourquoi faut-il qu’à chaque fois la musique pleine de feu et de panache de la Guerre des Etoiles vienne se mêler aux éblouissants feux d’artifice ?

Vulcain

Le moteur Vulcain de la fusée Ariane 5Avez-vous deviné de quoi il s’agit ? Certains objets technologiques sont beaux comme des oeuvres d’art. Vu de près, celui-ci ressemble à une sculpture non figurative, où l’artiste aurait voulu exprimer, disons, des destins qui s’entrecroisent, la linéarité de certains parcours, les méandres que font d’autres vies… On est tenté, comme dans les jeux pour enfants, de suivre tous ces fils et de relier le chien à son os, le chat à la souris et la souris au fromage.
On peut toujours plaquer de l’interprétation sur n’importe quoi. Dans toute analyse d’oeuvre, dès qu’on cesse de décrire pour essayer de donner du sens, le terrain devient glissant. L’interprétation n’est qu’une proposition, une piste, une suggestion.

Rien de tel ici puisque l’intention n’a rien d’esthétique, mais qu’elle est purement technique. Ce bel objet est un moteur d’essai Vulcain, fabriqué à Vernon, qui sert à expédier hors de l’atmosphère la fusée Ariane 5.
Les petits fils soigneusement fixés sont des capteurs pour mesurer (entre autre ?) la température du divergent.
Vous vous demandez ce qu’est le divergent ? L’ingénieur qui tenait compagnie au moteur exposé hier sur la place de Gaulle à Vernon a été d’une patience remarquable. Je m’étais juré de m’accrocher pour comprendre enfin quelque chose à Vulcain et Ariane, et je l’ai interrompu chaque fois que je ne suivais pas.
Réponse : le divergent, c’est cette sorte de cloche bourrelée d’où les gaz sortent à une vitesse extrêmement grande (4000 m/seconde, je n’arrive même pas à imaginer).
C’était une aubaine que quelqu’un soit là pour expliquer aux badauds de mon espèce, qui ne se bousculaient pas vu le temps. Sur la maquette d’Ariane, il m’a montré les deux moteurs qui fonctionnent avec du carburant en ol (du propergol, si ça vous cause) et qui servent à décoller, parce que Vulcain tout seul, le pauvre, il n’y arriverait pas. Il m’a aussi fait voir la place énorme occupée par les combustibles dans la fusée – presque toute la place, en fait – et le moteur plus petit qui sert à la fin du vol ; enfin il m’a décrit le circuit fait par l’hydrogène liquide, à la fois pour refroidir ce fameux divergent et pour brûler au contact de l’oxygène.
J’étais contente d’écouter le guide, pour une fois. D’expérimenter ce qui se passe dans la tête de la personne qui se fait expliquer quelque chose.
Au fil des explications, je me sentais plus proche de ces hommes et ces femmes qui relèvent des milliers de défis techniques pour rendre possible cette prouesse d’aller placer des satellites là-haut, en orbite.
Je suivais l’hydrogène liquide ultra froid qui circulait dans les tuyaux, qui brûlait au contact de l’oxygène, qui devenait du gaz, qui passait le mur du son et atteignait des vitesses incroyables.
Et je me sentais un tout petit peu devenir cette fusée Ariane qui décolle, qui largue progressivement des étages, et qui s’arrache enfin à l’attraction terrestre pour aller danser dans la grande nuit des étoiles.

Pinson

PinsonPermettez-moi de vous présenter Boubou. Ce petit pinson est la voix des Jardins de Monet, leur fond sonore mélodieux et enthousiaste. Il aime se percher sur les arceaux fleuris de la Grande Allée pour se lancer dans d’ébouriffantes improvisations.
Le dénommé Boubou a vraisemblablement de multiples incarnations, avec des houpettes plus ou moins marquées ou des plumes plus ou moins jaunes. Mais comme il ne se laisse pas approcher d’assez près pour qu’on perçoive ce genre de détails, on feint de croire à son unicité. Bref, Boubou est la mascotte de la caisse des Groupes.
Les jardins de Monet ont une entrée réservée aux groupes de touristes, tout en bas du clos normand. Les moments d’intense fréquentation y alternent avec des minutes de calme plat. Entre deux arrivées massives d’humains, Boubou ne manque jamais de venir sautiller sur les pavés, à la recherche de mies de pain.
Comment reconnaître un Pinson ? Les pinsons ont un gros bec de granivores (tandis que les insectivores ont généralement un bec plus fin). Ils ont un ventre rose qui pourrait les faire confondre avec les bouvreuils, mais ces derniers ont la tête noire. Le pinson, lui, préfère enfiler une cagoule grise. Ses ailes sont ornées de plumes blanches, noires et jaunes. Ce sont ces couleurs que l’on retrouve chez la femelle. Madame n’aime pas le rose, allez savoir pourquoi.

Ordi

Inscription sur le mur de l'église de VernonLongtemps cette inscription sur le mur sud-est de l’église de Vernon m’a amusée et intriguée. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire, cet ORDI écrit en gros caractères ? Etait-ce du français ou du latin ? Est-ce que cela venait du mot ordination ? Des dimanches ordinaires ?
Ce qui me faisait sourire, c’était ce clin d’oeil involontaire aux ordinateurs d’aujourd’hui, à l’abréviation familière de ces machines dont nous ne saurions plus nous passer, et qui prennent autant de place dans nos vies que… la religion autrefois.
Las ! J’ai dû déchanter aujourd’hui. J’ai appris la nature exacte de cette inscription, et, s’il y a toujours une certaine satisfaction à percer un mystère, j’aurais préféré que celui-ci conserve sa brume poétique.
L’inscription se lit un peu mieux sur des photographies du 19è siècle. Agrandissez l’image et vous verrez, c’est la faute aux pleins et aux déliés, à l’usure du temps, le jambage a presque disparu mais se devine encore. Il faut lire un U et non pas un I.
Ô ! Triste révélation ! Le mot tronqué est ORDU-RES. L’inscription complète stipule qu’il est interdit de déposer des ordures le long des murs de l’église sous peine de poursuites.
Je suis allée vérifier sur place, et j’ai pu déchiffrer, à trois quart effacés, les mots « sous peine de ». Voilà qui me fait de la peine, vraiment.

Château-Gaillard dans la brume

Château-Gaillard dans la brume, photo aérienne de Francis CormonChâteau-Gaillard dans la brume, photo aérienne de Francis Cormon

Vous bâillez encore en gravissant l’escalier qui vous mène sur la courtine de bois de Château-Gaillard. En ce matin de l’hiver 1201, il est l’heure de prendre votre tour de garde. Roger de Lascy, le gouverneur du château-fort, vous a chargé de guetter tout signe suspect aux alentours, il vous a d’ailleurs choisi pour votre vue perçante.
Le soleil qui dore déjà les solides murailles construites par Richard Coeur de Lion ne vous préparait pas à ce que vous découvrez en débouchant sur le chemin de ronde : aussi loin que la vue porte, toute la vallée de la Seine n’est qu’un immense déploiement mousseux. « Goddam ! » vous exclamez-vous. Comme tous vos compagnons, c’est votre juron favori, au point que vos ennemis vous surnomment les Godons.
Les ennemis, ce sont les Français. Le roi de France Philippe-Auguste a juré de prendre la Normandie pour agrandir son tout petit royaume. Il est malin, il pourrait bien y arriver. Mais il faudra d’abord qu’il s’empare de Château-Gaillard, et la forteresse du Duc de Normandie et Roi d’Angleterre est réputée imprenable !
En tout cas, si Philippe-Auguste manigance quelque chose ce matin, les nuages doivent bien faire son affaire. Vous contemplez d’un air perplexe la masse opaque qui s’étend devant vous. En montagne, on appellerait ce phénomène une mer de nuages, mais vous l’ignorez, bien entendu, vous n’avez jamais mis les pieds à la montagne.
Le château est là comme une sentinelle inutile. Il suffit d’attendre, le soleil finira bien par assécher toute cette humidité qui s’attache au fleuve. Cet après-midi, on reverra la courbe de la Seine au pied de la forteresse, et vous pourrez de nouveau déceler le poudroiement d’un cheval au galop à plusieurs lieues de distance.

Allégorie

Fontaine à Evreux Tout est allégorie dans la fontaine monumentale qui trône sur la place de l’hôtel de ville d’Evreux. Le sculpteur eurois Emile Decorchemont s’en est donné à coeur joie dans la personnification.
Tout en haut, la jeune femme représente l’Eure, entendez la rivière qui arrose le département du même nom. De la main droite, elle s’appuie sur le blason de la ville d’Evreux, chef lieu du département de l’Eure. Dans sa main gauche on reconnaît une rame, symbole allégorique des cours d’eau.
Devinez qui sont les deux enfants qui l’accompagnent ? Allons, c’est facile. Le sculpteur a filé l’allégorie. Ces deux bambins sont deux de ses affluents, l’Iton, qui arrose Evreux, et le Rouloir.
La fontaine tout entière représente le département. Sous les gueules des quatre dauphins d’où jaillit l’eau, figurent l’écu et le nom de quatre villes, Bernay, Louviers, Pont-Audemer et les Andelys. A l’époque où la statue a été construite, en 1882, il s’agissait des cinq arrondissements du département. Ceux de Louviers et Pont-Audemer ont fusionné avec d’autres depuis. Et Vernon ? Eh bien non, pas de Vernon, la deuxième ville du département n’a pas été distinguée par l’administration et n’a pas eu droit au rang de sous-préfecture.
Le projet de Décorchemont était bien dans le goût du 19e siècle. Il a emporté le concours lancé par la ville pour l’exécution de la fontaine. Le monument a été érigé suite à un don de Madame Jules Janin, dont le papa était président du tribunal civil, et dont le mari était académicien.
Cette généreuse Ebroïcienne s’est sentie concernée par le bien-être de ses concitoyens. Elle a fait un legs pour que la ville installe un réseau d’eau potable. La fontaine est… une allégorie de cette eau qui, à la fin du 19e siècle, jaillit enfin des robinets dans chaque maison d’Evreux.

Rose trémière

Roses trémièresPourquoi rose ? Pourquoi trémière ? Le nom de cette grande fleur très répandue est une énigme. Il serait une déformation de rose d’outremer, expression apparue vers 1500. Est-ce à dire que la plante est d’origine américaine ? Mystère. En tout cas la voici totalement chez elle dans la plupart des coins de France, avec sa faculté de pousser n’importe où qui lui donne l’air de surgir des trottoirs.
Elle est parfaite le long des façades ou des murs, où son bon caractère de vivace la fait revenir chaque année sans embêter le jardinier. Elle pousse même l’amabilité jusqu’à se ressemer toute seule. Il n’y a plus qu’à sortir sa chaise longue et la regarder croître quasiment à vue d’oeil.
Difficile de parier sur sa couleur : la rose trémière s’hybride spontanément, on a donc la surprise du coloris, rose pâle un peu fade ou pourpre profond, en passant par toutes sortes de merveilles bicolores.
Si facile à cultiver, la rose trémière a pourtant deux défauts : elle craint le vent et la pluie qui la couchent, et quoi qu’on fasse elle a piteuse allure quand elle arrive en fin de floraison, avec ses grandes tiges déplumées qui arborent tout en haut leurs dernières corolles. Il ne faut pas hésiter à les couper, la rose trémière se dépêche alors de fabriquer une nouvelle tige et vous gratifie d’une floraison à l’automne, troquant la compagnie des marguerites et des hémérocalles pour celle des asters et des anémones du Japon.

Tourisme religieux

Narthex de l'église Notre-Dame de LouviersPortail flamboyant de l’église de Louviers

Imaginez que vous soyez Américain, Australien, Suédois… Il y a de bonnes chances pour que vous choisissiez la France comme destination de vacances. Avec plus de 60 millions de visiteurs étrangers chaque année, notre pays est la première destination internationale du monde.
Les raisons de cette attraction se laissent facilement deviner : climat agréable, bonne chère, variété de paysages, et du patrimoine à ne plus savoir où donner des yeux.
Si la tour Eiffel reste haut placée dans le coeur des touristes, les églises et les abbayes ne les fascinent pas moins. Quand j’interroge les visiteurs de Giverny sur leurs découvertes pendant leur séjour en France, Notre-Dame de Paris, Chartres et le Mont Saint-Michel reviennent très souvent.
« J’aime visiter les cathédrales, c’est magnifique, et quand je rentre aux Etats-Unis je ressens à quel point mon pays est jeune », m’expliquait hier une photographe du Michigan.
Que l’on soit croyant ou non, la beauté des églises et le tour de force de leur construction justifient l’admiration. Mais pour les vacanciers qui ont la foi, la visite des lieux sacrés prend une autre dimension.
Certains veulent aller parcourir à genoux le labyrinthe de Chartres, d’autres rêvent de se recueillir devant les reliques de Sainte-Thérèse à Lisieux. Giverny se découvre alors stratégiquement placé à mi-distance des deux sanctuaires, à une bonne heure de route. Et la pause au bord de l’étang des Nymphéas, dans le jardin du peintre de la nature et de la lumière, ne dévie guère les pèlerins de leur cheminement.

L’allée des crocosmias

L'allée des crocosmias à Giverny Tout en bas du Clos Normand, dans le jardin de Claude Monet, l’allée des crocosmias en pleine floraison flamboie de rouges et de jaunes. Selon les principes chers au peintre, le massif mêle différentes sortes de fleurs. Parmi les rouges, on reconnaît des lys et de magnifiques crocosmias, ces fleurs de la famille des iris qui recourbent leurs tiges pour fleurir à l’horizontale. Parmi les jaunes, des lysimaques et des lys, le tout bordé de petites alchemilles mousseuses.
A y regarder de près, vous identifierez encore d’autres fleurs dont les floraisons se succèdent. Au bout du massif, un petit banc de pierre invite à une contemplation prolongée des corolles enflammées.

Marquise

marquiseLes auvents vitrés qui protègent les perrons portent un bien joli nom, marquises. Ils ont été très populaires au siècle dernier avant de passer de mode. C’est pourtant pratique de pouvoir chercher sa clé sans se faire tremper, et courtois de ne pas laisser les gens qui sonnent chez vous attendre sous la pluie.
Les marquises sont presque toujours aussi jolies que leur nom. Certaines ont des vitrages festonnés, d’autres s’ouvrent en éventail. Les ferronneries les plus simples n’oublient jamais d’être gracieuses et légères, les plus sophistiquées donnent un cachet ancien et cossu à la maison.
Vernon a connu une belle expansion à l’époque où Monet vivait à Giverny. Des rues entières ont surgi des champs. Dans ces quartiers devenus anciens, mais qui ne sont pas moyenâgeux, les marquises se déploient à l’avant des façades sur la plupart des maisons, et se laissent collectionner du regard.

La Seine à Lavacourt

Lavacourt, Claude Monet, 1880, Dallas Museum of Arts, TexasPourquoi aller bien loin quand on a de jolis motifs sous les yeux ? A Vétheuil, Claude Monet n’a qu’à descendre l’escalier de son jardin pour se retrouver au bord de la Seine. Le fleuve décrit une courbe majestueuse au pied de la pittoresque église du bourg.
En face de lui, sur l’autre rive, le peintre aperçoit les maisons du petit village de Lavacourt – guère plus qu’un hameau perdu à la pointe de la presqu’île formée par le méandre. Le lit du fleuve est parsemé d’îlots où poussent des saules.
Monet s’installe pour peindre. Il est probable qu’il choisit de s’asseoir dans son bateau-atelier toujours amarré au bas du jardin. LavacourtDu moins, on ne peut pas voir aujourd’hui depuis la berge l’angle qu’il choisit, avec la courbe du fleuve et le clocher de Saint-Martin La Garenne pointé à l’horizon, en haut de la colline. Pour retrouver cet angle il faut s’avancer un peu sur l’eau.
C’est en 1878 que Monet peint ce paysage pour la première fois. Il y revient l’année suivante pour une série de quatre vues, puis à nouveau en 1880 avec ce tableau-ci. (Lavacourt, Claude Monet, 1880, Dallas Museum of Arts, Texas).
Selon le catalogue raisonné, cette oeuvre de grandes dimensions, 100×150 cm, représentant une vue estivale a été exécutée dès le mois de mars d’après la série de toiles plus petites de 1879.
Les îles ont changé de place en 127 ans. A l’époque de Monet, le regard glisse le long de la Seine en direction de l’amont. Le fleuve s’avance vers le spectateur qui ne sait pas par quel miracle il n’est pas noyé. Rien, au premier plan, ne permet de savoir si l’on a les pieds au sec, exceptée une touffe ambiguë de roseaux.
Mais quelle sérénité dans ces bleus et ces verts pâles, réchauffés de quelques touches de rose presque chair !
Monet place la ligne d’horizon au milieu de la toile. A l’ouverture du premier plan répond l’étendue du ciel tout pommelé de nuages, qui vient se refléter dans les eaux mouvantes. C’est le matin, le paysage baigne dans une lumière douce et tamisée. Les façades des maisons éclatantes de soleil se mirent dans le fleuve qui fait danser les couleurs.

La maison de Monet à Vétheuil

La maison de Monet à VétheuilDes dimensions modestes, des volets verts toujours fermés qui tranchent sur une façade ocre : avec cet air banal et abandonné, la maison que Monet et sa famille ont occupée à Vétheuil n’aurait rien de bien extraordinaire, hormis sa plaque commémorative. Mais c’est sa petitesse même qui étonne. Comment ont-ils fait pour y vivre aussi nombreux pendant plusieurs années ?
Faisons l’appel. Deux familles vivent ici. Claude Monet et Camille, très malade, leur petit Jean et leur nouveau-né Michel. Et puis les Hoschedé, Ernest et Alice, et leurs six enfants, le dernier tout bébé. Ajoutons encore une nourrice, une institutrice, une cuisinière.
Quinze personnes ! Elles s’entassent dans une maison qui fait peut-être cent mètres carrés. Une pièce à gauche, une pièce à droite, la cuisine au fond. A l’étage, même disposition de trois pièces, sous les combles une dernière chambre. Monet occupe la pièce à droite de la porte, il y dort et y stocke ses toiles. A gauche, c’est sans doute la salle commune, avec peut-être un lit pour Camille. Au-dessus, la chambre des Hoschedé et celles où les enfants s’entassent, jouent et chahutent.
C’est dans cette petite maison surpeuplée qu’ils vont, les uns et les autres, passer les années les plus noires de leurs vies.

Le lycée de Vernon

Le lycée de VernonC’est presque les vacances… Les établissements scolaires s’apprêtent à entrer dans leur sommeil estival.
Au lycée de Vernon, voilà déjà plusieurs jours que le grand campus de 14 hectares est déserté, juste au moment où il est le plus beau avec ses grands arbres qui semblent échappés de la forêt toute proche.
Cet après-midi, pourtant, le lycée Dumézil a connu un petit sursaut d’animation avant de s’endormir pour l’été. On voyait des cohortes de jeunes à la mine anxieuse se presser vers la caféteria et se pencher, les sourcils froncés, sur de longues listes de noms. Et puis, le plus souvent, le soulagement, les cris de joie, les rires au bout des portables. Et parfois, l’amertume, et des pas qui s’en vont pressés loin de toutes ces démonstrations bruyantes.
C’est la vie comme elle va, doit se dire de là où il se trouve le grand philologue Georges Dumézil, cet érudit de l’histoire des religions et des civilisations indo-européennes qui maîtrisait une vingtaine de langues aussi improbables que l’ossète, le gallois, le persan et le turc.
S’il revenait aujourd’hui, je crois qu’il trouverait cela très bien que son nom ait été donné à un établissement où les jeunes se consacrent à l’étude, mais qu’il ne lui déplairait pas non plus d’y retrouver le calme propice à la réflexion.
Demain le silence sera retombé sur le lycée Georges Dumézil. Le grand totem de pierre qui, du milieu de la pelouse, veille sur les 2100 élèves, va pouvoir baisser la garde, et se contenter de servir de perchoir aux petits oiseaux.

Le jardin des arts, vue plongeante

Le jardin des arts à Vernon Un plaisir dont on ne se lasse pas quand, comme moi, on habite au rez-de-chaussée : monter tout en haut d’une tour et regarder en bas.
L’avouer vous donne immanquablement un côté provincial, tout comme reconnaître que vous trouvez encore cela ludique de prendre des escalators, un tapis roulant, voire, honte absolue ! l’ascenseur.
A l’inverse, remarquer le calme, s’étonner de la présence d’une vache vous désigne comme citadin.
C’est la merveille d’un oeil neuf, de sensations dont on n’est pas blasé. Du haut de la tour des Archives, à Vernon, le jardin des Arts dévoile toute la finesse de sa géométrie. Le regard s’attarde à détailler les bicyclettes abandonnées, les flâneurs étendus sur la pelouse, les enfants qui jouent avec les jets d’eau…
La distance idéalise la scène, lui donne cette abstraction intemporelle des illustrations de livres pour enfants. Les personnes deviennent personnages, des Playmobils sortis tout droit de la boîte « jardin public ».
Pourquoi ? Est-ce de la voir de l’extérieur qui permet de mieux s’y projeter ? Faut-il prendre ce recul ?
Depuis le sommet des tours, le monde cesse d’être un lieu où l’on vit, il devient un tableau que l’on contemple.

Maison bizarre

Une maison bizarre, le vieux moulin de VernonCe bâtiment est en train de devenir une star de l’internet dans les sites qui recensent les maisons les plus étonnantes à travers la planète.
A force d’être tous les jours sous leurs yeux, il n’épate plus du tout les habitants de Vernon. Pourtant, sa curieuse position à cheval sur deux piles de pierre a de quoi intriguer. Pourquoi avoir construit cette maison en équilibre à cet endroit ?
Claude Monet, qui l’a peinte depuis son bateau-atelier l’année de son installation à Giverny, en 1883, devait ignorer son nom, puisqu’il a simplement appelé le tableau qui la représente « Maisons sur le Vieux Pont à Vernon » (New Orleans Museum of Art, Louisiana).
Maisons sur le Vieux Pont à Vernon (New Orleans Museum of Art, Louisiana) Tout devient logique quand, comme les Vernonnais, on connaît son nom et son ancienne fonction : le Vieux Moulin.
Avant l’invention de la machine à vapeur, l’eau était l’une des sources d’énergie les plus abondantes et les plus faciles à utiliser. On bâtissait des moulins partout, le long de la moindre rivière, mais aussi sur la Seine. La présence d’un pont était une aubaine qui facilitait la construction du moulin. Celui de Vernon daterait du 16e siècle.
On peut encore voir à Andé ou à Muids de très anciens moulins sur le fleuve avec leur roue pendante, capable de s’adapter à la hauteur variable du niveau de l’eau. Celle du moulin de Vernon a hélas disparu, ce qui lui donne cet air bizarre et énigmatique.

Les oisillons tombés du nid

Jeune mésangeC’est à croire que leurs parents ne leur ont pas appris à se méfier des inconnus : les jeunes oiseaux font preuve d’une merveilleuse innocence. Ils restent quelquefois de longues minutes posés dans l’herbe à la merci de tous les prédateurs, et se laissent photographier sans fausse modestie.
Cette petite mésange avait l’air de reprendre son souffle après un gros effort ou une forte émotion. Etait-ce son premier vol ? Son bec était encore tout teinté de jaune. Un oisillon qui découvrait le vaste monde, sans doute, un vrai béjaune à l’oeil rond.
Comme les humains doivent apprendre à marcher, les oiseaux ont besoin d’entrainement avant de savoir bien voler. Les débutants se reconnaissent au premier coup d’oeil à leur façon désordonnée et trop rapide d’agiter les ailes. Ils ont le côté affolé des apprentis nageurs qui s’élancent pour la première fois sans bouée.
On les voit passer par fratries de plusieurs mâles et femelles, battant l’air d’une manière frénétique. Cela ne dure pas très longtemps. Au bout de quelques heures de vol, ils sont devenus de vrais pros.
(J’ai emprunté le nom d’un groupe bordelais pour titrer ce post. Si vous ne connaissez pas, vous les trouverez ici, et peut-être que vous apprécierez leur humour au troisième degré.)

Kitagawa, un Giverny japonais

Copie des jardins de Monet au JaponMonet était fasciné par le Japon sans y être jamais allé, son immense collection d’estampes et son jardin japonisant en témoignent. La fascination s’est exercée aussi, dès son époque, en sens inverse : les Japonais ont toujours fait bon accueil à l’art de Monet.
En 1999, le village de Kitagawa, une station réputée pour ses sources thermales, a rendu un hommage exceptionnel au maître de l’impressionnisme en recréant de l’autre côté de la terre ses jardins de Giverny.
Surfer sur le site des jardins Marmottan Monet de Kitagawa permet de se laisser fasciner à son tour par l’expertise des Japonais en matière de jardinage. Pour que l’illusion soit parfaite, la Fondation Monet y a prêté la main. Le chef-jardinier de Giverny, Gilbert Vahé, s’est rendu sur place afin de donner de précieux conseils.
Le résultat est magnifique et saisissant. je suis sûre que Monet aurait été ébloui par tous ces nénuphars merveilleux ; le fameux Nymphéa bleu a l’air de prospérer à Kitagawa.
Bien sûr, vous le verrez à travers les photos du site, il a fallu faire quelques entorses. La pente du terrain a l’air d’être plus prononcée, en tout cas des escaliers assez longs mènent à la maison. Je ne crois pas qu’on ait restitué l’intérieur. Le plan des jardins n’est pas tout à fait identique non plus. Mais l’ambiance a l’air d’être bien la même.
Je ne me lasse pas de faire le tour des sites qui parlent de Kitagawa. Cela a quelque chose de surréaliste de voir des lieux qui paraissent familiers tout entourés de caractères illisibles et bizarres. On cherche à comprendre ce que les photos racontent. Et tout à coup, on tombe sur la reproduction d’un article de Paris-Normandie, en français dans le texte. Voilà qui doit faire tout drôle aux internautes japonais.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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