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Vous reprendrez bien un peu de culture globale ?

Ce n’est pas route de l’abbaye, mais sur le chemin du château, au Petit Andely, que l’on peut remarquer ce panneau, parce que décidément les quatre garçons dans le vent traversent les décennies.
Notre oeil a souvent pour habitude d’ignorer la signalisation ou le mobilier urbain ; il recherche les éléments plus intéressants et pittoresques, comme la flèche de l’église Saint-Sauveur au loin ou la tour Paugé à côté. Il faut l’inattendu du décor surajouté, l’humour du détournement pour que les passants qui empruntent cette impasse prennent conscience du panneau.

Ce même sens interdit portait naguère un panneau additionnel « sauf riverains », et j’ai expliqué le sens de ces mots de nombreuses fois à mes clients anglophones en redescendant de Château-Gaillard. Le panneau a perdu sa mention dérogatoire, tandis qu’il a gagné sa customisation rock. L’avantage, pour la ou le guide qui vient de parler presque non-stop pendant 90 minutes tout en gravissant puis redescendant le raidillon, c’est qu’il n’y a plus rien à expliquer.
Il suffit de dire : « Vous avez vu le panneau ? » Sourires assurés.

Le gisant d’Aliénor

Gisant d’Aliénor d’Aquitaine, reine de France et reine d’Angleterre, à l’abbaye de Fontevraud

Impossible lors de la visite de Château-Gaillard aux Andelys de ne pas évoquer la figure de la mère de Richard Coeur de Lion, Aliénor d’Aquitaine. Cette femme hors du commun a beaucoup compté dans l’éducation et la vie de son fils, notamment en lui transmettant son goût des lettres.

J’avais grande envie d’aller à Fontevraud, la nécropole des Plantagenêt, parce que c’est là que repose Richard Coeur de Lion, duc de Normandie et roi d’Angleterre, bâtisseur de Château-Gaillard. Son squelette du moins. Son coeur est dans la cathédrale de Rouen, où il en reste paraît-il encore 80 grammes soigneusement embaumés et placés dans un coffret de plomb.

Mais c’est le gisant de sa mère que j’ai adoré. En ce mois d’août, allongée près de son époux, on la croirait à la plage. Elle est en train de lire le livre qu’elle tient dans ses mains. Cette attitude nous la rend tellement proche et familière, elle qui est morte en 1204. Aimait-elle vraiment lire couchée, comme nous aujourd’hui ? L’abbaye de Fontevraud précise qu’Aliénor a elle-même demandé à être figurée un livre à la main, pour marquer son érudition.

Je crois pour ma part qu’elle avait peur de s’ennuyer dans l’au-delà, et qu’elle a voulu s’assurer d’emporter de la lecture…

L’humour du Moyen Âge

truie

Cette truie qu'un fou retient par les pattes, sans doute pour l'empêcher de dévorer du raisin, amuse les paroissiens du Grand Andely depuis cinq cents ans. On s'étonne de découvrir une scène aussi profane dans une église.

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Les anges dans nos campagnes

creche

Crèche de l'église Notre Dame du Grand Andely

Est-ce que Noël vous a donné envie de chanter ? Ou d'écouter des chants de Noël ? On en entend partout, qui nous rappellent ce temps de l'enfance où tout le monde chante sans se poser de questions. 

La joie de Noël, ce cadeau fait aux hommes, s'accompagne de chants depuis toujours. J'avais en tête

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L’orgue de Notre-Dame du Grand Andely

L'orgue de Notre-Dame du Grand-Andely

La commune des Andelys, qui compte 8000 habitants, a la chance de posséder deux grandes orgues classées Monuments Historiques. La ville avait autrefois deux paroisses, donc deux églises, Saint-Sauveur au Petit Andely et la collégiale Notre-Dame au Grand Andely. Chacune a gardé son instrument. Celui de Saint-Sauveur, presque inchangé depuis sa construction au 17e siècle, est d'une musicalité remarquable. Celui de la collégiale, un Cavaillé-Coll, a un buffet 16e de toute beauté.

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Quand les tulipiers flambent

tulipier aux andelys en automne

Aux Andelys, cette semaine, les tulipiers dorés par l'automne illuminent les jours les plus ternes.
Au sommet de la falaise, Château-Gaillard surveille la vallée de la Seine.

L’île d’Avalon

Ile du Chateau, les AndelysPhoto : Ile du Château, les Andelys

Aux Andelys, une île s’étend au milieu de la Seine, et sur cette île s’élève une maison. Elle a été la propriété de Sir John George Woodroffe (1865-1936), plus connu sous le pseudonyme d’Arthur Avalon. Cet avocat anglais devenu juge à la Haute Cour de Calcutta s’est passionné pour la philosophie hindoue et la pratique du yoga. On lui doit l’introduction en occident de textes sacrés tantras.
A partir de 1920, pour une raison que je n’ai pu découvrir, Woodroffe s’installe aux Andelys. En bon insulaire, il jette son dévolu sur l’île en pleine Seine. On raconte qu’il a fait venir les matériaux de construction de sa maison par bateau depuis l’Angleterre. Un peu excentrique, John George.
En ce moment où les feuilles des arbres n’ont pas encore fait leur apparition, on peut remarquer une zone blanche sur la gauche de la maison. C’est un mur élevé par Richard Coeur de Lion au moment où il résidait lui-aussi dans l’île, pendant la construction de Château-Gaillard, en 1196. L’île s’appelle « île du château ». Est-ce cet illustre prédécesseur, roi d’Angleterre, qui a donné envie à Avalon de s’ancrer ici ?
Du temps de Richard, l’île était reliée à la berge par un pont. Avalon, tout comme les propriétaires actuels, devait utiliser un bateau.

Marguerite de Bourgogne à Château-Gaillard

Chateau-GaillardSur les bords de la Seine, les ruines du Château-Gaillard sont encore là debout, sur le roc, et semblent se rire, à la face de chaque génération qui naît et qui meurt, des sept siècles qui, en passant, n’ont fait que lui arracher petit à petit quelques pierres qui roulent dans le ravin quand l’ouragan gronde et que la pluie tombe.

Je sais, j’aurais dû mettre des guillemets, mais l’effet n’aurait pas été le même. Cette phrase tordue comme un alambic où cascadent les qui et les que n’est pas de moi. Quelle plume célèbre l’a tracée, d’après vous ?
Vous séchez ? Tenez-vous bien. Ce style léger comme de la crème au beurre, c’est celui de… Gustave Flaubert. C’est le deuxième paragraphe d’une oeuvre courte et justement méconnue, « La dernière scène de la mort de Marguerite de Bourgogne ». Le titre, vous l’aurez remarqué, est parfaitement stupide. La mort se joue-t-elle, et de surcroît en plusieurs scènes ? Je vous ai zappé le premier paragraphe, un bijou dans le genre tarte :

Connaissez-vous la Normandie, ce beau pays si rempli de vieux castels dont chacun éveille le souvenir d’un nom célèbre ? La Normandie, où chaque champ a eu sa bataille, chaque pierre son nom ? La Normandie si remplie de vieilles légendes, de contes fantastiques, de traditions populaires qui tous se rattachent à quelques lambeaux de notre histoire du moyen âge ?
Eh bien… (reprendre au premier paragraphe qui est le deuxième, je vous en prie, essayez un peu de suivre).

La suite, justement, vous pouvez la lire là, et cela ne vous prendra guère plus de cinq minutes. C’est intéressant.
J’ai mis du temps à trouver la date, c’est-à-dire l’âge auquel Flaubert a écrit ce texte. Heureusement, la nouvelle a été traduite en kotava.
J’ai beaucoup d’admiration pour la traductrice de la nouvelle, d’abord parce qu’elle a réussi à apprendre le kotava – il paraît que c’est facile, mais à première vue pas tant que ça – et ensuite parce qu’elle a voulu mettre ce texte unique à la portée de tous les curieux du monde qui voudraient bien eux aussi étudier le kotava. Sûr qu’après, les curieux conquis vont se ruer sur Madame Bovary.

Donc, Flaubert s’est enflammé pour la mort de Marguerite de Bourgogne en 1839, et comme il est né le 12 décembre 1821, il avait 17 ans. Ceci explique cela.
L’imagination de notre ado s’emballe pour cette histoire érotique et morbide. Bon. Mais la mise en scène est ridicule, les dialogues aussi, à en être comiques. On dirait un sketch.
La grandiloquence fait rire aujourd’hui, en littérature comme en peinture. Le style pompier qui plaisait tant n’a plus la cote. Et voilà une page de Flaubert pour laquelle les biographes observent un silence pudique.
Elle ouvre sur de nombreuses questions. Celle, si mystérieuse pour nous autres, du génie. Quand commence-t-il à se manifester ? Est-il présent a priori, ou surgit-il un beau jour ? Quelle est la part du travail dans le génie ? Comment se défaire de ce que l’on a appris ? Et celle de l’étude littéraire. Que vaut-il la peine d’étudier ? Quelle est la place des oeuvres mineures dans la connaissance et la compréhension d’un écrivain ? Elle pose enfin la question de l’esprit critique. Admirons-nous une signature, ou une oeuvre pour ce qu’elle est ? Toutes ces questions ont la même pertinence dans le domaine des arts plastiques.

Au-dessus des méandres

La Seine près des Andelys Quand elle arrive au pied de Château-Gaillard, la Seine change brusquement de direction en oubliant sa destination ultime, la mer. Sans doute effrayée par l’imposante forteresse de Richard Coeur de Lion, elle rebrousse chemin, cap au sud-ouest. Ce n’est qu’une fois parvenue à bonne distance qu’elle réalise la gaffe, à force que son GPS lui serine « faites demi-tour dès que possible ». Elle recalcule enfin son itinéraire et repart en direction de Rouen.
Ces méandres du fleuve ont creusé des falaises dans la roche tendre, cette craie blanche barrée de lits de silex caractéristique du val de Seine. D’en haut, la vue porte loin, en un gigantesque amphithéâtre, et offre cette impression de se détacher du sol.
Pour voir Château-Gaillard se dessiner à l’arrière-plan, il ne faut pas aller trop loin. Le belvédère du Thuit est idéal. Mais celui de Notre-Dame de Belle-Garde, d’où j’ai pris cette photo, est plus élevé, et ne se gagne que par une petite marche dans les bois.
Une émouvante Vierge à l’Enfant de 1946 s’y dresse, telle un ex-voto de l’après-guerre. La présence de cette statue sur le promontoire donne à la contemplation du paysage quelque chose de particulier, dû peut-être à l’élan mystique de ceux qui l’ont souhaitée et réalisée là.

Rois mages

Collégiale Notre-Dame du Grand Andely, Vitrail de l'enfance du Christ, Adoration des mages, vers 1510-1520Collégiale Notre-Dame du Grand Andely, Vitrail de l’enfance du Christ, Adoration des mages, 1510-1520

Combien de galettes des rois avez-vous partagées depuis le début du mois ? Un certain nombre, j’imagine. Il est même difficile de trouver d’autres pâtisseries chez les boulangers.
On n’est pas très sûr que les mages étaient rois, on est même plutôt sûr du contraire. Mais l’iconographie religieuse a popularisé le motif des rois mages avec leurs couronnes, comme sur ce vitrail du 16e siècle qui se trouve dans l’église Notre-Dame du Grand Andely.
L’image en est plus parlante : agenouillé, sa couronne à la main, le roi Melchior fait preuve d’une humilité qui frappe les esprits. Il porte de riches vêtements de pourpre et d’hermine, marque de sa richesse et de sa puissance, tandis que l’Enfant est nu.
Derrière lui, Gaspard et Balthazar attendent leur tour. Et dans le coin gauche, derrière Marie, l’étoile qui les a guidés brille.
Comme souvent, le maître-verrier s’est librement inspiré de la Légende dorée de Jacques Voragine.

Le premier des Mages s’appelait Melchior, c’était un vieillard à cheveux blancs, à la longue barbe. Il offrit l’or au Seigneur comme à son roi, l’or signifiant la Royauté du Christ.
Le second, nommé Gaspard, jeune, sans barbe, rouge de couleur, offrit à Jésus, dans l’encens, l’hommage à sa Divinité.
Le troisième, au visage noir, portant toute sa barbe, s’appelait Balthazar ; la myrrhe qui était entre ses mains rappelait que le Fils devait mourir.

Pour l’instant, il va très bien, le Fils. C’est un beau bébé joufflu et souriant qui a l’air bien plus grand et plus éveillé qu’un nouveau-né. C’est normal, il est supposé avoir entre un et deux ans.
On a tendance à télescoper les deux histoires, celle de la Nativité avec le bébé dans sa crèche, et celle des Rois. Mais, selon la Bible, il s’est passé des mois entre les deux. Marie a eu le temps de se remettre de l’accouchement pendant quarante jours, Jésus a été présenté au temple, puis avec Joseph tous trois sont rentrés à Jérusalem.
Pendant ce temps, les mages cheminaient, venus des confins du monde connu, à la poursuite d’une étoile. A la recherche d’un nouveau-né divin.
Ce que représente le vitrail, c’est l’aboutissement de ce pèlerinage. La fin de la quête, de l’attente. La rencontre avec le Christ, un face à face extraordinaire.
Il nous est donné de ressentir un peu de leur émotion lorsque l’enfant paraît, après des mois de désir et d’attente. Dans les regards profonds et graves des nouveaux-nés, tout juste arrivés de l’autre côté du miroir, flotte encore quelque chose de l’être immatériel qu’ils ont été. Avant qu’ils n’acquièrent la parole et le souvenir, tandis qu’ils ne sont pas encore tout-à-fait de ce monde, « ce sont tous de petits anges du ciel. » (Ermanno Olmi)

Georges Guynemer

Panorama de Château-Gaillard« C’est une vue qui donne envie de voler. »
Aux Andelys, le panorama que l’on découvre depuis les coteaux de la Seine embrasse toute la grande boucle du fleuve et se perd à l’ouest, où l’horizon se fond dans la brume. Le ciel s’étire, immense au-dessus de cette immensité.
La phrase de ma collègue m’a fait l’effet d’une révélation. Se pourrait-il que ce paysage si grandiose ait fait naître des rêves d’envol ? En tout cas l’histoire des Andelys est étrangement liée à celle de l’aviation. A des époques différentes, trois hommes s’y sont rendu célèbres par leurs exploits aéronautiques, coïncidence étonnante dans un bourg de quelques milliers d’habitants.
C’est d’abord Jean-Pierre Blanchard, natif des Andelys, qui s’illustre en traversant le premier la Manche en ballon, en 1785. Blanchard est célébré au Petit-Andely par un monument, une rue et une plaque sur sa maison natale.
Plus près de nous, l’Andelysien Marcel Lefèvre est un héros de la Seconde Guerre mondiale. Pilote de chasse, il faisait partie du fameux escadron Normandie-Niemen qui s’est battu sur le front russe. Marcel Lefèvre est mort au combat après 14 victoires aériennes. Grâce à son frère un musée, le Mémorial Normandie-Niemen, lui rend hommage ainsi qu’à ses compagnons d’armes.
Entre les deux s’intercale un mythe. Georges Guynemer, l’as de la Première Guerre mondiale, entré de son vivant dans la légende.
Le lien de Guynemer avec les Andelys est plus ténu. Né à Paris à la Noël 1894, il a été baptisé au Thuit, commune voisine des Andelys où sa famille possédait un château et 280 hectares de terres. Si Guynemer a ressenti ici l’appel du paysage ouvert sur le ciel, cela s’est produit quand il était tout enfant : sa grand-mère devenue veuve vend le château alors que Georges n’a que six ans.
Le père et l’arrière-grand-père de Georges Guynemer étaient tous deux officiers, mais son grand-père a été un temps sous-préfet de Louviers. Sa grand-mère la sous-préfète, dont le journal nous est parvenu, qualifie Le Thuit d’endroit « le plus beau et le plus ennuyeux du monde ».
On dirait que cette beauté a agi à la manière des sirènes. Séduits par l’ampleur du paysage, Blanchard, Guynemer et Lefèvre ont appris à voler, ce qui leur a valu la gloire. Mais ils s’y sont brûlé les ailes. Tous trois sont morts trop jeunes à cause de leur passion.
Peut-être se disaient-ils que mourir dans les airs, c’est raccourcir le chemin vers le ciel.

Jean-Pierre Blanchard

Monument à Jean-Pierre Blanchard, les AndelysSur une colonne de pierre blanche, le profil en bronze d'un homme coiffé à la mode de l'Ancien Régime se détache sur la silhouette d'une montgolfière. Le monument situé sur la place du Petit-Andely est dédicacé "à Blanchard, ses concitoyens et ses admirateurs".
Blanchard est l'une des gloires des Andelys. Sa maison natale se trouve juste derrière l'église Saint-Sauveur, au numéro 8.
Le petit Jean-Pierre y voit le jour le 4 juillet 1753. Très jeune, il rêve de voler. Il construit un drôle d'engin à plumes, qui ne s'élèvera jamais au-dessus du sol.
C'est l'invention des frères Montgolfier qui va donner un tournant décisif à sa carrière. En mars 1784, quelques mois seulement après les premiers vols en ballon, Blanchard effectue sa première ascension et devient à son tour un des pionniers de l'aéronautique.
Il perfectionne la technique (son ballon est gonflé à l'hydrogène et non à l'air chaud) et se met en tête de traverser la Manche, en compagnie de l'Américain John Jeffries.
Partis de Douvres, les deux hommes atterrissent à Guînes, près de Calais, un peu moins de trois heures plus tard. Ils ont eu chaud, si l'on peut dire : arrivés au tiers du parcours, leur ballon a commencé à descendre. Il leur a fallu jeter par-dessus bord tout le lest, les victuailles, l'ancre et même une partie de leurs vêtements, geste héroïque (on est en janvier) !
L'exploit accompli au péril de leur vie leur vaut une gloire immense. Blanchard l'exploite habilement en multipliant les ascensions. S'il n'a pas été le premier à voler en France, il le sera dans d'autres pays, en Allemagne, en Pologne, aux Pays-Bas…
Il parcourt l'Europe puis se rend aux Etats-Unis. Le 9 janvier 1793, Blanchard s'envole de Philadelphie en Pennsylvanie et atterrit à Deptford, dans le New Jersey. Pas moins de cinq présidents des Etats-Unis assistent à l'évènement, le président en exercice George Washington, et les futurs présidents John Adams, Thomas Jefferson, James Madison et James Monroe !
Rentré en France, Blanchard se marie. Sa femme Madeleine Sophie, aussi intrépide que lui, l'accompagne dans ses démonstrations.
Blanchard meurt en 1809, suite à une chute due probablement à un accident vasculaire cérébral en vol qui l'a empêché de s'occuper du foyer du ballon. Le parachute, qu'il n'a pas inventé mais dont il s'est fait le promoteur, ne lui est d'aucun secours.
Sa femme poursuit seule les démonstrations d'ascension. Elle aussi connaît une fin tragique. Au cours d'un vol nocturne où, parvenue très haut dans le ciel de Paris, elle doit lancer des feux d'artifices, son ballon prend feu. La malheureuse s'écrase au sol, devenant la première femme victime d'un accident d'aéronef. Le monument des Andelys ne l'a toutefois pas associée à l'hommage rendu à son illustre époux. Il est vrai qu'elle n'est pas native de la commune.

Une impression forte

Chateau-GaillardChâteau-Gaillard tire son nom de son aspect redoutable. La forteresse conçue par Richard Coeur de Lion était si bien pensée, perchée sur son piton rocheux, avec ses murs immenses et très épais, ses fossés larges et profonds, qu’elle paraissait imprenable.
Pour faire définitivement forte impression sur ses contemporains et surtout sur ses ennemis, le duc de Normandie n’a pas lésiné sur les moyens. Il a même, avant l’heure, usé d’arguments psychologiques de dissuasion.
Voyez-vous les rayures blanches et brunes sur ce mur ? La place forte est entourée de remparts de dix mètres de haut composés de deux sortes de pierres différentes. La pierre blanche est du calcaire du val de Seine, la brune vient des côtes de la Manche.
L’appareillage très régulier met en valeur l’alternance des matériaux, dans un but décoratif.
Oui, décoratif ! Toute l’astuce est là. Ces pierres que l’on fait venir de loin, à grands frais, montrent la puissance de Richard Coeur de Lion.
Elles disent au roi de France, regarde ! Je suis le roi d’Angleterre, je règne sur la Normandie et l’Aquitaine, mon domaine s’étend de l’Ecosse aux Pyrénées. Je suis si riche que je peux me permettre des fantaisies décoratives sur cette citadelle. Ne t’y frotte pas, toi qui n’es qu’un roitelet, tu ne fais pas le poids.
Le bas du mur a perdu son parement de pierres taillées. Il laisse apparaître le remplissage de petits morceaux de pierres et de mortier qui formait la masse entre les deux chemises de pierres lisses.
Cet aspect ruiné n’est pas dû à la seule usure du temps. C’est un démantèlement volontaire, autorisé par Henri IV. Le château avait perdu son rôle militaire dans la France unifiée, mais il servait de repaire à des bandits. Le roi a donc autorisé des congrégations religieuses à venir s’y servir en pierres pour réparer leurs abbayes. Les moines ont pris les pierres du bas, et ils ont laissé celles du haut du mur.
Tout en haut, on aperçoit les fines archères par lesquelles on lançait des volées de flèches sur l’ennemi, pour tenter de le tenir à l’écart.

Retable et prédelle

Retable attribué à Philippe de ChampaigneLe joyau de l’église Saint-Sauveur au Petit-Andely, c’est ce magnifique retable de l’Adoration des Bergers qui serait selon certains (mais ce n’est pas certain) l’oeuvre du grand peintre Philippe de Champaigne.
A l’origine, cet autel somptueux n’était pas destiné à la petite église du Petit-Andely, mais à l’ abbaye de Mortemer. Les hasards de la Révolution Française l’ont fait arriver ici.
Les colonnes torses avec des enroulements de pampres signent le style baroque, très en vogue sous Louis XIII. On affectionne alors un décor riche et surchargé de dorures. Rien n’est trop beau pour pousser les fidèles à l’adoration, même si cela doit coûter une vraie fortune aux communautés. Les églises ont besoin d’être remeublées, une grande partie de leur décor gothique a disparu dans la tourmente huguenote.
Au 17e siècle, la Contre-Réforme bat son plein. Après le trouble jeté dans les esprits par les guerres de religion, l’Église catholique réaffirme son dogme. Un des moyens médiatiques mis en oeuvre, c’est le retable. Aussi incontournable que le site internet aujourd’hui.
Le retable est un élément décoratif qui se place derrière l’autel, attirant le regard vers ce lieu sacré de la célébration de l’eucharistie. En bas du retable, le tabernacle renferme les hosties qui seront distribuées lors de la communion.
Le retable du Petit-Andely repose sur une prédelle, une frise de tableautins qui rehausse le majestueux tableau et l’éloigne des flammes des cierges.
Prédelle, détail De nombreux retables sont ornés de volets qui étaient refermés pendant les jours de pénitence comme le Carême. On ne voyait alors que la prédelle, ce qui a conduit à la représenter en grisaille. L’effet n’en était que plus saisissant quand, le jour de Pâques, on rouvrait les volets sur le grand tableau aux coloris éclatants, façon télé couleurs après le noir et blanc.
Le retable de Saint-Sauveur n’est pas un polyptyque, mais la tradition de la grisaille pour la prédelle a été conservée.
Les vignettes, qui se lisent de gauche à droite comme une bande dessinée, figurent des scènes de la vie de la Vierge. Elles étaient destinées à soutenir la méditation pendant la récitation du chapelet. Elle semblent dues à l’école de Quentin Varin, le peintre qui, de passage aux Andelys, a suscité la vocation du jeune Nicolas Poussin.
Au-dessus de la prédelle, l’Adoration des Bergers éclate de couleurs. Le regard est attiré par la zone blanche du berceau, le blanc de l’innocence. D’un geste délicat, Marie dévoile l’enfant Jésus aux bergers venus l’adorer. Elle est vêtue de rouge, symbole du sang : elle vient de donner la vie, et de bleu, symbole de son appartenance au monde divin. C’est elle qui fait le lien entre le ciel et l’homme. Son visage est idéalisé, alors que les caractères des autres protagonistes sont plus réalistes.
Joseph, protecteur, se tient en retrait. Il est figuré en jeune homme, une représentation inhabituelle. Les bergers en revanche réunissent tous les âges de la vie. L’un d’entre eux offre un agneau, pattes attachées, préfiguration du destin qui attend le nouveau-né. Mettre en présence la vie et la mort, voilà qui est bien typique du baroque, qui aime confronter les deux versants d’une même médaille.
Le berger qui tient l’agneau est habillé de jaune, la couleur associée à la trahison de Judas. A l’arrière-plan, mains jointes, un berger debout porte une cornemuse repliée sur son bras. Là encore, c’est un symbole. L’instrument contient de l’air, souffle de vie, principe divin, dans une outre de cuir, signe de l’animalité humaine.

L’adoration des rois mages, prédelle du retable du Petit-Andely, grisaille attribuée à l’école de Quentin Varin

Orientation

Les AndelysC’est l’heure où le soleil plonge derrière la crête de la colline, rosissant les nuages légers qui filtrent ses rayons au-dessus de la vallée de la Seine.
Vous êtes assis sur la pelouse face à Château-Gaillard, à savourer la fin du jour. Le fleuve se la coule douce ; il parade sans une ride devant le Petit Andely.
La flèche de l’église Saint-Sauveur pointe, fine comme une aiguille. Une aiguille de boussole.
Dans le crépuscule on distingue encore le choeur entouré de ses arcs boutants. A l’opposé, le porche occidental doit être en train de flamboyer dans le soleil couchant.
Les églises gothiques sont presque toujours tournées vers l’Est. On dit qu’elles sont orientées, c’est-à dire qu’elles pointent vers l’Orient, l’endroit d’où jaillira la lumière.
Dans le paysage, on peut s’en servir pour repérer les points cardinaux. Un truc utile en Normandie, où l’on n’a pas toujours le soleil pour s’orienter, ni les étoiles qui, filantes ou pas, se défilent souvent.

L’heure bleue

La vallée de la Seine aux Andelys
Depuis Château-Gaillard, le regard plonge sur la vallée de la Seine.

Ce matin, rien ne bougeait dans l’air immobile.

Le fleuve saisi par la fraîcheur avait mis son écharpe de brume.

Les arbres trempaient leur reflet dans l’eau lisse.

Un parfum d’herbes froissées montait des prairies infusées de rosée.

Chateau Gaillard

Quand enfin le soleil a franchi la crête de la colline il a fait flamboyer la citadelle du roi au coeur de lion, et tous les blancs des falaises.

Tour de la Monnaie

Château Gaillard, ouvrage avancéLa forteresse de Château Gaillard est dotée d’un ouvrage avancé qui fait face au plateau qui la surplombe : c’est de là que pouvait venir le danger. A la pointe de cet ouvrage en forme de triangle, une grosse tour domine encore le site. Certains auteurs la nomment la tour de la Monnaie.
D’où vient cette appellation ? En me plongeant dans une monographie de Dominique Pitte sur Château Gaillard j’ai cru trouver la réponse. L’éminent historien rapporte que des pièces de monnaie ont été découvertes au cours de la campagne de fouille de 1991.
Trois monnaies : c’est un tout petit trésor. Tout petit, il l’était aussi par sa valeur. Deux de ces pièces sont des liards en cuivre de Louis XIV, le fameux roi de France. On imagine qu’ils ne représentaient pas une fortune puisque leur nom est resté figé dans l’expression « ça ne vaut pas un liard ».
Quant à la troisième pièce… Ah ! revoilà les jolis noms de monnaie ! C’est un niquet. Un niquet en billon noir, pour être précis.
Le billon est l’alliage d’un métal précieux, or ou argent, avec un métal de moindre valeur comme le cuivre.
Le niquet est une monnaie anglaise. Celui-ci a été frappé le 30 novembre 1421 à Saint-Lô, en pleine Guerre de Cent Ans, alors que la Normandie est anglaise. Il porte le léopard couronné passant sous un lis d’Henri V, roi de France et d’Angleterre.
J’étais heureuse de m’enrichir de ce niquet et de ce billon, mais déçue de découvrir bientôt que mon hypothèse sur l’origine de l’appellation de la tour de la Monnaie ne tient pas. Ce n’est pas là que les pièces ont été trouvées.
La tour a cependant fait l’objet d’études en 1992 et 1995. Car le récit de la prise du château en 1204 raconte que la tour bâtie par Richard Coeur de Lion a été minée et partiellement détruite. Alors, de quand date celle que nous voyons aujourd’hui ? L’a-t-on réparée ou entièrement reconstruite ?
Sur ce point les historiens semblent assez sûrs d’eux. A peine le château pris, Philippe-Auguste l’a fait remettre en état de servir. Et pas question de faire des économies qui peuvent coûter cher à l’arrivée. La tour présente un mortier différent des autres mais parfaitement homogène partout, on ne remarque pas de raccords qui auraient été autant de points faibles. Le roi de France a bel et bien fait raser puis rebâtir la tour.

Notre-Dame du Grand Andely

Collégiale Notre-Dame les AndelysLa collégiale Notre-Dame du Grand Andely présente la particularité d’avoir une abside plate. Sitôt la porte franchie le grand vitrail qui occupe tout l’arrière de l’autel saisit le visiteur, à la fois happé vers le haut par la verticalité de la nef et vers l’avant par la couleur.
Ce vitrail n’a rien d’ancien, il est dû au talent du maître verrier Gaudin et daté de 1952.
Bien qu’on ne voit que lui en entrant, les visiteurs du vieux continent ne passent généralement pas beaucoup de temps à l’observer. En effet l’église Notre-Dame des Andelys est renommée pour ses vitraux du 16ème siècle, de véritables joyaux aux couleurs merveilleuses, aux scènes riches de détails, aux visages expressifs. Et un vitrail contemporain aussi beau soit-il, à côté de vitraux du 16ème…
Nous avons intégré sans nous en rendre compte toute une échelle de valeur qui nous fait apprécier les monuments en fonction de leur ancienneté, avec une forte prédilection pour l’époque gothique et la Renaissance. Après cette période, les églises ne nous plaisent plus guère.
Cet après-midi, en compagnie d’un groupe d’Américains, j’ai eu l’occasion de jeter un oeil neuf sur le grand vitrail de l’abside de la collégiale Notre-Dame. Après avoir considéré avec un intérêt poli les merveilleuses verrières renaissantes, les visiteurs du Nouveau Monde se sont arrêtés devant l’oeuvre contemporaine et se sont mis à ma grande surprise à la couvrir de superlatifs.
Il faut croire que le langage pictural qu’elle utilise leur est plus familier, alors qu’il ne nous parle pas beaucoup.
Nous devrions peut-être faire cet effort de mettre de côté nos habitudes culturelles et nous ouvrir à l’art contemporain. Comme pour la ville du Havre, décriée par les Normands mais classée Patrimoine mondial par l’Unesco grâce à des sensibilités extérieures, nous sommes sans doute entourés d’oeuvres récentes d’un grand intérêt que nous dédaignons sans prendre la peine de les regarder, simplement parce qu’elles n’ont pas été anoblies par le temps.

Bords de Seine

Berges de la Seine aux AndelysSoit un fleuve bordé à intervalles réguliers de petites bourgades de province. Toutes disposent de rues le long de la rivière. Qu’est-ce qui fait que dans certaines de ces petites villes, on a irrésistiblement envie d’aller se promener sur les quais, tandis que dans d’autres les voies le long des berges manquent de charme ?
Je me le demande, alors qu’à Vernon les quais de Seine font l’objet de programmes d’aménagement depuis plusieurs années et qu’en dépit de ces efforts ils peinent toujours à être véritablement attractifs.
Pour trouver ce qui cloche encore, malgré le détournement du trafic ou la plantation de vernes, Vernon oblige, il faut aller voir du côté des villes où les berges ont ce je ne sais quoi qui retient les passants.
C’est le cas aux Andelys. Quelle est la formule magique ?
Circulation quasi inexistante dans la petite rue qui a des airs de route de campagne plutôt que de voie urbaine. Le piéton, sécurisé, a tout loisir d’admirer le cadre naturel magnifique : le fleuve, les falaises de craie, la verdure sur l’autre rive. L’aménagement n’en fait pas des tonnes. Les quais descendent en pente douce par des prairies jusqu’à la Seine, pas de béton ni de grillage.
Surtout, la curiosité est maintenue en éveil par la succession de maisons anciennes qui bordent le fleuve, belles bâtisses parfois vieilles de plusieurs siècles qui donnent du cachet à la berge.
Qu’en est-il à Vernon ? Dans l’enthousiasme de l’après-guerre on a construit de belles barres d’immeubles le long du fleuve. Aujourd’hui elles ont cessé de faire moderne, à peu près tout le monde s’accorde à les trouver, euh, moches.
Difficile de remédier à leur laideur. Il va falloir patienter encore un peu, le temps qu’elles aient fait leur temps.

Fontaine Sainte Clotilde

Fontaine Sainte Clotilde, Les Andelys C'est tout un petit square malheureusement fermé par des grilles qui a été aménagé aux Andelys autour de la fontaine Sainte-Clotilde.
Pourquoi tant de précautions ? Est-ce une propriété privée, ou a-t-on voulu protéger la source ? En tout cas apercevoir la fontaine de loin ne fait que renforcer son mystère.
On ne compte plus les points d'eau réputés miraculeux, qui guériraient toutes sortes de maladies. Celui-ci n'échappe pas à la règle, il a selon la légende redonné l'usage de ses membres à un paralytique qui s'y était baigné en 514.
Au début du siècle dernier on pouvait voir comme à Lourdes de nombreuses béquilles accrochées près de la source, témoins d'autres guérisons.
Mais le miracle le plus fabuleux, c'est le tout premier qui s'est produit ici.
L'histoire remonte à 511, à l'époque où règne Clovis, premier roi chrétien des Francs. Son épouse se nomme Clotilde et elle est très pieuse, à tel point qu'elle imagine une maison où de saintes femmes pourraient vivre dans la prière : un couvent. C'est elle qui fait construire les premiers monastères de France dont un ici, au Grand Andely.
Il peut se produire de drôles de choses pendant les travaux de terrassement. Il arrive qu'on tombe sur un énorme trésor. Mais ce n'est rien à côté d'un authentique miracle…
On creusait donc, on piochait dur dans le roc et la poussière, et les ouvriers avaient soif. Et plus une goutte à boire pour se désaltérer !
La sainte reine, voyant cela, a craint qu'ils n'abandonnent le chantier. Elle s'est mise à prier, et voilà que l'eau de la source voisine s'est changée en vin ! Ragaillardis par le divin breuvage qui coulait à volonté, les ouvriers ont repris du coeur à l'ouvrage et le monastère a pu être achevé.
Depuis, le temps l'a fait disparaître mais les vitraux de l'église du grand Andely gardent le souvenir de la vie de Sainte-Clotilde.
Un pèlerinage annuel est célébré à la source début juin.

Château-Gaillard dans la brume

Château-Gaillard dans la brume, photo aérienne de Francis CormonChâteau-Gaillard dans la brume, photo aérienne de Francis Cormon

Vous bâillez encore en gravissant l’escalier qui vous mène sur la courtine de bois de Château-Gaillard. En ce matin de l’hiver 1201, il est l’heure de prendre votre tour de garde. Roger de Lascy, le gouverneur du château-fort, vous a chargé de guetter tout signe suspect aux alentours, il vous a d’ailleurs choisi pour votre vue perçante.
Le soleil qui dore déjà les solides murailles construites par Richard Coeur de Lion ne vous préparait pas à ce que vous découvrez en débouchant sur le chemin de ronde : aussi loin que la vue porte, toute la vallée de la Seine n’est qu’un immense déploiement mousseux. « Goddam ! » vous exclamez-vous. Comme tous vos compagnons, c’est votre juron favori, au point que vos ennemis vous surnomment les Godons.
Les ennemis, ce sont les Français. Le roi de France Philippe-Auguste a juré de prendre la Normandie pour agrandir son tout petit royaume. Il est malin, il pourrait bien y arriver. Mais il faudra d’abord qu’il s’empare de Château-Gaillard, et la forteresse du Duc de Normandie et Roi d’Angleterre est réputée imprenable !
En tout cas, si Philippe-Auguste manigance quelque chose ce matin, les nuages doivent bien faire son affaire. Vous contemplez d’un air perplexe la masse opaque qui s’étend devant vous. En montagne, on appellerait ce phénomène une mer de nuages, mais vous l’ignorez, bien entendu, vous n’avez jamais mis les pieds à la montagne.
Le château est là comme une sentinelle inutile. Il suffit d’attendre, le soleil finira bien par assécher toute cette humidité qui s’attache au fleuve. Cet après-midi, on reverra la courbe de la Seine au pied de la forteresse, et vous pourrez de nouveau déceler le poudroiement d’un cheval au galop à plusieurs lieues de distance.

Château-Gaillard

Château-Gaillard, le château fort de Richard Coeur de Lion aux AndelysVoici l’endroit où s’est placé Philippe-Auguste, le roi de France, quand il a assiégé la forteresse de son meilleur ennemi, Richard Coeur de Lion. Meilleur ennemi, parce qu’ils ont fait mine de s’entendre le temps de participer ensemble à la croisade. Mais au retour le naturel a repris le dessus. Le petit roi de France a des visées sur les terres de son bouillonnant et très puissant voisin, duc de Normandie et Roi d’Angleterre.
Imaginez la convoitise de Philippe-Auguste, alors qu’il a une si bonne vue sur le château-fort. Il en fait le siège des mois durant, et puis, un beau jour, il passe à l’attaque.
L’éperon rocheux sur lequel est bâti Château-Gaillard a beaucoup d’atouts, néanmoins son point faible est d’être attaquable par l’arrière. Le château n’est pas tout à fait au sommet du coteau, une petite forêt le domine. Philippe-Auguste y place ses machines de guerre, qui ressemblent encore beaucoup à celles des Romains dans Astérix.
Je raconte ici l’histoire de Château-Gaillard, si cela vous intéresse. Je voulais juste vous suggérer, si vous envisagez de venir visiter le site, de pousser jusqu’à ce point de vue.
En voiture ou en car, on arrive par le haut de la colline. Le début du chemin se trouve à l’entrée de la forêt, sur la gauche. Ce n’est pas loin, cinq ou dix minutes de marche en sous-bois. Attention, le chemin est très en pente à un endroit, et parfois presque envahi par les ronces. Mais vous êtes de preux chevaliers prêts à partir à l’assaut du château, oui ou non ? Au bout, on est récompensé par une vue magnifique, encore plus belle que celle que l’on a depuis le château ou le parking. Et ce n’est pas peu dire.

Normandie Niemen

Musée mémorial Normandie Niemen aux AndelysPendant sa visite officielle en France, aujourd’hui, Vladimir Poutine s’est rendu en compagnie de Jacques Chirac au musée de l’air et de l’espace au Bourget. Les deux chefs d’Etat ont inauguré un monument en l’honneur du régiment Normandie Niemen.
Je vous parle de cette info, parce que ces glorieux aviateurs de la deuxième Guerre Mondiale ont leur musée aux Andelys.
Le mémorial Normandie Niemen rassemble des souvenirs de ces pilotes et mécaniciens qui ont répondu à l’appel du Général de Gaulle dès 1942 et ont combattu avec les Russes.
Le musée n’a pas de gros moyens, mais il intéressera ceux qui se passionnent pour l’histoire du dernier conflit mondial.

Un chat sur le toit

chat et pigeon de céramique sur un toit des Andelys Tout en haut du toit de cette maison du petit Andely, un chat poursuit un pigeon. Qui va gagner ? La question est posée depuis longtemps, et vous aurez tout le temps de vous interroger, car le minou et le volatile sont tous les deux en céramique.
C’est une mode qui a sévi assez furieusement par chez nous. Je la crois contemporaine de la grande vague de fantaisie qui a balayé la Normandie au moment de la construction des villas balnéaires, à la fin du 19e siècle et au début du 20e.
On a redécouvert à ce moment les épis de faîtage, et on les a revus et corrigés en géants tarabiscotés, pour montrer qu’on avait du goût. Aujourd’hui ces pièces de poterie sont recherchées pour leur valeur décorative.
Les animaux, c’est un peu différent. Moins prétentieux, plus malicieux. On voit des chats qui escaladent les toits, des colombes gracieusement posées sur des portillons d’entrée, mais aussi des singes pensifs, des grenouilles… On n’est plus très loin de l’esprit des gargouilles.

L’église Saint Sauveur des Andelys

L'église Saint Sauveur des AndelysElle est grande comme deux mouchoirs de poche : au petit Andely, l'église Saint-Sauveur ne cherche pas à en imposer par ses dimensions. A cent mètres de la Seine, elle trône sur la place au milieu d'une ronde d'adorables maisons à colombages ou en pierre.
Ce qui la rend précieuse vient de ses origines mêmes. Saint Sauveur a été bâtie peu après Château-Gaillard, la forteresse de Richard Coeur de Lion.
La construction de l'église débute vers 1220 et s'achève un siècle plus tard. Elle pointe sa flèche  de 47 mètres comme un doigt tendu vers le ciel. Pas de mélange de styles donc, mais une grande homogénéité gothique.
Vous voulez qu'on entre ? Sous le porche, la grande statue du Christ est aussi vieille que l'église elle-même. A l'intérieur, le choeur présente de belles verrières. On y organise régulièrement des concerts d'orgue. L'instrument date de 1674.
Il fait un peu sombre, alors vous n'avez peut-être pas remarqué les personnages qui soutiennent la voûte de chaque côté de la nef. L'un a l'air de trouver la tâche bien lourde, il a l'air renfrogné, l'autre sourit comme si cela ne pesait rien…

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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