Le directeur de la fondation Monet s’est éteint

Je viens d’apprendre avec une profonde tristesse la disparition d’Hugues Gall, l’académicien à la tête de la fondation Claude Monet depuis 16 ans. Il s’est éteint il y a trois jours, dans la nuit du 24 au 25 mai, à l’âge de 84 ans.

Pour cet homme qui a exercé de hautes fonctions et qui disait que le président Sarkozy lui faisait l’amitié de le tutoyer, les articles nécrologiques abondent. Je ne vais pas en faire un de plus, mais je voudrais lui rendre hommage très simplement en racontant quel homme il fut dans son rapport avec moi, la petite blogueuse de Giverny.

Hugues Gall, élu à l’Académie des Beaux-Arts en tant que directeur des opéras de Paris, a pris sa retraite de ce poste en 2008 pour se consacrer à la maison de Monet à Giverny, après le décès des époux van der Kemp. Il était alors âgé de 68 ans. Grand admirateur de Monet depuis toujours, il était très heureux de ce nouveau défi. Comme il habitait Paris, son premier réflexe a été de chercher Giverny sur internet. C’est ainsi qu’il est tombé sur Giverny News. Le 28 mars 2008, il m’écrivait ce commentaire :

Madame,
élu depuis deux jours par mes pairs de l’Académie des Beaux-Arts, à la succession de la regrettée Florence Van der Kemp, je suis donc le nouveau directeur de la Fondation Claude Monet-Giverny.
Je me suis depuis quelques jours familiarisé avec ce lieu magique et avec ses alentours en parcourant votre site si bien fait, si joliment écrit !
Je tiens à vous dire mes félicitations et mon souhait de vous rencontrer « in loco » lors d’un prochain passage de ma part à Giverny.
avec mes sentiments les meilleurs
Hugues R.Gall
Membre de l’Institut
Conseiller d’Etat

En lisant ces mots, j’ai poussé de tels cris que les enfants sont descendus pour voir si je riais ou si je pleurais. Ces quelques lignes et les rencontres qui ont suivi ont changé ma vie. Hugues Gall voulait s’entretenir avec toutes les personnes en lien avec Giverny, recueillir leurs idées et sonder leurs réactions aux siennes, par exemple sur l’ouverture le lundi ou la hausse des billets d’entrée. Je me souviens aussi de sa curiosité et de son émerveillement face à la beauté du jardin de Monet, où il se glissait tôt le matin avec l’impression d’être Alice au pays des merveilles.

Grâce à sa bienveillance, j’ai pu faire des photos dans le jardin quand il est fermé au public, assister à des conférences de presse, découvrir les coulisses de la fondation Monet, des appartements privés des directeurs jusqu’au grenier et à la cave… Surtout, j’ai eu la chance d’approcher un homme prodigieux, d’une infinie culture, pétillant d’humour. Sa spécialité était de faire aux gens des éloges si exagérés qu’on sentait bien l’ironie poindre derrière. Personne n’était dupe, c’était jouer à je sais que tu sais que j’exagère, un jeu qui malgré vous vous mettait le sourire aux lèvres. Ses discours mêlaient le factuel et l’intime, par exemple lors du baptême du square van der Kemp. Il n’oubliait jamais d’exprimer sa reconnaissance, non seulement pour Monet, créateur du lieu, pour les van der Kemp qui l’avaient restauré, les nombreux mécènes qui avaient financé les travaux, mais aussi, peut-être même surtout, pour Michel Monet, qui avait légué la propriété à l’académie des beaux-arts. Plus encore que toutes les autres, c’était cette générosité-là qui le frappait. Sans ce geste de Michel, il n’y aurait rien eu, ou du moins la responsabilité de faire vivre Giverny ne serait pas échue à un académicien comme lui.

J’ai donc pris le thé en tête à tête avec Hugues Gall, du thé vert à la menthe venu du Maroc, je l’ai écouté me parler de Mahler, je l’ai guidé plusieurs fois avec ses amis dans les jardins, y compris les éminents membres du comité de la Légion d’honneur, qu’il a présidé pendant un temps. Je n’ai jamais réussi à être vraiment détendue en sa présence, car il était manifeste que nous n’étions pas du même monde. Mais je crois qu’il m’aimait bien.

Au début, il lisait le blog tous les soirs avant d’aller se coucher, m’avait-il confié. En écrivant, j’avais l’impression de lui raconter une histoire avant de dormir, situation assez paradoxale eu égard à la différence d’âge et de statut. Puis, quand il a eu mis en place les changements qu’il souhaitait, je crois qu’il a consacré moins de temps à Giverny, car c’était un homme très occupé. Les photos dans l’atelier de Monet ont été prises le 23 mars 2011, alors que la pièce venait d’être redécorée et les répliques des tableaux accrochées au mur. Je n’étais pas femme à braquer un appareil photo sur quiconque, et encore moins sur lui, mais il m’avait expressément engagée à les faire. J’en ai pris d’autres en plein air, lors du dévoilement de la plaque du square le 1er septembre 2014. Dix ans déjà ! Le covid est venu, chassant hélas l’habitude de se serrer la main. La dernière fois que je l’ai croisé dans les jardins, il marchait à petits pas, et quand je l’ai salué, je ne suis pas sûre qu’il m’ait reconnue. Souvent, nous perdons deux fois les gens que nous aimons.

Les adresses de Mallarmé

Le poète Stéphane Mallarmé s’était fait une spécialité de tourner les adresses de ses lettres aux amis sous forme de quatrains rimés. Voici l’enveloppe remise par le facteur à Berthe Morisot-Manet et sa fille Julie. Berthe a eu droit également au quatrain suivant :

Sans t’étendre dans l’herbe verte,
Naïf distributeur, mets-y
Du tien, cours chez Madame Berthe
Manet, par Meulan, à Mézy.

Pour Renoir, cela donne :

Villa des Arts, près l’avenue
De Clichy peint Monsieur Renoir
Qui devant une épaule nue
Broie autre chose que du noir.

Et voici celle au peintre Paul Helleu, familier de Monet :

Au cinquante-cinq, avenue
Bugeaud, ce gracieux Helleu
Peint d’une couleur inconnue
Entre le délice et le bleu.

Enfin, l’adresse qui a beaucoup ému Claude Monet :

Monsieur Monet, que l’hiver ni
L’été sa vision ne leurre
Habite, en peignant, Giverny
Sis auprès de Vernon dans l’Eure.

Voici sa réponse :

Giverny, 22 septembre 1890

Mon cher Mallarmé, excusez-moi du retard à vous répondre, elle m’est bien parvenue votre aimable lettre, malgré sa si gentille adresse (car un intelligent facteur aurait bien pu la garder) ; c’est charmant à vous et je vous remercie bien.

Selon Mallarmé, aucune des lettres ainsi adressées ne s’est perdue. Elles devaient bien distraire les facteurs ! De nos jours, l’art postal a pris le relais.

Lumière du matin

Quand on regarde les tableaux de la série des Cathédrales de Rouen peints par Monet, on est surpris par les incroyables couleurs que l’artiste perçoit sur la façade et sur les tours du monument. Mais la lumière du lever du soleil, un matin d’hiver, lui donne raison. Les pierres éclairées flamboient de jaune et d’orange. Evidemment, la cathédrale est orientée, elle pointe vers l’est. A cette heure-ci, Monet devait la voir dans un fameux contre-jour, le portail occidental plongé dans l’ombre. C’est au coucher du soleil que la façade ouest qu’il peignait prenait les couleurs les plus chaudes.

Claude Monet, La Cathédrale de Rouen au coucher du soleil, 1894, Musée Pouchkine, Moscou

La Libération est une fête

La ville de Bayeux s’apprête à célébrer en grandes pompes le 80e anniversaire du Débarquement allié sur les plages du Calvados et de la Manche. La date du 6 juin est l’objet d’une cérémonie commémorative chaque année, mais les chiffres ronds prennent une importance particulière. Bayeux a été la première ville libérée de France.

C’est l’occasion pour les commerces bayeusains de se mettre aux couleurs de la fête. Des dizaines de vitrines sont peintes de décors en lien avec l’évènement, tous différents et délibérément joyeux.

L’artiste, qui signe Pascal, se nomme Pascal Falisse. Il est épaulé par Eric Géno, illustrateur. Tous deux se sont connus à l’école des beaux-arts de Liège, en Belgique. Pascal Falisse intervient à Bayeux depuis les célébrations du Cinquantenaire de la Libération, en 1994.

Ses compositions s’adaptent aux dimensions des vitrines, comme sur cette supérette où se déploie tout une panorama de falaises rappelant la pointe du Hoc, et un ciel plein d’avions. A gauche, (côté ouest sur la carte) le général de Gaulle prononce son Appel du 18 juin 1940 à la radio de Londres.

A droite, côté Bayeux, un jeune Français muni d’un fusil, tout sourire, se réjouit que le grand jour soit arrivé.

La Résistance est mise à l’honneur. Jean Moulin, dit Max, est attablé avec les consommateurs de cette brasserie, sous les mots « Keep your secret, secret ! ». Les coquelicots, fleurs du souvenir pour les Britanniques, sont partout.

D’autres vitrines sont des clins d’oeil aux films de Louis de Funès et Bourvil. Ici, la célèbre poursuite en side-cars de La Grande Vadrouille.

Les combattants sont détendus. Pionnière de l’aviation originaire d’Afrique du Sud, la pilote Jackie Moggridge prend un café.

Et lui, l’avez-vous reconnu avec toutes ses médailles ?

A chaque pas, on se demande quelle va être la prochaine mise en scène.

Et j’avoue que les vitrines où la grande Histoire cède le pas aux gens de tous les jours sous les traits des commerçants vêtus à la mode des années quarante m’amusent tout particulièrement.

Deux poids, deux mesures

Edouard Manet, Femme à la fourrure de profil, vers 1879, Pastel 56 x 46 cm. Localisation inconnue

Le rapport de Claude Monet à l’argent n’est pas exempt de contradictions, ce qui n’a rien d’étonnant. Si l’on est honnête, n’est-ce pas le cas pour tout le monde ? Certaines dépenses nous paraissent toujours trop chères, tandis que d’autres qui nous font davantage plaisir passent comme une lettre à la poste.

Le lettre suivante est bien révélatrice à cet égard :

Je n’ai pas encore reçu de lettre de Durand, mais, ce soir, il me télégraphie qu’il m’a fait un envoi aujourd’hui et qu’il va acheter pour moi un Manet. Pourvu qu’il ne vous ait pas fait attendre. Je recevrai donc sa lettre après-demain, mardi. Aussitôt et selon ce que je pourrai, je vous ferai un envoi pour la pension. Faites donc des économies sur ce que vous avez, car le plus que je pourrai faire sera 200 francs, et il faut absolument payer la pension. Songez que vous n’avez jamais eu autant que depuis mon départ : 300 francs chaque semaine. Je sais que vous faites pour le mieux, mais il faut surtout faire pour ce que l’on a, et c’est énorme ce que j’ai reçu de Durand depuis peu de temps. Chaque semaine c’est une chose de payée, un trou de bouché, mais on en voit toujours à l’horizon, et je ne puis parvenir à donner à des créanciers qui me réclament depuis si longtemps. Vous me dites de ravoir mon tableau d’Argenteuil, je le voudrais bien, mais il ne s’agit pas que de vouloir ; j’ai de nouveau promis à Caillebotte de lui adresser cette semaine pour Fournaise et je ne puis y manquer.

Lettre 404 de Claude Monet à Alice Hoschedé, 3 février 1884, Bordighera

Voilà donc Monet qui prêche l’économie à sa compagne restée à Giverny avec neuf bouches à nourrir et des domestiques à payer, mais qui s’offre un Manet ! A première vue, cela paraît un peu, quoi ? gonflé ? égoïste ? machiste ? A y regarder de plus près, pas tant que cela : si on multiplie 300 francs-or par 20, on obtient 6000 euros par semaine, 25000 euros par mois. Avec ça, Monet pense qu’Alice doit s’en sortir, et cela ne semble pas devoir être la quadrature du cercle, en effet. Cela ne l’empêchera pas de regimber devant ces exhortations à l’économie, qui nous paraissent en effet un peu déplacées aujourd’hui. Mais on est au XIXe siècle.

Quant à l’achat du Manet, c’est l’occasion qui fait le larron : Monet veut profiter de la vente de l’atelier d’Edouard Manet, disparu le 30 avril 1883, pour s’offrir un souvenir de son ami. Il demande à Durand-Ruel d’acheter pour lui « une esquisse, quelque chose d’artistique ». Mais il y met une condition : « si c’est dans mes prix ». Toutefois, il n’est pas facile de choisir pour quelqu’un d’autre. Monet se déclare déçu de la Femme à la fourrure de profil que le marchand lui vend 250 francs. Il possédera par la suite quatre autres Manet, dont son propre portrait à l’encre de Chine, offert en souvenir par le frère du défunt.

Monet amoureux

Les lettres de Claude Monet à sa compagne Alice Hoschedé regorgent de toutes sortes de détails, qui n’ont pas tous retenu l’attention des historiens de l’art. Il en est ainsi de leurs envois mutuels de fleurs sauvages. Le 16 mars 1884, Monet, qui séjourne en Italie à Bordighera, revient d’avoir exploré la côte Ligure jusqu’à Andora, à 45 km de son hôtel. Il écrit à Alice :

Merci de votre violette qui m’a apporté un peu de vous. Voici des fleurs des champs cueillies pour vous à Andore.

Ne sont-ils pas mignons tous les deux ? Ce ne sont plus des ados : Monet a 43 ans, Alice en a 40. Ils ne se croient pas trop vieux pour cela, ils ne pensent pas que ce sont des enfantillages : ils sont amoureux. Depuis toujours, les fleurs servent à conter fleurette, en messagères du coeur.

C’est une habitude qu’ils ont prise chaque fois que Monet s’éloigne un peu longtemps et que la saison s’y prête. L’année précédente, Alice avait déjà fait parvenir des fleurs à son chéri parti peindre à Etretat :

Je vous remercie bien de vos fleurs et de votre bonne pensée.

Lettre de Claude Monet à Alice Hoschedé, 14 février 1883, Etretat.

Message elliptique, et comme on aimerait savoir de quoi il retourne exactement ! S’agit-il cette fois de fleurs de culture, ou toujours de fleurs sauvages ? Je viens de vérifier si la saint Valentin se fêtait au XIXe siècle, il semble que oui. J’ai pourtant des doutes car Monet n’en fait pas mention les autres années.

Quelquefois les fleurs sont glissées dans une lettre déjà terminée, et font l’objet d’un post-scriptum :

Si mes petites fleurs arrivent pas trop fanées, elles sont très jolies, il y en a partout dans les champs.

Lettre de Claude Monet à Alice Hoschedé, 3 février 1884, Bordighera

J’aime les imaginer tous les deux en train de s’écrire, de tremper la plume d’oie dans l’encrier, de tracer les mots sur le papier. Puis, quand il ne leur vient plus rien à ajouter, qu’ils ont raconté tout ce qu’ils avaient à dire pour la journée, finir avec un message tendre, et avant de cacheter la lettre, y glisser une fleurette que l’autre tiendra bientôt dans la main, et qui lui dira Je vous aime.

Comme du temps de Monet

Devant la maison de Claude Monet, le printemps est marqué par un tapis de myosotis bleus piqués de tulipes roses, auxquels succèdent des pélargoniums rouges et roses. La transformation s’opère en une paire d’heures à la mi-mai. Pour être aussi rondement menée et ne pas impacter la fréquentation de la maison, elle requiert la participation de toute l’équipe de jardiniers.

C’est l’endroit du jardin qui se rapproche le plus de son aspect à l’époque de Monet. Selon le témoignage de Gilbert Vahé, chef-jardinier de la restauration du jardin, l’indication concernant les tulipes roses et les myosotis lui a été donnée par M. Vilmorin lui-même, qui avait rencontré Claude Monet.

Quant à la plantation des pélargoniums, elle est connue par plusieurs photos, dont certaines en couleurs.

Le bassin du Commerce

Claude Monet, Le Bassin du Commerce, Le Havre, 1874, Liège, Musée des Beaux-Arts de la Boverie
37 x 45 cm

Claude Monet, qui a grandi dans le port du Havre, avait une fascination pour les bateaux. Au fil de sa vie, il en a peint énormément. Il ne fait pas de doute qu’il s’y connaissait en navires et qu’il s’attachait à les représenter avec exactitude, lui qui admirait ceux de Boudin « si bien gréés ». En 1874, alors qu’il habite Argenteuil avec Camille et le petit Jean, il revient séjourner au Havre. Est-ce pour s’embarquer à destination des Pays-Bas ? Les tableaux qui suivent ceux du port du Havre sont peints à Amsterdam.

Il est probable que l’artiste ne s’est pas attardé dans la cité de son enfance. Seules quatre toiles du Havre exécutées à cette occasion nous sont parvenues, dont trois peintes depuis la fenêtre de son hôtel sur le Grand Quai. Celle-ci fait exception. Le plan d’eau décrit est identifiable par le bâtiment à coupole, l’ancien théâtre : Monet se trouve devant le bassin du Commerce, orienté est-ouest, le théâtre se trouvant à l’extrémité ouest de ce long bassin. Je suppose qu’il a pris place sur le pont de la Bourse.

Quelques décennies plus tard, au tournant du siècle, la nature des bateaux amarrés dans ce bassin a changée, mais le théâtre est encore là.

De nos jours, un pont superbe de légèreté enjambe toujours le bassin du Commerce face à l’ancienne bourse de la Reconstruction. Le quai a gardé ses pierres. Au fond, le centre culturel le Volcan dessiné par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer a remplacé le théâtre. Et le bassin est pour ainsi dire vide de bateaux.

Après l’averse

Après la pluie, le jardin de Giverny s’égoutte. Les perles d’eau roulent au creux des fleurs et sur leurs pétales. Parfois elles s’attardent, en suspens, semblant résister à la gravité. Elles hésitent, en attente.

Elles ont le pouvoir de couvrir les corolles de paillettes scintillantes de lumière.

Elles s’infiltrent et se répandent, elles sont partout.

Comment font-elles pour ne pas rouler sur cette surface incurvée ? Le bord du pétale, déjà un peu bruni, révèle que la fleur n’est pas née de la dernière pluie.

Les gouttes apportent un surcroît de charme à des fleurs qui en ont déjà beaucoup, comme les digitales.

Elles sont aussi capables de transformer les plus banales des feuilles d’hémérocalles en autoroutes, sur lesquelles la circulation se fait intense.

Grâce de la glycine

Sur le pont japonais de Claude Monet, la glycine bleue à longues inflorescences et la glycine blanche fleurissent en même temps, cette année à la mi-mai. Après les masses mauves de la glycine la plus précoce, celle plantée par Monet, vient cette période de délicatesse où les grappes de fleurs forment des guirlandes, des rideaux. Le parfum en est toujours aussi suave. S’y ajoute maintenant celui des azalées jaunes et des premières roses.

Ce matin j’ai été stupéfaite par la floribondité de ces rosiers grimpants. Je ne crois pas les avoir jamais vus couverts d’autant de fleurs. Les roses, les jaunes et les orange se mêlent, en un accord qui aurait enchanté Monet. La grâce des rosiers…

Rue Blanche-Hoschedé-Monet

A Giverny, l’actuelle rue Blanche-Hoschedé-Monet se nommait autrefois rue de la Côte. Elle part de la rue Claude-Monet entre les deux musées, grimpe derrière le musée des impressionnismes pour arriver à la mairie, puis redescend vers la rue Claude-Monet. On parcourt donc l’hypoténuse et le petit côté d’un triangle sans que la rue change de nom, ce qui est assez inattendu. C’était autrefois la rue principale du village, avant que les deux parties de l’actuelle rue Claude-Monet ne soient reliées par un tronçon à travers le clos Morin, le grand côté du triangle.

En ce moment, la rue BHM est encore plus jolie que d’habitude grâce à ses bordures d’iris bleu pâle, ses rosiers grimpants, ses euphorbes d’un jaune tirant sur le vert, et la glycine rose que l’on aperçoit en haut du mur de la ferme.

Cette fameuse ferme de la côte figure sur plusieurs tableaux de la colonie impressionniste de Giverny. C’est d’elle que dépendait le clos Morin aux célèbres meules de blé.

Si le fermier n’avait pas mis tout son coeur et son talent à construire de belles meules, l’histoire de l’art en eût été changée…

Au jardin d’eau

Dans le jardin d’eau de Claude Monet, le soleil du petit matin éclaire la berge sud, qui ne tardera pas à se trouver à l’ombre des grands arbres. Les azalées ont fini de fleurir, mais les différents feuillages apportent leurs couleurs et leurs contrastes. Le vert anis du gleditsia, le pourpre des cotinus ressortent devant les masses vertes des trois étages de plantations, arbres, arbustes et fleurs, doublées par leur reflet.

Quand il n’y a personne, mon plaisir est de prendre les allées à contre-sens. Le jardin prend un autre aspect, la lumière et les reflets ne sont pas les mêmes.
Avançons un peu. Cette fois, le hêtre pourpre se dévoile dans toute sa majesté. Au premier plan, les iris des marais sont en fleurs. Selon la légende, c’est Clovis qui le premier en fit « la fleur de lys » royale, peut-être en raison du symbole de la Trinité. Mais j’aime bien l’histoire qui veut que Clovis

encore païen mais vaillant soldat encerclé par une terrible armée de Goths sur les bords du Rhin, aurait dû son salut à ses connaissances botaniques. Remarquant que des touffes d’iris jaunes s’étendaient loin dans le fleuve, il en déduisit que là se trouvait un gué et y fit échapper son armée.

(Source : Fleurs sauvages de l’Yonne)

Près du petit pont la glycine embaume, tandis que les digitales commencent tout juste à s’ouvrir.

Derrière le petit pont, un chemin le plus souvent ignoré du public fait une boucle qui enjambe le Ru par un petit pont droit. Au bord du ruisseau, un gunnera se prépare à devenir énorme. Son étrange fleur pointe déjà à son pied.

Revenons au bord du bassin pour admirer les iris de Sibérie, si jolis, qui offrent une apaisante harmonie mauve et verte sur fond bleu.

Bouclons la boucle. Depuis le hêtre pourpre, la colline de Giverny s’invite dans le paysage du jardin de Claude Monet. D’ici, le bassin est curieusement invisible. Seul le pont laisse présumer la présence de l’eau.

Dans le jardin de Claude Monet

Les très nombreux visiteurs de ce week-end de l’Ascension à rallonge profitent d’un temps radieux à Giverny. Les fleurs aussi semblent heureuses du soleil retrouvé.

Tandis que les ultimes tulipes sorbet fleurissent sous les ifs, c’est le temps des alliums, ces derniers bulbes du printemps qui tendent leurs têtes rondes blanches ou violettes dans les massifs.

Les stars de mai, les iris barbus, alias iris des jardins, alias iris germanica débutent leur floraison toujours aussi spectaculaire.

Mai, c’est aussi le temps de la belle verdure qui fait si bien ressortir les couleurs des premières roses.

La jetée du Havre

Claude Monet, La Jetée du Havre, 1868, collection particulière 147 x 226 cm

En 1868, la jetée du Havre, ou digue nord, était un lieu de promenade très prisé, même par gros temps. Monet a peint cette grande toile en vue du Salon. Malheureusement, elle a été refusée, malgré ses qualités soulignées par Zola :

L’autre tableau de Claude Monet, celui que le jury a refusé et qui représentait la jetée du Havre, est peut-être plus caractéristique. La jetée s’avance ; longue et étroite, dans la mer grondeuse, élevant sur l’horizon blafard les maigres silhouettes noires d’une file de becs de gaz. Quelques promeneurs se trouvent sur la jetée. Le vent souffle du large, âpre, rude, fouettant les jupes, creusant la mer jusqu’à son lit, brisant contre les blocs de béton des vagues boueuses, jaunies par la vase du fond. Ce sont ces vagues sales, ces poussées d’eau terreuse qui ont dû épouvanter le jury habitué aux petits flots bavards et miroitants des marines en sucre candi.

Emile Zola, l’Evénement illustré, 24 mai 1868
Gustave Le Gray, le Phare et la jetée du Havre, 1857

En 1857, le photographe Gustave Le Gray s’était placé presque au même endroit pour prendre cette vue de la jetée du Havre et de la mer, dramatisée par l’arrivée d’un magnifique cumulus.

La digue nord n’est plus la même et elle n’est plus accessible au public, les becs de gaz ont disparu, mais les vagues n’ont pas changé. Même par temps calme, elles se précipitent à intervalles réguliers sur la jetée,

et s’écrasent sur la plage de galets, un peu moins jaunes que Monet ne les a vues.

Monet au cap de la Hève

Claude Monet, La Pointe de la Hève, Sainte-Adresse, 1864, National Gallery, Londres 41×74 cm

Les oeuvres de jeunesse de Claude Monet surprennent par leur réalisme, tant l’artiste est connu pour la touche impressionniste centrée sur l’analyse de la lumière qu’il développera par la suite. Voici à nouveau la pointe de la Hève, la même année 1864, mais déserte cette fois, si bien que le regard est irrésistiblement attiré par la barque et ses trois passagers. Cette toile, probablement exécutée sur le motif, est considérée comme une étude pour un tableau de plus grandes dimensions :

Claude Monet, La Pointe de la Hève à marée basse, 1865, Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas, 90 x 150 cm.

Dans cette marine destinée au Salon, Monet a pris quelques libertés avec son esquisse. La ligne d’horizon est la même, la toile se termine à droite par les mêmes cabanes accolées, mais les épis ne correspondent pas, à moins de supposer que celui du premier plan est sous l’eau dans le premier tableau. Les vagues sont plus marquées, leur orientation en oblique par rapport à la plage reflète une réalité que Monet connaît bien : c’est à cause de cette orientation habituelle de la houle que les épis ont été installés afin de retenir les galets.

C’est au moment de la basse mer que l’on pouvait espérer faire le tour du cap en carriole à cheval. Le peintre, qui paraît juché sur quelque chose, un rocher ? note les traces laissées par le passage d’un chariot. Celui qu’il nous montre s’avance dangereusement dans l’eau, sans raison semble-t-il. Au milieu de la composition, Monet a placé deux chevaux dont on se demande ce qu’ils font là. Cela n’a rien d’étonnant, car la scène qui paraît si réaliste sort de l’imagination de l’artiste. En effet, ce couple de chevaux apparaît dans une toile peinte la même année à Chailly-en-Bière, près de Barbizon.

Claude Monet, Cour de ferme à Chailly, 1865, collection particulière, 50 x 80 cm

Claude Monet, qui n’a pas 25 ans, ne rejette pas complètement les méthodes préconisées par l’Académie des Beaux-Arts. Nous avons ici la preuve qu’il bidouille encore dans ses tableaux, si je peux me permettre. Quand va-t-il cesser de le faire, pour se focaliser sur l’objectif de rendre ce qu’il a sous les yeux ? Ce serait présomptueux de croire pouvoir fixer une date, car l’étude attentive de tableaux bien plus tardifs laisse quelques doutes quant à l’absolue fidélité à ce qu’il voit. Derrière le mythe, se dessine la liberté de l’artiste. Et comme le disait Monet lui-même à propos de ses tableaux de Londres, la question de savoir comment ils étaient faits ne regardait que lui.

Chevaux à la pointe de la Hève

Claude Monet, Chevaux à la pointe de la Hève, 1864, collection particulière 54 x 73 cm

Voici l’un des tableaux que le jeune Monet a exécutés du cap de la Hève, ce bout du monde de la Seine-Maritime, à l’extrémité sud-ouest des falaises du pays de Caux.

Au gré des chutes de pierres, le profil de la falaise a un peu changé en 160 ans. Mais cette pointe sauvage du littoral est restée non bâtie, et sa ressemblance avec le tableau perdure.

Le Havre de Monet

Peut-on marcher sur les pas de Monet au Havre, reste-t-il, dans cette ville meurtrie par la Seconde Guerre mondiale, quelque chose de la cité portuaire que l’artiste a connue ? C’est presque une question saugrenue, tant l’architecture de la Reconstruction est présente et célébrée, surtout depuis l’inscription des quartiers rebâtis par Auguste Perret au Patrimoine mondial de l’Unesco. Mais à côté des très remarquables hectares de ville voués au béton, il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour retrouver des immeubles plus anciens, en briques et en pierres.

Il arrive qu’une signature corrobore une supposition. En 1881, Monet avait la quarantaine, et plus beaucoup de raisons de venir au Havre, mais il aurait pu connaître cet immeuble.

Je n’ai malheureusement pas trouvé de date sur cet ancien bureau de postes et télégraphes, mais son décor de coquillages et de vagues est splendide, et on est avant l’ajout du téléphone.

Certaines rues semblent n’avoir guère changé. Même le tramway est de retour. Tiens ! Un atelier d’artiste !

Oh ! Une porte Art nouveau !
En me voyant faire des photos dans la rue, une dame m’invite aimablement à visiter son appartement.

L’escalier est magnifique et rappelle celui de Giverny ou d’Argenteuil. Fin XIXe ?

A l’intérieur, le double salon à moulures et à parquet de chêne des appartements haussmanniens, et un joli balcon.
Finalement, les immeubles centenaires abondent. Mais pour trouver des bâtiments qui existaient déjà à l’époque de la jeunesse de Monet, au milieu du XIXe siècle, il faut chercher un peu plus.

Voici l’hôtel Dubocage de Bléville, autrefois propriété d’un navigateur et négociant, corsaire de sa majesté, aujourd’hui espace d’exposition.

Juste à côté, l’église Saint-François est toujours debout, au centre d’une place reconstruite.

Mais l’exemple le plus frappant, c’est celui de la merveilleuse « maison de l’armateur », sur l’ancien Grand Quai. Elle date du XVIIIe siècle, et Monet est passé devant un million de fois. Mais peut-être n’a-t-il pas eu, lui, la chance de pouvoir la visiter, alors qu’elle est maintenant ouverte au public.

Les lumières du Havre

Pour qui arrive au Havre par voie de terre, après s’être empli les yeux de verdure normande, impossible de ne pas remarquer la lumière. Infiniment subtile, elle décline les gris bleus, les tons de lait, les reflets de métal.

C’est une lumière qui fait du spectacle. Elle se montre, on ne peut pas la rater. Elle laisse bouche bée cinquante fois par jour.
Ce sont les entrées maritimes de nuages qui la façonnent. Il est toujours en train de pleuvoir quelque part sur l’estuaire, et de faire beau ailleurs.

Au Havre, l’horizon se fait vaste. Rien ne distrait de la vue du ciel. Il occupe toute la place.

L’air est lavé de frais. Il arrive du grand large. La lumière éclate de brillance au soleil.

Par moment, le ciel est d’un bleu pur. Mais regardez, déjà un nuage se reflète dans la fenêtre.

Plus qu’ailleurs, le promeneur ne cesse de scruter le ciel, inquiet de décrypter ses mouvances.

Le temps d’une course ou d’un repas, de gros nuages de pluie se sont amassés sur la porte de l’Europe.

Il pleut à grosses gouttes, il est temps de se réfugier dans le musée André Malraux.

Eugène Boudin, obsédé par les nuages et la lumière de l’estuaire, n’était pas Havrais pour rien.

Monet dans son atelier

Claude Monet, debout dans son atelier, fixe le photographe. Pas de chapeau, de lunettes, de cigarette à la main. Juste son visage un peu tendu, et cette pose surprenante, les pouces passés dans le gilet, que je ne lui ai vue sur aucune autre photo.

Il s’est levé. Etaient-ils assis la minute d’avant, pour qu’il se trouve si près du canapé ? En homme habitué à peindre debout pendant des heures, l’artiste se tient droit, bien campé sur ses jambes écartées, les pieds ouverts.

Le journal a été abandonné sur les coussins. Ceux-ci sont de motifs variés, fleuris. Le canapé photographié au tournant du siècle par Lilla Cabot Perry, après le séjour de Monet à Fresselines et son insistance pour le faire recouvrir d’un lainage limousin, n’est plus le même. Le tissu, plus fin, porte un motif fleuri. D’anciens rideaux ? Alice aurait-elle fini par avoir gain de cause ? Plus probablement, il s’agit de tissu neuf. La photo est prise au plus tôt en 1907, les Monet ne regardent plus à la dépense.

En effet, on remarque sur la droite le médaillon daté de 1907 offert par Renoir, Portrait de Claude dit Coco, qui représente le troisième et dernier fils de Pierre-Auguste Renoir. A gauche, sous le portrait de Poly qui n’a pas bougé, un bouquet de quelques tulipes dans un vase en verre : on est en avril. Les toiles n’aident pas beaucoup à en savoir plus, elles sont toutes du siècle précédent.

Vernet à Vernon

Horace Vernet, Tête de camélidé, après 1833, musée BHM de Vernon

Est-il possible de distinguer un chameau d’un dromadaire sans compter leurs bosses ? J’avoue que je n’en ai aucune idée, mais on peut imaginer que ce n’est pas l’artiste qui a nommé son portrait de bête Tête de camélidé, car Vernet devait bien savoir ce qu’il avait sous les yeux. L’animal adopté depuis 1986 par le musée de Vernon vient d’avoir la chance de visiter le château de Versailles, qui organisait cet hiver une exposition dédiée à Horace Vernet. Elle se terminait le 17 mars dernier, mais on peut s’en faire une bonne idée grâce à cette vidéo. On aperçoit la toile animalière vers la 20e minute. La Tête de camélidé date sans doute de l’un des séjours de Vernet en Algérie, à partir de 1833.

Petit-fils de Joseph Vernet, peintre passé à la postérité pour ses vues des ports de France, Horace Vernet est né dans une famille d’artistes et il possèdait un talent inné. J’ai été impressionnée par la grande toile laissée inachevée, dont les parties terminées sont tout à fait parfaites. Horace semble avoir son tableau fini dans la tête, jusque dans les moindres détails, comme s’il n’avait plus qu’à recopier ce qu’il voit en lui avec tant de netteté. Quelle facilité ! Comme façon de procéder, il n’est guère académique et il est à l’opposé de la méthode de Monet, qui couvre la toile entière de traits grossiers puis ne cesse d’affiner la touche, et ne se fie qu’à ce que ses yeux perçoivent.

Une autre oeuvre de Vernet est visible à Vernon. Elle se trouve au château de Bizy et représente le maréchal Suchet, anobli par Napoléon, qui lui a conféré le titre de duc d’Albufera. Suchet est l’aïeul des propriétaires actuels du château. Horace Vernet, né en 1789, s’était fait une spécialité des sujets napoléoniens, avant de devenir peintre officiel de Louis-Philippe, à qui le château de Bizy a appartenu.

Les deux toiles n’ont bien entendu pas grand chose en commun, mais on y remarque le sens du dessin de l’artiste, qui le faisait apprécier de ses commanditaires.

Reflets

Mi-avril à Giverny. Dans le reflet du ciel, de petits nuages triangulaires à la Hiramatsu. On retrouvera avec bonheur le monde rêvé de l’artiste japonais amoureux de Giverny au musée des impressionnismes à partir du 12 juillet et jusqu’au 3 novembre 2024, à travers une exposition de paravents sur le thème des Nymphéas.

Nouvelle acquisition du musée de Vernon

Dawson Dawson-Watson, Champ de betteraves, vers 1891, musée Blanche-Hoschedé-Monet, Vernon

Bien avant de se faire une spécialité de la peinture de cactus, au Texas, l’artiste anglais Dawson Dawson-Watson a séjourné à Giverny, où il a peint notamment une scène de moisson. Le musée BHM de Vernon vient d’acquérir cette très belle toile exécutée également à Giverny, dans la plaine des Ajoux, à la même époque. Elle figure la récolte des betteraves, sujet fort peu traité, qui laisse supposer que le peintre a prolongé son séjour dans le village assez avant dans l’automne, jusqu’au mois de novembre. A l’horizon, les arbres arborent une belle couleur vert-ocre, tandis que quelques touches de peinture blanche suggèrent un feu dans le champ voisin. L’artiste a porté une grande attention à l’étude du ciel lumineux d’arrière-saison. La légère brume diffuse une lumière presque sans ombre, créant à peine un contre-jour au premier plan.

Même tableau, détail

Ces grosses betteraves cultivées en plein champ ne sont probablement pas destinées à l’alimentation humaine, mais plutôt à celle du bétail. Les betteraves fourragères offrent un aliment d’appoint frais à l’époque où l’herbe se fait rare, et complètent le foin. Les vaches, gourmandes, les adorent pour leur petit goût sucré. Dans l’Eure, où l’on produit du sucre de betterave, la pulpe pressée est toujours valorisée en aliment pour les vaches laitières.

Les tas de betteraves représentés par Dawson-Watson évoquent donc les bêtes d’élevage de Giverny, qui restent humblement hors champ, rarement montrées par les artistes, plus souvent par les photographes de cartes postales.

La même année 1891, au printemps, Monet a connu un succès retentissant avec son exposition de Meules. On est tenté de voir dans la disposition des amas de betteraves, dans leur forme, une analogie avec, au moins, les meulettes, ou demoiselles.

Musée Blanche-Hoschedé-Monet

Le musée de Vernon, jusqu’ici dénommé le musée Alphonse-Georges-Poulain, du nom de son premier conservateur et mécène, qui était archéologue, historien, sculpteur, vient de prendre le nom de la belle-fille de Claude Monet.

Claude Monet, Suzanne lisant et Blanche peignant, 1887, Los Angeles County Museum of Art

Six toiles de la discrète élève du maître de Giverny sont présentées au public, dont une nouvelle acquisition :

Blanche-Hoschedé-Monet, Paysage enneigé, val de Seine normand, huile sur toile, premier quart du XXe siècle. Musée Blanche-Hoschedé-Monet, Vernon

Dans un très beau cadre doré, un paysage hivernal du plus pur style impressionniste aux tons très doux, au format carré. La localisation en est incertaine, de même que la date. Il serait de l’époque où Blanche, épouse de Jean Monet, s’adonne librement à sa passion pour la peinture dans les environs de Rouen. A partir de 1914, elle revient s’occuper de Monet à Giverny et ne peint plus jusqu’à la mort de son beau-père en 1926. Blanche reprend alors les pinceaux et ne cesse de peindre. Elle s’éteint en 1947.

La curiosité du voyageur

« Un voyageur ! » s’exclame Claire-Hélène Marron, jardinière à la fondation Monet, en me montrant le passager clandestin qui escalade le pot de tulipes qu’elle vient de déplacer. Les escargots abondent en ce printemps pluvieux, tandis que les limaces restent rares. Elles n’ont sans doute pas aimé les derniers étés caniculaires. Arrivé en haut du pot après beaucoup d’efforts, le dit voyageur tourne la tête de tous côtés, peut-être pour évaluer la terra incognita qu’il vient de découvrir.

Le dimanche, c’est le moment de se laisser aller à la curiosité, sans se presser.

Le jardin blanc du MDIG

C’est au moment où ses majestueux cerisiers fleurissent, en avril, que le jardin blanc du MDIG acquiert un surcroît de blancheur neigeuse. Quel délice d’être assis là, à savourer la douceur de l’air et admirer les subtiles nuances des tulipes nacrées. Il n’y en a plus pour longtemps, tout change si vite : 26° cet après-midi.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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