Les chevaux d’Hiroshige

Les chevaux d'Hiroshige

HIROSHIGE Utagawa (1797-1858), Koganehara dans la province de Shimosa, Fondation Monet.

Prendre le temps d’admirer les belles estampes japonaises que collectionnait Monet fait partie des plaisirs de la visite de sa maison de Giverny. Cette gravure-ci s’intitule « Koganehara dans la province de Shimosa » (la plaine de Kogane dans la Province de Shimōsa). Le prétexte, c’est le petit cône du volcan au fond. L’estampe fait partie de la série « Trente-six vues du mont Fuji » d’Hiroshige publiée en 1858, l’année de sa mort. Toutes sont de format vertical.

La plaine de Kogane, pas très loin de Tokyo (alors Edo) était un centre d’élevage de chevaux pour l’armée. Les bêtes vivaient en liberté avant d’être capturées et dressées.

On se figure aisément Monet séduit par cette représentation de coucher de soleil en un subtil dégradé, même si son estampe a probablement été bleuie par l’exposition prolongée à la lumière du jour. La même conservée (en trois exemplaires !) à l’Art Institute de Chicago présente une herbe tout à fait verte.

Les chevaux d'Hiroshige

HIROSHIGE Utagawa (1797-1858), Koganehara dans la province de Shimosa, Art Institute de Chicago

Ne trouvez-vous pas cette estampe irrésistible ? Le cheval au premier plan qui sort presque du cadre mais tourne la tête pour nous regarder du coin de l’oeil en fait tout le charme. Vue d’Europe, cette façon très japonaise de pousser sur le côté le sujet du premier plan et de le couper était l’audace même.

Japonaise aussi, cette ligne serpentine du ruisseau, qui a peut-être inspiré à Monet sa rivière de capucines. Japonaise encore, la présence de ce deuxième cheval qui s’éloigne, dont la taille donne le sentiment de la profondeur de champ sans recours à la perspective à point focal. Sans parler de l’exotisme de ces deux pins solitaires dont la silhouette se détache sur le fond uni du couchant.

Enfin, les cartouches aux inscriptions en japonais, dont le rouge répond au rouge des fleurs, achèvent de placer la scène dans un Orient qui restera pour Monet un Orient rêvé.

Chitalpa

Chitalpa

Ces fleurs superbes sont celles du Chitalpa de Tashkent, un arbre issu du croisement du Chilopsis et du Catalpa, d’où son nom.

Chitalpa

Cette merveille fleurit à Giverny tout en haut du parking Le Verger, près du musée des impressionnismes. L’arbre intrigue, en ce moment on ne peut pas le rater. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les plantations du musée des impressionnismes, le chef-jardinier Emmanuel Besnard, passionné et passionnant, propose chaque mois une visite commentée des jardins du musée. La prochaine aura lieu le vendredi 21 juillet de 16h30 à 17h30. Cela ne coûte que 5,50 euros et c’est très très bien.

A Giverny avec Forestier – 8

A Giverny avec Forestier - 8

Voici maintenant le texte de l’article de J.-C.-N. Forestier. Plus encore que le détail des plantations, l’auteur nous restitue le ressenti du visiteur, fil conducteur de la restauration du jardin de Monet : « En toute saison, c’est un éblouissement. »

A GIVERNY, DANS LA VALLEE DE L’EPTE, M. CLAUDE MONET A CREE UN JARDIN REMARQUABLE. – DESCRIPTION DETAILLEE DES DIVERSES PARTIES QUI COMPOSENT CE JARDIN. – LES FLEURS, LES ARBRES. – LES SITES PITTORESQUES.

En cet endroit où le chemin de fer atteint Giverny, la voie, prise entre la route et la jolie rivière de l’Epte, longe une haute palissade de Roses. A l’abri de ce rideau, la rivière s’est écartée et a laissé place au tranquille étang dont on aperçoit les reflets à travers les feuilles.

De l’autre côté de la route, une grille légère, sur un mur à mi-hauteur d’homme, clôt avec bonhomie le plus éclatant amoncellement de fleurs ; de distance en distance, des Capucines de Lobb enroulent aux barreaux leur feuillage d’un vert tremblant et leurs fleurettes couleurs de feu.

Le jardin est ainsi divisé en deux parties – qui sont, au surplus, bien différentes – par la route et la voie de chemin de fer qui se déroulent côte à côte.

La route n’est pas très large, et, pour donner plus de place aux voitures, à l’entrée le mur se courbe en une petite demi-lune.

(suite…)

A Giverny avec Forestier – 7

A Giverny avec Forestier - 7

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 16. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Le pont sur la rivière et les arceaux de Rosiers.

Dernière photo illustrant l’article de Forestier, cette vue du petit pont sur le Ru paraît montrer un jardin en cours de construction : herbes folles au premier plan, passerelle de bois brut au second. Cet effet est contredit par la masse des rosiers qui paraissent âgés de plusieurs années déjà. Monet donnera un aspect plus doux à sa pergola en y installant de vrais arceaux arrondis. Encore une fois, l’imprécision de la légende étonne, à se demander si c’est Forestier qui les a écrites, ou s’il avait les photos sélectionnées sous les yeux.

A Giverny avec Forestier - 7

A Giverny avec Forestier – 6

A Giverny avec Forestier - 6

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 16. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Le bassin de Nénuphars, la bordure d’Iris, les Saules autrefois taillés en têtards qui bordent la petite rivière de l’Epte que traverse un pont avec deux arceaux de Rosiers Crimson Rambler.

En 1908, le jardin d’eau a une quinzaine d’années d’existence mais n’est pas envahi d’ombre. Les grands saules laissés libres de pousser forment un arrière-plan argenté au jardin, tandis que la crête de colline du val de Seine se profile derrière eux. L’embarcadère n’a pas encore pris sa forme définitive, et il est intéressant de voir que Monet en a amélioré la forme progressivement. Il lui a paru nécessaire d’ajouter des arceaux de roses dans le sens perpendiculaire, pour fleurir la promenade le long des berges.

Tout comme pour les glaïeuls, la quantité d’iris cultivés par Monet a frappé ses contemporains, de Forestier à Truffaut.

A Giverny avec Forestier - 6

A Giverny avec Forestier – 5

A Giverny avec Forestier - 5

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 15. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Sous les Pommiers : la pelouse plate parsemée d’Iris, de Soleils, de Rosiers et de plantes fleuries.

Délaissant la grande allée dont les sapins immenses ne semblent pas l’avoir inspiré, le photographe s’est placé en bas du clos normand, à une dizaine de mètres plus à droite que pour la photo des glaïeuls. Les arbres sont encore nombreux dans cette partie du jardin en 1908, mais impossible de savoir s’il s’agit de l’ancienne pommeraie à cidre ou des plantations ornementales de Monet, à base de pommiers du Japon. Sur la pelouse en pente douce (et non pas plate !) se détachent des groupes de tournesols, des rosiers en arbre et en tonnelle, et des iris installés en carrés. C’est cette disposition qui semble avoir retenu l’attention de Forestier et/ou de son photographe, car elle offre une alternative aux traditionnelles pelouses cernées de massifs.

A Giverny avec Forestier - 5

A Giverny avec Forestier – 4

A Giverny avec Forestier - 4

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 15. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Le bassin des Nénuphars entouré d’Iris et de Saules pleureurs. – Le pont de bois et son plafond de feuillage.

Le photographe a choisi spontanément le même angle que Monet pour ses tableaux du pont japonais : bien en face depuis la berge la plus proche. La route est à gauche, derrière la palissade recouverte de rosiers (et de clématites ?..). Les saules pleureurs plantés par Monet sont encore jeunes, et l’on en voit même un à droite, côté bambouseraie. Des masses d’iris ornent les berges.

Entre les îlots de nénuphars en fleurs, le photographe a capté le reflet arrondi du pont, qui forme comme un oeil. Monet, debout sur le pont, domine l’univers qu’il s’est créé. La glycine récemment plantée recouvrira bientôt toute la pergola en une scène printanière remarquable. Mais pourquoi Forestier, d’habitude si précis, parle-t-il d’un plafond de feuillage ?

A Giverny avec Forestier - 4

A Giverny avec Forestier – 3

A Giverny avec Forestier - 3

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 14. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Au fond, l’atelier et les serres, l’allée des Tilleuls conduisant à la maison d’habitation, les plates-bandes de Glaïeuls bordées d’Iris ; à droite, des Rosiers ; devant, une palissade de Clématites.

Il y a toujours un peu d’étonnement à découvrir les photos anciennes, ici la belle allée au gravier parfaitement ratissé, la raideur militaire des rangs de glaïeuls, la monotonie de ces plantations sans mélange, la rigueur de leur organisation… Comme les contemporains de Monet, nous voici frappés par la quantité. Combien de massifs de glaïeuls Monet avait-il ? Dans quel but, eux qui fanent si vite ? Beaucoup moins auraient suffi pour en faire des bouquets et les peindre. Monet voulait-il les collectionner ?

L’étonnement se trouve ici doublé par le texte de la légende, car on cherche en vain la palissade de clématites annoncée. Se trouve-t-elle dans le dos du photographe ? Forestier a-t-il vraiment vu la photo avant d’en écrire la légende ?

A Giverny avec Forestier - 3

A Giverny avec Forestier – 2

A Giverny avec Forestier - 2

Voici la deuxième photo illustrant l’article de J.C.N. Forestier consacré au jardin de Monet. Elle est accompagnée de la légende suivante :

La maison d’habitation couverte de Vigne vierge, de Clématites à grandes fleurs, de Rosiers. – A droite, des Argémones, des Pavots et des Lavatères.

En 1908, date présumée de la photo, la maison a été agrandie de deux ailes et le toit se couvre de souches de cheminées. Le petit escalier réservé à Monet n’a pas de rambarde. Le massif à l’extrême gauche se compose de rosiers tiges et d’iris. Les grimpantes sont parties à l’assaut de la façade.

A droite, deux grands arbres, sans doute des tilleuls, occupent l’arrière-plan. A cette époque Monet n’est pas encore propriétaire du terrain voisin. L’achat des parcelles à l’est n’est enregistré au cadastre qu’en 1914, et lui permettra la construction du grand atelier. Le tilleul de gauche me paraît être celui qui est toujours là, son voisin a disparu. Les arbustes pourraient être des lilas.

Le plus étonnant, ce sont les massifs de droite, loin des tapis de géraniums attestés par des photos en couleurs des années 1920. Si l’on reconnaît facilement un ourlet d’iris, l’une des fleurs fétiches de Monet, on serait bien en peine de définir ce qui pousse dans le massif de droite. Heureusement, Forestier l’a scanné de son oeil expert : argémones, pavots et lavatères. Trois fleurs simples, qui ne présentent qu’une seule rangée de pétales.

A Giverny avec Forestier - 2

Les pavots et les lavatères sont toujours présents à Giverny, et même en nombre pour les premiers, mais je ne crois pas y avoir jamais vu d’argémones. Cependant il se peut que dans l’exubérance végétale régnante la fleur m’ait échappé. D’après les photos d’internet, elle a l’air de rappeler les cistes, sans la macule, et existe en jaune et en blanc. Elle devait donc offrir un contraste intéressant avec le rose des pavots (s’il s’agit bien de pavots annuels) et le rose ou le blanc des lavatères.
Une petite recherche sur l’argémone m’a menée à un article tout à fait enthousiasmant, beau comme un conte de fée. Outre la belle histoire de coopération, on y découvre par ailleurs que les graines ont une toxicité mortelle, peut-être la raison pour laquelle l’argémone ne semble plus cultivée à Giverny.

A Giverny en 1908 avec Forestier

A Giverny en 1908 avec Forestier

Sur une photo pleine page de Forsythia veridissima en noir et blanc, année 1908 oblige, le numéro 37 du magazine Fermes et Châteaux présente son sommaire. Au milieu d’articles éclectiques, voire hétéroclites, sensés intéresser les personnes possédant une demeure à la campagne, surgit le nom de Claude Monet. De la page 13 à la page 16, l’urbaniste et concepteur de jardins Jean-Claude-Nicolas Forestier fait le récit de sa visite à Giverny dans la propriété du peintre.

A Giverny en 1908 avec Forestier

Le document nous transporte à Giverny par le texte et l’image, à une époque où Monet peaufine ses jardins depuis une quinzaine d’années déjà. Le texte très détaillé est illustré de sept photos, dont certaines tout bonnement extraordinaires, comme celle qui ouvre l’article. Qui les a prises ? Elles sont signées RUCK et portent la mention phot. F. S’il faut en croire le sommaire, elles pourraient être de M. Fréchon, seul photographe listé dont le nom commence par F, mais le etc laisse planer un doute. D’ailleurs Emile Frechon, frère du peintre de l’école de Rouen Charles Frechon, voit son nom cité en entier ailleurs dans le magazine car il est un photographe reconnu, qui expose chez Durand-Ruel et Georges Petit en 1895.
Alors se pourrait-il que ces images soient de Forestier lui-même ? Existe-t-il une preuve qu’il pratiquait la photographie ? Ou encore, car l’initiale F. apparaît sous de nombreuses illustrations du magazine, sont-elles l’oeuvre d’un salarié de la maison d’édition dont l’identité reste à élucider ?

A Giverny en 1908 avec Forestier

La légende indique :

M. Claude Monet dans son jardin devant des Pieds-d’alouette groupés par masse. – Au fond, on aperçoit la maison d’habitation.

Le talentueux photographe nous montre Claude Monet debout devant un massif de delphiniums immenses qu’on imagine bleu pâle. Entre deux gerbes de fleurs apparaît la silhouette d’un jeune jardinier muni d’un arrosoir. A l’arrière-plan, le toit de la maison se devine dans la végétation.

Monet pose derrière une rangée d’iris défleuris, son éternelle cigarette aux lèvres. C’est l’époque des chapeaux. Le jardinier porte un couvre-chef en paille, l’artiste un élégant melon de couleur claire. Attitude inhabituelle, il a ramené les pans de sa veste dans son dos et exhibe un gilet bien boutonné sur son ventre de bourgeois.

La scène illustre la prédilection de Monet pour les fleurs à grand développement, qui lui donnent ce sentiment d’être immergé dans le végétal, tout comme il s’immergera dans la peinture face à ses grands panneaux de Nymphéas.

Le texte évoque brièvement ce massif :

Les plates-bandes de grands Pieds-d’alouette fleurissaient au printemps et élevaient jusqu’à 2 mètres leurs gros et triomphants épis bleus, de tous les bleus : bleu-porcelaine, bleu d’azur clair, bleu de roi, bleu sombre et profond.

Monet se trouve en bas du clos normand côté ouest, et l’on voit que le tracé des plates-bandes était alors parallèle à la route. Autre différence notable avec le jardin actuel, Monet plante une seule sorte de fleurs par massif.

A Giverny en 1908 avec Forestier

De nos jours, les delphiniums sont cultivées par petites touches isolées, comme ici au bassin.

La ligulaire

La ligulaire

Ligulaires dans le jardin d’eau de Monet à Giverny

De grands épis couverts de ligules jaunes qui ressemblent à des pétales émergent d’une touffe de feuilles à la forme et au port intéressant : les ligulaires sont en fleurs en ce moment à Giverny.
On sait que Claude Monet en plantait, il faut donc en avoir, qu’on les apprécie ou pas. Elles préfèrent les berges humides du jardin d’eau où elles apportent un éclat de lumière pendant quelques jours, avant de retourner à l’anonymat du vert aux côtés de la viorne de David aux feuilles nervurées.

Bébé bambou

Bébé bambou

Dans le jardin d’eau de Claude Monet, les bambous font partie des plantes qui retiennent l’attention des visiteurs. C’est en mai que les nouvelles pousses sortent de terre. Elles se développent si vite qu’il faut prendre l’habitude de les chercher tous les jours un peu plus haut. En un mois, elles arrivent au sommet, à huit mètres de hauteur.

Les jeunes bambous sont emballés dans des sortes de langes, qui tomberont quand ils seront grands. Ils portent un curieux toupet au sommet. Leur tige, d’abord vert foncé, deviendra dorée par la suite, avant de mourir et de se dessécher.

Il m’est arrivé une ou deux fois qu’on me demande si nous consommons les jeunes bambous. Je n’en ai jamais dégusté qu’en boîte et je peux répondre formellement que non. Ceux de Giverny ne finiront à aucun moment dans l’assiette.

En revanche je ne compte plus le nombre de fois où des visiteurs m’ont fait part de l’usage du bambou comme matériau d’échafaudage en Asie. Je comprends qu’ils aient envie d’en parler. Nous sommes des êtres d’émotions, et je me souviens très bien de ma surprise en découvrant cet usage de mes propres yeux en Amérique latine. Des années plus tard, c’est cela qu’il nous reste, alors que tout ce qui est passé par la raison est oublié. Nous nous souvenons de ce que nous avons ressenti. En l’occurrence, la stupéfaction de découvrir que le bambou est un matériau beaucoup plus résistant qu’il n’y paraît.

Jean-Claude-Nicolas Forestier

Jean-Claude-Nicolas Forestier
Monument à Jean-Claude-Nicolas Forestier dans le parc de Bagatelle

Si la ville de Paris possède une (très petite) voie baptisée du nom de Claude Monet, la ville d’Aix-les-Bains n’a pas encore rendu hommage à l’un de ses enfants : le paysagiste Jean-Claude-Nicolas Forestier (1861-1930). D’accord, trois prénoms pour un seul homme, c’est un peu long sur une plaque, mais ce n’est pas une raison.

Forestier fait partie de ces grands concepteurs de parcs et jardins qui ont changé l’aspect des villes au tournant du siècle dernier. Urbaniste autant que paysagiste, il voit grand, il se projette dans l’avenir, il croit dans les vertus de la marche dans la verdure pour le bien-être et la santé des citadins. S’il a beaucoup travaillé à l’étranger, les Parisiens lui doivent le parc de Bagatelle et sa magnifique roseraie, ainsi que le parc de la Cité universitaire.

Jean-Claude-Nicolas Forestier

Forestier est venu à Giverny rendre visite à Claude Monet, plusieurs fois peut-être, et il a eu la bonne idée de partager ses observations dans un article paru en septembre 1908 dans la revue Fermes et Châteaux.

Voilà un témoignage précieux, tant sur l’organisation générale du jardin que sur les variétés de fleurs. Monet est près de lui qui lui indique les noms latins, car

« tous deux, pris par le même amour du jardin et des fleurs, nous échangeons des noms, car tous deux nous pouvons donner leurs petits noms à de belles amies fidèles, familières et complaisantes ».

Son oeil de botaniste expert repère par exemple

des voûtes de rosiers à floraison abondante comme les Dorothy Perkins, les Félicité et Perpétue, les Crimson Rambler.

Jean-Claude-Nicolas Forestier
Des rosiers ornent toujours la balustrade de la maison Monet, même si ce ne sont plus des Crimson Rambler.

Ce sont encore des Crimson Rambler qu’il identifie près de la maison où ils « se disputent le soin de l’orner et de s’enrouler autour du bois des balustrades. » Et devinez ce qu’il remarque au jardin d’eau, pour changer ?

Le petit pont qui conduit au pré voisin passe sous deux arceaux de Rosiers Crimson Rambler.

Je cherche où tous ces Crimson Rambler peuvent bien se cacher dans le jardin actuel, mais je n’ai pas l’oeil de Forestier.

Selon Vivian Russell, (Le Jardin impressionniste de Claude Monet, Giverny au fil des saisons) il n’y en a plus car ils sont trop sensibles aux maladies.

Heureusement, ce n’est pas tout :

De l’autre côté de la rivière, des fils de fer soutiennent un rideau d’autres Rosiers. Le rosier Wichuriana pousse avidement ses longs et fins rameaux et ses abondantes petites feuilles d’un vert luisant.

L’article parle aussi de nombreuses autres fleurs mais ne contient pas davantage d’indications sur les rosiers.

Le temps des roses à La Roche-Guyon

Le temps des roses à La Roche-Guyon

A côté des arbres palissés le long du mur tourné vers le sud, abricotiers, pêchers ou figuiers, le potager du château de La Roche-Guyon est orné de magnifiques rosiers grimpants. Pour le plaisir des yeux, du nez, et celui des pollinisateurs qui s’affairent au coeur des fleurs.

Albertine retrouvée

Albertine retrouvée

Ce ravissant rosier porte le doux prénom d’Albertine. Tout de suite on pense à Proust et son Albertine disparue, et ma foi c’est un truc qui en vaut un autre pour retenir le nom de ce cultivar obtenu en 1921 par René Barbier. Rose ancienne, Albertine est naturellement très parfumée.

Albertine retrouvée

Albertine adore s’échapper vers les arbres voisins, car c’est un rosier grimpant, à son apogée fin mai – début juin. Elle a un tempérament de fugitive, la belle.

Albertine retrouvée

Les souples sarments d’Albertine portent de belles rosettes très doubles et comme chiffonnées, qui donnent beaucoup de douceur et de fraîcheur à ce coin du jardin d’eau. Selon Wikipedia (!) on trouve aussi Albertine dans le clos devant la maison sur les supports de la « boîte de peinture ». Enfin je crois la reconnaître sur le premier arceau de la grande allée, où elle fait merveille.

Albertine retrouvée

Albertine est un prénom si rare qu’il va peut-être bientôt revenir à la mode. En connaissez-vous ? En avez-vous connu ? Pour moi il reste associé à une amie de ma grand-mère qu’elle s’était faite quand elles avaient une vingtaine d’années, dans les années vingt, et qu’elle a gardé toute sa vie. Elles s’écrivaient régulièrement et chaque année elles allaient passer une semaine d’été chez l’une ou chez l’autre. Fidèles, les Albertine.

Source concernant l’emplacement au jardin d’eau : Gilbert Vahé, « Le jardin de Monet à Giverny – Histoire d’une renaissance », p 193.

Une touche de féerie

Une touche de féerie

On retient son souffle. On pourrait déranger les elfes, les lutins.

Une touche de féerie

On pourrait troubler la grâce délicate de ce moment où la rosée emperle les feuilles des pavots d’un collier de lumière.

La belle Vichyssoise

La belle Vichyssoise

A l’entrée du jardin d’eau de Claude Monet, un rosier grimpant est en train de se couvrir de bouquets de petites fleurs rose pâle. C’est une variété ancienne devenue fort rare : la belle Vichyssoise.

Georges Truffaut, qui eut l’occasion de visiter plusieurs fois les jardins avec Monet et de rédiger un article à leur sujet, raconte :

Les bords des eaux furent ombragés de Rosiers à très forte végétation ou grimpant le long des arbres déjà existants, en particulier il utilisa à cet effet un rosier noisette d’une vigueur extraordinaire nommé la Belle Vichyssoise qui pousse jusqu’à une hauteur de 7 à 8 mètres et produit de longues grappes de petites Roses roses parfumées.

Revue Jardinage, novembre 1924
La belle Vichyssoise

Les rosiers Noisette n’ont rien à voir avec le fruit à coque préféré des écureuils. Leur nom vient de Louis Claude Noisette, botaniste qui découvrit un hybride spontané de Rosa chinensis et de Rosa moschata au début du XIXe siècle. Selon Wikipédia, ‘La belle Vichyssoise’ est un cultivar obtenu en 1897 par Louis Lévêque fils. Son nom est un hommage à la ville de Vichy où Louis Lévêque se rendait en cure thermale.

A moins que nous ne sachions pas tout et que l’hommage s’adresse en fait à une charmante personne de Vichy dont l’histoire n’a pas retenu le nom. Peut-être monsieur Lévêque était-il amoureux.

La belle Vichyssoise

Quand on a la chance de connaître, de source sûre, le nom d’une variété cultivée par Monet, il la faut dans le jardin. Encore faut-il pouvoir se la procurer. Gilbert Vahé s’est livré à de longues recherches avant de mettre la main sur cette grimpante « historique » et d’avoir la joie de la planter au jardin d’eau.

Hier j’ai remarqué que quelques boutons de ce rosier venaient de s’ouvrir, ce qui m’a donné envie de raconter son histoire aux personnes que je guidais. Il est rare que j’en parle, il y a tant d’autres choses plus importantes à dire pendant le temps si court de la visite. Quand j’ai prononcé le nom de la variété, j’ai vu un sourire se dessiner sur le visage de mon client, et ses proches se tourner vers lui d’un air de connivence : « C’est pour toi, ça, Jean-Pierre ! »
– Je suis né à côté de Vichy, m’a-t-il expliqué.

La belle Vichyssoise

C’est le rêve de tout guide de mettre ainsi dans le mille, de personnaliser son commentaire pour que ses auditeurs se sentent concernés. On peut mettre en avant tel ou tel détail et donner ainsi un accent américain, suisse, japonais, belge ou anglais au commentaire sur Giverny. Aux visiteurs venus du Luxembourg j’ai parlé du musée du Luxembourg à Paris et de l’exposition Léon Monet. Ce n’est pas grand chose mais cela fait plaisir.

Evidemment, je n’avais aucune idée du lieu de naissance de mon client. C’est un coup de chance, de hasard ou d’intuition aiguillonnée par la vision des premières fleurs de ce rosier.

Source concernant l’emplacement : Gilbert Vahé, « Le jardin de Monet à Giverny – Histoire d’une renaissance », p 160.

Les glycines de Monet

Les glycines de Monet

Giverny ce matin. La glycine blanche du bassin aux nymphéas déploie ses élégantes inflorescences dans les premiers rayons de soleil. Les glycines mauves achèvent leur floraison. Comment n’y aurait-il pas là un motif à peindre ? Oui, Claude Monet a représenté ses glycines, mêmes si ce ne sont pas les plus connues de ses toiles.

Les glycines de Monet

Claude Monet, Glycines (W 1905). 100 x 300 cm, 1917-1920, musée d’Art et d’Histoire, Dreux

Certaines sont immenses, trois mètres de long par un de haut. Presque grandeur nature. Les lianes ont l’air de flotter dans le vide, de ne s’accrocher à rien.

Les glycines de Monet

Claude Monet, Glycines (W 1904), 100 x 300 cm, 1917-1920, musée Marmottan-Monet, Paris.

C’est une frise que Monet envisageait de placer au-dessus des Grandes Décorations de nymphéas, ces grands panneaux présentés au musée de l’Orangerie à Paris. Projet esquissé puis abandonné, dont il nous reste à voir l’impulsion première.

Les glycines de Monet

Claude Monet, Glycines (W 1907) 150 x 200 cm 2e partie d’un diptyque (avec W 1906), 1917-1920

Le tracé frôle l’abstraction. Monet semble accrocher des rubans, des bouts de laine, à un invisible fil. Il tricote ses couleurs.

Les glycines de Monet

Claude Monet, Glycines (W 1908) 150 x 200 cm, 1919-1920, Gemeentemuseum, La Haye

L’arrière-plan, ciel ou eau ? prend une couleur turquoise inconnue à Giverny.

Les glycines de Monet

Claude Monet, Glycines (W 1906) 150 x 200 cm première partie d’un diptyque (avec W 1907), 1917-1920

Il faut même une certaine bonne volonté pour voir une glycine dans ces entrelacs de couleurs.

Les glycines de Monet

Claude Monet, Glycines (W 1909), 150 x 200 cm, 1919-1920, Allen Memorial Art Museum, Oberlin (Ohio).

Monet n’y voit plus, mais il s’accroche à ses pinceaux, comme la glycine à son support.

Les glycines de Monet

Claude Monet, Glycines (W 1903), 100 x 300 cm, 1917-1920, musée Marmottan, Paris.

Mais il y a dans l’ellipse des notations colorées quelque chose qui retient le regard et séduit comme un souffle, un envol, un lyrisme abstrait et poétique.

Délicates digitales

Délicates digitales

Digitales à Giverny (photo 15/05/2018)

Les jardiniers de Giverny ont eu l’idée de planter des digitales sous les ifs qui montent la garde devant la maison de Claude Monet. Elles se plaisent et deviennent immenses : il faut lever les yeux pour en voir la pointe, en ce moment de leur floraison où elles sont les plus belles.

Les digitales aiment les sous-bois, peut-être parce que c’est le domaine des fées. Elles ont l’art de poétiser les endroits où elles poussent et dialoguent avec les fleurs des jardins issues des prairies et des haies ou des bords de rivière.

Nouvel éclairage

Nouvel éclairage

La fondation Claude Monet a profité de la fermeture hivernale pour repenser l’éclairage des pièces de la maison du peintre. De nouvelles lampes ont fait leur apparition, des spots très discrets sont venus révéler les coins sombres, et un éclairage a été installé à l’intérieur des buffets pour mettre en valeur leur contenu. Une réussite.

Nouvel éclairage

De quoi est mort Jean Monet ?

De quoi est mort Jean Monet ?

Jean Monet, fils du peintre Claude Monet
Photo collection Géraldine Lefèbvre

De quoi est mort Jean Monet ?

Comme toujours, l’état-civil de Giverny est bien discret sur les causes de la mort prématurée de Jean Monet, le fils aîné du peintre, à l’âge de 46 ans, le 9 février 1914. Rien que nous ne sachions déjà grâce aux lettres de Monet qui nous sont parvenues, sinon que ce sont Jean-Pierre Hoschedé et Michel Monet qui sont allés déclarer la mort de leur frère et beau-frère, nous donnant ainsi l’occasion de voir leurs signatures.

De quoi est mort Jean Monet ?

Pour Géraldine Lefèbvre, commissaire de l’exposition Léon Monet qui se tient en ce moment à Paris au musée du Luxembourg, l’explication à la mort de Jean est d’une triste simplicité : de 1891 à 1909, Jean a travaillé pendant de longues années comme chimiste dans l’entreprise dirigée par son oncle Léon à Maromme, près de Rouen, une fabrique de colorants pour textiles. Le jeune homme respirait un air chargé de composés volatils des plus toxiques. A cela s’ajoutait la pollution de l’air de la vallée du Cailly, où se concentraient de nombreuses fabriques brûlant des quantités de charbon. Jean Monet serait donc décédé d’avoir été exposé à une pollution aérienne excessive. D’une maladie professionnelle.

De quoi est mort Jean Monet ?

Adrienne Blis

Une autre personne semble être morte de la pollution de l’air : la cousine de Jean et Michel, la jeune Adrienne Blis. Quand je dis cousine, je m’avance un peu. Adrienne est la fille d’Aurélie Blis, cuisinière de Léon qui deviendra sa femme et lui donnera une (deuxième ?) fille, Louise, née en 1901. Léon Monet n’a jamais reconnu Adrienne comme sa fille, mais il la considérait comme telle.

La belle Adrienne décède en 1911, le 18 décembre, à l’âge de 25 ans (elle est née le 12 août 1886 au Havre). Léon en est désespéré et ne peut admettre qu’il s’est rendu responsable de cette disparition en faisant vivre sa famille dans un environnement aussi agressif pour les voies respiratoires. Il cherche d’autres causes, et trouve un bouc émissaire en la personne de Jean. Celui-ci, qui a quitté l’entreprise depuis deux ans, aurait transmis sa maladie à Adrienne. On peut imaginer qu’il tousse de façon chronique, en effet. De telles allégations vont sceller la rupture entre Léon et Claude Monet, qui soutient son fils.

Une chose est certaine : l’état de santé de Jean donnait des inquiétudes depuis longtemps déjà. Dès 1890, il est hospitalisé au Havre pour une fluxion de poitrine. Monet se rend à son chevet. En 1892, Jean revient très malade d’un séjour à Bâle au siège de Geigy, dont l’entreprise de son oncle est une filiale. En février 1900, Jean ne peut se libérer pour aller voir Monet à Londres car il est souffrant. En 1901, il fait une série de malaises. En juin 1907, il part avec Blanche faire une cure à Lamalou-les-Bains.

On ne sait pas trop où il a mal, justement. A Lamalou, on traite les rhumatismes et les affections neurologiques. De quoi souffre-t-il ?

De retour de cure, son état de santé continue de se dégrader. La relation avec son oncle aussi, au point qu’en 1909, la rupture est consommée. Jean quitte la chimie et la pollution et part réaliser son rêve : monter un élevage de truites.

Depuis l’enfance, il aime la pêche et les poissons. Il se voit certainement très bien vivre au grand air et au bord de l’eau. Ce sera à Beaumont-le-Roger, au Moulin de la Fontaine.

Mais l’entreprise tourne court. Est-ce la faute de son associé ou la sienne ? Dès 1913, Monet installe Blanche et Jean à Giverny dans une maison qu’il achète au nom de son fils : la villa des Pinsons. Ce n’est pourtant pas là que Jean décède mais dans la maison de son père, dans le premier atelier, où il agonise pendant plusieurs jours sous les yeux impuissants de Monet. Il semble qu’en visite chez son père, il ait été pris d’une attaque qui l’a rendu intransportable. La délivrance, pour douloureuse qu’elle soit, est un soulagement pour Monet « car c’était un vrai martyr ».

De quoi est mort Jean Monet ?

Détail de la fiche de matricule militaire de Jean Monet

Mais les mauvaises langues de Giverny, jamais en peine d’une médisance, n’ont pas manqué de proposer une autre explication au décès de Jean Monet. Selon elles il serait mort des suites de la syphilis qu’il aurait contractée lors de son séjour en Suisse.

Cette hypothèse a été recueillie et reprise par le Vernonnais Michel de Decker dans sa biographie Claude Monet (1992, Perrin), ainsi que par Sophie Fourny-Dargère, autrice elle aussi d’un Monet et ancienne conservatrice du musée de Vernon. Dans son ouvrage consacré à Blanche Hoschedé-Monet, catalogue d’une exposition du musée au printemps 1991, elle indique p 23 dans une note :

La tradition orale de Giverny s’accorde sur le fait que Jean Monet aurait contracté, en Suisse, une maladie vénérienne alors qu’il était en mission pour le compte de son oncle. Cette maladie « honteuse » compte pour une bonne part dans le différend qui aboutira à la rupture entre Léon Monet et Jean Monet et par là même avec tout le clan de Giverny. Léon Monet perdra sa fille Adrienne, âgée de 15 ans, en 1911. Ce décès brutal aurait été imputé à la maladie jugée incurable de Jean.

La première édition de la biographie Wildenstein évoque elle-même avec prudence cette hypothèse et les soupçons de contamination par Jean de sa cousine, « à tort ou à raison ». La photo ci-dessous est accompagnée d’une légende peu flatteuse :

De quoi est mort Jean Monet ?

Léon Monet, avec, à sa droite, sa fille Adrienne, accueille dans le cercle de famille Jean et sa femme Blanche Hoschedé-Monet. En 1911, le décès d’Adrienne à l’âge de 15 ans, dont on rendra responsable, à tort ou à raison, l’état de santé de Jean Monet atteint de son côté d’un mal incurable, mettra fin à la carrière du pitoyable aide-chimiste que la mort viendra délivrer à Giverny trois ans plus tard.

Catalogue raisonné, Tome 4, p 71. (1985, Bibliothèque des Arts)

Outre l’erreur de 10 ans sur l’âge d’Adrienne, il est inexact de penser que c’est le décès de la jeune femme qui provoque le départ de Jean. Selon les renseignements révélés par l’exposition Léon Monet, Jean a démissionné le 22 avril 1909 de l’entreprise de son oncle.

Si l’on ne peut pas l’exclure formellement, je suis d’avis qu’il n’est pas la peine d’aller chercher des explications aussi scabreuses et pense comme Géraldine Lefèbvre que le contexte industriel de la région rouennaise au tournant du siècle suffit amplement à expliquer des morts prématurées en série.

Mais il n’est pas impossible que Jean Monet ait souffert tout à la fois de problèmes respiratoires et des suites de la syphilis. D’après ce qu’on peut lire sur le net, celle-ci peut entraîner une impuissance (ce qui expliquerait que Jean soit mort sans enfant) et des troubles neurologiques type AVC.

Alors, de quoi Jean Monet est-il mort ? Son père, en annonçant la triste nouvelle à ses correspondants et amis, parle de congestion cérébrale. Ce n’est peut-être qu’un symptôme d’un autre mal, mais si l’on veut éviter de parler au conditionnel, il vaut mieux s’en tenir là.

Les marronniers centenaires

Les marronniers centenaires

Malgré leur haute taille, ces deux marronniers font partie des végétaux « discrets » des jardins de Monet, de ceux que pas grand monde ne remarque. Ils sont situés le long de la ruelle Leroy, où ils ombragent l’entrée des groupes et celle des visiteurs munis de billets.

Selon les notes et souvenirs de Gilbert Vahé, (le chef-jardinier qui a restauré les jardins, je le rappelle), « un ou deux marronniers se sont maintenus sur les six qui se trouvent le long du mur ouest ». (in Le Jardin de Monet à Giverny, histoire d’une renaissance, éditions Claude Monet Giverny, p 124) Lequel ou lesquels a ou ont été planté.s par Claude Monet ? Il faudrait pouvoir mesurer la taille des troncs, dans cette partie inaccessible au public. Et encore…

Imaginons que ce sont ces deux-là ! Il me plaît à penser que le peintre en avait choisi un fleurissant blanc et l’autre rose, quitte à en mettre deux. C’est plausible : vérification faite, la variété rose existe depuis le début du XIXe siècle.

Dans les glycines

Dans les glycines

La glycine le 4 mai 2023, toujours aussi vigoureuse que lorsque Monet l’a plantée.

Dans les glycines

... et la glycine le 9 mai 2023. La partie de gauche plus à l’ombre est en fleurs, les deux glycines à inflorescences longues, plus tardives et plus récemment plantées, commencent à s’épanouir.

Victoire ! Voilà plusieurs années que les glycines recouvrant le pont japonais n’avaient été aussi belles, aussi généreusement fleuries. Un gel tardif avait à chaque fois raison des bourgeons naissants au début du mois d’avril, ruinant la floraison. Si bien que les jardiniers de Giverny ont pris des mesures radicales :

Dans les glycines

L’hiver dernier, un brumisateur a été installé au-dessus du pont. Dès que la température frôle le zéro, le système se déclenche et vaporise de fines gouttelettes d’eau sur la glycine. Elles gèlent et enrobent les bourgeons d’une gangue de glace qui les protège. Cela paraît contre-intuitif, mais ça marche.

Dans les glycines

Cette fine couche de glace fond aux premiers rayons du soleil. Début avril, j’ai eu à peine le temps d’apercevoir la glycine gelée.

Dans les glycines

Voici l’aspect beaucoup moins spectaculaire qu’avaient les glycines le 11 mai 2022, avant l’installation du système de brumisation.

La tulipe en forme de bec

La tulipe en forme de bec

Cette très étrange tulipe intrigue bien des curieux à Giverny, et comme le dit son obtenteur, on a presque du mal à croire que c’en est une. Elle fait partie des tulipes à fleurs de lis, connues pour leurs pétales pointus qui rebiquent vers l’extérieur. Ici, ils sont si étroits qu’on dirait des becs, et c’est peut-être un moyen de retenir le nom de cette variété : ‘Bikkel’.

La tulipe en forme de bec
Tulipes ‘bikkel’ à Giverny

Bikkel veut dire bien des choses en néerlandais, ai-je découvert. C’est d’abord une marque de vélos, quelque part entre bike et bicloune. C’est aussi un nom commun qui désigne un dur à cuire et a possiblement toutes sortes d’autres traductions selon Reverso, au point qu’il n’est pas simple de se faire une idée précise du sens. Mais ni vélo, ni gros costaud n’aident à mémoriser le nom de cette tulipe… J’en reste aux becs !

Faux pistachier

Faux pistachier

Staphylea pinnata ou staphylier penné à Giverny

Un petit panneau d’identification donne le nom de cet arbuste qui fleurit en ce moment dans les jardins de Monet, tout près de la maison du peintre.

C’est une ancienne variété de Staphylea pinnata, alias faux pistachier. Il ne retient guère l’attention des visiteurs : tout près de là s’étendent les massifs de tulipes roses et de myosotis bleus qui sont le clou du spectacle en haut du clos normand.

Selon Gilbert Vahé, le chef-jardinier qui a restauré les jardins, ce faux pistachier a été planté par Monet. Ce dernier trouvait sans doute sa floraison originale et intrigante, ses feuilles d’un beau vert.

Faux pistachier

C’est l’arbuste qui se trouve à gauche sur cette photo.

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Ariane.

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