Pendant tout l’été, cela paraissait un peu incongru de ralentir aux abords des écoles désertes. Depuis ce matin, brise-vitesse et panneaux ont retrouvé toute leur raison d’être.
Celui-ci doit avoir une cinquantaine d’années. Il a presque disparu de nos routes, pour être remplacé par une version plus schématique.
C’est Maman qui conduit sa fille à l’école. On les voit de profil, elles ont les cheveux courts, on peut détailler leurs vêtements. La mère porte une jupe et un manteau, des bottes, et un grand sac à main à la Bernadette. Sa fille, en jupette et souliers à talons plats, tient un livre dans la main gauche.
L’enfant est devant, prête à traverser, mais sa mère la retient par le bras. Attention, ma fille, tu n’as pas vu la voiture ? Elles ont les pieds bien plantés sur le sol matérialisé par un trait.
Dans la nouvelle version du panneau, il ne faut plus compter sur les piétons pour laisser passer les véhicules. Le conducteur fera bien de se méfier, car ils s’élancent quasiment sous ses roues tant ils sont pressés. La petite écolière est toujours là, symbole de fragilité à protéger, mais sa mère a disparu. A sa place, le papa ou peut-être le grand frère, si l’on en juge par la taille : sur le panneau signalant le passage protégé, le piéton semble nettement plus grand.
Ils courent, les deux enfants, ils sont en retard, et la petite doit faire d’énormes enjambées pour suivre son grand frère qui lui tient la main.
Deux époques, deux visions du monde. Dans les années cinquante, on propose une image de bonne élève. Le monde paraît stable, l’école un lieu où étancher la soif d’apprendre. Dans la version contemporaine, on a surtout cherché à optimiser l’effet produit sur l’automobiliste, pour le pousser à ralentir. L’insouciance des enfants est mise en avant, la référence à l’école a disparu. Le panneau a vu son emploi élargi à d’autres établissements, comme les centres de loisirs.
Bien vu, personnellement je n’avais même pas remarqué cette référence à l’école, une considération qui se transposerait à notre société actuelle ?
Mais oui Françoise ! Tout va plus vite !