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Contre temps

L'atelier de Monet en hiver, GivernyC’est le printemps demain, pincez-moi… Depuis deux jours les petits matins sont blanchis d’une neige fondante, incongrue sur les premières tulipes.
Les voitures qui descendent du plateau arborent une belle couverture blanche, mais dans la vallée de la Seine, les flocons ne tiennent pas. Aucun souffle, il ne fait même pas froid. On patauge dans un centimètre de neige gorgée d’eau qui n’est bonne à aucun jeu, à aucune métamorphose, qui n’est qu’un regret de la saison qui s’en va, un spasme de l’hiver qui meurt sans avoir donné le meilleur de lui-même.
Le chemin de l’école détrempé est plein de flaques d’où émergent, deci-delà, des îles. Nous avons chaussé nos bottes de sept lieues pour traverser cet archipel.
Une lieue, c’est quatre kilomètres en langage de conte, les enfants le savent bien.
– Sept fois quatre vingt-huit, ça fait 28 kilomètres alors ?
– C’est comme d’aller en un seul pas d’ici à Mantes-la-Jolie ou à Evreux.
Les chevaux de l’imaginaire étaient lancés. Nous avons calculé combien de pas il faudrait pour aller jusqu’à Paris – trois pas seulement, puis pour traverser la France. A grandes enjambées, nous avons franchi la Beauce, le Massif Central, le Midi toulousain avant d’escalader les Pyrénées que nous avons dévalées vers l’Espagne. La température s’est adoucie sensiblement, le temps d’approcher de Gibraltar et de franchir la Méditerranée – on donne la main pour traverser la route. De l’autre côté, c’était l’Afrique, la brise de mer qui agitait les palmiers-dattiers. Il tombait de gros flocons mouillés sur les plages du Maroc, ce matin…


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Ariane.

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