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Peste

aître saint maclouDifficile aujourd’hui d’imaginer ce que purent être les épidémies de peste du Moyen-Age. A Rouen, l’aître Saint-Maclou est un vestige tangible de ce fléau.
L’aître (du latin atrium, entrée de l’église, et par extension cimetière) se présente comme un jardin entouré de galeries. Les poutres de ces galeries sont décorées de symboles macabres : crânes, tibias, outils de fossoyeurs…
Dès 1348, des milliers de corps ont été ensevelis dans les fosses communes de l’aître. Cette année-là, une terrible épidémie de peste noire ravage Rouen. Plus de la moitié, peut-être les trois quarts des habitants périssent. Rouen était à l’époque la deuxième ville du royaume après Paris. « De la dernière semaine d’août jusqu’à Noël, le nombre des morts dépassa cent mille dans la ville de Rouen », selon la Normanniae Nova Chronica. C’est peut-être un peu exagéré, les historiens pensent que la population rouennaise oscillait entre 50 000 et 100 000 personnes.
Ce ne fut malheureusement pas la dernière épidémie, d’autres vinrent faucher des vies par milliers tout au long des deux siècles suivants.
aitre saint maclou, rouenEn 1526, une nouvelle peste impose de faire de la place dans le cimetière. On construit des galeries tout autour de l’aître, on vide les fosses communes des siècles précédents, et les ossements sont placés dans les combles des galeries transformés en ossuaires.

La vie ne tient qu’à un fil, constate l’homme du Moyen-Age confronté aux épidémies, qui voit mourir ses proches les uns après les autres. La peste a une influence profonde sur les mentalités. Les chrétiens deviennent mystiques, devant l’omniprésence de la mort ils se réfugient dans la foi. C’est ce peuple désireux de faire à tout prix son salut, tout entier tourné vers l’au-delà, qui va élever les immenses, les magnifiques, les incroyables églises gothiques.


3 commentaires

  1. Ultime commentaire sur Rouen: Il me semblait plutôt que les galeries, alors ouvertes à tous vents, servaient à entreposer les ossements en leur premier niveau, la poussière biblique en résultant se disséminant via des trous dans le plancher. Par ce biais, le chrétien restait en tout lieu consacré, même si ses restes étaient évacués du terre-plain central où l’on mettait à décomposition de nouveaux occupants.
    Le pan de bois effectivement mérite admiration par nous vivants (l’étage rempli est donc plus récent), mais que dire des colonnes aux sculptures martelées par la réforme: Il faut s’imaginer cette danse macabre et à la frénésie toute en retenue propre à la geste de l’époque de gentilhommes fraisés, de belles en vertugadin, d’archevèques mitrés jusqu’au pape tiaré (si je me souviens bien), toute cette farandole donnant la main à des squelettes qui malheureusement ont subi les plus vifs assauts, et des iconoclastes et du temps et ses aléas climatiques. Bon vent, j’arrête les fariboles.

  2. On ne peut que déplorer les mutilations qui ont saccagé tant de lieux magnifiques. Tel qu’il est, l’enclos garde tout de même une ambiance très particulière.

  3. Parfaitement d’accord et la fréquentation par les étudiants des beaux-arts ajoute au charme particulier de ce lieu qui tiendrait presque de l’ensorcellement.

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Ariane.

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