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Cénotaphe

Cénotaphe Qu’est-ce que c’est que ce truc au milieu des bois ? Dans la forêt de Bizy à Vernon, des centaines de promeneurs se posent chaque année la question. Le monument ressemble à un autel pour dire la messe. Mais un examen attentif révèle une inscription sur le côté : tombeau de Saint Mauxe. Au-dessous on aperçoit gravée dans la pierre la forme allongée d’un évêque reconnaissable à sa crosse et à sa mitre.
En fait, qu’on se rassure, le tombeau est vide. Les reliques de saints étaient bien trop précieuses pour qu’on les abandonnât enfouies dans la forêt.
L’autel est un cénotaphe, c’est-à-dire un monument commémoratif en forme de tombeau. Il a été élevé là en 1816 en signe de piété par la duchesse d’Orléans, première princesse de sang douairière, dans la forêt qui appartenait alors à son château de Bizy. On y célèbre parfois des messes en plein air.

Le cénotaphe remplace une chapelle plus ancienne, sans doute ruinée à la Révolution. Elle marquait l’emplacement où eut lieu un des nombreux miracles de Saint Mauxe. Celui-ci concerne directement ses reliques. Au Moyen-âge,

on avoit enchassé dans de l’argent l’os du bras de ce sainct Evesque, lors que l’impiété qui ne pardonne pas aux choses plus sacrees se glissa dans l’esprit de certains sacrileges mauvais garnements abandonnez de Dieu, lesquels desroberent ce precieux joyau qui estoit gardé assez negligemment.

Les voleurs prennent le chemin de la forêt où, « au pied d’un chesne », à l’aide d’un couteau, ils séparent l’argent de la relique. C’est alors que l’os vénérable

miraculeusement eslevé au sommet de cet arbre les toucha de frayeur, & sentans desja sur leur teste l’espee de la vengeance qui les menaçoit, ils s’enfuirent promptement à Ivry.

La relique est perdue jusqu’au jour où un brave homme venu ramasser du bois l’aperçoit dans l’arbre. On ordonne une procession générale, et

quelques-uns des assistans montans au chesne s’efforcerent de prendre la saincte Relique : ce qu’ils ne peurent jamais faire, car elle refuioit d’eux, allant de branche en branche de l’arbre où elle estoit.

On célèbre alors une messe en dessous du fameux chêne, et au moment où le prêtre parvient à l’offertoire les reliques « devallerent miraculeusement entre ses mains ». Une fois remises en lieu sûr, on bâtit une chapelle dans le champ où la messe avait été dite, chapelle qui devint un lieu de pèlerinage annuel. Quant aux voleurs, bientôt confondus grâce à une pièce à conviction, le couteau, « ils receurent une mort sortable à l’atrocité de leur forfaict » nous dit benoîtement l’abbé Théroude. Brrr ! On n’ose imaginer l’atrocité du châtiment.

(Citations : Les Cahiers Vernonnais N°26, Vie de Saint Mauxe par l’abbé Théroude.)


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