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Marronnier

MuguetJe vous ai déjà dit l’an dernier tout le bien et le mal que je pensais du muguet. Mais je ne voulais pas laisser passer le premier mai sans vous en offrir un petit brin pour vous porter chance !
En jargon journalistique, un marronnier est un sujet qui revient chaque année. Tel est le cas du 1er mai, de ses défilés et de ses ventes de muguet au coin des rues.
A en croire le site officiel de l’Etat de Genève, admirable de précision, cette expression nous vient de Suisse. Depuis 1818 l’habitude a été prise de noter très officiellement chaque année la date d’ouverture de la première feuille d’un marronnier célèbre de Genève, le marronnier de la Treille. Deux siècles plus tard, cette jolie tradition perdure. La tâche en incombe au sautier, qui en inscrit la date sur une tablette recouverte d’un parchemin déposée dans la salle du Conseil d’Etat.
Merveilleux Genevois, qui savent conjuguer politique et poésie ! Ils ont eu l’intuition avant tout le monde de l’importance de cette observation du début du printemps, une étude climatologique avant l’heure.
Les feuilles d’informations locales s’en sont fait l’écho chaque année : c’est le genre de sujet léger qu’on aime à lire au milieu des faits plus graves.
Puis l’expression prise au second degré a eu du succès dans la presse elle-même, par auto-dérision. De façon assez amusante, les journalistes d’aujourd’hui adorent filer la métaphore en lui rendant un sens concret. « Un marronnier de très grande dimension a poussé dans la presse sportive française » peut-on lire par exemple, ou encore « le sujet est en passe de devenir le marronnier le plus productif de l’année 2009 ». Le marronnier prend ici le sens de sujet rabâché.
L’avantage des marronniers plus traditionnels que sont le muguet ou la rentrée des classes (irrésistiblement associée pour moi à l’idée de marrons), c’est qu’on a 365 jours pour trouver une autre façon de les traiter l’année suivante.


2 commentaires

  1. Que voilivoilà un passionnant article ! Merci, merci. En dépit de la question "Il est assez paradoxal qu’on ait confié à une fleur aussi dangereuse la mission de porter bonheur, vous ne trouvez pas ? ", nous y fûmes hier ("au" muguet) et en trouvâmes un peu. De tout petits brins bien cachés… Pour en revenir au marronnier et donc aux marrons, une anecdote : j’ai appris à compter à la petite école, là-haut dans la montagne pas très loin de Genève d’ailleurs, avec des marrons : à l’automne nous allions deux par deux ramasser de beaux gros marrons bien vernis, la maîtresse les perçait et nous les enfilions sur des ficelles, séparés les uns des autres par des noeuds, 1 ficelle avec 1 marron-1 noeud, 1 ficelle avec 2 marrons-2 noeuds etc… jusqu’à 10. Nos ficelles pendaient au mur à côté des bancs, j’en ai un souvenir magnifique !!! Voire ému.

  2. Les marrons à la rentrée, un toucher et un luisant extraordinaires. Ca a une autre allure que les colliers de nouilles pour apprendre à compter !

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