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Lambrequin

LambrequinLe lambrequin a fait fureur au 19e siècle, avant de passer de mode. Ces frises de bois découpé longent les extrémités des toits, les bords de lucarnes en suivant habilement leur pente pour donner l’illusion d’une frange qui pend.
Sur la Côte fleurie, les lambrequins sont caractéristiques des chalets.
Dans les années 1860-70, les plages du Calvados se sont transformées en stations balnéaires. Tout un style architectural était à inventer pour un mode de vie nouveau, la villégiature de bord de mer, et pour une population nouvelle, de riches bourgeois qui avaient l’aisance modeste.
Les architectes de l’époque se sont montrés très inventifs. Une des solutions trouvées, c’est le chalet.
Aujourd’hui où la zone de diffusion du chalet se réduit aux abords des pistes de ski, on a du mal à l’imaginer en bord de mer. D’ailleurs, les chalets de Villers-sur-Mer, Cabourg, Houlgate ou Deauville n’ont pas grand chose à voir avec leur « modèle » alpestre.
Comme toutes les villas construites à cette époque, ils revendiquent une source d’inspiration, sans en proposer un pastiche. Des chalets de montagne, les architectes ont retenu la situation isolée – et les leurs seront entourés de jardins -, les larges toits qui débordent de la façade, les balcons, et les bois découpés.
Pour Gilles Plum, spécialiste des Villas balnéaires du second Empire (éditions Cahier du Temps), ces choix déterminent un nouvel espace architectural :

Le débordement des toits délimite un espace extérieur protégé qui crée un intermédiaire entre l’extérieur et l’intérieur de la maison. Cet espace est occupé et enrichi par les projections vers le dehors de la surface habitable que sont les balcons et les bow-windows.

C’est l’esprit du temps, un nouveau rapport entre l’homme et la nature. Pas tout à fait dedans, pas tout à fait dehors, l’estivant a le choix de jouir du paysage dans cet entre-deux qui le protège des éléments.
Sur le plan plastique, les bois découpés marquent la limite de cet espace intermédiaire, « en descendant sous forme de lambrequins depuis l’extrémité du toit ou en montant sous forme de garde-corps depuis les balcons ». L’effet en est très subtil, car ils créent « un second niveau de façade très léger qui ombre ou cache en partie celle en maçonnerie ».
Quand le soleil brille sur les lambrequins, il projette leur ombre à trous-trous sur les murs. L’auteur y voit un lien avec l’intérêt des impressionnistes pour le jeu de l’ombre et la lumière à travers les arbres. L’air du temps, encore.


7 commentaires

  1. Sujet original pour ce billet, je ne savais pas grand-chose de ces ornements qui jouent en effet avec la lumière et l’espace, créant des volumes.

  2. On peut citer Les Petites Dalles, village de villégiature en bord de mer que l’auteur préserve de son patrimoine en publiant des photos de lambrequins.
    Le lambrequin n’avait de raison d’être sans eau de pluie. L’outre mer en a pris partie.

    En observant la photo, les lambrequins sont formés de pièces de bois juxtaposés appelé "A la tuile" ou encore lattis. Avec les outils de fabrication d’aujourd’hui, on les retrouve en bandeau de plusieurs festons, en bois ou en pvc sur les maisons contemporaines dans une fonction de cache ‘misère’ pour ne citer que le bloc de volet roulant.
    Ces frises décoratives reviendront certainement dans le détail architectural.

  3. Avant de se faire en PVC les lambrequins ont existé en zinc, ce qui est assez joli. Christophe, j’ai regardé toutes les galeries de photo des Petites-Dalles, un millier de photos de plage, trois de lambrequins ! Le sujet ‘villas’ n’a pas l’air d’intéresser beaucoup les photographes.

  4. Les lambrequins en zinc ont certainement existé. Mais pas de trace lors de mes recherches. Où étaient t’ils fixés et quelle place prenaient-il ?
    Ariane, ci-après le lien sur les frises du petit village Normand. les petites dalles 😉 Il fait mieux que trois ?! Je serais plus précis à l’avenir.

    J’aime bien cette idée de volume que procure le lambrequin.

    • J’ai une vieille photo dans laquelle mon arrière-grand-mère. À l’arrière-plan, vous pouvez voir une maison de deux ou trois étages avec des balcons, un toit de tuiles décoré de lambrequins. Photo prise approximativement dans les années 1925-1930.

      Est-ce que quelqu’un veut m’aider à déterminer où cette photo a été prise?

  5. Merci, c’est super toute la variété de motifs qu’on peut trouver ! L’usage du zinc est peut-être plus urbain. On en voit à Vernon, par exemple, où l’influence est plus citadine que balnéaire.

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Ariane.

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