Inspiration

Verrière contemporaine, collégiale de VernonLes verrières contemporaines de la collégiale Notre-Dame sont parmi les plus belles choses qu’on puisse voir à Vernon. Ces vitraux réalisés par Gérard Hermet et Mireille Juteau, maîtres-verriers de l’atelier Lorin à Chartres, ne sont pas figuratifs, mais suivent un thème subtil en harmonie avec la chapelle qu’ils éclairent. Par exemple, la baie de la chapelle dédiée aux morts de la Première Guerre mondiale est ornée d’une verrière aux tons bleus, baptisée Cosmos. On espère que les âmes des soldats tombés pour la France sont maintenant au ciel… à moins qu’il ne s’agisse d’un hommage aux personnes impliquées dans l’industrie spatiale, nombreuses à Vernon.
Je guidais hier un groupe majoritairement américain dans l’église, et j’avais déjà expliqué tout ceci, quand un client m’a interpellée. « D’habitude les vitraux figurent des scènes bibliques, pour les enseigner aux fidèles. Pourquoi n’est-ce pas le cas ici ? » Il avait l’air déçu.
Sa question m’a décontenancée. J’étais mal à l’aise de ce qui ressemblait à une critique de ces vitraux. Je n’avais pas su faire partager mon admiration.
Mon regard qui errait à travers la nef en quête d’une réponse s’est arrêté sur la verrière du 15e siècle, rare rescapée du décor d’origine. Les motifs principaux des quatre lancettes sont anciens, mais le bas du vitrail a été remanié au 19e siècle dans le même style. Comme dans tous les cas où on a répliqué l’ancien, il est difficile aujourd’hui de départager les deux époques.
J’en étais là de mes explications quand j’ai entrevu une planche de salut, et la réponse s’est dessinée de plus en plus clairement dans ma tête à mesure que j’avançais dans la phrase. « La décision a été prise de faire des vitraux non-figuratifs, parce que c’est le style d’aujourd’hui, pour montrer que la religion est quelque chose de moderne, d’actuel, qui a du sens pour les gens d’aujourd’hui. » J’ai vu des clients hocher la tête, et j’ai su que c’était la bonne réponse. On a pu reprendre le commentaire de l’église là où on l’avait laissé, au mausolée de Marie Maignard.
Ce qui me déconcerte, c’est que cette réponse n’est pas issue de mon intime conviction. Si je m’interroge sur la modernité de l’Eglise catholique, et même de la pratique religieuse en général, je suis plutôt habitée par le doute. L’Eglise d’aujourd’hui a-t-elle vraiment pris le tournant du 21e siècle ? Mais il y avait assez de place dans mon doute pour que s’y faufile une réponse venue d’ailleurs. Qui, quoi, me l’a soufflée ? Je vous laisse le soin de répondre si vous pouvez, selon vos intimes convictions.


3 commentaires

  1. Merci pour cette video, Tania. Pour Sainte-Alix, vous avez la chance d’avoir les explications inspirées de l’artiste. C’est très intéressant, mais il ne répond pas à la question du choix du non-figuratif. Ca doit lui paraître évident. J’étais contente de découvrir l’oeuvre de Kim en Joong à Liège, cela m’a rappelé son expo rouennaise.

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Ariane.

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