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Giroflée

Giroflée sauvageParmi les plantes bluffantes, celles qui vous épatent et vous font dire « mais comment fait-elle ? », la giroflée figure en bonne place.
Chaque année c’est une surprise joyeuse de la guetter dès la fin mars sur les vieux remparts, jaune comme la plupart des fleurs du début du printemps. Quelles acrobaties a-t-elle encore inventées ? Comme un enfant un peu casse-cou qui escalade les murs en ruines, la giroflée semble lancer un regard espiègle du haut de sa muraille. Tu as vu où je me suis faufilée ? fanfaronne-t-elle.
Il lui suffit de presque rien, une anfractuosité minime, et la voilà qui glisse ses racines et paraît se nourrir de l’air du temps. Sobre et frugale, elle se contente de si peu que c’en est déconcertant. Où puise-t-elle la matière première pour fabriquer ses belles touffes de feuilles vertes, ses pétales éclatants ?
La giroflée tire son nom de son parfum de clou de girofle. Pour les anglophones, c’est une fleur des murailles : a wallflower. Quand on l’a vu une fois pousser en fleur spontanée, le nom sonne comme une évidence.
A Château-Gaillard, où il est beaucoup question d’histoire, de faits d’armes et autres brutalités, j’aime bien parler aussi un peu des fleurs sauvages. C’est à cette occasion qu’un visiteur m’a appris l’autre sens de wallflower en anglais. L’expression désigne une jeune fille que personne n’invite à danser, et qui reste désespérément le long du mur. Une de celles qui, chez nous, faisaient tapisserie. Il semble que l’expression fait toujours florès dans le milieu scolaire pour désigner un élève en retrait des autres.
A Giverny, c’est encore la grande époque des giroflées. Les jardiniers les plantent en masse pour l’effet coloré qu’elles apportent. Les cultivars modernes offrent des coloris étonnants qui varient jusqu’au mauve en passant par tous les tons d’orange.
Les pieds dans la bonne terre et arrosées en abondance, les giroflées cultivées en rajoutent en hauteur et en largeur par rapport à leurs soeurs sauvages. Mais il leur est resté quelque chose de l’humeur vagabonde de ces dernières : elles adorent se ressemer dans le jardin, de préférence dans les endroits les plus inattendus.


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