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Etretat en hiver

Etretat en hiver
Claude Monet, La Falaise et la Porte d’Aval, 1883, collection particulière. W819

En 1883, après six jours passés au dispendieux hôtel Continental du Havre, Monet décide de changer de lieu de séjour et de se rendre à Etretat, 28 km plus au nord sur la côte. Il va y rester trois semaines, bien mises à profit avec près d’un tableau par jour.

Le 31 janvier, il écrit à Alice de l’hôtel Blanquet, Etretat :

« Je vous dirai que je suis très content d’être venu ici, c’est vraiment admirable et je crois que je vais faire de très bonne choses, ce sera peut-être moins nouveau que ce que je voulais faire au Havre, mais c’était impossible avec le temps qu’il a fait. Ici je me suis mis de suite à travailler, j’ai mes motifs à la porte de l’hôtel et même un superbe de ma fenêtre. (…) Ici je suis très bien et à bon marché, ce qui est différent de l’hôtel Continental, mais je crois qu’aussitôt mon dîner terminé je n’aurai qu’à me coucher. »

Etretat en hiver
Etretat, 4 février 2024

En 1883 comme aujourd’hui, l’hiver est la basse saison à Etretat. Si les distractions manquent en soirée, peu importe : le froid et le vent ont dû bien fatiguer le peintre. Comment faisait-il pour travailler dehors toute une journée, immobile ? Température de l’air, 8 degrés. Température de l’eau, 7 degrés.

Le jour où Monet a peint La Falaise et la Porte d’Aval, à l’heure de la pleine mer, le vent devait souffler violemment, arrachant des gerbes d’écume. Pourtant, le peintre n’a pas l’air d’être dans sa chambre mais plutôt sur le perrey, actuellement la terrasse tout en haut de la plage de galets. Depuis l’hôtel, voici ce qu’il voit :

Etretat en hiver
Claude Monet, Etretat, mer agitée, 1883, Musée des Beaux arts de Lyon

L’horizon coupe la porte d’Aval plus haut. On sent la jubilation de Monet à peindre les flots déchaînés, avec des touches en virgules d’un riche chromatisme. La mer est verte, jaune, grise, bleue, toute blanche d’écume ; d’énormes vagues viennent battre le Trou à l’homme, au pied de la falaise. Il en faut plus pour impressionner les pêcheurs du premier plan, qui donnent l’échelle des bateaux et des caloges aux toits de chaume, ces cabanes servant à ranger les filets, aménagées dans des esquifs impropres à la navigation. Du surcyclage avant l’heure.


2 commentaires

  1. Finalement cet hôtel moins onéreux…semble convenir parfaitement à Monet! Boudin doit-être content…
    Sa « fièvre » de peindre lui permet de surmonter les évènements dechainés et peut-être a t’il des petites chaufferettes dans ses poches???
    Son séjour a été très productif, résultat ces magnifiques toiles!

    • C’est vrai, il avait une chaufferette aux pieds quand il peignait la débâcle à Vétheuil… Je crois qu’on était moins frileux.

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