Cet été, les visiteurs de la maison des Renoir à Essoyes ont la chance de pouvoir y admirer quatre tableaux du maître, célébrant son triomphe à l’occasion de son exposition rétrospective chez Durand-Ruel en 1892. Ces oeuvres originales ont été prêtées par le musée d’Orsay et la société Durand-Ruel et Cie et sont présentées à Essoyes jusqu’au 22 septembre 2024 dans l’ancienne salle à manger de la maison de l’artiste.
La très belle Maternité, dite aussi Madame Renoir et son fils Pierre ou encore L’enfant au sein est de retour dans le village où elle a été peinte. Elle représente Aline, la future épouse de Renoir, et leur premier-né Pierre, âgé de quelques mois. Tout est lumineux et adorable dans ce tableau, les couleurs douces, l’expression épanouie d’Aline, le bébé grassouillet qui attrape son pied, la simplicité du décor de campagne tout autour… Les traits, bien dessinés, signalent la période où Renoir s’éloigne de l’impressionnisme et renoue avec la fermeté du dessin, que lui inspire son admiration pour Ingres.
Le saisissant portrait de Richard Wagner a été exécuté en 35 minutes seulement. Les deux hommes se rencontrent à Palerme, en Sicile, en janvier 1882. Renoir est un admirateur de la musique de Wagner et souhaite le peindre, mais il est éconduit deux fois. A sa troisième tentative, Wagner, qui vient d’achever la composition de Parsifal et se sent fatigué, accepte tout de même de le recevoir. Après un verre ou deux, les deux hommes sympathisent. Wagner accorde une séance de pose à Renoir pour le lendemain. Elle est brève, mais le peintre s’en accommode : c’est assez pour saisir la ressemblance, vêtements et fond ne sont qu’esquissés. Selon Renoir, il eût fallu qu’elle fût plus courte encore : « Si je m’étais arrêté avant, c’était très beau, car mon modèle finissait par perdre un peu de gaité et devenir raide. J’ai trop suivi ces changements. » On connaît même, grâce à cette lettre de Renoir à un ami, la réaction de Wagner : « A la fin Wagner a demandé à voir il a dit Ah ! Ah ! Je ressemble à un prêtre protestant ce qui est vrai. » Wagner devait mourir à Venise l’année suivante.
Ma photo ne rend pas les couleurs lumineuses de ce beau portrait de la fille de Paul Durand-Ruel, commandé à Renoir par le marchand des impressionnistes, qui se faisait à l’occasion mécène. Cette oeuvre est restée dans la famille et n’a jamais été exposée depuis 1892. Marie, dont la taille ultra-fine est certainement prise dans un corset, a une expression pensive. A-t-elle aimé ce portrait d’elle voulu par son père ? Renoir s’est-il montré aussi rapide qu’avec Wagner ?
Auguste Renoir, Vue de La Rochelle, vers 1890, collection Durand-Ruel
A côté de ces oeuvres majeures, la petite Vue de La Rochelle (19 x 26 cm) passe presque inaperçue. Elle aussi, pourtant, fait partie de la collection Durand-Ruel et n’a jamais été exposée depuis la rétrospective Renoir de 1892. Le marchand avait réuni 110 toiles, ne négligeant pas les petites, à la portée de davantage de bourses. Renoir a séjourné à La Rochelle en juin 1890 et a exécuté plusieurs toiles du port. Là encore, ma photo est bien en deçà de la réalité, beaucoup plus jolie.
De la chance en effet de pouvoir contempler momentanément, les propres tableaux de l’artiste, dans sa maison !
j’aime beaucoup la première toile!
Ah oui, elle est merveilleuse, cette Maternité de Renoir !