
Cette toile vibrante peinte sur le vif dans une basse-cour est due à Marcel Couchaux, peintre normand et infatigable observateur de la vie à la campagne dans le pays de Bray. Ce néo-impressionniste attachait une grande importance au traitement de la lumière et de la couleur, en une pâte épaisse sans cesse retravaillée. Ses dindons vaquent à leurs importantes occupations sans se soucier du peintre, ni du spectateur. Le musée de Vernon a consacré une exposition monographique à Couchaux en 2019.

musée Blanche-Hoschedé-Monet, Vernon
Dans ce paysage pris dans la vallée de la Seine, à Freneuse, près d’Elbeuf, les dindons, tout petits, sont réduits à l’anecdote. C’est le printemps, les vergers sont en fleurs, mais l’air encore frais oblige la jeune gardeuse de dindons à se blottir sous sa capeline. Elle s’appelle Maria. Le peintre la connaît bien. Bouchor, qui a séjourné pendant des années dans l’ancien presbytère en colombages que l’on aperçoit à droite du tableau, l’a peinte à de multiples reprises.
Bouchor était membre du jury du Salon, formé à l’école des Beaux-Arts, et sa peinture reflète son goût pour la tradition. Ce tableau, laissant une grande place à un très beau ciel, montre sa connaissance et son amour de la campagne normande. Et les dindons ? Ils ne sont pas blancs comme ceux de Couchaux ou de Monet, mais noirs. Les revoici un peu agrandis :

Le gros plan révèle une touche visible qui s’affranchit des canons académiques.
Et pour finir, pour le plaisir, les Dindons de Monet qu’on peut admirer au musée d’Orsay à Paris. Notre oeil les voit blancs, mais Monet, pour décrire leur plumage, use de bleu, de jaune, de vert, d’orange, de rose…

Une belle collection de dindons dont je ne connais pas les artistes…
Monet oui bien sûr…superbe ces volatiles!!!
Oui, la notoriété des artistes n’est pas toujours proportionnelle à leur talent, sans parler de leur postérité. Bouchor était tout à fait reconnu de son temps, Couchaux était recherché par de grands collectionneurs comme Depeaux. L’avantage qu’on les ait oubliés, c’est qu’on les regarde avec des yeux neufs quand on croise leurs oeuvres. Et les dindons, on n’en croise plus tous les jours !
Tu as entièrement raison et toujours heureuse de faire des découvertes grâce à toi!