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Les Monet du Muma

Claude Monet, Le musée du Havre, 1873, 75 x 100 cm, National Gallery, Londres

Le musée André Malraux du Havre (Muma) possède six oeuvres de Claude Monet, dont la moitié a été fournie par le peintre lui-même. En 1911, Claude Monet a fait preuve de générosité en cédant à la ville du Havre trois tableaux en échange de « ce que la commission voudrait bien [lui] offrir ». La transaction s’est montée à 3000 francs, à une époque où chacune de ses toiles se négociait cinq ou dix fois ce prix. Il importait à l’artiste d’être présent dans les collections du musée du Havre qu’il connaissait sans doute très bien, pour avoir passé son enfance et son adolescence dans la cité portuaire. Le bâtiment du musée, ouvert en 1845, l’année où les Monet s’installent au Havre, figure à l’arrière-plan de l’une de ses vues du port, conservée à la National Gallery de Londres.

L’édifice n’existe plus, mais les collections ont été sauvées des bombardements. Voici les oeuvres envoyées par l’artiste, classées dans l’ordre de leur exécution :

Claude Monet, Les Falaises de Varengeville, ou Petit Ailly, Varengeville, plein soleil, 1897, Muma, Le Havre

Pure merveille de touche et de coloris, Les Falaises de Varengeville nous transporte au-dessus de la Manche. L’échelle est donnée par la cabane des douaniers et les bateaux au loin. C’est le titre qui aide à reconstituer la scène, car les falaises sont invisibles : le peintre se trouve à leur sommet.
En 1897, Monet retourne sur la côte normande pour reprendre des motifs qu’il aime et qu’il a déjà peints en leur appliquant le principe de la série. Il va répéter cinq fois le point de vue de ces Falaises. Le ciel y est réduit à une mince bande tout en haut du tableau.

Claude Monet, Le Parlement de Londres, effet de brouillard, 1903, MuMa, Le Havre

Monet aimait Londres pour son brouillard, source de multiples effets de lumière sur la Tamise. Dans cette toile aux tons sourds, la silhouette du Parlement se découpe en bleu à travers un voile teinté de rose. Deux embarcations tout juste esquissées traversent le premier plan, comme une réminiscence des barques d’Impression, soleil levant peintes au Havre. Là encore, Monet choisit une toile faisant partie d’une série, mais cette fois, il s’agit d’un motif extérieur à la Normandie, peut-être pour montrer l’envergure internationale de son oeuvre.

Claude Monet, Les Nymphéas, 1904, MuMa, Le Havre

Enfin, Monet complète le lot avec un tableau de Nymphéas, caractéristique de son travail sériel dans son jardin de Giverny. Les radeaux de nénuphars colorés flottent à la surface du bassin, environnés des reflets des grands arbres qui ombragent la berge. Quelques touches de bleu au premier plan sont la seule allusion au ciel : une petite trouée entre les branches, hors cadre, se reflète à la surface de l’eau. Monet joue avec virtuosité des différents plans pour donner de la profondeur et du volume à son tableau, en laissant deviner ce qui se trouve hors de la scène décrite.

Claude Monet, Soleil d’hiver, Lavacourt, 1879-80, MuMa, Le Havre

Deux autres tableaux ont été légués par des collectionneurs havrais au musée de leur ville. Cette vue de Lavacourt, le village face à Vétheuil, au plus froid de l’hiver a appartenu à Charles-Auguste Marande, négociant en coton. Un pâle soleil s’élève à l’horizon, teintant d’un orange doux le ciel et son reflet dans le ruban de la Seine. La plaine est couverte de givre évoqué par des touches horizontales blanches et gris-bleu. L’herbe transparaît sous le givre en touches vert sombre. L’attention porté à l’éclairage fugace de l’instant, la facture rapide en font une oeuvre typique de l’impressionnisme de Monet, avant les séries.

Claude Monet, La Seine à Vétheuil, 1878, MuMa, Le Havre

La Seine à Vétheuil a fait partie de la collection d’Olivier Senn, autre négociant en coton havrais.
A la fin de l’été 1878, peu après son arrivée dans le bourg des bords de Seine, Monet a utilisé son bateau-atelier pour exécuter ce paysage depuis le milieu du petit bras du fleuve. Les eaux calmes reflètent les arbres des berges comme un miroir. La toile entière ruisselle de lumière, grâce à l’usage de tons clairs et de petites touches mêlant les roses, les bleus et les verts. Un audacieux ciel presque turquoise couronne la scène, tout en s’étirant dans le reflet.

Claude Monet, Fécamp, bord de mer, 1881, MuMa, Le Havre

Enfin, voici une toile acquise par le musée en 1994, avec l’aide du Fonds régional d’acquisition des musées de Haute-Normandie et du Fonds du Patrimoine. A l’hiver 1881, Monet habite encore Vétheuil mais il a pris goût à la peinture de marines après un séjour chez son frère aux Petites-Dalles. Il passe un mois à Fécamp en début d’année et peint ici une mer agitée sous un ciel couvert. Une lueur jaune à l’horizon laisse penser que le soleil va bientôt apparaître sous les nuages. L’artiste a saisi un instantané de cette scène pleine du mouvement des vagues et du vent.


Un commentaire

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Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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