Home » La colonie américaine de Giverny » Le Vieux Moulin par Butler

Le Vieux Moulin par Butler

Theodore Earl Butler, The Red Bridge in Vernon near Giverny (Le pont rouge à Vernon près de Giverny), 1909, 61 x 50 cm

Theodore Butler (1861-1936), époux de Suzanne Hoschedé puis de sa soeur Marthe Hoschedé, belles-filles de Monet, a passé une grande partie de sa vie d’adulte et de peintre à Giverny. Il n’est donc pas étonnant de retrouver sous ses pinceaux des paysages familiers puisés dans les environs, notamment à Vernon.

Les Vernonnais diraient sans hésiter qu’il s’agit ici d’une vue du Vieux Moulin, emblème de la ville. Mais ce n’est pas le titre que Butler donne à son tableau, la maison n’est même pas mentionnée. C’est le pont en ruines qui intéresse l’artiste. En 1909, un beau pont de pierres inauguré en 1861 enjambe la Seine en d’amples arches, solides et puissantes.
L’année précédente, Butler l’a représenté de nuit, illuminé par les feux d’artifice.
A côté, les traces qui subsistent du pont du Moyen-Âge (12e siècle) n’en paraissent que plus pittoresques. La végétation a commencé à les coloniser.

Le point de vue adopté par Butler est vraiment intéressant. L’horizon est au milieu de la toile, le spectateur a l’illusion de lever les yeux vers le Vieux Moulin : le peintre se trouve au ras de l’eau. Je crois qu’il est en barque et qu’il a trouvé moyen de s’attacher au bas du pont récent. Il y a bien une île de ce côté, mais je ne suis pas sûre qu’elle offre ce point de vue. Il faudrait aller vérifier en bateau, à supposer que ses contours n’aient pas changé.

Ce qui est fascinant, c’est l’angle très précis choisi par le peintre. Les piles du pont sont fines et effilées vers l’amont. Elles s’alignent dans le lit du fleuve, espacées de plusieurs mètres, mais grâce à cette vue en oblique elles se présentent les unes derrière les autres sans discontinuité, occupant tout le centre de la toile. Leur reflet clair miroite dans l’eau légèrement agitée de la Seine. Butler y a vu de nombreuses couleurs, moins fidèles à la perception oculaire que les impressionnistes, mais plaisantes et joyeuses. C’est le début de l’automne, certains arbres et arbustes sont déjà teintés de rouille et d’or, d’autres encore résolument verts.

Theodore Earl Butler, The Red Bridge in Vernon near Giverny (Le pont rouge à Vernon près de Giverny)

Theodore Butler a exécuté un deuxième tableau au titre identique d’un point de vue légèrement différent et avec des couleurs d’été, en une symphonie de verts et de bleus.

Dans tout cela, une couleur m’intrigue : le rouge du titre. Qu’est-ce que cette référence à un pont rouge ? Je n’ai jamais rien lu à ce sujet. Mais j’imagine que Butler n’a pas sorti cela de son chapeau. Peut-être qu’en 1909, les planches du pont qui conduisaient au Vieux Moulin étaient peintes en rouge pour les protéger des intempéries.


2 commentaires

  1. Superbes tableaux,j’aime beaucoup,effectivement le titre m’a intriguée..peut-être as tu trouvé l’explication!!!

    • Oui, j’espère que c’est la raison de cette appellation et non un crime affreux… Mais il aurait sans doute fait assez de bruit pour être connu jusqu’à maintenant !

Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *