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Une expo Côté jardin

Monet et Bonnard vivaient à 5 kilomètres l’un de l’autre, sur la même rive de la Seine, et cultivaient chacun leur jardin. C’est le prétexte à une très belle exposition proposée jusqu’au 1er novembre 2021 par le musée des Impressionnismes Giverny. Côté jardin, de Monet à Bonnard met en parallèle la thématique des jardins vue par les impressionnistes et par les Nabis. Si proches dans le temps, en cette fin du 19e siècle, ils ont des sensibilités et des techniques picturales diamétralement opposées, avant de se rapprocher au début du 20e siècle, selon la règle du balancier.

Les tableaux prêtés viennent de France ou des pays limitrophes, sans doute pour faire échec aux difficultés d’acheminement liées à la pandémie. Pas de révélation de chefs-d’oeuvres venus de fort loin, donc, mais une découverte de beaucoup de joyaux qui méritent cette mise en lumière. Du côté des artistes femmes, j’ai admiré les belles toiles de Marie Bracquemond, lumineuses et énigmatiques, tout en regrettant l’absence totale de Berthe Morisot. Comme d’habitude, ces dames sont plutôt du côté des modèles. Une large section leur est consacrée.

Alors que Sisley n’a guère peint les jardins, dans le camp des impressionnistes, c’est surtout Pissarro qui est à l’honneur avec des toiles chatoyantes. Mais l’étonnement est plutôt du côté des Nabis. Pour eux qui se sont construits en opposition à l’impressionnisme et voulaient sacraliser à nouveau la peinture, le jardin est un espace de connexion avec la nature où peuvent circuler les fées, les dieux et les nymphes (chez Roussel ou Ranson), un théâtre d’apparitions religieuses chez Denis. Vuillard et Bonnard sont plus ancrés dans le réel, mais une réalité poétisée par leur sensibilité. Techniquement, ils rejettent la touche vibrante des impressionnistes au profit d’aplats tantôt saturés de couleurs, tantôt contenus dans un subtil jeu chromatique de tons éteints. Il y a beaucoup de finesse dans leur analyse, et il faut prendre le temps d’observer l’originalité et souvent la tendresse de leurs transcriptions.

Pierre Bonnard – Crépuscule ou La Partie de croquet, 1892.
Huile sur toile, 130 x 162,5 cm. Paris, musée d’Orsay

Pierre Bonnard est bien représenté par des toiles majeures. L’on ne peut qu’être surpris par le grand écart stylistique de Crépuscule, tellement nabi, avec Le Grand Jardin peint seulement trois ans plus tard, grande fresque verte du jardin familial de son enfance. C’est le propre des plus grands de savoir se renouveler, dans leur recherche permanente de donner à voir.


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Ariane.

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