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Un joyeux fouillis

Fleurs d'été à GivernyAoût a semé un grain de folie dans les massifs de Giverny.
Les fleurs soigneusement classées par couleurs, patiemment organisées pour être aussi différentes que possible en taille, forme, texture, s’épanouissent si joyeusement qu’elles font oublier tout l’art du jardinier et du peintre concepteur du jardin.
C’est le règne de l’exubérance, qui culminera à l’automne dans un tel épanchement floral que certains auteurs parlent de la violence du jardin de Monet en fin de saison.
On n’en est pas encore là. Pour l’instant, le mot qui vient à l’esprit des visiteurs francophones, c’est celui de fouillis.
Si je m’étonne, fouillis, vous trouvez ? ils s’empressent d’ajouter le qualificatif « organisé » au substantif dépréciatif, soit par crainte de s’être laissé aller à un crime de lèse-majesté, soit qu’ils sentent qu’il règne ici un ordre d’un autre genre que celui habituellement admis, dont la logique leur échappe mais où, qui sait, certains se retrouvent peut-être.
Ce qu’il faut de rigueur pour arriver à ce fouillis-là ! La sélection des variétés qui vont s’harmoniser, l’étiquetage minutieux des semis, la plantation savante selon la taille future des tiges, l’habile mélange des formes de fleurs…
Tout cela paraît difficile à percevoir et même à saisir. En dépit de mes explications circonstanciées, d’aucuns n’ont-t-ils pas comparé les merveilleuses floraisons impressionnistes de Giverny à une jachère fleurie ?
Inspiration, expiration, ça donne l’occasion de sentir le parfum des fleurs.
Redevenue aussi zen qu’un jardin japonais, je reconnais que les jachères fleuries présentent elles aussi un mélange de fleurs, (admirez ma diplomatie) mais que celui-ci s’obtient en mêlant les graines et en les jetant à la volée dans un champ. Ici chaque fleur est d’abord cultivée en serre puis mise en place individuellement, à la main.
Se peut-il qu’on ne fasse pas la différence entre la haute-couture et la confection, entre le pain industriel et celui du boulanger ?
Et dans quels domaines, certainement très nombreux, suis-je moi-même si peu avertie que je ne distingue pas l’exception du tout-venant ?


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Ariane.

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