Les balles rondes ou parallélépipédiques produites mécaniquement ont depuis longtemps remplacé les meules chères à Claude Monet. Mais leur géométrie continue à séduire les peintres.
Dans les champs de blé tout juste moissonnés, elles s’alignent à intervalles réguliers sur le chaume court, et leur blondeur s’harmonise au bleu du ciel.
Après des mois cheveux au vent, la terre s’est fait faire une coupe à ras.
Dans l’Eure, les moissonneuses batteuses terminent la récolte des dernières parcelles, dans des nuages de poussière. Les grains de blé détachés au fur et à mesure des épis s’entassent dans les remorques, tandis que les tiges, devenues paille, quitteront le champ un peu plus tard.
La paille des balles rondes deviendra sans doute litière pour le bétail. En Normandie, les élevages ne sont pas loin.
Autrefois les enfants se servaient de ces pailles, creuses et ligneuses à souhait, pour faire des bulles de savon. Il suffisait d’en demander poliment une à la fermière en allant chercher le lait.
L’odeur de la paille de blé est caractéristique, une odeur chaude et un peu irritante qui sent l’été et la moisson. Mais c’est l’odeur des foins que l’on a envie de humer à grandes inspirations, ce parfum délicieux de l’herbe qui sèche.
C’est un bonheur éphémère de juin, quand, à la faveur d’une période de beau temps, les agriculteurs fauchent les prairies et retournent plusieurs fois l’herbe coupée pour la faire sécher au soleil.
Le foin, il finira dans la mangeoire des vaches qui s’en régaleront à la mauvaise saison.
A l’époque de Monet, on en faisait aussi des meules, aux formes molles et incertaines, moins régulières que les meules de blé. Aujourd’hui, le foin lui aussi se stocke en balles rondes ou rectangulaires, d’un vert délavé plutôt que d’un blond paille.
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Bonjour,
que j’aime votre prose !!! Un régal ! Vous écrivez et décrivez à la perfection.
Les balles de paille …sous la pluie et puis un soir en rentrant vers Saint-Aubin sur mer un ciel magnifique, des couleurs de fin de journée, …et on me prend pour une barje parceque je fais des photo, et vas-y que je te klaxonne…les Normands sont -ils insensibles à l’émerveillement de l’étranger ??
Jackie
Je crois que les klaxonneurs avaient juste peur de vous écraser… Vous avez bien fait de vous arrêter, admirer au volant, ça peut devenir dangereux ! Je me suis fait klaxonner aussi un jour de coucher de soleil, je devais faire des zigzags je suppose !