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La Flore de l’abbé Toussaint

Etymologie de la flore, abbé ToussaintUne main anonyme a rajouté le prénom du bon abbé sur le livre : Anatole. En 1906, l’abbé Toussaint, curé de Giverny, publie un ouvrage dicté par sa passion pour les plantes. C’est une flore des plantes locales qui s’intéresse à leurs divers noms botaniques et vernaculaires.
Le livre s’intitule « Etude étymologique sur les flores normandes et parisiennes comprenant les noms scientifiques, français et normands, des plantes indigènes et communément cultivées ». La mention qui suit, « Extrait du Bulletin de la société des Amis des sciences naturelles de Rouen, 1er semestre de 1905 » laisse supposer que le texte a déjà été publié et fait l’objet d’une nouvelle édition sous forme de livre.
L’ouvrage fait partie de la bibliothèque du New York Botanical Garden, qui l’a acquis en 1930. Entre temps, il a appartenu à un certain Mr Squier, à qui l’auteur l’a dédicacé d’un banal Bon souvenir. Est-ce lui ou le destinataire qui a rajouté la date à l’anglaise, May 23rd 1908 ?
C’est en faisant une recherche qui n’avait rien à voir avec Giverny que j’ai eu la surprise de tomber sur cet ouvrage dont l’auteur m’est familier pour ses liens amicaux avec Claude Monet. Dès les premières lignes, l’abbé Toussaint m’est sympathique : enthousiasme, lyrisme, poésie, amour des fleurs… et humour !

L’étude des plantes est une de celles qui charment et intéressent le plus. Un botaniste seul peut se rendre compte des jouissances que cette science offre à ses adeptes. La vue est flattée par la merveilleuse beauté de petites fleurs que souvent on foule aux pieds sans les regarder ; le tissu lui-même des feuilles et des fleurs vu au microscope, cet instrument qui enlaidit tant de choses, est un prodige d’arrangement et souvent une féerie de couleurs. L’intelligence s’arrête étonnée devant ces êtres si bas dans l’échelle de la nature, et cependant si prodigieusement organisés dans leurs plus infimes détails. Mais je n’ai pas à faire ici l’éloge de la botanique ni à écrire une longue préface, ne serait-ce que pour cette bonne raison qu’on ne lit jamais les préfaces.

Les pages qui suivent seraient un peu fastidieuses à lire d’affilée, c’est plutôt un ouvrage de référence qui s’utilise comme un dictionnaire, une compilation des auteurs de l’antiquité et de flores récentes.
Quelquefois l’abbé paraît carré, sûr de lui. D’autres fois, il hésite, comme pour l’anémone, la fleur du vent.
« Plante qui pousse au moment des grands vents, ou parce qu’on la trouve exposée au vent, ou parce qu’elle ne s’ouvre que sous le souffle du vent. »
J’aime bien cette place faite à différentes interprétations, parmi lesquelles chacun peut faire son choix. Et j’aime aussi cette connaissance du milieu rural qui permet à l’abbé de décrire, par exemple, l’usage de la clématite. Celle-ci se nomme en normand

« bois à fumer » : les enfants coupent les tiges entre les noeuds et s’en servent pour fumer.

A la toute fin du livre, une liste assez longue est titrée d’un pluriel plein d’humilité : errata. Avec beaucoup de scrupule, l’abbé a recensé les coquilles et inexactitudes de sa flore, et n’a pas résisté à l’envie de la compléter encore un peu. Quelle belle personne !


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