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Claude Monet et la Grande Guerre : les premiers jours

Claude Monet et la Grande Guerre : les premiers jours

Comment Claude Monet a-t-il traversé la guerre de 1914-1918 ? L’histoire de l’art se penche davantage sur la production des artistes que sur leur ressenti. Pour avoir une idée de l’impact de la Première Guerre mondiale sur Monet, il faut s’intéresser à ses lettres.

La guerre est déclarée le 3 août. Le 8, c’est un Monet très inquiet pour ses amis qui écrit à ses marchands Gaston et Josse Bernheim-Jeune :

Chers amis, je voudrais bien avoir de vos nouvelles, savoir où vous êtes, où sont ces dames et vos enfants. Si vous le pouvez, vous me ferez un grand plaisir. Je ne sais où sont les Sacha (Guitry) : j’ai télégraphié à Yainville mardi, ils étaient partis, et ma dépêche n’a pu les joindre. Pas de nouvelles de Mirbeau malgré une dépêche. Bref, nous sommes comme perdus ici, ne recevant que peu ou point de lettres. Que c’est donc triste ! Je vous en prie, un mot me donnant des renseignements sur les uns et les autres. Et Renoir ? Les Durand(-Ruel) ?Ici la maison se vide, hélas ! (…) J’ai vu Bonnard, peut-être parti à présent aussi. 

Le 10 août, Jean-Pierre Hoschedé mobilisé s’apprête à partir pour le front le lendemain. Il reçoit ce mot :

Je t’envoie ces lignes par Michel qui va te dire au revoir. Je le charge de t’embrasser pour moi…  Ne manque pas de donner de tes nouvelles, surtout sois courageux et prudent et sois persuadé que nos coeurs seront avec toi. Pense à nous, ceux qui restent ne sont pas les moins à plaindre…

Trois semaines plus tard, alors que les Allemands entrent à Senlis, Monet s’inquiète pour ses tableaux. Il demande à ses marchands 

s’il n’y aurait pas moyen, en présence de la situation, de transporter (…) en un endroit sûr un certain nombre de mes toiles et spécialement celles de ma collection. (…) Peut-être pourriez-vous louer une voiture automobile qui viendrait avec une personne de confiance emporter ce qui serait possible. Naturellement je reste ici, mais je serais bien aise de sauver ce qui sera possible, en tout cas d’en mettre une partie à l’abri.

L’heure n’est guère à la peinture. A son ami Geffroy, il confie :

Hélas ! on a l’esprit détraqué depuis un mois et l’on ne sait ce que l’on fait. Ce que je sais bien, c’est qu’en l’état actuel et dans l’isolement où je suis une lettre d’un bon ami comme vous est un réconfort qui aide à supporter ces angoisses. Beaucoup des miens sont partis sans que l’on sache où ils sont ; seul mon Michel, réformé, est encore près de moi avec Blanche. Germaine Salerou, qui était ici avec ses enfants, est partie hier ; une panique folle s’est emparée de toute notre contrée, elle est partie vers Blois chez sa tante Rémy. Quant à moi, je reste ici quand même, et, si ces sauvages doivent me tuer, ce sera au milieu de mes toiles, devant l’oeuvre de toute ma vie.

Ecrivez-moi, cher ami, dites-moi ce que vous pensez, ce que vous savez des uns et des autres. J’aimerais à savoir l’état du fils Clemenceau, cet homme admirable ; je lui ai envoyé une dépêche dont il m’a remercié, mais sans me dire si la blessure de son fils était grave ou non.     

Michel Clemenceau se remet heureusement en quelques semaines. Quant à Michel Monet, bien que réformé, il ne va pas tarder à s’engager, comme l’atteste cette photo de 1916 où Monet et Blanche sont en compagnie de leurs deux Poilus.   

   


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