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Objectif Bordeaux

Barbézieux

6/18

Après la nuit à Tours du 8 au 9 octobre 1904, la Panhard des Monet repart dès le lendemain pour le sud :

Hier, cela a été mieux puisque nous avons abattu 320 km – ou 360 – en 14 heures d’auto, ce qui est vraiment dur. Michel voulait que la seconde étape soit Bordeaux et il a fallu y arriver ! Le raid des chevaux nous a beaucoup gênés, car nous aurions peut-être couché à Barbézieux, Monet redoutant le voyage de nuit pour moi, mais tout était pris par les coureurs. Monet m’avait couverte de toutes les couvertures, châles, etc ! je n’étais plus qu’un paquet, mais il faisait froid ! et nous ne sommes arrivés ici qu’à minuit.

Lettre d’Alice Monet à sa fille Germaine, 10 octobre 1904, Bordeaux

14 heures d’auto ! Quelle endurance, et quelle folie ! J’admire le courage et la sobriété d’Alice : « c’est vraiment dur ». Il leur faudra toute une journée de repos à Bordeaux pour s’en remettre. Le compte des kilomètres est incertain, 320 ou 360, le compteur n’est pas encore inventé… sans parler de l’ordinateur de bord qui calcule aujourd’hui moyenne et consommation.

On voit aussi l’importance de Michel dans cette aventure, et son autorité, que je ne soupçonnais pas. Dans l’auto, c’est lui le patron, puisqu’il peut prendre le volant à son tour et s’occuper des réparations avec Silvain Besnard, le chauffeur. C’est lui qui a défini l’itinéraire et les étapes selon la marche espérée de la voiture. Et Monet lui laisse les rênes et devient cet époux tendre qui couvre Alice de lainages.

Cette lettre pose aussi la question de la façon dont les Monet réservent leurs nuitées. On a vu que Monet se fait envoyer la carte routière à son hôtel présumé à Bordeaux. On sait aussi qu’Alice et lui n’hésitent pas à envoyer des dépêches. Ils ont sans doute anticipé la réservation de leurs hébergements par courrier, quitte à les décaler par la suite.

L’hôtel de la Boule d’Or à Barbézieux

Connaissez-vous Barbézieux ? L’idée me vient de réparer les ratés du voyage des Monet en y passant la nuit. Le raid des chevaux n’est qu’un lointain souvenir, la disponibilité ne manque pas. Le bourg est depuis bien longtemps une ville-étape, et l’un de ses hôtels existait déjà en 1904 : la Boule d’or. L’objet est en bonne place sur la façade, en guise d’enseigne.
Plus besoin de se fier au seul guide Joanne, les services de réservation de chambres par internet donnent toutes les informations qu’on peut souhaiter. Que d’infos ! Presque trop.
Au matin, le propriétaire prend le temps de nous montrer des photos anciennes de l’établissement, qui disposait de « garages et remises ». Il nous apprend aussi que son emplacement dans la ville a changé… Ce n’est pas grave puisque de toutes façons les Monet n’y ont pas séjourné !


4 commentaires

  1. Quatorze heures de voiture dans le froid,incroyable,heureusement Monet veille sur Alice.
    Michel a en effet un peu hérité de l’autorité de son père qui n’est plus le maître dans l’automobile..
    Je ne connaissais pas Barbézieux ni même de nom.
    Prochaine étape Bordeaux,on attend la suite…

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Ariane.

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