Claude Monet était propriétaire d’un bout de terrain à l’île aux Orties, sur la commune de Giverny. C’est là, au confluent de l’Epte avec la Seine, qu’il a peint ses fameuses Matinées sur la Seine. Il possédait un hangar où il entreposait ses toiles et ses bateaux. Une aquarelle accrochée dans sa chambre le représente.
Voici ce que je peux vous proposer de mieux comme photo de l’île aux Orties, car l’endroit ne doit pas son nom au hasard. Cette zone humide en bordure de rivière est un petit bout de nature sauvage, où les orties atteignent deux mètres de haut, et où les arbres abattus par les dernières tempêtes pourrissent tranquillement, dans un chaos de troncs brisés. Pas très photogénique. A se demander comment Monet a pu décider de le peindre…
Je me suis avancée avec précaution sur ce sol incertain pour approcher du bord de l’eau. Le confluent lui-même est un peu décevant, peut-être parce que ce n’est pas la bonne saison, mais quand la végétation est vigoureuse le lieu doit être inaccessible. L’Epte arrive presque parallèle au fleuve et se jette dedans sans même que les flots de la Seine paraissent remarquer ce renfort.
Les deux cours d’eau sont invisibles sur la photo, la Seine passe en contrebas de la colline et l’Epte juste derrière les arbres.
Ce que l’on voit bien, en revanche, ce sont les boules de gui qui garnissent les branches de cet arbre, le long d’un champ où la prochaine récolte pousse déjà dru.
Cela me rappelle de jeunes visiteurs irlandais, en avril dernier, avant que les feuilles ne poussent aux arbres. « Qu’est-ce que c’est, ces machins ? » avaient-ils demandé. A l’annonce qu’il s’agissait de gui leurs yeux se sont mis à briller. « On viendra avec un camion et on va faire fortune ! » ont-ils rigolé. On dirait que le gui n’est pas si courant sur leur île.
Sur celle de Monet, il pousse aussi volontiers que les orties.
Edit 31/12/2017 : en commentaire un lien vers une vidéo aérienne de l’île aux Orties par Jean-Marie Peers de Nieuwburgh.
C’est un coin pour Gilles Clément .. la nature y fait ce qu’elle veut.
Pas très photogénique? Le soleil et la brume en font un décor plein d’atmosphère.
L’effet magnifie la réalité.
Bonjour,
Nous habitons Gasny depuis quelques temps.
Nous avons appris qu’une île, nommée Ile aux orties existait et où Monet aimait peindre.
Nous n’arrivons à la situer géographiquement.
Est-ce-que vous connaissez ses géographiques ?
Est-ce cette ile est en libre accès ? Comment fait-on pour y accéder ?
Merci. Salutations.
de KERDREL
L’île aux orties n’est plus une île, elle est rattachée à la berge maintenant. On y va en prenant le chemin derrière le moulin des Chennevières.
Il n’y a sûrement jamais eu d’île aux Orties à Giverny. Il s’agit probablement de l’île aux orties à Vernonnet. Elle se situait approximativement au niveau de l’île Corday à Vernon, à l’endroit des terrains de foot presque en face de la Collégiale. Elle figure déjà sur un plan de Vernon et Vernonnet du XVIIIe siècle. Jusqu’aux années 1930/40 de nombreux bras sillonnaient ce que l’on appelle désormais "Les Prés de Vernonnet", de Giverny jusqu’a "Ma Campagne". La majeure partie des tableaux que Monet a peint dans les bras, dont la série des "Matinés sur la Seine" le furent sur le territoire de Vernonnet, beaucoup plus jolie et varié à l’époque, que Giverny.
Mais chut, ne le dite pas, la rhétorique marketing autour de Monet évite soigneusement de citer le faubourg de Vernonnet, inspirateur de Monet, autant que de Pierre Bonnard qui lui habitait sur son territoire.
Vernon d’antan, je vous reconnais bien là, ardent défenseur de notre faubourg de Vernonnet ! Vous jetez un peu vite aux orties l’île aux Orties de Monet ! Elle a bel et bien existé à Giverny, attestée par de nombreux documents, lettres de Monet, et certainement par le cadastre. Les anciens Givernois se la rappellent très bien, de même que le hangar que Monet y possédait.
Concernant les Matinées sur la Seine, des contemporains de Monet décrivent comment il traversait les champs en face de chez lui pour se rendre au confluent de l’Epte, où ses tableaux commencés l’attendaient dans le hangar. Monet a effectivement peint à Vernonnet : la série des Collégiales de Vernon, le vieux moulin, mais pas les Matinées.
Bonjour Ariane,
Je me suis permis de mettre le lien votre belle page sur ma video du même sujet que vous trouverez sur
https://vimeo.com/249170131. En effet votre page complète très bien mon travail pour ceux qui voudraient en savoir plus sur un des lieux de l’impressionnisme difficile à appréhender en images sur place (j’ai bien aimé votre photo avec le soleil dans la brume, très représentative du lieu ).
Voilà, si cela vous convient je laisse ce lien utile, sinon je l’enlèverai, bien entendu sur votre demande.
Par ailleurs, nos deux pages se complétant bien, c’est bien volontiers que je vous propose d’insérer le lien vers ma video si vous l’appréciez.
Je profite de l’occasion pour vous souhaiter une excellente année 2018à vous et vos proches.
Bien cordialement
JM Peers de N.
Merci de nous faire découvrir l’aspect qu’a l’île vue du ciel. Un point reste obscur pour moi : pourquoi parlez-vous d’affluent de l’Epte ? « En effet, la noue qui reliait l’affluent de l’Epte au bras de Seine en aval s’est progressivement comblée ». Cet affluent, quel est-il ? Je trouve l’hydrographie de Giverny bien compliquée et serai ravie de vos éclaircissements. Belle année 2018 à vous et à tous les amoureux de Giverny !
Bonjour Ariane,
L’affluent dont il est question est ce bras de l’Epte qui se sépare du ru communal (aussi appelé ru de Giverny) qui alimente le bassin des nymphéas. La séparation se fait à hauteur du “déversoir”, à hauteur de la rue du pressoir.
Ah oui ça y est je le vois. Il commence à côté du lavoir, n’est-ce pas. Merci !
C’est exact. Ce coin a même fait l’objet d’une carte postale du « déversoir » (éditions Lavergne) que le photographe, très lyrique ce jour là, a intitulée « Cascade sur l’Epte ».