Lilla Cabot Perry

L'atelier de Lilla Cabot Perry à GivernyDans la chambre de Claude Monet à Giverny, on peut voir un tableau de style impressionniste représentant une petite fille debout dans une rue bordée de fleurs. Il est signé Lilla Cabot Perry. L’artiste américaine a pris pour modèle sa fille cadette Alice, dans une des rues du village.
Je présume qu’il s’agit d’un cadeau de la peintre à son illustre voisin. Lilla Cabot Perry habitait la maison juste à côté de celle de Monet dans la rue de l’Amsicourt, devenue aujourd’hui rue Claude Monet. Les deux propriétés ne sont séparées que par la ruelle Leroy, une étroite venelle.
La maison des Perry se nommait Le Hameau. Sur cette photo prise dans le jardin du Hameau, on apercoit l’atelier de Perry, et, derrière, le pignon rose de l’atelier de Monet. Dans ses souvenirs, Perry raconte que Monet aimait bien faire une apparition chez elle après le repas, avant de retourner à son travail.
C’est toujours agréable d’entretenir de bonnes relations avec ses voisins. Madame Perry et Claude Monet s’entendaient à merveille, passionnés tous deux par la peinture et le jardinage. Elle est l’une des rares artistes de la colonie américaine de Giverny à être devenue intime avec Monet.
Les Perry ne résidaient pas toute l’année à Giverny, mais ils y ont passé dix étés entre 1889 et 1909.
Lilla Cabot Perry était issue de l’élite culturelle de Boston. A 36 ans, elle décide de se mettre à la peinture. Elle étudie aux Etats-Unis, puis en Europe, et se révèle si douée qu’elle devient peintre professionnelle.
Lors d’un séjour à Paris, elle découvre un tableau de Monet dans une galerie. C’est une révélation qui va changer sa vie. Voilà comment elle veut peindre ! Elle se met en quête de l’artiste, le rencontre à Giverny et sympathise avec lui. C’est le début d’une longue amitié.
Perry fait partie de ces peintres qui sont considérés plus ou moins comme des élèves de Monet. Monet ne voulait pas d’élèves, pensant que chacun devait trouver sa propre voie en art, mais il lui arrivait de donner son avis sur les toiles en cours. Perry, Breck ou Blanche Hoschedé ont été très profondément influencés par sa manière.
Perry a beaucoup oeuvré pour faire acheter des Monet par les collectionneurs américains. Elle a écrit sans relâche à ses amis de la bonne société bostonienne pour les encourager à en acquérir ; ils étaient alors à un prix très abordable, 500 dollars. Les descendants des relations mondaines de Perry lui doivent une jolie chandelle.

Le bal du 14 juillet

14 juillet à Vernon, Normandie, FranceJ’étais venue juste pour faire quelques photos au coucher du soleil.
Et puis, dès l’entrée dans le jardin public où le bal du 14 juillet était organisé, je me suis laissé emporter par l’ambiance festive et détendue, et je suis restée jusqu’à la fin.
Il y avait des ballons bleu blanc rouge accrochés aux grilles, des guirlandes et des lampions.
Sur la scène installée au pied de la tour des Archives, à l’emplacement du jeu d’échec dont on avait à peine repoussé les pièces dans un coin, un groupe excellent jouait des standards avec sincérité.
Sur la piste, des couples de danseurs tourbillonnaient dans un style impeccable. D’autres plus maladroits regardaient leurs pieds. Une petite fille en robe de tulle courait après un ballon.
La tour des Archives, heureuse d’être de la fête, prêtait son gros ventre à la projection de lumières. Tout en haut, une brise agitait les drapeaux et les faisait flotter en rythme avec beaucoup d’à propos. Le mur d’enceinte et les bâtiments autour du jardin créaient un espace intime sur lequel tombait la nuit.
Il faisait agréablement doux, une petite bulle d’été qui venait tout juste d’arriver alors qu’on n’y croyait plus. On savourait ce temps suspendu, ce petit miracle d’harmonie urbaine, sans oser respirer trop fort de peur qu’il ne s’envole.
– Vous reviendrez l’année prochaine ? a demandé quelqu’un dans le public.
Même avant, j’espère.

Feu d’artifice

Feu d'artifice

« D’éblouissants feux d’artifice allaient mêler aux étoiles leurs panaches de feu ».

C’est du Maupassant. C’est beau, cette petite citation, n’est-ce pas ? Il n’y a pas un mot à changer pour décrire le spectacle pyrotechnique d’hier soir, tiré sous un ciel enfin dégagé.
Guy de Maupassant, écrivain haut-normand, critique d’art, a été un grand ami et admirateur de Monet.
Rien de nouveau sous les étoiles, donc, tous les 14 juillet. Pour changer un peu de point de vue, je suis montée sur la colline Saint-Michel.
L’escalade avec le matériel photo dans la pénombre s’est avérée un peu dangereuse, mais le paysage était à la hauteur, si j’ose dire. La nuit tombait sur la vallée de la Seine, la ville de Vernon brillait déjà de toutes ses lumières. De là-haut, le château des Tourelles ressemblait plus que jamais à la Bastille. Un endroit rêvé pour tirer un feu d’artifice, d’autant plus qu’on peut aussi l’admirer depuis le pont ou de l’autre berge de la Seine, et qu’on profite alors des reflets.
Mais pourquoi faut-il qu’à chaque fois la musique pleine de feu et de panache de la Guerre des Etoiles vienne se mêler aux éblouissants feux d’artifice ?

Vulcain

Le moteur Vulcain de la fusée Ariane 5Avez-vous deviné de quoi il s’agit ? Certains objets technologiques sont beaux comme des oeuvres d’art. Vu de près, celui-ci ressemble à une sculpture non figurative, où l’artiste aurait voulu exprimer, disons, des destins qui s’entrecroisent, la linéarité de certains parcours, les méandres que font d’autres vies… On est tenté, comme dans les jeux pour enfants, de suivre tous ces fils et de relier le chien à son os, le chat à la souris et la souris au fromage.
On peut toujours plaquer de l’interprétation sur n’importe quoi. Dans toute analyse d’oeuvre, dès qu’on cesse de décrire pour essayer de donner du sens, le terrain devient glissant. L’interprétation n’est qu’une proposition, une piste, une suggestion.

Rien de tel ici puisque l’intention n’a rien d’esthétique, mais qu’elle est purement technique. Ce bel objet est un moteur d’essai Vulcain, fabriqué à Vernon, qui sert à expédier hors de l’atmosphère la fusée Ariane 5.
Les petits fils soigneusement fixés sont des capteurs pour mesurer (entre autre ?) la température du divergent.
Vous vous demandez ce qu’est le divergent ? L’ingénieur qui tenait compagnie au moteur exposé hier sur la place de Gaulle à Vernon a été d’une patience remarquable. Je m’étais juré de m’accrocher pour comprendre enfin quelque chose à Vulcain et Ariane, et je l’ai interrompu chaque fois que je ne suivais pas.
Réponse : le divergent, c’est cette sorte de cloche bourrelée d’où les gaz sortent à une vitesse extrêmement grande (4000 m/seconde, je n’arrive même pas à imaginer).
C’était une aubaine que quelqu’un soit là pour expliquer aux badauds de mon espèce, qui ne se bousculaient pas vu le temps. Sur la maquette d’Ariane, il m’a montré les deux moteurs qui fonctionnent avec du carburant en ol (du propergol, si ça vous cause) et qui servent à décoller, parce que Vulcain tout seul, le pauvre, il n’y arriverait pas. Il m’a aussi fait voir la place énorme occupée par les combustibles dans la fusée – presque toute la place, en fait – et le moteur plus petit qui sert à la fin du vol ; enfin il m’a décrit le circuit fait par l’hydrogène liquide, à la fois pour refroidir ce fameux divergent et pour brûler au contact de l’oxygène.
J’étais contente d’écouter le guide, pour une fois. D’expérimenter ce qui se passe dans la tête de la personne qui se fait expliquer quelque chose.
Au fil des explications, je me sentais plus proche de ces hommes et ces femmes qui relèvent des milliers de défis techniques pour rendre possible cette prouesse d’aller placer des satellites là-haut, en orbite.
Je suivais l’hydrogène liquide ultra froid qui circulait dans les tuyaux, qui brûlait au contact de l’oxygène, qui devenait du gaz, qui passait le mur du son et atteignait des vitesses incroyables.
Et je me sentais un tout petit peu devenir cette fusée Ariane qui décolle, qui largue progressivement des étages, et qui s’arrache enfin à l’attraction terrestre pour aller danser dans la grande nuit des étoiles.

Pinson

PinsonPermettez-moi de vous présenter Boubou. Ce petit pinson est la voix des Jardins de Monet, leur fond sonore mélodieux et enthousiaste. Il aime se percher sur les arceaux fleuris de la Grande Allée pour se lancer dans d’ébouriffantes improvisations.
Le dénommé Boubou a vraisemblablement de multiples incarnations, avec des houpettes plus ou moins marquées ou des plumes plus ou moins jaunes. Mais comme il ne se laisse pas approcher d’assez près pour qu’on perçoive ce genre de détails, on feint de croire à son unicité. Bref, Boubou est la mascotte de la caisse des Groupes.
Les jardins de Monet ont une entrée réservée aux groupes de touristes, tout en bas du clos normand. Les moments d’intense fréquentation y alternent avec des minutes de calme plat. Entre deux arrivées massives d’humains, Boubou ne manque jamais de venir sautiller sur les pavés, à la recherche de mies de pain.
Comment reconnaître un Pinson ? Les pinsons ont un gros bec de granivores (tandis que les insectivores ont généralement un bec plus fin). Ils ont un ventre rose qui pourrait les faire confondre avec les bouvreuils, mais ces derniers ont la tête noire. Le pinson, lui, préfère enfiler une cagoule grise. Ses ailes sont ornées de plumes blanches, noires et jaunes. Ce sont ces couleurs que l’on retrouve chez la femelle. Madame n’aime pas le rose, allez savoir pourquoi.

Ordi

Inscription sur le mur de l'église de VernonLongtemps cette inscription sur le mur sud-est de l’église de Vernon m’a amusée et intriguée. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire, cet ORDI écrit en gros caractères ? Etait-ce du français ou du latin ? Est-ce que cela venait du mot ordination ? Des dimanches ordinaires ?
Ce qui me faisait sourire, c’était ce clin d’oeil involontaire aux ordinateurs d’aujourd’hui, à l’abréviation familière de ces machines dont nous ne saurions plus nous passer, et qui prennent autant de place dans nos vies que… la religion autrefois.
Las ! J’ai dû déchanter aujourd’hui. J’ai appris la nature exacte de cette inscription, et, s’il y a toujours une certaine satisfaction à percer un mystère, j’aurais préféré que celui-ci conserve sa brume poétique.
L’inscription se lit un peu mieux sur des photographies du 19è siècle. Agrandissez l’image et vous verrez, c’est la faute aux pleins et aux déliés, à l’usure du temps, le jambage a presque disparu mais se devine encore. Il faut lire un U et non pas un I.
Ô ! Triste révélation ! Le mot tronqué est ORDU-RES. L’inscription complète stipule qu’il est interdit de déposer des ordures le long des murs de l’église sous peine de poursuites.
Je suis allée vérifier sur place, et j’ai pu déchiffrer, à trois quart effacés, les mots « sous peine de ». Voilà qui me fait de la peine, vraiment.

Château-Gaillard dans la brume

Château-Gaillard dans la brume, photo aérienne de Francis CormonChâteau-Gaillard dans la brume, photo aérienne de Francis Cormon

Vous bâillez encore en gravissant l’escalier qui vous mène sur la courtine de bois de Château-Gaillard. En ce matin de l’hiver 1201, il est l’heure de prendre votre tour de garde. Roger de Lascy, le gouverneur du château-fort, vous a chargé de guetter tout signe suspect aux alentours, il vous a d’ailleurs choisi pour votre vue perçante.
Le soleil qui dore déjà les solides murailles construites par Richard Coeur de Lion ne vous préparait pas à ce que vous découvrez en débouchant sur le chemin de ronde : aussi loin que la vue porte, toute la vallée de la Seine n’est qu’un immense déploiement mousseux. « Goddam ! » vous exclamez-vous. Comme tous vos compagnons, c’est votre juron favori, au point que vos ennemis vous surnomment les Godons.
Les ennemis, ce sont les Français. Le roi de France Philippe-Auguste a juré de prendre la Normandie pour agrandir son tout petit royaume. Il est malin, il pourrait bien y arriver. Mais il faudra d’abord qu’il s’empare de Château-Gaillard, et la forteresse du Duc de Normandie et Roi d’Angleterre est réputée imprenable !
En tout cas, si Philippe-Auguste manigance quelque chose ce matin, les nuages doivent bien faire son affaire. Vous contemplez d’un air perplexe la masse opaque qui s’étend devant vous. En montagne, on appellerait ce phénomène une mer de nuages, mais vous l’ignorez, bien entendu, vous n’avez jamais mis les pieds à la montagne.
Le château est là comme une sentinelle inutile. Il suffit d’attendre, le soleil finira bien par assécher toute cette humidité qui s’attache au fleuve. Cet après-midi, on reverra la courbe de la Seine au pied de la forteresse, et vous pourrez de nouveau déceler le poudroiement d’un cheval au galop à plusieurs lieues de distance.

Allégorie

Fontaine à Evreux Tout est allégorie dans la fontaine monumentale qui trône sur la place de l’hôtel de ville d’Evreux. Le sculpteur eurois Emile Decorchemont s’en est donné à coeur joie dans la personnification.
Tout en haut, la jeune femme représente l’Eure, entendez la rivière qui arrose le département du même nom. De la main droite, elle s’appuie sur le blason de la ville d’Evreux, chef lieu du département de l’Eure. Dans sa main gauche on reconnaît une rame, symbole allégorique des cours d’eau.
Devinez qui sont les deux enfants qui l’accompagnent ? Allons, c’est facile. Le sculpteur a filé l’allégorie. Ces deux bambins sont deux de ses affluents, l’Iton, qui arrose Evreux, et le Rouloir.
La fontaine tout entière représente le département. Sous les gueules des quatre dauphins d’où jaillit l’eau, figurent l’écu et le nom de quatre villes, Bernay, Louviers, Pont-Audemer et les Andelys. A l’époque où la statue a été construite, en 1882, il s’agissait des cinq arrondissements du département. Ceux de Louviers et Pont-Audemer ont fusionné avec d’autres depuis. Et Vernon ? Eh bien non, pas de Vernon, la deuxième ville du département n’a pas été distinguée par l’administration et n’a pas eu droit au rang de sous-préfecture.
Le projet de Décorchemont était bien dans le goût du 19e siècle. Il a emporté le concours lancé par la ville pour l’exécution de la fontaine. Le monument a été érigé suite à un don de Madame Jules Janin, dont le papa était président du tribunal civil, et dont le mari était académicien.
Cette généreuse Ebroïcienne s’est sentie concernée par le bien-être de ses concitoyens. Elle a fait un legs pour que la ville installe un réseau d’eau potable. La fontaine est… une allégorie de cette eau qui, à la fin du 19e siècle, jaillit enfin des robinets dans chaque maison d’Evreux.

Rose trémière

Roses trémièresPourquoi rose ? Pourquoi trémière ? Le nom de cette grande fleur très répandue est une énigme. Il serait une déformation de rose d’outremer, expression apparue vers 1500. Est-ce à dire que la plante est d’origine américaine ? Mystère. En tout cas la voici totalement chez elle dans la plupart des coins de France, avec sa faculté de pousser n’importe où qui lui donne l’air de surgir des trottoirs.
Elle est parfaite le long des façades ou des murs, où son bon caractère de vivace la fait revenir chaque année sans embêter le jardinier. Elle pousse même l’amabilité jusqu’à se ressemer toute seule. Il n’y a plus qu’à sortir sa chaise longue et la regarder croître quasiment à vue d’oeil.
Difficile de parier sur sa couleur : la rose trémière s’hybride spontanément, on a donc la surprise du coloris, rose pâle un peu fade ou pourpre profond, en passant par toutes sortes de merveilles bicolores.
Si facile à cultiver, la rose trémière a pourtant deux défauts : elle craint le vent et la pluie qui la couchent, et quoi qu’on fasse elle a piteuse allure quand elle arrive en fin de floraison, avec ses grandes tiges déplumées qui arborent tout en haut leurs dernières corolles. Il ne faut pas hésiter à les couper, la rose trémière se dépêche alors de fabriquer une nouvelle tige et vous gratifie d’une floraison à l’automne, troquant la compagnie des marguerites et des hémérocalles pour celle des asters et des anémones du Japon.

Tourisme religieux

Narthex de l'église Notre-Dame de LouviersPortail flamboyant de l’église de Louviers

Imaginez que vous soyez Américain, Australien, Suédois… Il y a de bonnes chances pour que vous choisissiez la France comme destination de vacances. Avec plus de 60 millions de visiteurs étrangers chaque année, notre pays est la première destination internationale du monde.
Les raisons de cette attraction se laissent facilement deviner : climat agréable, bonne chère, variété de paysages, et du patrimoine à ne plus savoir où donner des yeux.
Si la tour Eiffel reste haut placée dans le coeur des touristes, les églises et les abbayes ne les fascinent pas moins. Quand j’interroge les visiteurs de Giverny sur leurs découvertes pendant leur séjour en France, Notre-Dame de Paris, Chartres et le Mont Saint-Michel reviennent très souvent.
« J’aime visiter les cathédrales, c’est magnifique, et quand je rentre aux Etats-Unis je ressens à quel point mon pays est jeune », m’expliquait hier une photographe du Michigan.
Que l’on soit croyant ou non, la beauté des églises et le tour de force de leur construction justifient l’admiration. Mais pour les vacanciers qui ont la foi, la visite des lieux sacrés prend une autre dimension.
Certains veulent aller parcourir à genoux le labyrinthe de Chartres, d’autres rêvent de se recueillir devant les reliques de Sainte-Thérèse à Lisieux. Giverny se découvre alors stratégiquement placé à mi-distance des deux sanctuaires, à une bonne heure de route. Et la pause au bord de l’étang des Nymphéas, dans le jardin du peintre de la nature et de la lumière, ne dévie guère les pèlerins de leur cheminement.

L’allée des crocosmias

L'allée des crocosmias à Giverny Tout en bas du Clos Normand, dans le jardin de Claude Monet, l’allée des crocosmias en pleine floraison flamboie de rouges et de jaunes. Selon les principes chers au peintre, le massif mêle différentes sortes de fleurs. Parmi les rouges, on reconnaît des lys et de magnifiques crocosmias, ces fleurs de la famille des iris qui recourbent leurs tiges pour fleurir à l’horizontale. Parmi les jaunes, des lysimaques et des lys, le tout bordé de petites alchemilles mousseuses.
A y regarder de près, vous identifierez encore d’autres fleurs dont les floraisons se succèdent. Au bout du massif, un petit banc de pierre invite à une contemplation prolongée des corolles enflammées.

Marquise

marquiseLes auvents vitrés qui protègent les perrons portent un bien joli nom, marquises. Ils ont été très populaires au siècle dernier avant de passer de mode. C’est pourtant pratique de pouvoir chercher sa clé sans se faire tremper, et courtois de ne pas laisser les gens qui sonnent chez vous attendre sous la pluie.
Les marquises sont presque toujours aussi jolies que leur nom. Certaines ont des vitrages festonnés, d’autres s’ouvrent en éventail. Les ferronneries les plus simples n’oublient jamais d’être gracieuses et légères, les plus sophistiquées donnent un cachet ancien et cossu à la maison.
Vernon a connu une belle expansion à l’époque où Monet vivait à Giverny. Des rues entières ont surgi des champs. Dans ces quartiers devenus anciens, mais qui ne sont pas moyenâgeux, les marquises se déploient à l’avant des façades sur la plupart des maisons, et se laissent collectionner du regard.

La Seine à Lavacourt

Lavacourt, Claude Monet, 1880, Dallas Museum of Arts, TexasPourquoi aller bien loin quand on a de jolis motifs sous les yeux ? A Vétheuil, Claude Monet n’a qu’à descendre l’escalier de son jardin pour se retrouver au bord de la Seine. Le fleuve décrit une courbe majestueuse au pied de la pittoresque église du bourg.
En face de lui, sur l’autre rive, le peintre aperçoit les maisons du petit village de Lavacourt – guère plus qu’un hameau perdu à la pointe de la presqu’île formée par le méandre. Le lit du fleuve est parsemé d’îlots où poussent des saules.
Monet s’installe pour peindre. Il est probable qu’il choisit de s’asseoir dans son bateau-atelier toujours amarré au bas du jardin. LavacourtDu moins, on ne peut pas voir aujourd’hui depuis la berge l’angle qu’il choisit, avec la courbe du fleuve et le clocher de Saint-Martin La Garenne pointé à l’horizon, en haut de la colline. Pour retrouver cet angle il faut s’avancer un peu sur l’eau.
C’est en 1878 que Monet peint ce paysage pour la première fois. Il y revient l’année suivante pour une série de quatre vues, puis à nouveau en 1880 avec ce tableau-ci. (Lavacourt, Claude Monet, 1880, Dallas Museum of Arts, Texas).
Selon le catalogue raisonné, cette oeuvre de grandes dimensions, 100×150 cm, représentant une vue estivale a été exécutée dès le mois de mars d’après la série de toiles plus petites de 1879.
Les îles ont changé de place en 127 ans. A l’époque de Monet, le regard glisse le long de la Seine en direction de l’amont. Le fleuve s’avance vers le spectateur qui ne sait pas par quel miracle il n’est pas noyé. Rien, au premier plan, ne permet de savoir si l’on a les pieds au sec, exceptée une touffe ambiguë de roseaux.
Mais quelle sérénité dans ces bleus et ces verts pâles, réchauffés de quelques touches de rose presque chair !
Monet place la ligne d’horizon au milieu de la toile. A l’ouverture du premier plan répond l’étendue du ciel tout pommelé de nuages, qui vient se refléter dans les eaux mouvantes. C’est le matin, le paysage baigne dans une lumière douce et tamisée. Les façades des maisons éclatantes de soleil se mirent dans le fleuve qui fait danser les couleurs.

La maison de Monet à Vétheuil

La maison de Monet à VétheuilDes dimensions modestes, des volets verts toujours fermés qui tranchent sur une façade ocre : avec cet air banal et abandonné, la maison que Monet et sa famille ont occupée à Vétheuil n’aurait rien de bien extraordinaire, hormis sa plaque commémorative. Mais c’est sa petitesse même qui étonne. Comment ont-ils fait pour y vivre aussi nombreux pendant plusieurs années ?
Faisons l’appel. Deux familles vivent ici. Claude Monet et Camille, très malade, leur petit Jean et leur nouveau-né Michel. Et puis les Hoschedé, Ernest et Alice, et leurs six enfants, le dernier tout bébé. Ajoutons encore une nourrice, une institutrice, une cuisinière.
Quinze personnes ! Elles s’entassent dans une maison qui fait peut-être cent mètres carrés. Une pièce à gauche, une pièce à droite, la cuisine au fond. A l’étage, même disposition de trois pièces, sous les combles une dernière chambre. Monet occupe la pièce à droite de la porte, il y dort et y stocke ses toiles. A gauche, c’est sans doute la salle commune, avec peut-être un lit pour Camille. Au-dessus, la chambre des Hoschedé et celles où les enfants s’entassent, jouent et chahutent.
C’est dans cette petite maison surpeuplée qu’ils vont, les uns et les autres, passer les années les plus noires de leurs vies.

Le lycée de Vernon

Le lycée de VernonC’est presque les vacances… Les établissements scolaires s’apprêtent à entrer dans leur sommeil estival.
Au lycée de Vernon, voilà déjà plusieurs jours que le grand campus de 14 hectares est déserté, juste au moment où il est le plus beau avec ses grands arbres qui semblent échappés de la forêt toute proche.
Cet après-midi, pourtant, le lycée Dumézil a connu un petit sursaut d’animation avant de s’endormir pour l’été. On voyait des cohortes de jeunes à la mine anxieuse se presser vers la caféteria et se pencher, les sourcils froncés, sur de longues listes de noms. Et puis, le plus souvent, le soulagement, les cris de joie, les rires au bout des portables. Et parfois, l’amertume, et des pas qui s’en vont pressés loin de toutes ces démonstrations bruyantes.
C’est la vie comme elle va, doit se dire de là où il se trouve le grand philologue Georges Dumézil, cet érudit de l’histoire des religions et des civilisations indo-européennes qui maîtrisait une vingtaine de langues aussi improbables que l’ossète, le gallois, le persan et le turc.
S’il revenait aujourd’hui, je crois qu’il trouverait cela très bien que son nom ait été donné à un établissement où les jeunes se consacrent à l’étude, mais qu’il ne lui déplairait pas non plus d’y retrouver le calme propice à la réflexion.
Demain le silence sera retombé sur le lycée Georges Dumézil. Le grand totem de pierre qui, du milieu de la pelouse, veille sur les 2100 élèves, va pouvoir baisser la garde, et se contenter de servir de perchoir aux petits oiseaux.

Le jardin des arts, vue plongeante

Le jardin des arts à Vernon Un plaisir dont on ne se lasse pas quand, comme moi, on habite au rez-de-chaussée : monter tout en haut d’une tour et regarder en bas.
L’avouer vous donne immanquablement un côté provincial, tout comme reconnaître que vous trouvez encore cela ludique de prendre des escalators, un tapis roulant, voire, honte absolue ! l’ascenseur.
A l’inverse, remarquer le calme, s’étonner de la présence d’une vache vous désigne comme citadin.
C’est la merveille d’un oeil neuf, de sensations dont on n’est pas blasé. Du haut de la tour des Archives, à Vernon, le jardin des Arts dévoile toute la finesse de sa géométrie. Le regard s’attarde à détailler les bicyclettes abandonnées, les flâneurs étendus sur la pelouse, les enfants qui jouent avec les jets d’eau…
La distance idéalise la scène, lui donne cette abstraction intemporelle des illustrations de livres pour enfants. Les personnes deviennent personnages, des Playmobils sortis tout droit de la boîte « jardin public ».
Pourquoi ? Est-ce de la voir de l’extérieur qui permet de mieux s’y projeter ? Faut-il prendre ce recul ?
Depuis le sommet des tours, le monde cesse d’être un lieu où l’on vit, il devient un tableau que l’on contemple.

Maison bizarre

Une maison bizarre, le vieux moulin de VernonCe bâtiment est en train de devenir une star de l’internet dans les sites qui recensent les maisons les plus étonnantes à travers la planète.
A force d’être tous les jours sous leurs yeux, il n’épate plus du tout les habitants de Vernon. Pourtant, sa curieuse position à cheval sur deux piles de pierre a de quoi intriguer. Pourquoi avoir construit cette maison en équilibre à cet endroit ?
Claude Monet, qui l’a peinte depuis son bateau-atelier l’année de son installation à Giverny, en 1883, devait ignorer son nom, puisqu’il a simplement appelé le tableau qui la représente « Maisons sur le Vieux Pont à Vernon » (New Orleans Museum of Art, Louisiana).
Maisons sur le Vieux Pont à Vernon (New Orleans Museum of Art, Louisiana) Tout devient logique quand, comme les Vernonnais, on connaît son nom et son ancienne fonction : le Vieux Moulin.
Avant l’invention de la machine à vapeur, l’eau était l’une des sources d’énergie les plus abondantes et les plus faciles à utiliser. On bâtissait des moulins partout, le long de la moindre rivière, mais aussi sur la Seine. La présence d’un pont était une aubaine qui facilitait la construction du moulin. Celui de Vernon daterait du 16e siècle.
On peut encore voir à Andé ou à Muids de très anciens moulins sur le fleuve avec leur roue pendante, capable de s’adapter à la hauteur variable du niveau de l’eau. Celle du moulin de Vernon a hélas disparu, ce qui lui donne cet air bizarre et énigmatique.

Les oisillons tombés du nid

Jeune mésangeC’est à croire que leurs parents ne leur ont pas appris à se méfier des inconnus : les jeunes oiseaux font preuve d’une merveilleuse innocence. Ils restent quelquefois de longues minutes posés dans l’herbe à la merci de tous les prédateurs, et se laissent photographier sans fausse modestie.
Cette petite mésange avait l’air de reprendre son souffle après un gros effort ou une forte émotion. Etait-ce son premier vol ? Son bec était encore tout teinté de jaune. Un oisillon qui découvrait le vaste monde, sans doute, un vrai béjaune à l’oeil rond.
Comme les humains doivent apprendre à marcher, les oiseaux ont besoin d’entrainement avant de savoir bien voler. Les débutants se reconnaissent au premier coup d’oeil à leur façon désordonnée et trop rapide d’agiter les ailes. Ils ont le côté affolé des apprentis nageurs qui s’élancent pour la première fois sans bouée.
On les voit passer par fratries de plusieurs mâles et femelles, battant l’air d’une manière frénétique. Cela ne dure pas très longtemps. Au bout de quelques heures de vol, ils sont devenus de vrais pros.
(J’ai emprunté le nom d’un groupe bordelais pour titrer ce post. Si vous ne connaissez pas, vous les trouverez ici, et peut-être que vous apprécierez leur humour au troisième degré.)

Kitagawa, un Giverny japonais

Copie des jardins de Monet au JaponMonet était fasciné par le Japon sans y être jamais allé, son immense collection d’estampes et son jardin japonisant en témoignent. La fascination s’est exercée aussi, dès son époque, en sens inverse : les Japonais ont toujours fait bon accueil à l’art de Monet.
En 1999, le village de Kitagawa, une station réputée pour ses sources thermales, a rendu un hommage exceptionnel au maître de l’impressionnisme en recréant de l’autre côté de la terre ses jardins de Giverny.
Surfer sur le site des jardins Marmottan Monet de Kitagawa permet de se laisser fasciner à son tour par l’expertise des Japonais en matière de jardinage. Pour que l’illusion soit parfaite, la Fondation Monet y a prêté la main. Le chef-jardinier de Giverny, Gilbert Vahé, s’est rendu sur place afin de donner de précieux conseils.
Le résultat est magnifique et saisissant. je suis sûre que Monet aurait été ébloui par tous ces nénuphars merveilleux ; le fameux Nymphéa bleu a l’air de prospérer à Kitagawa.
Bien sûr, vous le verrez à travers les photos du site, il a fallu faire quelques entorses. La pente du terrain a l’air d’être plus prononcée, en tout cas des escaliers assez longs mènent à la maison. Je ne crois pas qu’on ait restitué l’intérieur. Le plan des jardins n’est pas tout à fait identique non plus. Mais l’ambiance a l’air d’être bien la même.
Je ne me lasse pas de faire le tour des sites qui parlent de Kitagawa. Cela a quelque chose de surréaliste de voir des lieux qui paraissent familiers tout entourés de caractères illisibles et bizarres. On cherche à comprendre ce que les photos racontent. Et tout à coup, on tombe sur la reproduction d’un article de Paris-Normandie, en français dans le texte. Voilà qui doit faire tout drôle aux internautes japonais.

Astilbe

AstilbeL’Astilbe ne manque pas de classe, avec ses inflorescences toutes douces qui font penser à des plumes d’autruches (des plumeaux, prétendent certains esprits chagrins que nous préférerons ignorer).
Rose, rouge ou blanche, l’astilbe orne les bords de bassins, comme ici à Giverny, car elle aime être au frais au bord de l’eau. L’exposition lui importe moins que l’humidité, on la voit réussir aussi bien à l’ombre qu’au soleil, à condition de lui éviter les ardeurs de midi.
C’est une plante de culture facile même pour les débutants en jardinage. En peu d’années le pied se développe, à tel point qu’il faut diviser les souches tous les quatre ou cinq ans. On en a alors pour prolonger la bordure ou pour donner à ses amis.

Jardin secret

Le jardin à la française du château de JeufosseA une vingtaine de kilomètres de Giverny, à côté de Gaillon, le château de Jeufosse possède un magnifique parc qui recèle un joyau discret : un jardin à la française endormi à l’ombre des grands arbres.
Il suffit de soulever le loquet d’un autre âge, et l’on entre dans un labyrinthe vert de buis taillés égayés de lupins et de roses. Pas âme qui vive. On glisse à petits pas dans les allées, avec le plaisir qu’on goûte à être seul dans les eaux calmes d’une piscine. Tout semble suspendu hors du temps dans ce jardin secret. Quelqu’un viendra-t-il se délasser dans les grottes de verdure, contempler les bouquets de pierre ?
Là-bas, en point de fuite, le château dresse sa belle façade, son escalier monumental. Mais ici, le clos quasi monacal a la taille d’un grand potager, des dimensions humaines et familières.
Le jardin est une propriété privée, il appartient aux propriétaires du château, les visiteurs de passage qui résident dans les chambres de la maison d’hôtes y sont les bienvenus. C’est un lieu à découvrir si vous cherchez un endroit calme et plein de charme où dormir pas très loin des jardins de Monet.

L’embarcadère aux roses

L'embarcadère aux roses, chez Monet à Giverny Voici l’embarcadère aux arceaux fleuris vu de la berge en face, presque de l’endroit où Monet l’a peint. L’effet est très différent : de nos jours, le fond du paysage est empli de grands arbres.
A l’époque de Monet, sur le tableau du musée de Phoenix, on n’aperçoit ni la peupleraie du fond, ni tous les arbres qui bordent aujourd’hui l’étang et qui ont eu le temps de parvenir à maturité.
Vu du pont japonais, le bassin ressemble aujourd’hui à une clairière en pleine forêt.

Bons baisers de Russie

Le déjeuner sur l'herbe, Claude Monet, musée Pouchkine, Moscou Le déjeuner sur l’herbe, Claude Monet, musée Pouchkine, Moscou

Voyages par procuration : après des Suédois vendredi, des Danois samedi, ma semaine s’est finie avec des Russes.
C’est toujours étonnant d’entendre des étrangers se parler entre eux. Au milieu de tout un tas de mots qu’on ne comprend pas, parfois il en ressort tout à coup un ou deux qui sont transparents et qui permettent de suivre un tout petit peu le fil de leur conversation, comme les cailloux du Petit Poucet disséminés de loin en loin. En suédois, téléphone mobile se dit cell phone, par exemple. Ca peut toujours servir.
Les Suédois m’avaient demandé une visite en français, les Danois en anglais. Ce matin deux des ingénieurs moscovites en week-end parlaient très bien anglais et traduisaient au fur et à mesure en russe pour leurs collègues.
C’était un vrai bonheur d’entendre mes phrases se métamorphoser comme par magie en cette langue douce et chantante, en retrouvant deci-delà un nom propre, un nom de fleur en latin, un mot français passé au russe.
Je me demande bien ce qu’ils ont pensé des explications que je leur ai données. Monet menait à Giverny une vie de grand bourgeois à la campagne. J’essayais de me projeter dans une mentalité russe (exercice certes difficile et périlleux) et je m’entendais partout souligner ce côté classe sociale élevée de Monet, ses relations prestigieuses, ses moyens pour faire détourner la rivière et goudronner devant chez lui, sa grande serre, sa voiture, ses tailleurs élégants, ses repas fins, ses six jardiniers… Et les dames et leurs problèmes d’oiseaux d’ornement, de château, d’ombrelle et de broderie… Que pense-t-on de cela quand on est Russe, qu’on a vécu le socialisme puis la chute du rideau de fer ?
C’était un peu délicat de leur poser cette question d’appréciation politique, et ils n’en ont pas soufflé mot. Mais le climat normand les a étonnés.
– Quelle température fait-il en hiver ? m’a demandé l’un d’eux.
– Nous avons eu deux heures de neige et quelques nuits de gel !
– Du gel ?
– Oui, quand la température descend au-dessous de zéro.
– N’importe quelle température négative ? Même – 1°, c’est du gel ?
– Oui, ça fait une grande différence pour les plantes qui sont pleines d’eau.
Il secoue la tête, méditatif.
– Et à Moscou, il a fait quelle température cet hiver ?
– Oh, pas très froid cette année, seulement -25° ou -30°.
Nous avons ensuite devisé de la culture des capucines (nasturtia en russe, je vous le dis, ça peut toujours servir), et puis est venu le moment de se quitter.
Le baise-main, c’était la première fois qu’on me faisait le coup. Il n’y a pas à dire, c’est un truc qui marche. C’est aussi surprenant que charmant, encore plus de la part d’un homme dont je n’avais pas entendu le son de la voix.
Ca m’a fait penser à Sarkozy en voyage officiel en Allemagne le jour de son investiture, vous vous rappelez ? Comment il avait embrassé comme une vieille copine Angela Merkel, et que la chancelière allemande ne savait plus où se mettre ? L’ère de Chirac et du baise-main était révolue, c’était clair.
– Mon collègue est un peu vieux jeu, a glissé l’interprète comme pour l’excuser, tout en me donnant une virile poignée de main.

Combien coûte un Monet ?

Les arceaux fleuris, GivernyPlusieurs toiles de Monet ont changé de main cette semaine. Cela n’était pas arrivé depuis longtemps et permet de mesurer la cote d’amour du chef de file de l’impressionnisme auprès des investisseurs.
Le feu d’artifice a commencé lundi chez Christie’s, à Londres. Les arceaux de roses, Giverny (1913), ont été adjugés pour 8 millions de livres. C’est une vue du débarcadère du bassin aux nymphéas prise au moment où les rosiers grimpants sont en fleurs, exactement comme maintenant. Elle ressemble beaucoup à celle-ci, qui se trouve au Phoenix Art Museum, dans l’Arizona.

Un autre Monet, Waterloo bridge, temps couvert (1901) a triplé son estimation en atteignant 17,9 millions de livres sterling (26,5 millions d’euros). Waterloo Bridge, Temps couvert, par Claude Monet, 1901 En 1899 et en 1901, Monet séjourne à Londres au Savoy Hotel d’où il peint la vue sur le pont Waterloo qui s’offre à lui par la fenêtre. Il est pris d’une frénésie de série, cet ensemble de toiles compte plus d’une quarantaine de tableaux du même motif, retraçant les variations de la lumière et des conditions atmosphériques.

Mais le record de vente était encore à venir. Mardi, le concurrent de Christie’s, Sotheby’s, mettait en vente un Nymphéas qui n’avait pas été montré au public depuis 1936.
Devinez combien il s’est vendu ? 18,5 millions de livres. Soit 27,4 millions d’euros, ou si vous trouvez ça plus parlant, 180 millions de francs.
C’est le deuxième Monet le plus cher de toute l’histoire de la peinture.

Nympheas Claude Monet Je ne sais pas si ça vous cause, tous ces chiffres, personnellement quelle que soit la monnaie je n’arrive pas à imaginer une pareille somme d’argent. A la louche, ça représente une centaine de maisons au prix moyen de l’immobilier à Vernon. Ou plus d’un millier de voitures flambant neuves. Ou plusieurs vies de labeur.
Vous voulez que je vous dise ? Ca fait cher. Faudrait voir à faire attention, la prochaine fois au musée, de pas rayer la peinture.

La couleur des Nymphéas

Nénuphars roses à Giverny On trouvait vraiment de tout dans les Expositions Universelles du 19ème siècle. Monet s’est procuré beaucoup de nénuphars en fréquentant l’Exposition Universelle de Paris de 1889 et celle de 1900. C’est là qu’il a découvert les nombreux hybrides obtenus par Joseph Bory Latour Marliac, un pépiniériste de Temple sur Lot, près de Bordeaux.
Les contemporains de Monet ont décrit tous les merveilleux nénuphars qu’ils avaient vus à Giverny : certaines années, le peintre fou de fleurs parvenait à faire pousser des espèces exotiques, purement tropicales, de nymphéas roses. Il possédait d’étonnantes variétés bleues venues d’Amérique du sud, ou encore le Nymphea aurora, jaune au début de sa floraison, et qui virait au rouge ensuite. Il en avait aussi d’autres, d’origine égyptienne, au coeur blanc entouré de pétales roses. (in Monet the Gardener, Robert Gordon et Sydney Eddison, Ed. Universe)
Claude Monet recherchait la plus grande variété de couleurs possible. A la création de son bassin, le choix des premiers nénuphars avait été vite fait : il avait tout simplement commandé tous ceux qu’il avait trouvé dans le catalogue Vilmorin, une douzaine au total.
Monet plantait ses nénuphars dans des pots immergés dans la vase, ce qui lui permettait de retirer les espèces fragiles en hiver.
Aujourd’hui, on peut en voir des roses, des jaunes et des blancs de différentes sortes à Giverny, en ce moment dans tout l’éclat de leur floraison.

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Ariane.

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