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Les côtes anglaises par temps clair

Les côtes anglaises vue depuis le cap Gris-NezTout le littoral normand est baigné par la Manche. De la vallée de la Bresle, au Nord, à celle du Couesnon qui arrose le Mont-Saint-Michel, à l’Ouest, s’étirent des centaines de kilomètres de côtes. Les plages de sable fin alternent avec les plages de galets et les falaises bordées d’un interminable sentier des douaniers.
Bien avant l’apparition de l’Homme sur la Terre, les îles britanniques étaient rattachées au continent. Il reste de ce lointain passé des similitudes géologiques qui donnent aux deux côtes un air de famille : mêmes falaises crayeuses de chaque côté du Channel, même végétation calcicole, par exemple.
Pour qui se trouve en Normandie, la comparaison reste théorique, car il faut plusieurs heures de navigation depuis Cherbourg, Ouistreham, Le Havre ou Dieppe pour traverser le bras de mer et juger de la ressemblance. De nulle part depuis les côtes normandes, quel que soit le temps, on n’aperçoit la Grande-Bretagne, mais on sait qu’elle est derrière l’horizon. Autrefois, elle a fait l’effet d’un territoire à conquérir, ou d’une menace, ou d’un refuge, selon les époques. C’est une présence que l’on devine sans la voir.
Tout change quand on remonte vers le Nord et qu’on approche de Calais. Les deux côtes se rapprochent de façon spectaculaire, au point de laisser entre elles un couloir de 28 kilomètres seulement. Le cap Gris-Nez est le point le plus avancé du littoral français. Il forme un promontoire d’où la vue porte jusqu’à Folkestone. Par temps clair, les falaises anglaises s’élèvent au-dessus de l’horizon, ruisselantes de soleil, proches à les toucher.
N’était le vent, on resterait longtemps à regarder les bateaux qui se succèdent, tous à la queue leu leu. Cinq cents navires par jour font de ce chenal le passage maritime le plus fréquenté du monde.
N’était la pluie récente, on s’assiérait bien dans l’herbe rase, les yeux fixés de l’autre côté de la mer, à rêver de cet ailleurs so british. Et peut-être qu’au même instant, il y aurait quelqu’un d’autre, là-bas, en train de scruter à l’horizon les limites du continent européen, en rêvant de France et de voyage.

C’est plus beau là-bas

cyclistes à GivernyLe dimanche matin est le temps béni du vélo. L’automobiliste est encore chez lui, la route s’offre, libre, au champion de la petite reine. Le cycliste aime pédaler dans la convivialité : il circule à vive allure, par petits groupes d’hommes qui parlent fort.
Je faisais des photos de givre et de brume le long des prés qui bordent Giverny, ce matin, quand un petit peloton est passé. « C’est plus beau là-bas ! » me lance l’un des sportifs du dimanche. La situation ne se prêtait pas à une réponse élaborée, j’ai dit « on y va ! »
Pourquoi on, pourquoi ce « pluriel » bizarre alors que j’étais seule ? Si je reprends le fil de mes pensées, à cet instant, cela s’éclaire. Dans la froidure de ce matin d’hiver, j’étais avec vous tous, mes chers lecteurs. Je me demandais comment capter le froid, la brume, le gel, la lumière pâle, les arbres sans feuilles, les prés déserts, pour vous les transmettre. Givre dans les herbes à Giverny
Je pensais à vous, Constanza et Ahmed, et je vous imaginais passant de l’air conditionné à la voiture climatisée, dans la chaleur étouffante des émirats. Je pensais à mon lecteur des îles Fiji, à celui de Vanuatu, d’Azerbaidjan, du Kyrgyzstan, à tous ceux que les statistiques révèlent et qui me font chercher, ébahie, leur pays sur le globe. Je pensais aux citadins qui aspirent à une bouffée d’air pur. je pensais à Claude Monet cherchant un motif, et je me sentais en communion avec lui.
C’est toujours plus beau ailleurs. La beauté de la Terrre est infinie, mille vies ne suffiraient pas à s’en repaître, à le proclamer.
C’est toujours plus beau ailleurs, mais je ne suis pas allée d’où venaient les cyclistes. J’ai regardé à mes pieds et j’ai remarqué le dessin du givre le long des feuilles dentelées qui tapissaient le chemin. C’est toujours plus beau ailleurs, et ce n’est jamais plus beau ailleurs.

Coup de vent

Vent dans les bambous13 degrés ce matin au lever du jour : il faut aimer la tempête pour s’en réjouir, et se ficher comme d’une guigne de la panique semée dans la nature.
Le vent a mugi toute la journée, torturant les arbres. J’avais peur, en traversant le parc, de prendre une branche sur la tête. Même une brindille doit faire mal, j’imagine. Les automobilistes sont attentifs à l’endroit où ils garent leur voiture.
Le vent retrousse les plumes des oiseaux. Comment font-ils pour voler dans la bourrasque ? Ils ont l’air imperturbable.
Sur la Seine, les mouettes, les cygnes, les canards posés sur l’eau se laissent porter par le courant, puis, à un repère connu d’eux seuls, ils décident qu’il est temps de prendre leur envol pour remonter un peu en amont. Les cygnes adorent se laisser porter en deçà du pont. Une question de territoire, je suppose. C’est un spectacle de les voir prendre leur élan en courant sur l’eau, puis voler, allongés comme un trait, à quelques mètres au-dessus du pont. Que c’est beau, un cygne en vol.
Il est temps que cette douceur hors de saison prenne fin. Qu’on aperçoive un flocon de neige. L’air est déjà peuplé de moucherons. Et le long du mur du jardin, les premiers iris sont prêts à fleurir. Si ! Je vous assure que c’est vrai. Trois mois d’avance. Je les gronde : « Espèces d’idiots ! qu’est-ce qui vous prend de fleurir maintenant ? Vous n’avez pas vu le calendrier ? On est en janvier. En janvier ! » Rien n’y fait. Ils n’en font qu’à leur tête.

Coucher de soleil

Coucher de soleil près de GivernyAu milieu des vastes terres agricoles du Vexin, la Seine a creusé un sillon plus profond que les autres. Au fil des méandres, les bords de la vallée se rapprochent ou s’éloignent, toujours distants de plusieurs kilomètres. Les villes et les bourgs sont venus s’installer sur les bords du fleuve, qui a entraîné l’essor du commerce, de l’artisanat et de l’industrie. Sur le plateau, on trouve les villages à vocation agricole, plantés au milieu des champs à moins d’une heure de marche les uns des autres.
De Giverny, on aperçoit l’autre rive, beaucoup plus raide, orientée plein nord et couverte d’arbres. Elle s’étire en une longue bande sombre qui figure souvent à l’arrière-plan des tableaux de Monet.
A force d’être toujours borné par un horizon assez proche, on aspire parfois aux grandes étendues. Il suffit alors de quitter le fond de la vallée et de grimper sur le plateau. Le meilleur moment, c’est le coucher du soleil.
Je m’arrête sur une petite route de campagne au milieu des cultures et je laisse mon regard filer jusqu’au bout de cette mer de champs. Comme à la plage, on croit voir la courbe imperceptible de la Terre, ce qui permet de se remémorer sa taille, gigantesque mais finie.
Peu à peu, au-dessus de ces immensités, le ciel s’embrase.
Le lever du soleil joue un air de flûte, c’est Au Matin de Peer Gynt. Le coucher du soleil éclate dans les trompettes d’Aïda.
Le ciel invente des camaïeux de roses et d’oranges, tendus sur un dégradé de bleus. Spectacle grandiose qu’il se joue pour lui-même, indifférent à la présence ou non de spectateurs.
La lumière évolue insensiblement, en intensité et en couleurs. Le film est un court métrage, d’une vingtaine de minutes peut-être. Et puis, brusquement, cela s’éteint.

Brume

A Vernon, le pont Clemenceau dans la brumeL’automne nous tricote des matinées de brumes… La lumière est irréelle, tout est nimbé d’un voile de douceur et de mystère.
Ce matin, au bord de la Seine, il soufflait un petit vent aigre qui engourdissait les doigts et berçait les toiles d’araignées transformées en bouliers.
Le pont Clemenceau se prenait pour le Golden Gate, l’autre rive perdue dans le brouillard. En dessous, le fleuve infini devenait une mer. Les îles surgissaient du flou, en silhouettes légères et pâles.
J’ai marché longtemps dans cet univers cotonneux, dans la griserie de photographier ces instants magiques.
Il paraît que le soleil va l’emporter cet après-midi, comme disent les prévisionnistes qui voient tout en termes de bataille. Pourvu qu’il y ait de la brume demain…

Perles de rosée

Gouttes de rosée sur une feuille de capucineInstant d’émerveillement devant les perles de la rosée sur une feuille de capucine. Les fleurs aussi portent des parures.
Dans mon jardin les capucines, au demeurant si gracieuses, se sont transformées en mégères qui s’agrippent à tout ce qu’elles trouvent. Elles étouffent les dahlias, les cosmos, et menacent mes chers hellébores… Chaque jour j’ai envie de leur faire entendre raison. Mais à quoi bon ? Un coup de gel les anéantira. Ce n’est plus qu’une question de jours.

Au bord de l’eau

Le moulin de Fourges, restaurant au bord de l'eau près de GivernyLe thermomètre fait comme les coureurs du Tour de France : il grimpe. Pendant que les uns gravissent les cols des Alpes, l’autre bat des records.
36,2 ° cet après-midi à Giverny, une telle canicule est rare en Normandie. Par cette chaleur, même la visite de jardins extraordinaires devient éprouvante. On n’a envie que de fraîcheur et d’eau. Direction les bords de l’Epte, la rivière qui se jette dans la Seine du côté de Giverny.
A 10 minutes de la maison de Monet, le moulin de Fourges trempe son antique roue près des remous d’une chute d’eau. Toute une flore d’algues ondule dans le courant. Sur l’autre rive, une prairie parfois broutée par des vaches, bordée de saules et de peupliers, occupe le fond de la vallée.
L’eau chante, les libellules se poursuivent, la brise souffle dans les feuilles. Trempez les pieds dans l’eau et savourez cet instant d’été…
Tout près de vous, le moulin étend les tables de sa terrasse comme une invitation. On prendrait bien un petit quelque chose… Par cette chaleur, pourquoi pas un « Gaspacho de concombre à l’aneth et aux noix accompagné d’un toast au saumon fumé », une entrée légère au bon goût de vacances ?

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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