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Evolution du jardin

Pont japonais de Giverny et spirée

Il y a des instants où la lumière offre un supplément d’âme aux choses. Ce matin à neuf heures, après la grande douche du lever du jour, le jardin de Monet étincelait. Un rayon de soleil tournait le coin des bambous, ébouriffait les grappes mauves de la glycine au-dessus du pont japonais et venait caresser la spirée tout juste fleurie. C’était léger comme un baiser sur la joue d’une mariée, tout ce blanc qui cascadait en voile, et la petite touche rouge des ancolies en guise de fard à lèvres.
A l’époque de Monet, il n’y avait là ni ancolies ni spirée. Monet affectionnait l’herbe autour du bassin, tout simplement. Face à l’opulence du jardin de fleurs, le jardin d’eau était dépouillé, sobre, et comparé à celui d’aujourd’hui, presque nu. Une pivoine par-ci par-là, un trépied à rosiers, quelques agapanthes et autres iris… Mais pas, ou si peu, d’arbustes, de massifs fleuris, de couleurs. Pas de masses végétales en dehors des branches des saules. Rien n’entravait le regard. La vue s’offrait dégagée sur le pont et sur les nymphéas, car Monet voulait les peindre.
Qu’on peigne ou que l’on photographie, il est bien difficile aujourd’hui de retrouver exactement les motifs de Monet depuis la berge. Car petit à petit une surenchère végétale s’est mise en place, dans une espèce de peur du vide. Que faire pour émerveiller les visiteurs, si difficiles à éblouir de nos jours ? Comment offrir un intérêt printanier au jardin d’eau, alors que les nymphéas sont des fleurs d’été ? Les jardiniers plantent. Le jardin d’eau déborde de merveilles.
En ce moment fleurissent les splendides azalées, les cornouillers, les glycines, les spirées, les premiers iris, les berbéris, les rhododendrons, tant d’autres encore, tout cela au-dessus de tapis de pensées, de giroflées, de myosotis, de tulipes multiples, de pétasites, de sceaux de Salomon… Et oui, j’en suis témoin à chaque pas dans le jardin, c’est un enchantement. Les visiteurs, et plus particulièrement les visiteuses ne cessent de le répéter, c’est beau, c’est beau…
Alors faut-il regretter les infidélités au jardin d’origine ? Je ne le crois pas. Tout jardin évolue, et même du vivant de Monet, il n’a cessé de changer. Le pont par exemple s’est vu doter d’une pergola de glycines. Ce n’est plus le jardin d’un homme mais de 600 000 personnes. L’évolution des conditions implique l’évolution des plantations.
Il faut planter pour le public, oui. Mais que souhaite le public ? Il a des désirs contradictoires. Etre ébloui de fleurs et reconnaître les motifs des tableaux qu’il a vus : des nymphéas, le pont en gros plan.
Ménager des vues tout en fleurissant les berges avec naturel et subtilité, c’est le défi que doivent relever les jardiniers d’aujourd’hui.

L’éveil

Giverny à Pâques
« C’est le plus beau jardin que j’ai vu de toute ma vie ». Voilà deux fois ces derniers jours que j’entends des visiteurs de Giverny prononcer cette même phrase. D’abord vendredi, suite à une découverte du jardin de Monet sous un ciel maussade qui éteignait tout reflet dans l’étang, et puis hier, dans la bouche de clients tout juste débarqués à Roissy, sans doute épuisés de leur voyage et en plein décalage horaire.
J’essaie de ne pas marquer ma surprise. J’ai très envie de questionner « qu’est-ce qui vous fait dire ça ? », mais je m’en abstiens par correction, et parce que je me doute qu’il est difficile de répondre.
Questionner, ce serait mettre en doute l’affirmation, que bien sûr je partage. Pour moi aussi, le jardin de Monet est le plus beau jardin que j’ai vu de toute ma vie. Mais tel qu’il est en ce moment même, vraiment, comment peut-on n’avoir jamais rien vu de plus éblouissant ? Il y a à peine de fleurs, très peu de feuilles aux arbres, et le temps a été exécrable toute la semaine dernière.
Et pourtant, en dépit de tout, la magie opère. Les féeries qui avaient envoûté Monet sont à l’oeuvre. Des profondeurs du bassin, les fées envoient leurs charmes sur les visiteurs. « Quel calme extraordinaire ! » disent-ils au milieu de l’affluence du week-end pascal. Et c’est vrai. On a envie de rester à regarder l’eau, happé par le jeu de la brise à sa surface.
Dans ces premiers jours du printemps, il émane du jardin qui s’éveille une joie profonde et communicative. Les pousses percent la terre, les boutons enflent et s’ouvrent, les oiseaux s’interpellent dans les ramures. Sans qu’on y prenne garde cette vitalité du renouveau nous gagne. On ne sait pas trop bien ce qu’on a, sauf qu’on se sent heureux d’être là. Je m’entends être particulièrement gaie et enthousiaste dans mon commentaire, et quand je demande aux visiteurs s’ils sentent la joie de la nature, ils m’assurent avec empressement que oui.
C’est le début avril, le temps des premières fleurs et des premières feuilles, et c’est dès maintenant, avant le grand spectacle et l’explosion des couleurs, c’est dans ce temps du commencement qu’il faut descendre au jardin pour s’y laisser envahir par l’allégresse de la terre.

Engrais

Giverny nympheas octobreOn ne parlait pas encore de jardinage biologique au début du 20e siècle. C’étaient les premiers temps des engrais chimiques, une époque où l’on n’imaginait même pas que des intrants puissent avoir un impact sur la santé. On pensait que pour faire pousser des plantes vigoureuses, il faut leur donner à boire par l’arrosage et à manger par les engrais. Ce n’est pas dénué de bon sens.
Certes, Claude Monet aurait pu faire du jardinage biologique à la façon dont Monsieur Jourdain faisait de la prose. Le peintre ne vivait-il pas dans un village où abondaient les engrais naturels de toutes espèces, à commencer par ceux issus de la vache, du cheval, des poules ou des pigeons ? Il est probable que Monet ne s’est pas privé de fumer son jardin. Mais il a aussi, une lettre l’atteste, fait usage de produits chimiques :

Extrait d’une lettre de Monet à son fils Jean, qui est chimiste à Déville-les-Rouen, 8 février 1902 :

Mon cher Jean,
je viens te demander si tu peux me procurer les différents engrais chimiques dont suit le détail. Si oui, tu seras bien aimable de me les faire adresser de suite par grande vitesse en gare de Vernon. Je t’en remercie d’avance et vous embrasse bien tendrement tous les deux.
Ton père,
Claude Monet

La liste est ci-contre :
100 kg de sulfate de fer pulvérisé
20 kg superphosphate minéral
4 kg sulfate de potasse
10 kg sang desséché

J’espère que tu pourras me procurer cela.

A première vue, j’ai l’impression que certains de ces produits sont acceptés en agriculture biologique, par exemple le sulfate de fer, et d’autres non. Si vous êtes plus compétent que moi dans ce domaine, je serai heureuse d’avoir des précisions.
Quant à la politique de la Fondation Monet aujourd’hui, si le jardin n’est pas tout à fait bio, l’ambition est de s’en rapprocher le plus possible.

Photo : Nymphéas dans le bassin de Monet, octobre. Les nénuphars sont très sensibles aux fertilisants véhiculés par les eaux.

Onde

Ondes concentriques à la surface du bassin de Monet

Un poisson a fait surface, ou une grenouille a plongé, ou quelque autre événement lié à ces êtres qui sont chez eux dans le bassin de Monet vient de se produire sans qu’on l’ait remarqué. Partout, sous son apparente immobilité, le jardin ne cesse de frémir et bruire, au gré des vies qui l’habitent. A lui tout seul, c’est un monde, petit pour nous, mais à l’échelle de ses hôtes.
Si j’étais un oiseau, je verrais que les ondes sont concentriques et dessinent des cercles à la surface. Mais depuis la berge, leurs rondes apparaissent elliptiques.
Au centre, là où s’est produit le choc initial, là où le miroir de l’eau a été brisé, il n’y a déjà plus rien. L’agitation s’éloigne, toujours plus loin. Comme dans l’actu.
Assis au bord de l’eau, on peut laisser les pensées flotter. Elles partent dans toutes les directions, portées par l’onde. Vers où vont les vôtres ?

L’ambre de novembre

Giverny en novembre

L’air sent les feuilles, les champignons et les premiers feux de bois.
Dans les jardins de Monet, une lumière atténuée enveloppe l’étang.
Les saules agitent des rameaux jaunes au dessus de l’eau, le hêtre joue des tons d’ocre et de rouille, les bambous paraissent plus dorés que jamais.
Mais rien ne brille. Pas d’éclat, pas de fanfare aux cuivres rutilants.
Le soleil hésite, pudique, à se départir de son voile.
Novembre, entre l’ombre et l’ambre.

Massif

Massif de fleurs à GivernyBien qu’il n’y ait rien dans les définitions du dictionnaire qui pousse dans ce sens, quand il s’agit de fleurs, on a plus envie de parler d’un massif quand elles forment une masse, et d’un parterre ou d’une plate-bande quand elles sont au ras du sol.
A Giverny, voici les gros coussins de fleurs qui ornent l’avant de la maison de Claude Monet de l’été aux gelées.
A droite, des pélargoniums rouges et roses entourés d’oeillets.
A gauche, une combinaison dense de bégonias, de balsamines et de capucines.
Une quantité de petites fleurs roses, orange et de feuillage cache complètement le sol.
De près, les feuilles des bégonias révèlent leurs nervures et leur verso rouge.
C’est un massif qui fait masse, mais une masse sculpturale, à l’arrondi bien dessiné, qui tranche avec les massifs échevelés qui commencent tout à côté, à l’arrière-plan, sous les structures des clématites.

Giverny en juillet

Giverny en juilletEn juillet, le bassin de Giverny ressemble comme deux gouttes d’eau aux tableaux qu’il a inspirés à Monet.
Même nénuphars flottant en radeaux à la surface, même atmosphère lumineuse, mêmes rameaux de saule au premier plan.
C’est le secret du succès de Giverny : tout le monde ou presque, en Occident, a déjà vu une reproduction de l’un ou l’autre des Nymphéas de Monet.
Ce sont les chouchous des salles d’attente médicale, sans doute parce que leur contemplation apaise.

On vient en chercher le motif à Giverny, les voir en vrai.

Même pour les visiteurs qui pensent que Monet n’a peint qu’un seul tableau de l’étang, et ils sont nombreux à ignorer l’obsession répétitive du peintre à cet égard, il y a une émotion particulière à découvrir le site.
C’est la fascination de la peinture elle-même, de cette transmutation du réel par l’oeil du peintre.
On n’en finirait pas d’aller de l’un à l’autre, de l’oeuvre de la nature à sa transcription humaine.
Inversement, pour qui ignore tout de l’oeuvre du peintre, Giverny n’est qu’un jardin, et il n’en manque pas qui soient prêts à rivaliser de beauté avec lui.

La concordance du temps

Iris sibericaAu milieu des iris de Sibérie jaunes, pointent les boutons de pivoines qui fleuriront plus tard. Le temps que les boutons se gonflent de pétales en devenir, puis s’ouvrent pour les déployer, les iris seront fanés et coupés. A cet emplacement, on ne verra plus que les corolles à froufrous des pivoines.
La gestion des époques de floraison est l’un des casse-tête de tout jardinier. Le premier objectif est d’obtenir un jardin fleuri tout au long de la saison, où les fleurs se succèdent sans temps mort.
En principe, les fleurs ont une période de floraison qu’elles préfèrent. A Giverny, pour les iris, disons que c’est la deuxième quinzaine de mai.
Mais chez les fleurs, le temps qui passe est aussi fonction du temps qu’il fait. Pour peu que la météo soit capricieuse, les règles habituelles sont chamboulées. La chaleur printanière fait tourner les pendules plus vite, le froid les ralentit.
Cette année, le printemps très frais a décalé le démarrage des vagues successives de fleurs, comme si l’officiant en charge de donner le top départ s’était trop attardé au bistrot.
Mais la fraîcheur a aussi prolongé la durée de floraison des tulipes, ce qui a permis d’en profiter plus longtemps. Au lieu de se croire en course pour le tiercé, elles sont parties au petit trot.
Le froid est embêtant car les fleurs tardent à venir, mais c’est surtout la chaleur au printemps qui sème la pagaille. Vite ! se disent les fleurs, ça sent l’été ! Dépêchons-nous avant qu’il ne soit trop tard ! Elles se précipitent, elles se bousculent, et elles fleurissent toutes en même temps. Le jardinier a le sentiment d’avoir grillé toutes ses cartouches en quelques jours.
La question se complique encore quand, comme à Giverny, on veut gérer non seulement la succession des floraisons, mais aussi leur concomitance. Il s’agit de faire fleurir en même temps des fleurs pensées pour aller ensemble, parce qu’elles ont des coloris voisins ou contrastants, des formes qui se répondent. Pour cela il faut bien connaître les habitudes de chacune, leurs possibles réactions face aux aléas du climat. Les pronostics se font sur le papier longtemps à l’avance, et se vérifient sur le terrain l’année suivante.
Qu’elles lambinent ou qu’elles foncent, il y a tout de même une constante : les fleurs ne se doublent pas dans les virages. Eventuellement, les tardives peuvent (presque) rattraper les précoces, mais elles ne leur passent pas devant. Pour savoir dans quel ordre elles vont se présenter sur la ligne d’arrivée, c’est un avantage indéniable du jardinier sur le turfiste.

Des bouquets dans les pelouses

Giverny en avril C’est un coup d’oeil éphémère, ces bouquets de narcisses, de jonquilles et de tulipes dans les pelouses qui s’étendent devant la maison de Monet.
L’effet dure une dizaine de jours au tout début de la saison, à une époque où les fleurs les plus précoces ouvrent le bal.
Ailleurs, c’est encore l’attente et la promesse.
Mais devant les pelouses, on rêve déjà aux ilôts de nymphéas qui s’épanouieront bientôt selon la même disposition sur le bassin de Giverny.
La photo a été prise il y a quelques jours, et déjà le jardin a changé.
Les tulipes s’ouvrent partout, dans un déploiement de couleurs tapageuses ou tendres digne du jardin d’un peintre horticulteur.

La peinture à l’huile

Peindre à GivernyL’une des joies d’une visite à Giverny, c’est de voir des peintres au travail. Le jardin créé par Claude Monet est fait pour être peint, et les artistes d’aujourd’hui qui viennent y exercer leurs talents lui rendent, de la pointe de leurs pinceaux, le plus bel hommage qui soit.
Assez souvent, des visiteurs individuels s’assoient sur un banc et couvrent leur carnet d’aquarelles ou de dessins au crayon. Mais peindre sur une toile requiert un matériel plus encombrant. Pour poser son chevalet devant les massifs colorés du clos normand ou face aux nymphéas du jardin d’eau, il faut demander une autorisation à la Fondation Monet.
Les peintres accrédités arrivent peu avant la fermeture, à l’heure où les visiteurs s’en vont. Ils tirent des caddies sur lesquels leur matériel est attaché et s’installent à un endroit qu’ils ont dûment choisi pour son point de vue remarquable. Parfois original, parfois convenu, selon l’humeur.
On ne saurait résister à la tentation de jeter un coup d’oeil à leur toile. Quand on ne sait pas peindre, l’alchimie mystérieuse qui, par le biais de la vision, du cerveau et de la main, transforme un paysage en tableau est fascinante.
Mais tout de même, on ne veut pas déranger. Leur curiosité satisfaite en toute discrétion, les derniers visiteurs s’éclipsent vers la sortie, emportant cette émotion laissée par l’oeuvre en cours, par l’artiste au travail, et, peut-être plus encore, par cette puissante odeur de peinture à l’huile mêlée au parfum des fleurs. La quintessence de Giverny, tout au bout de la journée, comme un point d’orgue.

Des roses à foison

Maison de Claude MonetC’est une année à roses. Dans tous les jardins elles sont plus belles que jamais, elles croulent, débordent, en masses denses aux couleurs délicates ou surprenantes. Chez Monet, celles qui courent sur la pergola devant la maison sont magnifiques. Voilà plusieurs années qu’on ne les avait pas vues aussi généreusement fleuries, ourlant de fleurs roses et blanches la façade de la demeure.
On pourra les admirer toute l’année prochaine dans les foyers de la région vernonnaise : hier soir, les pompiers sont venus en grande tenue faire les photos de leur calendrier. Pour eux, les volets ont été rouverts.
Les services de secours connaissent bien le chemin de la Fondation Claude Monet, où ils interviennent en cas de malaise ou de blessure, ce qui survient forcément vu le nombre de visiteurs. Ils se montrent toujours efficaces et gentils.
Comme à chaque fois que les soldats du feu se déplacent en groupe, pour aller au stade par exemple, le matériel les accompagnait, prêt à servir. Il s’en est suivi un déploiement assez inhabituel de camions rutilants dans les rues de Giverny. Vers 19 heures hier soir, le village s’est offert son micro défilé du 14 juillet.

Coquelicots

Pavots et coquelicotsAprès les pavots d’Islande, qui ont été les premiers à fleurir en jaune ou en orange, voici le tour des pavots annuels aux délicats tons de rose.

Comme c’est aussi le temps des roses, le jardin de Claude Monet se pare de l’harmonie colorée la plus fraîche qui soit, en rose et vert.

Cette année, les jardiniers ont laissé aussi pousser beaucoup de coquelicots sauvages, et peut-être même bien qu’ils les ont aidés un peu à se ressemer allègrement.
Partout leurs petites têtes rouges apparaissent au milieu du vert des massifs.

Ils réveillent les tons, ils gomment ce que le jardin rose pourrait avoir de trop mièvre.

Coquelicot à Giverny Toutes ces couleurs éclatent sous le ciel humide de Normandie, bien mieux que sous le soleil brillant de la semaine dernière.

Les eremurus, ou lis des steppes, dressent leurs hampes florales blanches le long de l’allée centrale au dessus des derniers alliums.
Parfois, un coup de vent les fait danser.

L’air embaume, les roses bien sûr.

Une mer de fleurs

Giverny, les irisLa floraison des iris est courte, mais si spectaculaire, si séduisante qu’elle mérite bien qu’on patiente devant leurs feuilles le reste de l’année.
Vu en oblique et non pas dans le sens des allées, le jardin de Claude Monet à Giverny se déploie comme une immense mer de fleurs, giroflées, isatis, juliennes, d’où émergent les têtes papillonantes des iris.
Le secret de l’effacement des chemins est tout simple : les massifs et bordures sont un peu surélevés, d’autant plus que l’allée derrière eux est plus large. Cette légère élévation du terrain cache les cheminements et donne ce côté très naturel au jardin.

Les iris sont juste à leur apogée à Giverny.
J’ai profité de quelques heures de soleil hier pour aller faire des photos de cette période si poétique, mue par une motivation renouvelée : l’éditeur de calendriers DuMont a l’intention de poursuivre notre collaboration en 2014.
Le calendrier 2013, pour sa part, paraîtra en juin, sans graines cette année et donc moins cher que l’an dernier (prix public 16,99 euros). Vous pourrez vous le procurer chez amazon.fr, mais toujours pas à la Fondation Monet. Je m’en désole, mais il paraît qu’il pourrait faire de l’ombre au calendrier édité par la Fondation, même si ce n’est ni le même prix ni la même qualité.
Je crois que DuMont retravaille légèrement mes photos, bien mieux que je ne saurais le faire, pour en tirer le meilleur. Elles ne sont jamais aussi belles que dans leur édition.
Je m’attache, de mon côté, à essayer de rendre la réalité de la beauté du jardin, habillé de la lumière du val de Seine, avec simplicité et naturel. Pour partager par l’image plutôt que par les mots mon amour de ce lieu qui m’émerveille et m’éblouit chaque jour.

Un oeil neuf

giverny-20-avril-2012Il faut bien viser entre les averses ces derniers jours pour arriver à faire quelques photos du jardin de Monet en pleine floraison des tulipes. Malgré ce temps étrange, comme d’habitude, c’est un enchantement. Et déjà, on peut remarquer les premières modifications apportées par le nouveau chef-jardinier.
James Priest, qui a pris la suite de Gilbert Vahé l’an dernier, a décidé de débuter par les floraisons printanières. « Comme elles ne durent pas longtemps, ce n’est pas grave si on se trompe« .
Dans la plus grande partie du jardin, pour le profane rien ne paraît changé. En revanche, dans les massifs qui s’étirent du côté de la serre, la nouveauté saute aux yeux.
« C’était le côté le plus faible du jardin, j’ai donc commencé par là. »
Difficile de dire le contraire : ces massifs paraissaient longtemps vides et verts, et il fallait attendre mai pour qu’ils présentent un intérêt, au moment des pivoines et des iris.
Le pourquoi de la chose ? Il est assez étonnant. Le plan des floraisons du jardin, présidé par le premier conservateur et restaurateur de la propriété, Gérald van der Kemp, n’aurait jamais été terminé. Peut-être parce que, dans l’esprit de l’académicien, cette zone ouest était dévolue à la pépinière, et ne faisait pas vraiment partie du jardin à visiter. Ou parce qu’il habitait le deuxième atelier, et ne tenait pas à attirer les promeneurs sous ses fenêtres. Quelle qu’en soit la raison, l’habitude avait été prise de floraisons moins travaillées qu’ailleurs.
Giverny, 23 avril 2009 Tout l’intérêt d’un oeil neuf est de venir bousculer les habitudes. « Voilà dix ans que Gérald van der Kemp est mort ! » se justifie James Priest, qui sait qu’il marche sur des oeufs dès lors qu’il touche à l’oeuvre de ses prédécesseurs. L’héritage est imposant, énorme, qu’il s’agisse du génie créateur de Claude Monet, de l’énergie inspirée de Gérald van der Kemp, ou du talent artistique et technique de Gilbert Vahé, en poste depuis trente-cinq ans.
En récupérant ce jardin iconique, à la réputation planétaire, le premier souci du nouveau chef-jardinier est de le faire perdurer. Ensuite, de voir ce qui peut éventuellement être encore amélioré.
Pour y poser sa première touche, James Priest est reparti de la base : il a étudié les toiles de Monet, sa façon de juxtaposer les coups de pinceaux, de marier les couleurs. Giverny, côté ouestPuis il a choisi les variétés de fleurs dans les tons du couchant, en privilégiant trois sortes de grosses tulipes, pour plus d’impact visuel.
« J’ai organisé les massifs de façon à avoir une symétrie de chaque côté des allées, explique-t-il. On est contraint par les rangées d’iris, il n’y a pas beaucoup de place pour travailler les couleurs. »
Le résultat est convaincant, très Monet. Les bordures sont devenues chatoyantes, et, si elles sont plus simples que celles qu’on peut admirer ailleurs dans le jardin, elles sont faites pour être vues de loin.

Photos 1 : 20 avril 2012. Photo 2 : 23 avril 2009. Les tulipes jaunes n’ont pas été reconduites les années suivantes. Photo 3 : 25 avril 2012.

Le ru communal

Le ru aux anémonesVision grandeur nature du tableau de Maurice Denis, voici le petit massif d’anémones des bois qui pousse en bordure de la rivière dans le jardin d’eau de Claude Monet. Il se trouve juste à la sortie du souterrain, en limite de propriété, et offre une transition en douceur entre la sophistication des azalées et des pensées voisines, et la prairie qui commence de l’autre côté de la clôture.
Ce matin, une drôle de surprise attendait les visiteurs. Le ru était vidé de presque toute son eau, dévoilant son fond et ses berges boueuses, et l’effet avait quelque chose de l’indécence d’une personne qui laisserait voir des dessous pas très nets. Heureusement l’eau est revenue quelques heures plus tard, ce qui a dû soulager les poissons.
Un système de vannes permet de contrôler le débit de ce petit bras de l’Epte qui est le bief d’un moulin un peu plus bas. Quand des réparations sont nécessaires sur la roue du moulin ou ailleurs, on peut ainsi dévier l’eau et travailler au sec.
Le reste du temps, le ru coule assez fort, prêt à se jeter de tout son courant sur la roue pour la faire tourner, et c’est un plaisir de voir son eau danser gaiement dans sa traversée du jardin de Monet, concentré d’énergie contrastant avec l’impassibilité du bassin.
J’aime bien taquiner mes clients anglophones avec ce nom bizarre, le Ru. « Je suis sûre que vous connaissez le sens de la rue en français, mais savez-vous ce que veut dire le ru ? » Qu’un mot puisse avoir un sens différent selon son genre, voilà qui est étrange pour une personne qui parle une langue où les choses sont généralement neutres. Aussi étrange que l’arbitraire avec lequel ce genre a été attribué aux choses.
Sans doute, cette découverte plonge les visiteurs anglophones dans un abîme de réflexion. J’imagine que c’est la raison pour laquelle ils ont été si longs à me corriger mon anglais. C’est seulement cette année que l’un d’eux m’a fait remarquer qu’on ne pouvait pas parler de « river » à propos du ru, tout juste de « stream », de cours d’eau. River, selon ce natif des États-Unis, s’applique à la Seine, et traduit donc « fleuve ». Dire que je pensais que c’était la nuance « fleuve » qui n’existait pas en anglais ! Voilà qui m’a plongée à mon tour dans un abîme de réflexion, sur la façon dont chaque culture appréhende le monde et l’inscrit dans sa langue. Il y aurait de quoi débattre longuement et s’étonner, tandis que l’eau coulerait sous les ponts.

Un air de printemps

GivernyPremière semaine d’ouverture à Giverny.
Les jonquilles et les narcisses ensoleillent les pelouses. Ils sont plantés si serrés qu’on dirait des bouquets dans des vases.
Tout autour, des gazons tout neufs se dépêchent de verdir. Certains sont ressemés chaque année, bien avant que les pâquerettes et les pissenlits ne les envahissent pour en faire des pelouses.
De gros bourdons sont en campagne.
Les pensées alignent leurs minois colorés au ras du sol, graciles malgré leurs têtes démesurées.
Les coussins jaunes des primevères communes sont fidèles à leur rendez-vous printanier.
Il pleut déjà des pétales de cerisiers fleurs, tandis que d’autres arbres fourbissent encore les leurs.
L’allée centrale laisse admirer son gravier blanc ratissé en jardin zen.
Les bancs repeints de frais ondulent sous le paulownia.
Les jardiniers arrosent les massifs, déjà, le printemps est si sec cette année encore à Giverny.
Dans le jardin d’eau, les premières feuilles de nymphéas montent des profondeurs, violettes. La photosynthèse les fera verdir sur le dessus.
Les promeneurs jouent à cochon pendu dans le reflet du pont.
Des enfants de maternelle passent, attentifs et graves, en se tenant la main.
Les feuilles des érables du Japon déplient lentement leurs éventails, défi à la patience de qui voudrait surprendre leur mouvement.
Les rameaux de saule déjà fournis balancent leur vert délicat.
La première grenouille ose un premier couac.
Dans les ramures, les oiseaux chantent un air de printemps.

Des roses à Noël

Roses à GivernyBien sûr, elles n’ont pas l’opulence de celles qui embaument le printemps. Mais les roses qui décident de fleurir fin octobre, comme celles de cette photo devant le deuxième atelier de Monet tout couvert de vigne vierge rougie par l’automne, ou en plein décembre, tandis que le houx, le sapin et le gui sont à l’honneur, ces roses-là donc ont quelque chose de spécial.
Vaillantes et fragiles, elles affrontent les nuits fraîches en y laissant souvent quelques pétales roussis de froid. Dessous, le bouton est intact, et ne demande qu’un peu de douceur pour s’épanouir.
A Giverny, les jardins offrent quelques-unes de ces téméraires, à la faveur d’un début d’hiver qui n’a rien fait encore pour être pris au sérieux. 15° cet après-midi !
Dans la douceur ensorcelante de ces jours les plus courts de l’année, il était tentant de cueillir un petit bouquet des roses de la Noël et de faire entrer, à côté des étoiles scintillantes et des flocons de papier, un éphémère printemps dans la maison.

Giverny sous la pluie

GivernyJe vais vous faire une confidence, à vous qui êtes des esthètes : c’est sous la pluie que le jardin de Monet est le plus beau.
Ce n’est pas seulement parce que les ondées font fuir les visiteurs, et que le jardin, soudain, s’offre à vous presque seul. Avantage appréciable, certes, mais rien au regard de la métamorphose du lieu.
Alors, voilà. Il ne pleut pas très fort en général à Giverny. Au moment des premières gouttes, vous êtes allé vous asseoir sous le grand saule au bout de l’étang.
Les branches qui s’agitaient tout à l’heure ont fini de se balancer. La pluie chante doucement autour de vous en piquetant les frondaisons.
L’intensité lumineuse a baissé. Les yeux se reposent sous l’écran des nuages, dans la lumière argentée qu’ils diffusent.
Devant vous, sur l’étang, des cercles d’abord épars, puis de plus en plus nombreux se dessinent, et leur rondeur répond à celle des feuilles de nymphéas. Animé de cette géométrie sans cesse renouvelée, le bassin est plus hypnotique que jamais.
Il fait doux.
Sous la pluie, chaque feuille se met à briller, lustrée d’argent.
Les fleurs font des points lumineux encore plus intenses que d’habitude.
Tandis que l’humidité envahit l’atmosphère, l’ambiance se met à changer.
Vous sentez le végétal se détendre autour de vous.
En tendant l’oreille, on entendrait les plantes soupirer d’aise.
Vous respirez la bruine fraîche aux odeurs de terre et d’herbe froissée.
Un oiseau passe, rapide.
Vous êtes bien, occupé seulement à être là, parcelle de la nature autour.
Pelotonné dans la tiédeur, sous le saule, vous regardez tomber la pluie sur le jardin de Monet.

La roseraie de Monet

Roseraie à GivernyC’est un des coins du jardin de Monet les plus agréables en ce moment : la petite roseraie située à gauche de la maison du peintre est en pleine floraison, en même temps que les rhododendrons et les seringats. Des cascades de fleurs blanches ou roses dégringolent des arbustes et des buissons, mêlant leurs fragrances printanières.
Au bout de la roseraie, le premier atelier de Monet ouvre sa verrière sur ce spectacle, qui s’offrait à l’identique à la mi-juin l’année dernière.
Peu de visiteurs viennent faire un tour dans cette petite allée à l’écart, où un banc amical permet d’admirer à loisir les fleurs et les arbres en espaliers.
Le clos normand s’entoure ici d’un mur très haut, car le jardin de Monet est en contrebas de la rue en raison de la pente de la colline.
Bien protégés des vents, exposés plein sud, les rosiers trouvent ici des conditions idéales pour s’épanouir.

Un peu too much

Printemps à Giverny« C’est presque un peu trop ». La personne qui fait ce commentaire à côté de moi ne parle pas des allées noires de monde, mais des massifs du jardin de Monet. Ils débordent d’iris, de juliennes des jardins, de pivoines, de roses.
Trop de fleurs ? Voilà un ressenti qui mérite qu’on s’y arrête. Un sentiment d’excès, tempéré par ce presque, et cet un peu. Comme s’il y avait une limite à ne pas franchir dans l’abondance des fleurs, et que le jardin de Giverny en ce moment s’en rapprochait, ayant dépassé le juste bien, mais pas encore atteint la démesure totale.
C’est presque un peu trop, cela appelle l’idée d’un équilibre. L’oeil doit trouver à se reposer entre les massifs. Et non pas s’affoler, sans repère, dans l’exubérance végétale du printemps.
Le regard supporte sans fatigue ce qu’il analyse sans effort. Les grandes zones unies de pelouse ou d’eau, les masses vertes de feuillages, la répétition d’une même fleur façon champ de tulipe ou de colza. Mais la vue se perd dans les zones où la couleur est morcelée en fragments. Notre petit logiciel interne d’analyse d’image boucle, patine, et se montre tout à coup moins performant.
Le regard, instinctivement, cherche un motif plus académique, plus lisse. Le jardin impressionniste de Monet, où chaque fleur est un coup de pinceau et où les massifs chatoient de touches colorées juxtaposées, se heurte à la même incompréhension qu’à ses débuts sa peinture.

Fraîcheur printanière

GivernyC’est officiel : de l’avis des jardiniers de Giverny, le printemps a trois semaines d’avance. L’an dernier, il était à l’heure, et il nous avait livré ses floraisons en temps voulu. Cette année, le revoici qui s’emballe.
La faute à la neige et au froid qui sont arrivés tôt, eux aussi. Noël enfoui sous un manteau blanc, c’est un spectacle rare sur les bords de l’Epte. Les plantes ont pris leurs quartiers d’hiver de bonne heure.
Mais l’hiver a remballé ses affaires presque aussitôt. Janvier et février n’ont pas été glaciaux, et un mois de mars bien doux a sonné l’heure du renouveau. Les plantes avaient leur compte d’hiver. Elles se sont ruées dans le printemps sans hésiter.
Les premières fleurs de la saison se sont montrées en mars, dans des jardins de Monet fermés, et les jolies journées de cette semaine ont vu monter en puissance les fleurs qu’on attendrait fin avril, tulipes, fritillaires, myosotis et azalées.
C’est le moment de venir à Giverny, pendant que le printemps y déverse tous ses charmes. La lumière éclatante sur la végétation toute fraîche est irrésistible.
Les matins sont merveilleux. Les après-midis, presque trop chauds. Oserons-nous nous en plaindre ?
On a des envies de pique-nique au bord de l’eau, dans les prairies toutes jaunes de pissenlits. Les arbres en fleurs sèment des pétales partout, en jolie neige d’avril. Ce matin, j’ai vu les premières hirondelles.

Avril, mois des tulipes

Tulipes à Giverny A partir de la mi-avril, le jardin de Monet à Giverny se transforme en une palette de couleurs éclatantes. C’est la très spectaculaire floraison des tulipes, accompagnée de celle des pensées, giroflées et autres pâquerettes.
En ce moment, un mois avant l’ouverture du jardin, il gèle encore la nuit, mais les belles sont partout dans les starting blocks, prêtes à fleurir à la folie d’ici six semaines.
Les jacinthes et les jonquilles sont déjà en bouton, à la satisfaction des jardiniers qui guettent leurs progrès comme autant de signes de l’arrivée prochaine du printemps.
Cinq mois après les avoir plantées, on avait presque oublié qu’elles étaient là, blotties sous terre, en train de s’enraciner dans le sol pour mieux se hisser ensuite vers la lumière.
Si vous envisagez une visite à Giverny, avril est une bien jolie période pour admirer un jardin très gai et lumineux, au tracé net. Et les tulipes de plus en plus extravagantes, froufroutantes, enflammées, multiples, énormes ou minuscules, redoublent d’originalité pour mieux nous épater.

Fleurs géantes

Fleurs géantes dans le jardin de Monet à GivernyC’est en toute fin de saison qu’il faut venir à Giverny pour éprouver une impression de gigantisme. Les fleurs d’automne atteignent des hauteurs vertigineuses, loin au-dessus des têtes des visiteurs.
C’est toujours étrange de se promener au milieu de végétaux aux proportions inhabituelles, qu’il s’agisse de séquoias, de fougères arborescentes ou, comme chez Monet, de fleurs de jardin.
On se tord un peu le cou pour regarder les têtes colorées qui se balancent là-haut dans la brise, dahlias, asters, et toutes les déclinaisons possibles du tournesol.
Les tiges démesurées rapetissent les humains. Sûrement les fleurs s’amusent entre elles, elles se chuchotent « Chérie ! J’ai rétréci les visiteurs ! »
On est Alice au Pays des Merveilles dans sa version lilliputienne. On s’attend à quelque rencontre surprenante au prochain détour.
On ne verra pas de chat au sourire énigmatique, non, mais tout de même un spectacle magnifique, celui de la grande allée éblouissante de couleurs.
 » C’est le bouquet final du feu d’artifices ! » se sont exclamé les charmantes personnes que j’accompagnais hier.
On ne saurait mieux dire.

Jardin de contrastes

Gouttes sur gauraUn des plaisirs du jardin est de créer des contrastes.
Je ne veux pas parler ici du contraste évident qui règne entre le jardin d’eau et le jardin de fleurs de Claude Monet à Giverny, mais de celui, très raffiné, qui s’observe à l’intérieur même du clos normand.
Les massifs fleuris imaginés par le peintre s’alignent sur un hectare, et pourtant il n’en y en a pas deux pareils. Leurs disparités ne sont jamais aussi marquées qu’en fin d’été.
Les contrastes reposent sur les couleurs, bien sûr, les parterres monochromes ou au contraire multicolores alternent avec ceux où s’harmonise une gamme de couleurs resserrée, chaude ou froide.
Monet jouait aussi du contraste entre les carrés d’une même variété de fleurs et les parterres qui en mêlent un grand nombre de formes, de textures et de hauteurs différentes.
La taille des tiges entre en jeu elle aussi, depuis les géraniums au ras du sol jusqu’aux soleils géants, qui se dressent fièrement à trois ou quatre mètres de haut.
Enfin, les massifs s’opposent par leur densité, certains épais comme des murs, d’autres à la légèreté subtile de prairie.
Le côté naturel de ces derniers est obtenu avec des fleurs de culture, et c’est du grand art. Regardez comment les gauras se courbent sous le poids de leur collier de gouttes, offrant leurs lignes gracieuses en contrepoint aux amarantoïdes, ces petites boules de peluche rose qui font penser au trèfle, aux verveines, aux sauges, aux mauves, aux glaïeuls, aux mini rosiers…
En cuisine, ce serait une délicate mousse fruitée à la fin d’un repas roboratif. L’oeil se repose un instant, volette comme un papillon parmi toute cette finesse, avant de retourner se poser un peu plus loin sur un parterre aux masses denses et aux couleurs intenses.
Le contraste, source d’équilibre et d’harmonie.

La roseraie de Giverny

GivernyAu temps des roses, le jardin de Claude Monet devient une roseraie. Partout, elles s’enroulent à des trépieds, pendent aux arceaux, forment des arbres, courent sur la pergola, s’alignent sur la clôture, s’élancent à l’assaut des saules, ou bien se nichent, opulentes ou minuscules, dans les massifs.
A toutes ces formes différentes, rosiers grimpants, lianes, buissons, tiges, nains, pleureurs, s’ajoutent les multiples apparences de la fleur, simple, double, chiffonnée à l’ancienne ou superbement ourlée. Le tout décliné dans un festival de couleurs somptueuses, du blanc au violet, du jaune au vermillon.
La capacité du rosier à prendre de multiples apparences n’a d’égale que celle du jardin lui-même à se métamorphoser.
En avril, c’était un champ de tulipes. En mai, une prairie superbement fleurie. En juin, le voilà devenu roseraie.
C’est le moment où le clos normand dans toute sa gloire se montre généreux, quand les roses débordent des clôtures et s’offrent à la vue des passants, et que le vent porte au loin leurs effluves délicats et puissants.
Et puis, dès que les rosiers seront défleuris, d’ici quelques semaines, on oubliera les roses. Leurs feuillages se fondront dans le décor, en contrepoint vert aux fleurs d’été, les belles géantes estivales qui feront leur entrée en scène.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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