La desserte de Suzanne

Claude Monet, Portrait de Suzanne aux soleils, 1890, collection particulière (w1261)

Parmi les objets encore présents dans la maison de Claude Monet figure cette petite table à laquelle s’appuie Suzanne Hoschedé, dans ce portrait que fait d’elle son beau-père en 1890. A droite, posé sur la desserte, un vase contient trois soleils qui encadrent curieusement la tête de la jeune femme.

A la saison des tournesols, Suzanne a 22 ans. Elle épousera Theodore Butler deux ans plus tard et lui donnera deux enfants, avant de disparaître en 1899, à trente ans. Cette mort prématurée si choquante jette comme une ombre sur ce tableau peint pourtant près de 9 ans plus tôt, alors que Suzanne était vraisemblablement en pleine santé. Sa mère Alice était la première à y voir une étrange prémonition. Il est vrai que Monet a donné un air de gravité à cette toute jeune femme et qu’il lui a fait un visage mauve.

C’est une analyse après-coup. Suzanne n’aime pas les séances de pose, elle s’y plie par obligation. Elle n’a pas avec son beau-père le lien de connivence et d’amour qui unissait Monet et Camille, et qui se voit dans nombre d’oeuvres où Camille sert de modèle à son époux.

Ce petit meuble plein de souvenirs se trouve dans le cabinet de toilette de Monet. Devant une porte mauve, justement.

Expérimentation

Rien ne vaut l’expérimentation pour se forger une opinion. C’est la saison des glaïeuls, l’occasion de tenter une reconstitution du « bouquet » de glaïeul(s) peint à deux reprises par Monet.

Première constatation : une fois remplie d’eau, la bonbonne de Brissard est plutôt stable, malgré la haute tige du glaïeul.

Deuxième constatation : il est aisé d’y faire tenir un glaïeul, mais impossible d’en entrer deux étant donnée l’étroitesse du goulot. Pour que la fleur se tienne bien droite j’ai dû ajouter une feuille, après quoi elle était parfaitement calée.

Claude Monet, Glaïeuls, 1881, Pola Art Museum, Japon

Il est vrai que sur le premier tableau on a l’impression qu’il y a deux glaïeuls, tandis qu’il semble n’y en avoir qu’un sur le deuxième tableau. Soit Monet a une bonbonne au goulot plus large, soit il a forcé pour faire entrer deux fleurs, peut-être en retirant toutes ses feuilles à l’une des deux. Il faut que j’essaie à nouveau.

Claude Monet, Glaïeuls, 1881, Pola Art Museum, Japon

J’ai épluché le pauvre glaïeul et j’ai appuyé si fort que j’ai cru entendre la poterie se fendre. Si on insiste, on peut arriver à faire tenir deux fleurs. Cela présente bien peu d’intérêt. Je crois que Monet a utilisé un seul glaïeul bien fourni, en plein épanouissement. Tout simplement. A moins que ses glaïeuls aient été beaucoup plus fins que ceux d’aujourd’hui, ce qui n’est pas impossible, après tout.

Les glaïeuls de Monet

Claude Monet, Bouquet de glaïeuls, lis et marguerites, 1878, collection particulière

S’il faut en croire la date apposée par l’artiste, ce magnifique bouquet a été peint par Monet au début de l’été 1878, à l’époque des marguerites, des lis et des glaïeuls. Le catalogue raisonné propose le 30 juin 1878 comme date de vente à un certain Theulier. Ce jour-là, Monet peint la rue Montorgueil et la rue Saint-Denis pavoisées. Une journée bien remplie.
Claude Monet, Camille et leurs deux enfants résident alors à Paris. Ils ont quitté Argenteuil au début de l’année et ne s’installeront à Vétheuil qu’à la fin de l’été. Où Monet s’est-il procuré ces fleurs éclatantes ? Est-ce un cadeau ? Mystère. En tout cas elles ne viennent pas de son propre jardin, il n’en a plus.

La disposition des fleurs n’a rien de savant. Les plus grandes sont placées derrière, les autres fourrées tant bien que mal en guise de faire-valoir par devant. C’est une brassée de fleurs fraîchement coupées et tout son charme vient de cette absence d’apprêt. Monet peint avec fougue, il se dégage une grande énergie de ce tableau.

Monet avait une passion pour les glaïeuls, une fleur élancée, colorée, sophistiquée comme peut l’être un iris, autre favori de l’artiste. Dans son jardin d’Argenteuil, il en cultivait des massifs entiers.

Claude Monet, Dans le jardin, 1875, collection particulière

Voici la disposition du jardin de la deuxième maison de Monet à Argenteuil, celle qui est maintenant ouverte au public. A gauche ce qui semble être des dahlias, devant des géraniums, à droite de grands glaïeuls, au fond une rangée d’arbres, au centre une pelouse où ces dames s’assoient sans façon.

Claude Monet, Au jardin, la famille de l’artiste, 1875 Collection particulière

Et voici le même jardin dans une autre lumière, avec le petit Jean debout entre les deux femmes. Cette fois on distingue bien les géraniums roses et rouges, mais les glaïeuls se font discrets.

Claude Monet, Les Glaïeuls, 1876, Detroit Institute of Arts, Michigan. Titre sur le site du musée : Rounded Flower Bed (Corbeille de fleurs)

L’année suivante, Monet a légèrement changé la disposition de ses glaïeuls. Ils dominent cette fois les géraniums, et ce sont eux qui sont roses et rouges. Camille, sous son ombrelle verte, toujours prête à poser pour son mari, donne l’échelle. On peut essayer d’imaginer où elle se trouve, peut-être à la place ou se tenait Monet dans le tableau précédent.

Claude Monet, Au Jardin, les glaïeuls, 1876, collection particulière

Les places ont à nouveau été interverties. On sent que Monet cherche des cadrages pour mêler la figure féminine et les tiges fleuries des glaïeuls. Selon le catalogue raisonné, ces toiles ont été peintes juste avant que Monet ne se rende à Montgeron sur l’invitation d’Ernest Hoschedé, juste avant Les Dindons.

Claude Monet, Glaïeuls, 1881, Pola Art Museum, Japon

Monet revient au motif du glaïeul cinq ans plus tard. A l’été 1881, il se trouve à Vétheuil. Cette fois, on peut imaginer que les fleurs qui lui servent de modèle ont été cultivées par ses soins. Monet les a coincées dans une bonbonne de Brissard.

Ces bonbonnes en terre vernissée étaient utilisées pour le transport de la boisson aux champs ou au marché. Elles étaient fabriquées en Eure-et-Loir, dans la petite ville d’Abondant, près de Dreux. La mienne n’est pas très grande, 17 cm, arriver à y faire tenir droite une fleur quatre fois plus haute ne serait pas une mince affaire. Mais le résultat de la disposition obtenue par Monet est saisissant : on a l’impression que la bonbonne est le bulbe de la fleur, le lieu de sa naissance. Le choix de ce contenant rustique et terreux donne de l’assise à la composition. Les deux glaïeuls paraissent d’autant plus s’élancer à l’infini.

Claude Monet, Glaïeuls, 1881, Pola Art Museum, Japon

Monet peint grandeur nature : la toile fait un mètre de haut. Et il aime tant ce motif qu’il en fait un deuxième tableau, presque identique et pourtant légèrement différent : pour s’en convaincre il suffit de regarder la signature de Claude Monet, à gauche sur la première oeuvre, à droite sur la deuxième.

Cet emplacement de la signature en miroir laisse à penser que Monet voyait dans ces deux toiles des pendants. Dès 1881, les deux Glaïeuls sont achetés par son marchand Paul Durand-Ruel.

Cette forme originale, toute en longueur qu’impose le glaïeul était parfaite pour un tableau destiné à l’espace situé entre deux fenêtres. Elle pourrait avoir donné à Monet l’idée des pendants.

L’histoire est belle, car les oeuvres jumelles n’ont jamais été séparées. A chaque fois qu’elles ont changé de propriétaire, elles ont été vendues ensemble. La dernière fois, le voyage les a conduites au Japon, une destination qui aurait été du goût de Monet.

Le chardon pourpre sud-africain

Voici Berkheya purpurea, en anglais Silver spike ou encore, mon préféré, Zulu warrior. C’est une vivace à la longue racine pivotante qui la rend résistante à la sécheresse : elle a de l’avenir. Rémi Lecoutre, qui sélectionne les fleurs à planter dans le jardin de Claude Monet, l’a repérée à Sissinghurst et la trouve très jolie. Elle se dresse sur une longue tige qui fait penser au chardon, dont elle a le feuillage un peu bleuté. Au sommet, plusieurs fleurs s’ouvrent côte à côte, formant un bouquet.

Les parasites l’ignorent, et j’avoue que je ne suis pas très attirée non plus par ses nombreux piquants. On peut se procurer des graines de cette plante encore insolite chez Jelitto, un producteur allemand de semences de vivaces. Et comme toujours chez les fournisseurs des professionnels de l’horticulture, c’est fascinant de fureter dans le catalogue en ligne qui regorge de fleurs improbables. Sans parler de l’immense diversité dans chaque espèce : 102 sortes d’ancolies ! De quoi rêver…

Des soleils à l’infini

A Giverny, la plaine des Ajoux est couverte de milliers de fleurs de tournesols en plein éclat. Certains ont l’air de sourire.

Du parking de la Prairie jusqu’à la Seine, ce n’est qu’une étendue jaune.

Les cyclistes qui utilisent la véloroute pédalent au milieu de ces champs éclatants de couleur. Belle entrée en matière !

On pense à Van Gogh, bien sûr, en oubliant que les tournesols ont aussi inspiré Claude Monet.

Feux d’artifices à Vernon

Theodore Earl Butler, Fireworks, Bridge at Vernon

Ces deux toiles de Theodore Earl Butler sont si proches que j’ai d’abord cru qu’il s’agissait de la même. Mais si vous prenez le temps de les comparer, vous verrez que non.

Butler s’attaque à un sujet difficile, le rendu des lumières éphémères des feux d’artifice sur fond de nuit. Le pont de pierre et la présence d’une barque et de personnages lui permettent de structurer l’espace.

Theodore Earl Butler Fireworks, Vernon Bridge.

C’est le choc des contraires : feu et eau, lumière et obscurité, ciel et fleuve.

Le motif des feux d’artifices du 14 juillet tirés à Vernon près du pont sur la Seine a inspiré plusieurs toiles à Butler, dont celle-ci, datée 1908, dans une autre tonalité.

Les chevaux d’Hiroshige

HIROSHIGE Utagawa (1797-1858), Koganehara dans la province de Shimosa, Fondation Monet.

Prendre le temps d’admirer les belles estampes japonaises que collectionnait Monet fait partie des plaisirs de la visite de sa maison de Giverny. Cette gravure-ci s’intitule « Koganehara dans la province de Shimosa » (la plaine de Kogane dans la Province de Shimōsa). Le prétexte, c’est le petit cône du volcan au fond. L’estampe fait partie de la série « Trente-six vues du mont Fuji » d’Hiroshige publiée en 1858, l’année de sa mort. Toutes sont de format vertical.

La plaine de Kogane, pas très loin de Tokyo (alors Edo) était un centre d’élevage de chevaux pour l’armée. Les bêtes vivaient en liberté avant d’être capturées et dressées.

On se figure aisément Monet séduit par cette représentation de coucher de soleil en un subtil dégradé, même si son estampe a probablement été bleuie par l’exposition prolongée à la lumière du jour. La même conservée (en trois exemplaires !) à l’Art Institute de Chicago présente une herbe tout à fait verte.

HIROSHIGE Utagawa (1797-1858), Koganehara dans la province de Shimosa, Art Institute de Chicago

Ne trouvez-vous pas cette estampe irrésistible ? Le cheval au premier plan qui sort presque du cadre mais tourne la tête pour nous regarder du coin de l’oeil en fait tout le charme. Vue d’Europe, cette façon très japonaise de pousser sur le côté le sujet du premier plan et de le couper était l’audace même.

Japonaise aussi, cette ligne serpentine du ruisseau, qui a peut-être inspiré à Monet sa rivière de capucines. Japonaise encore, la présence de ce deuxième cheval qui s’éloigne, dont la taille donne le sentiment de la profondeur de champ sans recours à la perspective à point focal. Sans parler de l’exotisme de ces deux pins solitaires dont la silhouette se détache sur le fond uni du couchant.

Enfin, les cartouches aux inscriptions en japonais, dont le rouge répond au rouge des fleurs, achèvent de placer la scène dans un Orient qui restera pour Monet un Orient rêvé.

Chitalpa

Ces fleurs superbes sont celles du Chitalpa de Tashkent, un arbre issu du croisement du Chilopsis et du Catalpa, d’où son nom.

Cette merveille fleurit à Giverny tout en haut du parking Le Verger, près du musée des impressionnismes. L’arbre intrigue, en ce moment on ne peut pas le rater. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les plantations du musée des impressionnismes, le chef-jardinier Emmanuel Besnard, passionné et passionnant, propose chaque mois une visite commentée des jardins du musée. La prochaine aura lieu le vendredi 21 juillet de 16h30 à 17h30. Cela ne coûte que 5,50 euros et c’est très très bien.

A Giverny avec Forestier – 8

Voici maintenant le texte de l’article de J.-C.-N. Forestier. Plus encore que le détail des plantations, l’auteur nous restitue le ressenti du visiteur, fil conducteur de la restauration du jardin de Monet : « En toute saison, c’est un éblouissement. »

A GIVERNY, DANS LA VALLEE DE L’EPTE, M. CLAUDE MONET A CREE UN JARDIN REMARQUABLE. – DESCRIPTION DETAILLEE DES DIVERSES PARTIES QUI COMPOSENT CE JARDIN. – LES FLEURS, LES ARBRES. – LES SITES PITTORESQUES.

En cet endroit où le chemin de fer atteint Giverny, la voie, prise entre la route et la jolie rivière de l’Epte, longe une haute palissade de Roses. A l’abri de ce rideau, la rivière s’est écartée et a laissé place au tranquille étang dont on aperçoit les reflets à travers les feuilles.

De l’autre côté de la route, une grille légère, sur un mur à mi-hauteur d’homme, clôt avec bonhomie le plus éclatant amoncellement de fleurs ; de distance en distance, des Capucines de Lobb enroulent aux barreaux leur feuillage d’un vert tremblant et leurs fleurettes couleurs de feu.

Le jardin est ainsi divisé en deux parties – qui sont, au surplus, bien différentes – par la route et la voie de chemin de fer qui se déroulent côte à côte.

La route n’est pas très large, et, pour donner plus de place aux voitures, à l’entrée le mur se courbe en une petite demi-lune.

(suite…)

A Giverny avec Forestier – 7

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 16. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Le pont sur la rivière et les arceaux de Rosiers.

Dernière photo illustrant l’article de Forestier, cette vue du petit pont sur le Ru paraît montrer un jardin en cours de construction : herbes folles au premier plan, passerelle de bois brut au second. Cet effet est contredit par la masse des rosiers qui paraissent âgés de plusieurs années déjà. Monet donnera un aspect plus doux à sa pergola en y installant de vrais arceaux arrondis. Encore une fois, l’imprécision de la légende étonne, à se demander si c’est Forestier qui les a écrites, ou s’il avait les photos sélectionnées sous les yeux.

A Giverny avec Forestier – 6

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 16. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Le bassin de Nénuphars, la bordure d’Iris, les Saules autrefois taillés en têtards qui bordent la petite rivière de l’Epte que traverse un pont avec deux arceaux de Rosiers Crimson Rambler.

En 1908, le jardin d’eau a une quinzaine d’années d’existence mais n’est pas envahi d’ombre. Les grands saules laissés libres de pousser forment un arrière-plan argenté au jardin, tandis que la crête de colline du val de Seine se profile derrière eux. L’embarcadère n’a pas encore pris sa forme définitive, et il est intéressant de voir que Monet en a amélioré la forme progressivement. Il lui a paru nécessaire d’ajouter des arceaux de roses dans le sens perpendiculaire, pour fleurir la promenade le long des berges.

Tout comme pour les glaïeuls, la quantité d’iris cultivés par Monet a frappé ses contemporains, de Forestier à Truffaut.

A Giverny avec Forestier – 5

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 15. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Sous les Pommiers : la pelouse plate parsemée d’Iris, de Soleils, de Rosiers et de plantes fleuries.

Délaissant la grande allée dont les sapins immenses ne semblent pas l’avoir inspiré, le photographe s’est placé en bas du clos normand, à une dizaine de mètres plus à droite que pour la photo des glaïeuls. Les arbres sont encore nombreux dans cette partie du jardin en 1908, mais impossible de savoir s’il s’agit de l’ancienne pommeraie à cidre ou des plantations ornementales de Monet, à base de pommiers du Japon. Sur la pelouse en pente douce (et non pas plate !) se détachent des groupes de tournesols, des rosiers en arbre et en tonnelle, et des iris installés en carrés. C’est cette disposition qui semble avoir retenu l’attention de Forestier et/ou de son photographe, car elle offre une alternative aux traditionnelles pelouses cernées de massifs.

A Giverny avec Forestier – 4

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 15. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Le bassin des Nénuphars entouré d’Iris et de Saules pleureurs. – Le pont de bois et son plafond de feuillage.

Le photographe a choisi spontanément le même angle que Monet pour ses tableaux du pont japonais : bien en face depuis la berge la plus proche. La route est à gauche, derrière la palissade recouverte de rosiers (et de clématites ?..). Les saules pleureurs plantés par Monet sont encore jeunes, et l’on en voit même un à droite, côté bambouseraie. Des masses d’iris ornent les berges.

Entre les îlots de nénuphars en fleurs, le photographe a capté le reflet arrondi du pont, qui forme comme un oeil. Monet, debout sur le pont, domine l’univers qu’il s’est créé. La glycine récemment plantée recouvrira bientôt toute la pergola en une scène printanière remarquable. Mais pourquoi Forestier, d’habitude si précis, parle-t-il d’un plafond de feuillage ?

A Giverny avec Forestier – 3

Revue Fermes et Châteaux de septembre 1908 (N° 37), p 14. Article « Le jardin de M. Claude Monet » par J.-C.-N. Forestier. La photo est légendée :
Au fond, l’atelier et les serres, l’allée des Tilleuls conduisant à la maison d’habitation, les plates-bandes de Glaïeuls bordées d’Iris ; à droite, des Rosiers ; devant, une palissade de Clématites.

Il y a toujours un peu d’étonnement à découvrir les photos anciennes, ici la belle allée au gravier parfaitement ratissé, la raideur militaire des rangs de glaïeuls, la monotonie de ces plantations sans mélange, la rigueur de leur organisation… Comme les contemporains de Monet, nous voici frappés par la quantité. Combien de massifs de glaïeuls Monet avait-il ? Dans quel but, eux qui fanent si vite ? Beaucoup moins auraient suffi pour en faire des bouquets et les peindre. Monet voulait-il les collectionner ?

L’étonnement se trouve ici doublé par le texte de la légende, car on cherche en vain la palissade de clématites annoncée. Se trouve-t-elle dans le dos du photographe ? Forestier a-t-il vraiment vu la photo avant d’en écrire la légende ?

A Giverny avec Forestier – 2

Voici la deuxième photo illustrant l’article de J.C.N. Forestier consacré au jardin de Monet. Elle est accompagnée de la légende suivante :

La maison d’habitation couverte de Vigne vierge, de Clématites à grandes fleurs, de Rosiers. – A droite, des Argémones, des Pavots et des Lavatères.

En 1908, date présumée de la photo, la maison a été agrandie de deux ailes et le toit se couvre de souches de cheminées. Le petit escalier réservé à Monet n’a pas de rambarde. Le massif à l’extrême gauche se compose de rosiers tiges et d’iris. Les grimpantes sont parties à l’assaut de la façade.

A droite, deux grands arbres, sans doute des tilleuls, occupent l’arrière-plan. A cette époque Monet n’est pas encore propriétaire du terrain voisin. L’achat des parcelles à l’est n’est enregistré au cadastre qu’en 1914, et lui permettra la construction du grand atelier. Le tilleul de gauche me paraît être celui qui est toujours là, son voisin a disparu. Les arbustes pourraient être des lilas.

Le plus étonnant, ce sont les massifs de droite, loin des tapis de géraniums attestés par des photos en couleurs des années 1920. Si l’on reconnaît facilement un ourlet d’iris, l’une des fleurs fétiches de Monet, on serait bien en peine de définir ce qui pousse dans le massif de droite. Heureusement, Forestier l’a scanné de son oeil expert : argémones, pavots et lavatères. Trois fleurs simples, qui ne présentent qu’une seule rangée de pétales.

Les pavots et les lavatères sont toujours présents à Giverny, et même en nombre pour les premiers, mais je ne crois pas y avoir jamais vu d’argémones. Cependant il se peut que dans l’exubérance végétale régnante la fleur m’ait échappé. D’après les photos d’internet, elle a l’air de rappeler les cistes, sans la macule, et existe en jaune et en blanc. Elle devait donc offrir un contraste intéressant avec le rose des pavots (s’il s’agit bien de pavots annuels) et le rose ou le blanc des lavatères.
Une petite recherche sur l’argémone m’a menée à un article tout à fait enthousiasmant, beau comme un conte de fée. Outre la belle histoire de coopération, on y découvre par ailleurs que les graines ont une toxicité mortelle, peut-être la raison pour laquelle l’argémone ne semble plus cultivée à Giverny.

A Giverny en 1908 avec Forestier

Sur une photo pleine page de Forsythia veridissima en noir et blanc, année 1908 oblige, le numéro 37 du magazine Fermes et Châteaux présente son sommaire. Au milieu d’articles éclectiques, voire hétéroclites, sensés intéresser les personnes possédant une demeure à la campagne, surgit le nom de Claude Monet. De la page 13 à la page 16, l’urbaniste et concepteur de jardins Jean-Claude-Nicolas Forestier fait le récit de sa visite à Giverny dans la propriété du peintre.

Le document nous transporte à Giverny par le texte et l’image, à une époque où Monet peaufine ses jardins depuis une quinzaine d’années déjà. Le texte très détaillé est illustré de sept photos, dont certaines tout bonnement extraordinaires, comme celle qui ouvre l’article. Qui les a prises ? Elles sont signées RUCK et portent la mention phot. F. S’il faut en croire le sommaire, elles pourraient être de M. Fréchon, seul photographe listé dont le nom commence par F, mais le etc laisse planer un doute. D’ailleurs Emile Frechon, frère du peintre de l’école de Rouen Charles Frechon, voit son nom cité en entier ailleurs dans le magazine car il est un photographe reconnu, qui expose chez Durand-Ruel et Georges Petit en 1895.
Alors se pourrait-il que ces images soient de Forestier lui-même ? Existe-t-il une preuve qu’il pratiquait la photographie ? Ou encore, car l’initiale F. apparaît sous de nombreuses illustrations du magazine, sont-elles l’oeuvre d’un salarié de la maison d’édition dont l’identité reste à élucider ?

La légende indique :

M. Claude Monet dans son jardin devant des Pieds-d’alouette groupés par masse. – Au fond, on aperçoit la maison d’habitation.

Le talentueux photographe nous montre Claude Monet debout devant un massif de delphiniums immenses qu’on imagine bleu pâle. Entre deux gerbes de fleurs apparaît la silhouette d’un jeune jardinier muni d’un arrosoir. A l’arrière-plan, le toit de la maison se devine dans la végétation.

Monet pose derrière une rangée d’iris défleuris, son éternelle cigarette aux lèvres. C’est l’époque des chapeaux. Le jardinier porte un couvre-chef en paille, l’artiste un élégant melon de couleur claire. Attitude inhabituelle, il a ramené les pans de sa veste dans son dos et exhibe un gilet bien boutonné sur son ventre de bourgeois.

La scène illustre la prédilection de Monet pour les fleurs à grand développement, qui lui donnent ce sentiment d’être immergé dans le végétal, tout comme il s’immergera dans la peinture face à ses grands panneaux de Nymphéas.

Le texte évoque brièvement ce massif :

Les plates-bandes de grands Pieds-d’alouette fleurissaient au printemps et élevaient jusqu’à 2 mètres leurs gros et triomphants épis bleus, de tous les bleus : bleu-porcelaine, bleu d’azur clair, bleu de roi, bleu sombre et profond.

Monet se trouve en bas du clos normand côté ouest, et l’on voit que le tracé des plates-bandes était alors parallèle à la route. Autre différence notable avec le jardin actuel, Monet plante une seule sorte de fleurs par massif.

De nos jours, les delphiniums sont cultivées par petites touches isolées, comme ici au bassin.

La ligulaire

Ligulaires dans le jardin d’eau de Monet à Giverny

De grands épis couverts de ligules jaunes qui ressemblent à des pétales émergent d’une touffe de feuilles à la forme et au port intéressant : les ligulaires sont en fleurs en ce moment à Giverny.
On sait que Claude Monet en plantait, il faut donc en avoir, qu’on les apprécie ou pas. Elles préfèrent les berges humides du jardin d’eau où elles apportent un éclat de lumière pendant quelques jours, avant de retourner à l’anonymat du vert aux côtés de la viorne de David aux feuilles nervurées.

Bébé bambou

Dans le jardin d’eau de Claude Monet, les bambous font partie des plantes qui retiennent l’attention des visiteurs. C’est en mai que les nouvelles pousses sortent de terre. Elles se développent si vite qu’il faut prendre l’habitude de les chercher tous les jours un peu plus haut. En un mois, elles arrivent au sommet, à huit mètres de hauteur.

Les jeunes bambous sont emballés dans des sortes de langes, qui tomberont quand ils seront grands. Ils portent un curieux toupet au sommet. Leur tige, d’abord vert foncé, deviendra dorée par la suite, avant de mourir et de se dessécher.

Il m’est arrivé une ou deux fois qu’on me demande si nous consommons les jeunes bambous. Je n’en ai jamais dégusté qu’en boîte et je peux répondre formellement que non. Ceux de Giverny ne finiront à aucun moment dans l’assiette.

En revanche je ne compte plus le nombre de fois où des visiteurs m’ont fait part de l’usage du bambou comme matériau d’échafaudage en Asie. Je comprends qu’ils aient envie d’en parler. Nous sommes des êtres d’émotions, et je me souviens très bien de ma surprise en découvrant cet usage de mes propres yeux en Amérique latine. Des années plus tard, c’est cela qu’il nous reste, alors que tout ce qui est passé par la raison est oublié. Nous nous souvenons de ce que nous avons ressenti. En l’occurrence, la stupéfaction de découvrir que le bambou est un matériau beaucoup plus résistant qu’il n’y paraît.

Jean-Claude-Nicolas Forestier

Monument à Jean-Claude-Nicolas Forestier dans le parc de Bagatelle

Si la ville de Paris possède une (très petite) voie baptisée du nom de Claude Monet, la ville d’Aix-les-Bains n’a pas encore rendu hommage à l’un de ses enfants : le paysagiste Jean-Claude-Nicolas Forestier (1861-1930). D’accord, trois prénoms pour un seul homme, c’est un peu long sur une plaque, mais ce n’est pas une raison.

Forestier fait partie de ces grands concepteurs de parcs et jardins qui ont changé l’aspect des villes au tournant du siècle dernier. Urbaniste autant que paysagiste, il voit grand, il se projette dans l’avenir, il croit dans les vertus de la marche dans la verdure pour le bien-être et la santé des citadins. S’il a beaucoup travaillé à l’étranger, les Parisiens lui doivent le parc de Bagatelle et sa magnifique roseraie, ainsi que le parc de la Cité universitaire.

Forestier est venu à Giverny rendre visite à Claude Monet, plusieurs fois peut-être, et il a eu la bonne idée de partager ses observations dans un article paru en septembre 1908 dans la revue Fermes et Châteaux.

Voilà un témoignage précieux, tant sur l’organisation générale du jardin que sur les variétés de fleurs. Monet est près de lui qui lui indique les noms latins, car

« tous deux, pris par le même amour du jardin et des fleurs, nous échangeons des noms, car tous deux nous pouvons donner leurs petits noms à de belles amies fidèles, familières et complaisantes ».

Son oeil de botaniste expert repère par exemple

des voûtes de rosiers à floraison abondante comme les Dorothy Perkins, les Félicité et Perpétue, les Crimson Rambler.

Des rosiers ornent toujours la balustrade de la maison Monet, même si ce ne sont plus des Crimson Rambler.

Ce sont encore des Crimson Rambler qu’il identifie près de la maison où ils « se disputent le soin de l’orner et de s’enrouler autour du bois des balustrades. » Et devinez ce qu’il remarque au jardin d’eau, pour changer ?

Le petit pont qui conduit au pré voisin passe sous deux arceaux de Rosiers Crimson Rambler.

Je cherche où tous ces Crimson Rambler peuvent bien se cacher dans le jardin actuel, mais je n’ai pas l’oeil de Forestier.

Selon Vivian Russell, (Le Jardin impressionniste de Claude Monet, Giverny au fil des saisons) il n’y en a plus car ils sont trop sensibles aux maladies.

Heureusement, ce n’est pas tout :

De l’autre côté de la rivière, des fils de fer soutiennent un rideau d’autres Rosiers. Le rosier Wichuriana pousse avidement ses longs et fins rameaux et ses abondantes petites feuilles d’un vert luisant.

L’article parle aussi de nombreuses autres fleurs mais ne contient pas davantage d’indications sur les rosiers.

Le temps des roses à La Roche-Guyon

A côté des arbres palissés le long du mur tourné vers le sud, abricotiers, pêchers ou figuiers, le potager du château de La Roche-Guyon est orné de magnifiques rosiers grimpants. Pour le plaisir des yeux, du nez, et celui des pollinisateurs qui s’affairent au coeur des fleurs.

Albertine retrouvée

Ce ravissant rosier porte le doux prénom d’Albertine. Tout de suite on pense à Proust et son Albertine disparue, et ma foi c’est un truc qui en vaut un autre pour retenir le nom de ce cultivar obtenu en 1921 par René Barbier. Rose ancienne, Albertine est naturellement très parfumée.

Albertine adore s’échapper vers les arbres voisins, car c’est un rosier grimpant, à son apogée fin mai – début juin. Elle a un tempérament de fugitive, la belle.

Les souples sarments d’Albertine portent de belles rosettes très doubles et comme chiffonnées, qui donnent beaucoup de douceur et de fraîcheur à ce coin du jardin d’eau. Selon Wikipedia (!) on trouve aussi Albertine dans le clos devant la maison sur les supports de la « boîte de peinture ». Enfin je crois la reconnaître sur le premier arceau de la grande allée, où elle fait merveille.

Albertine est un prénom si rare qu’il va peut-être bientôt revenir à la mode. En connaissez-vous ? En avez-vous connu ? Pour moi il reste associé à une amie de ma grand-mère qu’elle s’était faite quand elles avaient une vingtaine d’années, dans les années vingt, et qu’elle a gardé toute sa vie. Elles s’écrivaient régulièrement et chaque année elles allaient passer une semaine d’été chez l’une ou chez l’autre. Fidèles, les Albertine.

Source concernant l’emplacement au jardin d’eau : Gilbert Vahé, « Le jardin de Monet à Giverny – Histoire d’une renaissance », p 193.

Une touche de féerie

On retient son souffle. On pourrait déranger les elfes, les lutins.

On pourrait troubler la grâce délicate de ce moment où la rosée emperle les feuilles des pavots d’un collier de lumière.

La belle Vichyssoise

A l’entrée du jardin d’eau de Claude Monet, un rosier grimpant est en train de se couvrir de bouquets de petites fleurs rose pâle. C’est une variété ancienne devenue fort rare : la belle Vichyssoise.

Georges Truffaut, qui eut l’occasion de visiter plusieurs fois les jardins avec Monet et de rédiger un article à leur sujet, raconte :

Les bords des eaux furent ombragés de Rosiers à très forte végétation ou grimpant le long des arbres déjà existants, en particulier il utilisa à cet effet un rosier noisette d’une vigueur extraordinaire nommé la Belle Vichyssoise qui pousse jusqu’à une hauteur de 7 à 8 mètres et produit de longues grappes de petites Roses roses parfumées.

Revue Jardinage, novembre 1924

Les rosiers Noisette n’ont rien à voir avec le fruit à coque préféré des écureuils. Leur nom vient de Louis Claude Noisette, botaniste qui découvrit un hybride spontané de Rosa chinensis et de Rosa moschata au début du XIXe siècle. Selon Wikipédia, ‘La belle Vichyssoise’ est un cultivar obtenu en 1897 par Louis Lévêque fils. Son nom est un hommage à la ville de Vichy où Louis Lévêque se rendait en cure thermale.

A moins que nous ne sachions pas tout et que l’hommage s’adresse en fait à une charmante personne de Vichy dont l’histoire n’a pas retenu le nom. Peut-être monsieur Lévêque était-il amoureux.

Quand on a la chance de connaître, de source sûre, le nom d’une variété cultivée par Monet, il la faut dans le jardin. Encore faut-il pouvoir se la procurer. Gilbert Vahé s’est livré à de longues recherches avant de mettre la main sur cette grimpante « historique » et d’avoir la joie de la planter au jardin d’eau.

Hier j’ai remarqué que quelques boutons de ce rosier venaient de s’ouvrir, ce qui m’a donné envie de raconter son histoire aux personnes que je guidais. Il est rare que j’en parle, il y a tant d’autres choses plus importantes à dire pendant le temps si court de la visite. Quand j’ai prononcé le nom de la variété, j’ai vu un sourire se dessiner sur le visage de mon client, et ses proches se tourner vers lui d’un air de connivence : « C’est pour toi, ça, Jean-Pierre ! »
– Je suis né à côté de Vichy, m’a-t-il expliqué.

C’est le rêve de tout guide de mettre ainsi dans le mille, de personnaliser son commentaire pour que ses auditeurs se sentent concernés. On peut mettre en avant tel ou tel détail et donner ainsi un accent américain, suisse, japonais, belge ou anglais au commentaire sur Giverny. Aux visiteurs venus du Luxembourg j’ai parlé du musée du Luxembourg à Paris et de l’exposition Léon Monet. Ce n’est pas grand chose mais cela fait plaisir.

Evidemment, je n’avais aucune idée du lieu de naissance de mon client. C’est un coup de chance, de hasard ou d’intuition aiguillonnée par la vision des premières fleurs de ce rosier.

Source concernant l’emplacement : Gilbert Vahé, « Le jardin de Monet à Giverny – Histoire d’une renaissance », p 160.

Les glycines de Monet

Giverny ce matin. La glycine blanche du bassin aux nymphéas déploie ses élégantes inflorescences dans les premiers rayons de soleil. Les glycines mauves achèvent leur floraison. Comment n’y aurait-il pas là un motif à peindre ? Oui, Claude Monet a représenté ses glycines, mêmes si ce ne sont pas les plus connues de ses toiles.

Claude Monet, Glycines (W 1905). 100 x 300 cm, 1917-1920, musée d’Art et d’Histoire, Dreux

Certaines sont immenses, trois mètres de long par un de haut. Presque grandeur nature. Les lianes ont l’air de flotter dans le vide, de ne s’accrocher à rien.

Claude Monet, Glycines (W 1904), 100 x 300 cm, 1917-1920, musée Marmottan-Monet, Paris.

C’est une frise que Monet envisageait de placer au-dessus des Grandes Décorations de nymphéas, ces grands panneaux présentés au musée de l’Orangerie à Paris. Projet esquissé puis abandonné, dont il nous reste à voir l’impulsion première.

Claude Monet, Glycines (W 1907) 150 x 200 cm 2e partie d’un diptyque (avec W 1906), 1917-1920

Le tracé frôle l’abstraction. Monet semble accrocher des rubans, des bouts de laine, à un invisible fil. Il tricote ses couleurs.

Claude Monet, Glycines (W 1908) 150 x 200 cm, 1919-1920, Gemeentemuseum, La Haye

L’arrière-plan, ciel ou eau ? prend une couleur turquoise inconnue à Giverny.

Claude Monet, Glycines (W 1906) 150 x 200 cm première partie d’un diptyque (avec W 1907), 1917-1920

Il faut même une certaine bonne volonté pour voir une glycine dans ces entrelacs de couleurs.

Claude Monet, Glycines (W 1909), 150 x 200 cm, 1919-1920, Allen Memorial Art Museum, Oberlin (Ohio).

Monet n’y voit plus, mais il s’accroche à ses pinceaux, comme la glycine à son support.

Claude Monet, Glycines (W 1903), 100 x 300 cm, 1917-1920, musée Marmottan, Paris.

Mais il y a dans l’ellipse des notations colorées quelque chose qui retient le regard et séduit comme un souffle, un envol, un lyrisme abstrait et poétique.

Délicates digitales

Digitales à Giverny (photo 15/05/2018)

Les jardiniers de Giverny ont eu l’idée de planter des digitales sous les ifs qui montent la garde devant la maison de Claude Monet. Elles se plaisent et deviennent immenses : il faut lever les yeux pour en voir la pointe, en ce moment de leur floraison où elles sont les plus belles.

Les digitales aiment les sous-bois, peut-être parce que c’est le domaine des fées. Elles ont l’art de poétiser les endroits où elles poussent et dialoguent avec les fleurs des jardins issues des prairies et des haies ou des bords de rivière.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

Catégories