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Château d’Anet

chateau d'AnetIl n’y a pas que dans le val de Loire que l’on trouve des châteaux Renaissance ! A Anet, à une quarantaine de kilomètres de Giverny, on peut en visiter un qui a été construit au bord de l’Eure pour les beaux yeux de Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II.
La demeure a le charme des châteaux habités par leurs propriétaires, patiemment meublée et décorée dans le style du 16e siècle. On y perçoit tout le faste et le raffinement de la Renaissance.
Les décorateurs ont décliné ici les symboles liés à Diane, déesse de la chasse. Un exemple ? Le portail d’entrée est orné d’une pendule. A l’époque où Diane de Poitiers était la maîtresse des lieux et du roi, les statues qui surmontent la pendule étaient des automates. Le cerf frappait du sabot pour marquer les heures tandis que les chiens aboyaient.

Roses trémières

roses trémières à VernonLa simplicité rustique des roses trémières fait bon ménage avec les maisons à colombages de la rue Potard à Vernon.
Cette rue médiévale, une des plus anciennes de la ville, vient d’être refaite et rendue piétonne. Des espaces ont été aménagés dans le revêtement pour laisser aux roses trémières la place de pousser.
Alignées en gros bouquets devant les maisons, les longues tiges couvertes de corolles de couleur vive ont toujours un effet spectaculaire. Elles ajoutent encore au charme de cette rue qui a gardé tout son caractère.

Tête de pavot

Pavot Quand le pavot est défleuri il reste très décoratif avec sa grosse tête ronde et sa petite couronne en forme de calebasse. Celui-ci revient de la corvée d’eau au marigot, il transpire à grosse goutte…
Plus tard en saison les têtes de pavots changent encore. Elles sèchent, perdent leur couleur verte pour devenir blondes. De petites ouvertures laissent échapper de minuscules graines, à la façon d’une salière. Ce sont ces petites graines grises qui sont utilisées en boulangerie pour fabriquer les pains spéciaux.

Pavot

Pavot Une petite tête aux cheveux bien peignés émerge d’un col façon fraise de François Premier, au milieu d’une envolée froufroutante : le pavot a un style à déconcerter les couturiers.
Une fois qu’il s’est extrait de son bouton, il étale sa grande corolle au soleil, bien droite ou un peu penchée en parabole de télé. Avec qui veut-il communiquer ? Ses fans sans doute, nombreux, fascinés par ses multiples toilettes crêpées. Le pavot aime le rouge vermillon bien claquant, ou alors le rose maculé de violet, mais parmi les plus petits il en existe aussi des blancs, des jaunes ou des bleu ciel du plus bel effet.
A Giverny Monet en cultivait déjà, et comme à son époque on peut apercevoir dans les massifs des Papaver orientalis mêlés à leurs cousins, des coquelicots indigènes arrivés là plus ou moins par hasard.

Repiquage

Repiquage à GivernyLe jardinier a tombé la veste, il fait vite chaud dans le clos normand du jardin de Monet à Giverny, exposé plein sud. Il est occupé à repiquer des centaines de fleurs pour regarnir les massifs.
Les huit jardiniers de la Fondation Claude Monet ne chôment pas. Tout au long de la saison on peut les voir travailler dans le jardin du peintre.
Une de leurs tâches les plus importantes est de faire évoluer les plates-bandes. Dès que la période de floraison de certaines fleurs annuelles est passée, ils les arrachent et ils les remplacent par de jeunes plants sur le point de fleurir, tout juste sortis de la serre.
Grâce à ce travail colossal le spectacle est permanent tout au long de la saison, sans être jamais le même puisque la composition des parterres change avec le temps.

Cloître gothique

Cloître gothique à EvreuxCe magnifique cloître gothique était autrefois réservé à l’usage de l’évêque d’Evreux pour lui permettre de se rendre de son palais épiscopal à la sacristie de la cathédrale voisine.
Aujourd’hui l’évêque a déménagé, l’évêché est devenu un musée, et tout le monde peut se promener librement dans le cloître les jours d’ouverture du musée.
Le cloître n’est pas complet, il ne dessine que deux côtés d’un carré. La construction de cette galerie date de la fin du 16e siècle. Malgré cette édification tardive, elle est bâtie en un style gothique flamboyant au dessin harmonieux.
Le matériau utilisé est la pierre de Vernon, que l’on reconnaît facilement aux rognons de silex laissés intacts par les tailleurs de pierre au milieu du calcaire parfaitement appareillé.

Libellule

libellule Le corps fuselé comme une flûte traversière, et des couleurs de pierres précieuses sous des ailes de fée Clochette : les libellules sont les plus gracieuses des habitantes du jardin d’eau de Claude Monet à Giverny.
Les plus courantes ne sont pas plus longues que le petit doigt, transparentes, aussi légères que le vent. Turquoise un peu fluo, rouge grenat, bleu outremer, on dirait qu’elles sont allées se servir dans la palette de Monet avant de venir tourbillonner au-dessus de ses Nymphéas.
Certains jours on en voit passer des maousses toutes vrombissantes, style mon papa est un hélicoptère. Difficile de ne pas les remarquer, mais pas très envie qu’elles s’approchent trop près.
Rien n’est plus insaisissable qu’une libellule. Elles ne tiennent pas en place, tout leur être est vol, mouvement.
J’avais quasiment renoncé à arriver jamais à en photographier une quand ce matin celle-ci a bien voulu poser longuement sur sa feuille d’iris.
Les photos valent par ce qu’elles montrent mais aussi par ce qu’elles nous rappellent, les images, les sensations qu’elles font revenir à la mémoire. Derrière la libellule je vois mes visiteurs de ce matin, au moment où j’ai pris la photo, un jeune couple en compagnie de deux enfants de 4 et 6 ans.
Une visite guidée avec des petits, il y a de quoi hésiter. Mais les parents, passionnés par Monet, ont tenté le coup.
Comme d’habitude je me suis régalée à donner la main, à porter pour faire voir des trucs. Entre deux explications pour adultes (pendant lesquelles les enfants alignaient avec concentration des gravillons sur un mouchoir en papier), on a regardé les poules, cherché les dindons, les poissons, décrit les couleurs des fleurs, appris à reconnaître le vrai bambou du faux, joué aux devinettes, raconté l’histoire du chat en porcelaine, senti les phlox, les lavandes, compté les abeilles et les casseroles en cuivre, admiré la marqueterie du bureau de Monet, on est descendu dans un tunnel et passé sur des ponts… et on a vu des libellules.
A la fin de la visite je serrais la main des parents pour prendre congé quand la petite de six ans m’a enlacé les jambes, un geste tendre et spontané qui m’a fait fondre. Vous en connaissez d’autres, des métiers où ce genre de choses risque de vous arriver, un câlin enfantin impromptu alors qu’on se connaît depuis deux heures ?
Cette petite fille, c’est elle, ma libellule du jour, ma petite fée Clochette.

Poignée de porte

poignée de porte en corneComment faisait-on avant le pétrole et le plastique ? Ils ont tellement envahi notre quotidien qu’il est devenu difficile à croire que l’on ait pu s’en passer. Et pourtant il existait naguère des solutions alternatives pour tous les objets.
En Normandie, terre d’élevage, on utilisait volontiers la corne à toutes sortes d’usages. Les portes-fenêtres de la maison de Monet à Giverny sont équipées de poignées de portes anciennes en corne tournée, vraisemblablement d’origine.
Le temps et les intempéries y ont creusé de fines gerçures. Elles rappellent les mains âgées qui s’y sont posées, il y a bien longtemps.

La couleur de la barque

Barque, GivernyL’essor de la photo numérique a pour corollaire une inflation d’images dans nos ordinateurs. Si l’on veut faire quelque chose de ses photos, une sélection s’impose. Mais comment choisir, en fonction de quels critères ?
Selon l’humeur, la sélectivité est plus ou moins grande. Bien sûr, il y a les photos qui provoquent un Waou ! quand on les découvre. Pour celles-ci, même pas la peine de se poser de question ; on sait sans hésiter que ce sont de bons clichés. De même qu’on n’a souvent aucun doute, hélas ! sur la médiocrité de certaines vues.
Et puis il y a les photos pas trop mal. On la garde ou pas ?
Cela dépend de ce qu’elle inspire. Comme les êtres humains, les photos sont plus ou moins belles et racontent des histoires plus ou moins intéressantes.
Et comme les être humains, elles peuvent avoir des défauts qui les rendent attachantes.
J’avais d’abord éliminé celle-ci. Elle a quelque chose qui me dérange parce que je sais que la barque de Monet est d’un vert vif et non presque noire, et que le saule devrait être plus vert lui aussi.
Et puis, prise de remords, je l’ai exhumée de la poubelle. Elle a quelque chose qui me retient, le contraste du chaud et du froid, du lisse et du brouillé, du rectiligne et de l’arrondi, et ce reflet qui fait comme un livre ouvert…
Et je repense à la leçon de Monet qui disait qu’il fallait peindre exactement ce que l’on perçoit en oubliant ce que l’on sait des objets.
C’est ainsi que chez lui les ombres sont violettes, et que la neige est rose, jaune, grise… mais jamais blanche. Il n’aurait pas cherché à peindre une barque verte.

Christian Avril

peintre à Giverny Il s’appelle Christian Avril, c’est son vrai nom. Comme les hirondelles, chaque printemps ramène monsieur Avril à Giverny.
Depuis quinze ans qu’il plante son chevalet près de la Fondation Claude Monet, il a fini par faire partie du décor, le seul peintre de Giverny à exercer ses talents dans la rue, sous le regard des passants.
Christian Avril peint comme il respire, avec naturel. Tout autour de lui sont accrochées ses toiles, surtout des petits formats, et l’on y reconnaît avec amusement chaque détail de la rue, les roses trémières devant le portail d’en face, le panneau indicateur, la boîte aux lettres jaune au milieu des roses, jusqu’aux touristes qui flânent.
C’est comme un jeu, l’oeil regarde la toile et cherche aussitôt le motif aux alentours, puis revient à la toile. La rue Claude Monet qui pouvait paraître banale devient poétique quand elle est transfigurée par la peinture.
Rue Claude Monet, Christian AvrilC’est une chose précieuse d’avoir un peintre pour animer la rue du village. On ne se lasse pas de regarder comment un tableautin se fait, touche après touche. Pour les enfants, pour tous ceux qui ne savent pas peindre, la naissance de l’image a quelque chose de magique.
Les instituteurs nomment le chevalet, la palette. Les étrangers se prennent en photo à côté du peintre et de son petit chien.
Après avoir admiré toutes les fleurs du jardin de Monet, vu au musée d’art américain des oeuvres d’artistes qui ne sont plus, poussé la porte de galeries aux toiles abouties, dont le format et le prix peuvent sembler intimidants, cela fait plaisir d’assister en direct à la naissance d’une oeuvre qui tiendra facilement dans les bagages, dont l’achat ne mettra pas en péril le budget des vacances, et qui fera un bien joli souvenir de Giverny.

Erythrine

erythrine crista galliSi vous deviez trouver un nom à cette plante, comment la nommeriez-vous ? Ceux qui se sont posé la question avant nous l’ont baptisée Erythrine crista galli, nom botanique où Erythrine dérive du mot grec qui veut dire rouge, et crista galli signifie crête de coq.
Rouge c’est rouge ! La plante porte aussi le joli nom d’arbre corail. D’autres comparent ses fleurs à des… pinces de homard. Bien vu !
L’Erythrine est originaire d’Amérique du Sud où elle est capable de faire de grands arbres de six à dix mètres de haut.
Chez nous la belle est plus modeste. Gilbert Vahé, le chef-jardinier de la Fondation Monet, la cultive en pot et la garde à l’ombre. Je présume qu’elle ira faire un tour en serre cet hiver, même si elle supporte un peu de gel.
L’Erythrine a un côté inattendu et spectaculaire qui attire sur elle tous les regards. Les visiteurs s’aprochent, se penchent pour déchiffrer l’étiquette… et repartent en faisant la grimace. Erythrine crista galli rouge écarlate ! Dur à lire et encore plus à retenir ! On pourrait pas faire plus simple comme petit nom ?

Ingrid libre !

Affiche Ingrid Betancourt à VernonQuelques heures à peine après l’annonce de la libération d’Ingrid Bétancourt en Colombie, une nouvelle affiche flotte déjà sur la façade de la mairie de Vernon.
Depuis des mois, c’était l’image poignante de l’otage au regard abattu qui interpellait les passants.
Avec une réactivité extraordinaire, voici le sourire d’Ingrid. La ville de Vernon a coiffé sur le poteau la municipalité de Paris, qui s’est contentée de rajouter le mot « libre ».
Mais le message reste toujours aussi sibyllin pour qui n’est pas au courant des affaires franco-colombiennes. Les touristes étrangers s’interrogeaient sur la première affiche. La nouvelle, plus souriante, va les laisser guère moins perplexes.

Record, encore

Claude Monet, Bassin aux Nymphéas, 200 x 100 cm, 1919, collection particulièreClaude Monet, Bassin aux Nymphéas, 200 x 100 cm, 1919, collection particulière

Le dernier record de vente d’un Monet en enchères publiques datait du mois de mai. Il n’aura pas tenu longtemps. La convoitise suscitée par un très beau Bassin aux Nymphéas de deux mètres carrés mis en vente le 24 juin dernier a permis à la cote de Monet d’être réévaluée à la hausse.
41 millions de livres, 80,5 millions de dollars, le montant en euros se situe quelque part entre les deux, à 51,7 millions d’euros exactement.
200 % de mieux directement, si l’on compare avec le record établi en mai par le Pont de chemin de fer à Argenteuil, une oeuvre de jeunesse pleine de lumière datée de 1873.
Claude Monet, le Pont de chemin de fer à Argenteuil, 1873, collection particulière On lit partout que l’acheteur des Nymphéas serait un Russe. J’imagine quelque nouveau magnat du pétrole ou du gaz ou du sucre en poudre, avide de s’approprier les signes extérieurs de notabilité occidentale.
J’ai beau avoir une immense admiration pour Monet, des sommes pareilles, je trouve ça indécent. A l’heure où chacun se demande comment il va faire pour remplir son chariot au supermarché, il en est qui exhibent sans pudeur leurs millions dans les ventes aux enchères.
C’est le moyen qu’ils ont trouvé pour savoir qui a la plus grosse, de bourse.

Claude Monet, le Pont de chemin de fer à Argenteuil, 1873, collection particulière

Philippe Delerm

Philippe Delerm, Traces, Editions FayardLe dernier Delerm est une merveille. Il s’appelle Traces. Delerm s’attache à des traces de ce qui a été, des affiches, des graffiti, des pierres tombales, des noms de rues, des bateaux abandonnés… De sa langue précise, précieuse, il décortique les signes. Il a l’entêtement d’un Proust à analyser le sens de ce qui s’offre et se dérobe en même temps.
On déambule dans un Paris où le passé s’effrite, des boucheries chevalines transformées en boutiques chics, des marchands de livres d’occasion annotés par leur ancien propriétaire, des ruelles pavées où courent encore des rails devenus inutiles… On lève les yeux vers le panache laissé par un avion. On s’arrête pour déjeuner dans un bistro où la table a bien vécu.

Philippe Delerm est Eurois. Je ne sais si cette proximité géographique est pour quelque chose dans les affinités particulières que j’ai pour cet auteur. Je me souviens du temps d’avant La première gorgée de bière, quand il écrivait dans le magazine de l’Eure Inter. Il décrivait des balades dans le département, qui sont devenues après coup Les chemins nous inventent.
Le saisissement de découvrir cette prose si incroyablement littéraire et poétique, une pépite au milieu du magazine. Sa petite photo en vignette, où il avait la barbe bien sombre encore.
C’est dans ce contexte-là que Philippe Delerm a écrit un très beau texte sur Giverny. Comme dans Traces, il est illustré de photos esthétiques, émouvantes, prises par sa femme Martine Delerm.
C’est tellement beau et tellement juste, il y a une dizaine d’années j’ai écrit à Philippe et Martine Delerm pour leur demander l’autorisation de publier ce texte sur internet.
J’ignorais leur adresse complète, je ne connaissais que leur commune de résidence. Visiblement la lettre leur est parvenue puisque j’ai reçu en réponse l’autorisation demandée. Malicieusement, Delerm avait omis le nom de la rue lui aussi. La lettre m’est arrivée quand même, bien que je sois une parfaite inconnue dans une commune nettement plus peuplée, merci la Poste.

Cela m’a amusée de trouver dans Traces un chapitre sur les lettres autographes.

Bien sûr, c’est de Baudelaire, de Vigny, de Picasso, de Monet, d’Apollinaire. Ce n’est pas pour autant du Baudelaire, du Vigny. C’est même plutôt le contraire : l’aveu d’une normalité qui ne les a pas empêchés d’enfermer ailleurs, dans un autre cadre, un autre espace, la seule chose qui ait du prix : leur différence.

Je regarde la petite lettre autographe que je possède de Philippe Delerm, et je me dis que c’est tout-à-fait ça, de Delerm mais pas du Delerm.
N’empêche, dans ce chapitre de Traces, on trouve deux occurences du nom de Monet.

Erable du Japon

Erable du Japon à Giverny

Le parasol ample

une dentelle rouge pourpre s’étend

érable japonais

Anaëlle

La barque de Monet

La barque de Monet à Giverny

Barque sous les bambous

bourdonnement des moustiques

la rivière s’’agite

Lirann

Tulipe rose enfance

Parterre de myosotis

la tulipe rose enfance

baigne dans le bleu océan

Maxime K.

Reflet de myosotis

Reflet de myosotis à Giverny

Sur l’eau transparente

des myosotis penchés

miroir bleuté

Emma

Structure

Structure du jardin de Monet à Giverny

Devant la maison

un jardin strictement rangé

calendrier de fleurs

Paul

Larmes de saule

Saule pleureur à Giverny

Tristesse ruisselante

Comme larmes d’enfant filandreuses

le saule pleureur

Gabriel

Le saule pleureur

perd ses branches en larmes

un enfant pleure

Romain

Pièces d’or

Gingko Biloba, l'arbre aux écus

Au bout de l’allée

le soleil brille sur un arbre

reflet de pièces d’or

Loann

Un monde flottant

feuilles de nénuphar L’étang de Monet

sur l’eau sinueuse et pure

ronde de nymphéas
Niels

Coeurs fleuris humides

ondulent en harmonie

nénuphars flottants
Gabriel

Nénuphar en fleur

sur l’eau chaude du printemps

un lit de pétales roses
Louise


Haïku

Glycine à GivernyQuoi de mieux que des haïkus, ces courts poèmes japonais de dix-sept syllabes, pour évoquer le jardin de Monet à Giverny ?
Le maître de l’impressionnisme a donné une touche japonisante à son jardin d’eau en y introduisant glycines, pivoines et bambous.
Mais puisque son jardin reste malgré tout très français, l’idéal est d’écrire les haïkus dans cette langue !
Les enfants de Mareil Marly dont je vous parlais hier ont peint et composé des vers, ils ont aussi imaginé de merveilleux haïkus.
Ils méritent une belle image, je vous propose de les découvrir dans les prochains jours illustrés de photos prises à Giverny.
Voici ceux de Lucas et Pierre qui évoquent la glycine. Si les rêves avaient une couleur…

Le pont japonais
grappe de glycine envoûtante
cascade violet-rêve

Lucas

Agrippée au pont
la glycine violet-rêve
odeur reposante

Pierre

Au jardin du peintre

fresque au jardin du peintreL’oeuvre de Monet, peintures et jardins, est un support pédagogique très riche pour les enseignants. A l’école les Violettes de Mareil Marly, dans les Yvelines, la classe de CM1-CM2 a travaillé toute cette année scolaire sur le thème du jardin.
Voici la fresque que les enfants ont réalisée à l’éponge et au pinceau après leurs visites à Giverny et à l’Orangerie. La porte du préau donne l’échelle. Quelle belle harmonie de couleurs !
Le projet ne s’arrêtait pas à ce travail d’arts plastiques de grande ampleur. L’originalité a été de l’associer à un atelier d’écriture. Lors de leur visite à Giverny, les enfants ont noté des mots, des sensations, des couleurs, des odeurs, puis ils en ont fait des poèmes.
Comme je ne pouvais pas les publier tous, j’ai gardé un vers de chacun, et seulement trois de leurs conclusions.
En les lisant j’ai eu l’impression de me promener avec les enfants dans les jardins quand ils ont leur parure de printemps, à la mi-mai. Ils ont su retranscrire avec justesse ce qu’ils ont ressenti. C’est une poésie impressionniste, faite de petites touches de couleur pure.

Au jardin du peintre

Au jardin du peintre,
Il y a la bambouseraie aux mille bambous tout droits comme des soldats au garde-à-vous
Il y a le saule pleureur, il pleure de ses larmes naturelles
Il y a le myosotis mousseux, il sert de tapis aux tulipes majestueuses
Il y a le rhododendron rose fuchsia, il coud son écharpe dentelée
Il y a l’érable du Japon, il se prend pour un parasol
Il y a la treille de glycines, elle survole le pont japonais
Il y a la tulipe perroquet, elle se tient droite comme le peuplier, ses dentelles blanches dansent sur le col de sa robe
Il y a la pensée orange coucher de soleil, elle est au bord de l’eau
Il y a le nymphéa en forme de cœur
Il y a la tulipe rouge rubis, elle brille au bord de l’eau
Il y a le paulownia grandiose, il nous fait de l’ombre
Il y a le moineau accroché sur sa feuille
Il y a la giroflée d’un orange poli
Il y a la maison de Monet à l’allure dominante
Il y a le poisson immense passant sous le pont
Il y a l’odeur envahissante des fleurs
Il y a la pâquerette double, elle dresse ses pétales doux
Il y a l’azalée violet rêvé,
Il y a le bambou droit comme un trait tracé à la règle
Il y a le vent et son souffle léger et agréable, il fait résonner le chant aigu des oiseaux
Il y a la pelouse verte aux reflets bleutés
Il y a le grand hêtre pourpre
Il y a l’allium vert fluide
Il y a l’oranger du Mexique avec ses feuilles vert lumineux
Il y a le pont japonais courbé au dessus de l’eau

Mais, il y a surtout le peintre qui donne vie à sa peinture.
Mais, il y a surtout un maître pinceau derrière tout ça !
Mais, il y a surtout la magie d’un travail exceptionnellement incroyable.

Agapanthe

Agapanthe et rosesAimez-vous les agapanthes ? C’est la question que je ne peux m’empêcher de poser ces temps-ci à tous les visiteurs que je guide dans les jardins de Monet, histoire de leur rappeler discrètement le nom de la fleur et d’attirer leur attention sur ce massif spectaculaire.
En ce moment les agapanthes du jardin d’eau sont magnifiques. Leurs têtes bleues s’élèvent haut, à plus d’un mètre du sol, mais loin d’être altières elles se penchent pour faire la causette aux roses.
L’harmonie entre ce bleu et ce rose d’une égale douceur est à tomber par terre.
L’agapanthe sous nos climats n’est pas une fleur banale. Elle a quelque chose de sophistiqué qui fait qu’on la remarque, avec sa façon de monter monter pour finir par exploser en un petit feu d’artifice. Oh la belle bleue !
Claude Monet, Nymphéas et agapanthes, 1914-1917, 140x120cm, musée Marmottan, ParisSi l’agapanthe joue les stars chez nous, il n’en va pas ainsi partout. Chaque fois que j’ai des clients australiens ou néo-zélandais, ils me le confirment : là-bas les agapanthes poussent comme du chiendent. « On les considère comme des mauvaises herbes ! »
Elles envahissent les talus, les bords de route, les terrains les plus ingrats. L’agapanthe est la valériane des terres australes, semble-t-il.
Je me demande quel effet cela doit faire de se balader de l’autre côté de la planète, et qu’on vous montre fièrement, disons, un massif de pissenlits ?

Claude Monet, Nymphéas et agapanthes, 1914-1917, 140 x 120 cm, musée Marmottan, Paris

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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