Pédiluve de ferme

Pédiluve de ferme au Hameau de la Reine, VersaillesAu château de Versailles, la ferme du Hameau de la Reine a encore son pédiluve. La Reine Marie-Antoinette pouvait y conduire les bêtes pour les faire boire, ou encore demander qu’on y lave les chevaux.
La construction de ce pédiluve champêtre est faite d’une maçonnerie assez grossière, avec un accès en pente douce à chaque extrémité. Les abords sont couverts de gros pavés rustiques pour éviter la boue.
Aujourd’hui, C’est le Bénarès des pigeons, qui se pressent en foule là où ils ont patte pour y faire leurs ablutions.

Le fer à cheval du Grand Canal de Versailles

Le fer à cheval du Grand Canal au château de VersaillesLe Grand Canal du parc du château de Versailles vient buter contre les terrasses du Grand Trianon. Oui, Louis XIV aimait beaucoup la grandeur… et ce fer à cheval où le plan d’eau prend naissance n’en manque pas.
Les pierres des murs sont sculptées en forme de gouttes d’eau, comme si toute la paroi n’était qu’une cascade.
De chaque côté du fer à cheval, un escalier descend vers la berge. Il faut choisir judicieusement son côté : si l’on veut se rendre au château de Versailles en une vingtaine de minutes, c’est celui de gauche. Sinon, il faudra faire tout le tour de la croix formée par les deux branches du Grand Canal. Ce sera trois fois plus long.

Mur végétal

Mur végétal de Patrick Blanc au château de la Roche-GuyonIl était une fois, au château de la Roche Guyon, un renfoncement où des plantes peu gourmandes s’étaient installées spontanément.
Patrick Blanc, botaniste et chercheur au CNRS, s’est intéressé à la flore de cette cavité. Créateur de murs végétaux, il a eu envie d’amplifier le phénomène dans cette niche en y introduisant des plantes tropicales et en assurant un léger apport d’eau et d’engrais.
La greffe a très bien pris, on peut admirer aujourd’hui des espèces collectées au Japon par Patrick Blanc (Pilea petiolaris et Elatostema umbellatum) et de nombreuses variétés indigènes, fuchsias, fougères, bégonias, saxifrages ou menthes.

Chemin à Giverny

Chemin à GivernyAimez-vous les petits chemins secrets ? Celui-ci est caché dans la colline au-dessus de Giverny. Sous vos pieds, il est doux comme un gazon. Des pieds qui seraient vite humides de rosée, mais vous êtes prévoyant, vous portez des chaussures imperméables !
De là-haut, la vue est magnifique. Le clocher du village surgit au milieu des prés, tout seul. Où sont passées les maisons ? Derrière lui, la vallée de la Seine se déroule, jusqu’à la colline parallèle à la vôtre, couverte de bois.
De ce côté-ci, c’est plutôt le domaine des prairies et des vergers. Vous apercevrez peut-être le troupeau de brebis qui a pour mission d’entretenir les pelouses calcicoles et d’empêcher que les buissons ne viennent y étouffer les fleurs sauvages protégées.
Protégé aussi, le lézard vert est un hôte farouche de la colline. Mais si vous avez la chance de vous trouver nez à nez avec ce bel animal d’un vert presque fluorescent, cette rencontre extraordinaire va illuminer toute votre journée.

La Grande Allée le 31 octobre

La Grande Allée le 31 octobre, 18hPresque toutes les photos de la grande allée de cette catégorie ont été prises à l’heure de l’ouverture des jardins de Monet, à 9h30. Au printemps et en été, il fait jour depuis longtemps. En automne, c’est plus difficile car le ciel matinal est souvent voilé, la lumière moins franche.
J’avais envie de voir à quoi ressemblait ce point de vue familier à la tombée de la nuit. Impossible au printemps et en été, quand le soleil se couche bien après 18 heures. Il fallait attendre le passage à l’heure d’hiver, le dernier week-end d’octobre.
Voici les ombres qui gagnent les massifs, qui deviennent profondes sous les ifs au bout de l’allée des capucines, et la chaleur des lumières derrière les murs de la maison rose aux volets verts…

Citrouille

Carré de plantes aromatiques dans un potager du Hameau de la Reine à VersaillesDepuis qu’elles grimacent un peu moins, les citrouilles ont conquis leurs lettres de noblesse.
Ces trois potirons se hissent au rang de sculptures pour orner un carré de simples dans un jardin potager du Hameau de la Reine à Versailles.
Grosses comme des roues de carrosse (je sais, j’exagère un tout petit peu) elles paraissent avoir conduit Cendrillon au bal de la Reine fermière.

Bien à l’abri derrière sa peau épaisse, la chair de la citrouille se conserve bien. Alors pourquoi ne pas profiter un peu de la couleur flamboyante de votre légume avant de le passer à la casserole ?

La tombe de van Gogh

La tombe de Vincent van Gogh et de son frère Théo à Auvers sur OiseCertaines tombes connaissent toute l'année une affluence de Toussaint : une visite à Auvers-sur-Oise ne serait pas complète sans un pèlerinage au cimetière. C'est là que repose Vincent van Gogh, en compagnie de son frère Théo décédé six mois après lui.
La tombe est facile à trouver, contre un des murs du cimetière. Elle est entièrement recouverte de lierre.
Dans la maison du Docteur Gachet, on vous raconte une histoire à propos de ce lierre. Je crois me souvenir que c'est le fils du Docteur Gachet qui l'a planté, après avoir soigneusement déraciné le conifère (if, cyprès ? ) qui s'y trouvait. L'arbre a été transplanté dans le jardin des Gachet. Ces modifications sont intervenues au moment où Théo est venu rejoindre son frère dans la tombe.
Le cimetière se trouve un peu à l'écart de la ville, au bord du plateau qui domine la vallée de l'Oise. Tout près de là, van Gogh a peint son dernier tableau, celui avec des corbeaux au-dessus d'un champ, avant de se donner la mort le 27 juillet 1890 en se tirant dans le ventre.
Il s'est ensuite traîné jusqu'à l'auberge Ravoux, pas toute proche, et il a agonisé pendant deux jours. Il a rendu son dernier souffle le 29 juillet 1890 dans les bras de son frère.
C'est émouvant de se trouver là et de contempler ces deux petites stèles jumelles, au-dessus desquelles fânent les dernières roses.

Chrysanthèmes et abeille

Chrysanthèmes et abeille, Hokusai, 1830Claude Monet possédait cette estampe d’Hokusai, Chrysanthèmes et abeille, qui orne aujourd’hui les murs de son cabinet de toilette. Comme il ne subsiste pas de photo d’époque de cette petite pièce intime, on n’est pas absolument sûr de l’accrochage d’origine. Mais Monet aimait sans doute beaucoup ces Chrysanthèmes. Ils font partie d’une suite de onze estampes, « Grandes fleurs », dont Monet possédait aussi Volubilis et rainette et Pivoines et papillon.
Il rêvait d’acquérir une autre de ses fleurs préférées, les Coquelicots, mais il n’est probablement pas parvenu à ses fins.
Comme l’indiquent les titres des oeuvres de cette suite, Hokusai introduit un petit animal, ici une abeille, dans chaque gravure pour lui donner vie. La composition, à la savante asymétrie, pourrait sinon sembler un peu figée. Les fleurs ne paraissent pas saisies dans leur milieu naturel, mais plutôt organisées en arrangement floral à la manière d’un Ikebana.
Monet s’est-il inspiré de cette estampe pour ses Chrysanthèmes ? En apparence, c’est le même sujet, mais le traitement en est radicalement opposé. Pas d’ode à la couleur et à la vibration lumineuse ici, mais des lignes nettes qui dessinent chaque pétale, et des teintes douces rehaussées par le vert sombre des feuilles.

Fermeture

Dernières minutes d'ouverture à la Fondation MonetMalgré le changement d’heure de dimanche dernier, la Fondation Monet n’a pas changé ses horaires. A 18 heures, ce soir, il faisait nuit quand les tout derniers visiteurs de la saison ont quitté les jardins de Monet.
La maison et l’atelier illuminés avaient un aspect inhabituel, comme si les lieux, à la veille de plonger dans un long sommeil, voulaient paraître habités une dernière fois.
Les portes se sont fermées pour cinq mois. Il flotte un parfum de mélancolie sur Giverny.
Cet après-midi, les touristes étaient encore nombreux dans les rues du village, profitant du soleil et des vacances d’automne. Demain, Giverny retrouvera son calme hivernal, jusqu’au 1er avril prochain.

Chrysanthèmes

Chrysanthèmes, Claude Monet, 1897, collection particulièreUn massif de fleurs vu presque à la verticale, sans référence à ses limites : on a l’impression que le tableau Chrysanthèmes de Monet n’a ni haut ni bas.
Monet s’est attaché à rendre la vibration lumineuse des fleurs sans rechercher la netteté des formes.
Ce tableau s’éloigne de l’aspect figuratif et annonce l’abstraction.
Les grosses têtes colorées des chrysanthèmes sont prétexte à représenter des masses de couleurs chaudes, jaunes, blanc-rosé, rouges, tranchant sur un fond froid vert-bleu.
Elles semblent flotter à la surface de ce bleu, préfigurant les Nymphéas à la surface du bassin.
A l’automne 1897, ou peut-être dès 1896, Monet peint quatre toiles de belle taille (celle-ci mesure 79×119 cm) sur ce même motif de massif de chrysanthèmes. Les premiers Nymphéas datent aussi de 1897, ils sont catalogués juste après.

Van Gogh et les estampes japonaises

Ohashi, averse soudaine à Atake, Hiroshige Van Gogh et Monet avaient une passion commune : les estampes japonaises. Tous deux se sont constitué de magnifiques collections de gravures des plus grands maîtres nippons, notamment Hiroshige.
Hiroshige est l’auteur de cette estampe, « Ohashi, averse soudaine à Atake ». Elle figure en bonne place dans la maison de Monet à Giverny, accrochée dans le vestibule qui mène à son salon-atelier. Van Gogh, pour sa part, admirait tellement cette estampe qu’il en a fait une copie réinterprétée à sa manière.
On peut tenter une analyse de ce qui a plu à van Gogh et Monet dans cette gravure sur bois.
– La sobriété des moyens : une gamme serrée de bleus traités en aplats, quelques notes d’ocre et de rouge. Le relief est donné par les valeurs des couleurs froides, qui varient du clair au foncé.
– La composition au dessin très affirmé, en flèche vers la droite, avec cette berge opposée qui penche dans le sens où coule l’eau. Mais le pont est coupé, on ne voit pas d’où il part ni où il arrive, si bien que le focus est mis sur les personnages, sur cet instant où ils se font tremper dans la traversée d’un pont qui n’offre aucun abri.
Il y a de l’impressionnisme dans cette façon de capter l’instant, de figurer la pluie.

Le Pont sous la pluie, van Gogh, Copie d'une estampe d'HiroshigeDans le tableau de van Gogh, « Le Pont sous la pluie », une couleur supplémentaire fait son apparition : le vert. Il est probable que van Gogh a travaillé d’après une autre version de cette planche, dont on connaît trois états différents, l’un d’eux présentant des teintes vertes.
Plus d’aplat chez van Gogh. Les surfaces sont animées de nuances. L’eau de la rivière est la partie la plus caractéristique de son style. Les coups de brosse parallèles de vert, de gris-bleu et de blanc y dessinent des reliefs, des vagues qui lui donnent un aspect menaçant. Le frêle esquif qui tente de remonter le courant paraît en danger.
Le dessous du pont d’Hiroshige est monochrome et graphique, créant un contraste avec la passerelle claire où progressent les piétons. Celui de van Gogh sort de l’ombre pour montrer sa matière, – bois ? bambou ? – un matériau assez fragile que l’on croit entendre gémir et sentir trembler sous la poussée de l’eau.
L’analyse des couleurs montre qu’elles sont de valeur égale, les couleurs sombres sont repoussées vers les bords du tableau. Le principal élément de fort contraste vient de la petite tache noire sur fond jaune qui représente les deux hommes presque au milieu du tableau. Pour renforcer sa force d’attraction, Van Gogh a noirci aussi le personnage de gauche, et éclairci les parapluies et l’homme venant vers nous. Le sens de lecture de l’oeuvre en devient plus net.
Chez les deux peintres, la pluie est rendue par de fines lignes obliques parallèles et croisées, offrant une impression plus nette et plus froide chez Hiroshige.
L’élément le plus personnel que van Gogh apporte à cette copie a été repoussé dans le cadre. Sans reproduire dans le dessin même le cartouche de signature de l’artiste japonais, van Gogh a imaginé un cadre vert bordé d’un liséré rouge, et décoré de caractères d’inspiration japonaise. Il affirme ainsi son intention décorative et japonisante, selon la mode de l’époque.

La pomme Ariane

La pomme ArianeJe porte un nom de pomme. La nouvelle m’a cueillie à froid.
L’Institut National de Recherche Agronomique, l’INRA, vient de lancer sur le marché la pomme Ariane – le presque anagramme ne vous aura pas échappé.
On nous le jure, cette pomme veut notre bien. Elle est issue de patients croisements qui lui confèrent les qualités les plus intéressantes de ses parents, celle de résister à la tavelure du pommier n’étant pas la moindre. Grâce à cette santé de fer, les arboriculteurs vont pouvoir économiser la moitié des traitements habituellement administrés aux pommes, ce qui sera tout bénéfice pour tout le monde, sauf les producteurs de produits phytosanitaires. Bon, rien à voir avec une pomme bio tout de même…
Pour son lancement, Ariane a droit à toute une campagne de promo. Sur internet, le descriptif est savoureux :

La pomme Ariane est à la fois sucrée et acidulée, ferme et croquante, juteuse et pétillante en bouche pour une saveur authentique. Bicolore, d’un rouge profond et brillant pailleté de lenticelles or, Ariane marie élégance et rusticité. De plus cette pomme se conserve très bien. En fait, Ariane veut ressembler à ses consommateurs : naturelle, spontanée, bien dans sa peau.

Un rouge profond et brillant pailleté de lenticelles or, ça ferait joli comme robe à Noël…

Automne à Giverny

Le bassin aux Nymphéas en automneL’automne vient de toucher de sa baguette magique le jardin de Monet à Giverny. Je crois qu’il arrive un peu plus tard que d’habitude, et que les quinze jours de retard pris en début de saison se sont répercutés tout au long de l’année.
Le liquidambar flamboie dans le soleil, la glycine se transforme en or. Dans l’air flotte une odeur acide de feuilles tombées.
C’est l’été indien, il fait doux l’après-midi, plus de vingt degrés. Par ce temps inespéré, se promener dans les jardins est un délice. Nous étions peu à en profiter aujourd’hui, et nous échangions des sourires complices d’avoir eu cette bonne idée.
Vite ! Si vous voulez venir cette année, dépêchez-vous ! La saison 2006 s’achève à Giverny. Les plus belles choses ont une fin, la Fondation Monet fermera mardi soir, le 31 octobre. Après, il faudra patienter jusqu’en avril, et le spectacle sera très différent.

La Grande Allée fin octobre

La Grande Allée du jardin de Monet, fin octobreSous le ciel bleu de l’automne, la grande allée déverse sa rivière de capucines.
Les massifs de rudbéckias ont perdu leur couleur éblouissante, mais le jardin présente encore une large palette de dahlias, de cosmos, ou d’amarantes queue de renard.
Sur les arceaux, les rosiers grimpants refleurissent, donnant à l’arrière-saison quelques accents printaniers.

Le monstre du parc

Tilleul dans le parc du château de Bizy, Vernon– Il y a un monstre dans le parc ! Ne te retourne pas, il est énorme. Voilà son pied griffu. Brrr !
– Mais non, c’est un arbre, regarde !
– Le jour, oui ! mais le monstre est caché à l’intérieur du tronc. La nuit, quand tout le monde est parti, on l’entend marcher à pas lourds dans l’allée : Boum ! Boum ! Boum !

Au château de Bizy, à Vernon, la visite se fait avec un guide, à heure fixe. En attendant le départ, on a le temps de se mettre dans l’ambiance en se promenant dans le parc du château, plein de recoins mystérieux et d’arbres centenaires. On sent comme des présences. La visite, ensuite, ne fait que confirmer cette intuition : le lieu est bel et bien chargé d’Histoire.

Le Petit Trianon

Le Petit Trianon, VersaillesLouis XIV a fait bâtir le Château de Versailles, son successeur Louis XV est le commanditaire du Petit Trianon. Retour à une échelle plus humaine, ce n’est qu’un pavillon (d’une certaine importance tout de même !) réservé au Roi et à Madame de Pompadour.
A l’époque de Louis XV, il était entouré d’un jardin botanique très raffiné. Il ne reste rien de ce jardin. Car à la génération suivante, la reine Marie-Antoinette a beaucoup aimé séjourner au Petit Trianon. Elle a imprimé sa marque dans les jardins, qu’elle a transformés en parc à l’Anglaise.
Selon la mode du temps, l’épouse de Louis XVI aimait les parcs aux chemins et cours d’eau sinueux, animés de perspectives insolites sur des fabriques antiques ou exotiques. Le Hameau de la Reine, ensemble de petites constructions de style normand formant un village de campagne, est sans doute la plus insolite de ces fabriques.

Reconstruction

Immeuble reconstruit après-guerre à EvreuxLes bombardements massifs de la dernière guerre ont profondément meurtri la plupart des villes normandes. On peut encore en remarquer les stigmates dans les centres villes : sauf quand on a délibérément pris le parti de rebâtir à l’identique, comme à Rouen, les immeubles issus de la reconstruction n’ont rien à voir avec les maisons à colombages du Moyen-Âge.
Pourquoi ont-ils si peu la cote dans le coeur des Normands ? Je crois qu’on leur reproche principalement leur raideur. Le même plan répété sur des rues entières, l’emploi massif du béton, la rigueur des façades font regretter les maisons à pans de bois ou les belles demeures de pierre.
On oublie le formidable progrès qu’ont représenté ces immeubles reconstruits. Salubres, lumineux, dotés du confort moderne – eau chaude, salle de bains, toilettes, à une époque où les commodités se trouvaient au fond des cours. Le classement du Havre au Patrimoine Mondial de l’Unesco vient réparer cette injustice. Il va aider à considérer l’architecture et l’urbanisme de l’après-guerre avec un oeil neuf et à valoriser les villes normandes telles qu’elles sont aujourd’hui.

La halle de la Roche-Guyon

La halle de la Roche-GuyonSituée en plein centre du village, la halle de la Roche-Guyon a la particularité d’abriter le marché au rez-de-chaussée et la mairie au premier étage.
L’hôtel de ville s’y trouve depuis 1847.
Un document de cette époque décrit le bâtiment, qui

« se compose par bas d’une place destinée à mettre à couvert les marchands, couverte d’un plancher supporté par de forts piliers en pierre de roches, au nombre de vingt-cinq. A l’une de ses extrémités se trouvent un escalier montant au premier étage, une chambre servant de corps de garde et deux autres petites chambres destinées à enfermer les individus arrêtés. Le premier étage auquel conduit l’escalier se compose d’un long corridor conduisant à une salle de mairie, puis au logement du concierge préposé par la commune à la garde du bâtiment. »

La disposition des lieux n’a guère changé. L’ensemble a un côté pittoresque qui, avec le château, le donjon, le potager, les bords de Seine et les petites rues, contribue au charme de la Roche-Guyon, un des plus beaux villages de France proche de Paris, entre Giverny et Vétheuil.

Adopter une statue de Versailles

Statues dans le parc du château de VersaillesDès qu’on commence à parler chiffres à Versailles, on est pris de vertige. Le château : 700 pièces, 67 escaliers, 2 153 fenêtres, 11 hectares de toitures. Les jardins : 800 hectares de parc, 132 km d’alignements d’arbres, 620 jets d’eau.
Les millions de visiteurs paient, bien sûr, mais ils coûtent aussi en entretien et en gardiennage.
La conservation, la sauvegarde de Versailles sont un casse-tête permanent. L’Etat ne saurait y suffire. On a donc recours au mécénat privé.
L’opération de rénovation la plus spectaculaire concerne la Galerie des Glaces, actuellement en cours de réfection grâce aux fonds d’une grande entreprise.
Mais les particuliers un peu fortunés ou les PME peuvent aussi apporter leur pierre à l’édifice en adoptant une statue pour permettre sa restauration.
33 des 286 vases, groupes sculptés et statues signés Tuby, Girardon, Coysevox sont à parrainer cette année. Les dons sont déductibles, ils commencent à 2 800 euros. Le nom de chaque mécène figure sur un cartel au pied de l’oeuvre restaurée.
Ce n’est pas dans mes moyens, mais je suis tout de même contente de savoir qu’ Ariane endormie, de Corneille Van Cleve (1684) a été sauvée…

Pomme

Pomme au château de VascoeuilQuel est le point commun entre New York et la Normandie ? La pomme, bien sûr ! Cette sculpture d’Hedberg intitulée « Big Apple of New-York » se trouve dans le parc du château de Vascoeuil, remarquable musée de sculptures en plein air.

C’est la récolte des pommes dans tous les vergers de la région. Dans celui d’Houlbec Cocherel, à une quinzaine de km de Giverny, on peut ramasser soi-même ses fruits. Les pommes cueillies en ce moment sont meilleures que jamais, croquantes, juteuses et sucrées. Il faut oublier le nom latin du pommier, Malus, et se dépêcher de se régaler.

Mur gallo-romain

Mur gallo-romain à EvreuxCe mur a près de deux mille ans. C’est un élément de l’enceinte gallo-romaine d’Evreux, bâtie sans doute au IIIe siècle.
La maçonnerie en est très soignée, l’alternance de rangées de moellons de pierre et de terres cuites typiquement gallo-romaine.
Une partie de ce mur, le plus bel exemple de muraille gallo-romaine de Normandie, est visible au pied de la cathédrale le long de l’Iton. L’autre partie constitue un des murs du sous-sol du musée situé tout à côté. Dans cette salle sont présentés fort à propos les objets gallo-romains découverts lors des fouilles à Evreux et ses alentours.
En ce temps-là, la cité des Aulerques Eburovices se nommait Mediolanum.
Fondée peu après la conquête romaine, la ville possédait un forum, des thermes et des temples. Surtout, elle avait tout à côté une ville sanctuaire, Gisacum.
On visite aujourd’hui les vestiges de cette agglomération religieuse à l’étonnant plan hexagonal. Au milieu, les temples et les thermes, sur les côtés de l’hexagone, une très longue rue de plus de 5 km.

Vérité historique

« En 1892, Monet épousa Alice Hoschedé avec qui il avait eu une aventure tandis qu’il était marié à Camille. »

J’ai sursauté en lisant cette phrase dans une biographie. Curieuse façon de raconter l’histoire… Peut-on qualifier d’aventure un amour naissant, sans doute platonique ? Monet était tout sauf un mari volage, comme cette phrase le laisse entendre. En 1892, il était veuf depuis bien longtemps.
Tous les jours, comme tous les guides, je répète les mêmes anecdotes, les mêmes précisions biographiques. Parfois, un vertige me saisit : est-ce bien vrai, tout cela ? Ce que j’ai lu était-il exact au sens historique du terme ? Ai-je, peut-être, déformé ce que j’ai lu ? C’est comme si la répétition d’une inexactitude potentielle donnait plus de gravité à l’erreur.
Un exemple : Monet est né en 1840, arrivé à Giverny en 1883 et mort en 1926. On lit partout qu’il est arrivé à 43 ans à Giverny et qu’il y a passé la moitié de sa vie. Sauf que Monet est né en novembre et qu’il est arrivé en avril. Il n’avait donc que 42 ans à son installation à Giverny. Et tant pis pour la symétrie. Depuis que je me suis avisée de ce détail, je dis qu’il était dans sa quarante-troisième année.
Mais pour une petite erreur corrigée, combien se glissent ailleurs ? Me sera-t-il donné de m’en apercevoir et de les rectifier, ou mourrai-je dans une béate ignorance de mon ignorance ?
Qu’est-ce, au fond, que la vérité historique ? Y a-t-il une vérité objective ? Dans l’exemple des dates, oui, mais dès qu’on aborde le pourquoi des choses, n’y a-t-il pas plusieurs vérités possibles ? Monet lui-même aurait-il donné toujours la même réponse ? Il ne se gênait pas pour raconter l’histoire à sa manière, qu’il s’agisse de l’opinion de ses parents sur les arts, de sa formation à la peinture ou des débuts de sa collection d’estampes.
Si Monet lui-même pouvait déformer les faits en raison de son ressenti, comment en aurions nous une version historiquement irréfutable ?
Ces questions parfois me tourmentent. Je suis consciencieuse, je lis beaucoup. Et plus je lis, plus de nouveaux ouvrages viennent apporter une lumière différente sur la vie de Monet. On progresse dans sa connaissance. Tout n’a pas encore été découvert, de nouvelles sources inédites permettent de remettre certains éléments de biographie en perspective. Mais la subjectivité due au fait que nous vivons à un autre époque, la perte à tout jamais de documents entraînent des distorsions inévitables entre ce qui fut et ce que nous en savons, ce que nous en pensons aujourd’hui.
Restent les toiles qui elles, ne changent pas, et qui en disent long dans leur mutisme.

Alice, femme d’homme célèbre

Alice Hoschedé photographiée par Nadar en 1900Alice Hoschedé Monet mérite-t-elle une entrée dans wikipédia ? Le débat a agité un temps les coopérateurs anglophones de la célèbre encyclopédie en ligne. Qui ont tranché : être 'seulement' la femme d'un homme célèbre ne justifie pas qu'on vous consacre un article, tout peut être dit de ce qui concerne l'épouse ou la muse dans le texte dédié à l'homme célèbre en question.
Voilà donc Alice Hoschedé Monet ravalée au rang de femme de. Je ne crois pas qu'elle s'en serait offusquée, d'ailleurs, en femme bourgeoise du 19e siècle elle connaissait sa place dans la société.
Mais je dois dire que sa disparition dans l'ombre du grand homme me chagrine. Ne mérite-t-on pas au moins un hommage quand on a rendu l'oeuvre d'un autre possible ?
Alice était bien davantage que Madame Claude Monet : une femme admirable, qui a eu tous les courages. Née dans la richesse, elle a connu la misère, elle a dû faire le chemin si douloureux de l'opulence vers la pauvreté.
Elle a soigné et veillé des mourants, élevé huit enfants dont deux n'étaient pas les siens.
Elle a soutenu Monet sans faille dans ses recherches picturales, l'a réconforté quand il doutait. Elle a aimé Monet sans partage. Elle a supporté les séparations de plusieurs mois pendant les campagnes de peinture, elle a écrit chaque jour de longues lettres à Claude.
Elle a assumé la charge d'une grande maison où l'on recevait beaucoup.
Elle a connu la douleur de perdre une enfant, les souffrances d'une longue maladie. Elle était animée d'une foi inébranlable.
Le plus sidérant peut-être, c'est qu'elle ait eu l'audace de braver les conventions sociales en suivant celui qu'elle aimait, et en vivant avec lui sans pouvoir se marier. Ce n'est qu'après la mort de son époux Ernest Hoschedé qu'elle est devenue Madame Monet.
Alice est tout dévouement. Les lettres d'elles publiées par son arrière-petit-fils Philippe Piguet la montrent pleine de sollicitude maternelle, aux petits soins pour un Monet aux humeurs versatiles, cherchant à arrondir les angles, admirative et discrète. Et dans la gondole d'où il peint le palais des Doges, interminablement, pour ne pas faire trembler le pinceau, c'est d'elle-même qu'elle s'efface dans l'ombre, sans bouger, sans écrire, presque sans respirer.

Jardin blanc en automne

Jardin blanc en automne, Musée d'art américain, GivernyLe jardin blanc du Musée d’art américain de Giverny déborde d’une profusion de fleurs au début de l’automne.
Des dahlias rouge foncé font ressortir les buissons d’anémones du Japon blanches, de cléomes, de dahlias blancs.
Le premier plan est occupé par des fleurs plus petites comme des tabacs et des bégonias.
C’est la même harmonie de couleur que celle du jardin blanc au printemps, interprétée avec les annuelles et les vivaces de fin de saison.

Le Hameau de la Reine

Le Hameau de la Reine, Domaine de Marie-Antoinette, Château de VersaillesA l’extrémité du parc du Château de Versailles opposée au palais de Louis XIV, se trouve une curiosité qui surprend les visiteurs aux yeux encore pleins des fastes royaux : le Hameau de la Reine.
On est aussi loin de la magnificence du Château qu’on peut l’être. Des maisonnettes aux toits de chaume se pressent autour d’un étang. Petit pont de pierre. Canards qui barbotent au milieu des nénuphars. Jardinets potagers, vigne, glycine.
Marie-Antoinette, l’épouse de Louis XVI, a fait créer de toutes pièces ce coin de campagne, avec son moulin, sa laiterie, son pigeonnier, sa ferme.
Elle aimait jouer à la bergère dans son hameau. Elle y prenait même ses repas, grâce au Réchauffoir, une petite maison où on pouvait réchauffer les plats, et où étaient rangés l’argenterie, la vaisselle et le linge de table. On voit que la simplicité n’était qu’apparente…
Aujourd’hui la ferme est devenue pédagogique, elle est très prisée des écoliers citadins qui peuvent y voir en vrai des ânes, chèvres, oies, truies, poneys et autres brebis et agneaux, et s’initier aux travaux agricoles.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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