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L’île aux orties

ile aux orties, Giverny Claude Monet était propriétaire d’un bout de terrain à l’île aux Orties, sur la commune de Giverny. C’est là, au confluent de l’Epte avec la Seine, qu’il a peint ses fameuses Matinées sur la Seine. Il possédait un hangar où il entreposait ses toiles et ses bateaux. Une aquarelle accrochée dans sa chambre le représente.
Voici ce que je peux vous proposer de mieux comme photo de l’île aux Orties, car l’endroit ne doit pas son nom au hasard. Cette zone humide en bordure de rivière est un petit bout de nature sauvage, où les orties atteignent deux mètres de haut, et où les arbres abattus par les dernières tempêtes pourrissent tranquillement, dans un chaos de troncs brisés. Pas très photogénique. A se demander comment Monet a pu décider de le peindre…
Je me suis avancée avec précaution sur ce sol incertain pour approcher du bord de l’eau. Le confluent lui-même est un peu décevant, peut-être parce que ce n’est pas la bonne saison, mais quand la végétation est vigoureuse le lieu doit être inaccessible. L’Epte arrive presque parallèle au fleuve et se jette dedans sans même que les flots de la Seine paraissent remarquer ce renfort.
Les deux cours d’eau sont invisibles sur la photo, la Seine passe en contrebas de la colline et l’Epte juste derrière les arbres.
Ce que l’on voit bien, en revanche, ce sont les boules de gui qui garnissent les branches de cet arbre, le long d’un champ où la prochaine récolte pousse déjà dru.
Cela me rappelle de jeunes visiteurs irlandais, en avril dernier, avant que les feuilles ne poussent aux arbres. « Qu’est-ce que c’est, ces machins ? » avaient-ils demandé. A l’annonce qu’il s’agissait de gui leurs yeux se sont mis à briller. « On viendra avec un camion et on va faire fortune ! » ont-ils rigolé. On dirait que le gui n’est pas si courant sur leur île.
Sur celle de Monet, il pousse aussi volontiers que les orties.

Edit 31/12/2017 : en commentaire un lien vers une vidéo aérienne de l’île aux Orties par Jean-Marie Peers de Nieuwburgh. 

Rue Claude Monet

Rue Claude Monet, GivernyCe n’est pas une surprise, la rue principale de Giverny porte le nom de Claude Monet. Elle chemine à flanc de colline et traverse tout le village de part en part, une balade d’environ deux kilomètres. La maison de Claude Monet (à droite sur la photo) est située presque tout au bout, en face d’un petit parking.
Divine bonne nouvelle, on apprend dans le journal local Le Démocrate que l’agglo a budgété 2,2 millions d’euros pour l’aménagement piétonnier et touristique de la rue Claude Monet à Giverny. Les travaux devraient être réalisés dès 2010. Si c’est en fin d’année, les visiteurs en profiteront au plus tard en 2011.
La nouvelle manque de précision, on ne sait pas quelle est la portion de la rue qui est concernée.
Cet été un essai a été fait de la barrer pour rendre piétonnier le tronçon face au musée des Impressionnismes. C’était très agréable, on regrette seulement que l’interdiction aux voitures n’ait pas été étendue là où elle serait le plus utile, devant la Fondation Monet. C’est plus difficile à cause du parking, mais c’est là qu’il y a le plus de monde, l’entrée et la sortie du musée Monet se faisant directement dans la rue.
Autre bonne nouvelle, Giverny aura enfin des toilettes publiques. Trente ans après l’ouverture de la Fondation Monet, il est temps. On devine dans cette procrastination une saga clochemerlesque. Mais pas seulement : on ne dirait pas comme ça, mais construire cet édicule a un prix stupéfiant. Allez-y, devinez… Non non, beaucoup plus : 226 000 euros ! Le prix d’un rond-point, ou d’une petite maison avec non seulement des toilettes, mais toutes les autres pièces en prime ! Il faut croire qu’il y aura des hectomètres de tuyaux à poser. Emplacement pressenti, ai-je ouï dire, le bas du parking du Musée des Impressionnismes.

Tondeuse à tondre

Moutons à GivernyLes moutons sont de retour à Giverny. Ou plutôt les brebis. Depuis les jardins du Musée des Impressionnismes, on entend leurs clochettes tinter, un son pastoral qui replonge dans les siècles passés.
Ces moutons ont l’air bien paisible à première vue, n’est-ce pas ? Ne vous y fiez pas. C’est un commando en mission spéciale, avec la bénédiction de Greenpeace.
Les brebis ne le savent pas, mais elles sont mandatées par les pouvoirs publics, elles ont signé pour le Conservatoire des Sites Naturels de Haute-Normandie. Elles donnent leur assentiment à chaque coup de dents.
Leur tâche dangereuse consiste à repousser un redoutable envahisseur armé de pointes en tous genres, la horde des ronces, des aubépines et des prunelliers.
Cela n’a l’air de rien dit comme ça, mais ce sont des ennemis qu’il vaut mieux prendre au berceau, sinon on s’expose aux pires dangers. Comme les Vikings, ils se plaisent tant en Normandie qu’il n’y a rien à faire pour les déloger. Et une fois qu’ils sont là, tels Attila, rien ne repousse derrière eux.
Il ne faut pas moins que la mâchoire patiente des moutons pour en venir à bout.
On pourrait, bien sûr, laisser la nature reprendre ses droits. En se rapprochant de Vernon, on peut voir ce que cela donne sur la côte Sainte-Catherine, un milieu retourné à l’état de friche et redevenu protecteur pour de nombreuses espèces animales.
Mais les pâturages, qui existent sur ces coteaux depuis le Néolithique, ont du bon aussi. Ils permettent la pousse de toute une flore spécifique des milieux calcicoles, et du même coup l’installation d’une faune d’insectes et de lézards particuliers.
On fauche aussi les prairies, mais les brebis ont de nombreux avantages, c’est plus cool, et en plus on peut les traire, les tondre et les manger pour les remercier des services rendus.
Heureusement, ça non plus, elles ne le savent pas.

Champ de coquelicots

Champ de coquelicots à Giverny Faites pousser un champ de coquelicots à Giverny, à côté d’un parking, et voilà ce qui arrive : une nuée de paparazzi vient immortaliser le spectacle !
Monet reste associé à sa célèbre toile du musée d’Orsay où l’on voit son épouse Camille et leur petit Jean avancer au milieu d’une prairie envahie de coquelicots. Le tableau s’appelle « Les Coquelicots à Argenteuil ». Inutile de dire qu’il n’a pas été peint à Giverny.
En revanche, Monet a bel et bien représenté ce champ-ci, ou un autre pas loin. La ressemblance avec la toile « Champ aux coquelicots » de l’Art Institut de Chicago est frappante, même si Monet s’est avancé pour peindre le champ de coquelicots dans l’autre sens, avec la colline de Giverny à l’arrière-plan.
Quelle joie de retrouver ce motif de Monet ! Et coup de chapeau à l’agriculteur qui a pris l’initiative de ne pas trop traiter son blé, pour que les coquelicots s’y développent. Car il y a du blé entre les coquelicots ! Les fleurs sont venues toutes seules de surcroît.
Les agriculteurs façonnent le paysage en donnant leur couleur à tout un patchwork de parcelles, jaune colza, bleu lin, vert maïs, assemblées par des haies et des chemins. Un manteau multicolore lancé par un géant sur les épaules des collines, digne de la haute-couture.

Nuit des musées

Nuit des musées à GivernyPour la nuit des musées, les deux sites de Giverny, à l’accès exceptionnellement gratuit, ont joué les prolongations jusqu’à 21 heures hier soir. L’aubaine a été mise à profit par plusieurs centaines de visiteurs, dont beaucoup de familles.
Ce n’était pas encore la nuit noire, mais la tombée du jour, l’heure où l’on commence à allumer les lampes. La maison de Claude Monet avait un air chaud et accueillant de gros chat tiède tapi au milieu des fleurs.
Dans la pénombre les pétales blancs se font plus lumineux que les autres, comme s’ils captaient mieux les dernières parcelles de jour.
Je suis restée longtemps au bord du bassin aux Nymphéas, à guetter les reflets du soleil couchant. L’agaçante pluie des derniers jours avait eu le bon goût de ne pas s’inviter à la soirée en malotrue qui serait venue tout gâcher.
Le plus étonnant, c’était de voir s’inverser la tendance habituelle, où la plus grande partie des visiteurs vient voir les jardins de Monet. Cette fois, c’était vers le musée des Impressionnismes que la foule se dirigeait. Les reportages télévisés des derniers jours n’y étaient sans doute pas pour rien. Le musée avait aussi joué à fond la carte événementielle en proposant visite guidée et atelier pour les enfants gratuits.
L’occasion aura permis à un public différent de découvrir cette superbe exposition Monet et les célèbres jardins sous un éclairage inhabituel. Vivement la prochaine.

La lumière bleue

lumière matinale sur le bassin de Monet à GivernyLa lumière qui nous baigne nous paraît toujours aller de soi. Il faut un regard extérieur pour nous faire sentir sa qualité propre. C’est pourquoi j’ai été très heureuse d’avoir l’occasion d’échanger avec un photographe brésilien.
Ce que j’aime avec les photographes, c’est qu’ils ne vous regardent pas comme un ovni quand vous leur demandez, comment trouvez-vous la lumière aujourd’hui ? D’où qu’ils viennent sur la planète ils vous répondent très sérieusement, sans éluder d’un « très belle » qui n’engage à rien.
Donc, pour Fernando Grilli, la lumière de Giverny est très bleue, riche en tons de l’extrémité froide du spectre. « Au Brésil, dit-il, la lumière tire vers le jaune et l’orange. Les couleurs sont franches, tranchées. Le vert est vraiment vert, le rouge vraiment rouge. Ici, elle est beaucoup plus riche en nuances, en tons pastels, toute une gamme fantastique de couleurs intermédiaires. »
Il faisait un grand soleil, cette semaine, juste le temps où l’on se dit, en France, que c’est le moment de faire des photos. Pourtant, l’instant que Fernando a préféré, c’est celui où un nuage a voilé le soleil. « Toute une quantité de nuances sont apparues dans les reflets sur l’étang, c’était extraordinaire. »

La lumière de Giverny

La Seine à Vernon, effet du matinLa lumière de Giverny est-elle différente d’ailleurs ?
Un peu comme un microclimat, il semble bien que oui. On y retrouve les tendances du climat régional agrémentées de quelques petites particularités.
Pour les grandes lignes, on constate une forte variabilité du temps dans cette zone frontalière entre la Normandie et l’Ile de France. Elle se traduit par des changements très fréquents de luminosité, où le soleil joue à cache-cache avec des nuages plus ou moins épais et nombreux.
Les entrées marines venues de la Manche se conjuguent avec l’humidité de la vallée de la Seine. Le fleuve exhale selon l’heure et la température des vapeurs, des brumes, des brouillards qui font un écran devant le soleil, tout en diffusant subtilement son éclat.
Comme l’a bien rendu Monet dans ses Matinées sur la Seine, il flotte aux premières heures de la journée une lumière gris-bleu, rosée, argentée. Puis, quand le soleil est moins rasant, que la brume se dissipe, les couleurs deviennent plus franches.
Le fleuve fait rebondir la lumière dans la vallée. Giverny bénéficie de cet effet dans le lointain, et surtout d’une exposition plein sud qui lui fait profiter de chaque rayon. Pendant la journée le soleil fait le tour du jardin de Monet, l’éclairage vient de la gauche le matin, de la droite le soir. Ce n’est pas pour rien qu’on cultivait de la vigne ici autrefois.

Calendrier de Giverny

calendrier 2009 GivernyJoyeux Noël, chers lecteurs !
La nouvelle année approche, aussi, pour vous remercier de m’accompagner tout au long des mois, permettez-moi de vous offrir ce calendrier de Giverny que j’ai préparé à votre intention.
Il est téléchargeable en format pdf, vous n’aurez plus qu’à l’imprimer sur votre plus beau papier. Si vous en avez sous la main je vous recommande le papier photo, le résultat est bien meilleur.
Ensuite, deux agrafes en haut et un petit bout de ficelle, et votre calendrier sera prêt à accrocher au mur !
Si vous préférez acheter un calendrier de Giverny tout fait, (et économiser votre encre par la même occasion) vous en trouverez un ici, avec les mêmes photos mais plus grand.
De belles fêtes à vous tous !

Comme un lundi

Marchande de glaces à GivernyTout Giverny vit au ralenti le lundi : c’est le jour de fermeture des musées. Le dimanche soir on se salue d’un « bon lundi ! » comme on dit bon dimanche ailleurs. Et quand tout le monde repart en grommelant sur le sentier du boulot le lundi matin, on s’offre une petite grasse mat’. C’est aussi décalé que de prendre ses vacances en hiver.
Hier la marchande de glaces avait l’air fatiguée. A cause du lundi de Pentecôte (ouvert) on a tous quinze jours non stop dans les pattes. « Demain c’est lundi ! » lui dis-je pour l’encourager.
Cela fait 25 ans qu’elle est là, Mauricette, avec ses glaces maison. Les parfums de crème glacée sont délicieux, mais ce qui me bluffe le plus, c’est le cône. Maison, lui aussi. De la gaufrette roulée qui n’a rien à voir avec le carton mou des glaces industrielles.
Giverny oblige, à l’intérieur de la camionnette les prix des glaces sont indiqués en français et en anglais. Vous savez comment on dit boule en anglais ? Scoop.
J’ai bien cherché sur internet, il n’y a personne qui parle de la marchande de glaces de Giverny. Ce que je vous dis là, c’en est un, de scoop.

Sondage express

Le pont japonais et sa glycine dans le jardin de Monet à GivernyLe journal local de Vernon « Le Démocrate » s’est livré dans son édition de cette semaine à un petit sondage auprès des touristes de Giverny. Six personnes prises au hasard dans les rues du village de Monet ont répondu à la question « Qu’est-ce qui vous attire à Giverny ? »
Tel est du moins le titre de l’article. Mais la question était peut-être plutôt « qu’avez-vous préféré à Giverny ? » à en juger par les réponses. Peu importe.
Les résultats de ce micro-trottoir sont sans grande surprise. La beauté des jardins de Monet revient dans presque toutes les réponses, les touristes notent aussi l’intérêt de sa maison, du Musée d’Art Américain, du paysage bucolique et de l’architecture du village.
Ce qui frappe, c’est leur enthousiasme. Je ne sais pas si le journaliste l’a suscité en leur demandant s’ils avaient aimé leur visite, ou si c’est l’expression spontanée de leur ressenti. « C’est fabuleux », dit l’une. « C’est fantastique ! » renchérit l’autre. « C’est magnifique ! » s’exclame un troisième. Si le sondage avait porté sur l’indice de satisfaction, nul doute qu’il aurait été élevé.
Comme le veut la loi du genre, les personnes interrogées pour ce sondage express ont décliné leur identité, leur âge, leur ville d’origine et leur métier. Je me souviens très bien de ce que l’on ressent quand on pose ce genre de questions à ceux que l’on interviewe, cette impression d’être indiscret tout en sachant qu’on doit le faire parce que c’est le métier qui veut ça.
C’est indiscret, mais en même temps en tant que lectrice, aujourd’hui, je suis curieuse de lever un tout petit coin du voile d’anonymat qui recouvre les centaines de personnes que je croise tous les jours dans les jardins de Monet. Pour six d’entre elles je peux mettre un nom sur un visage, savoir ce que ces personnes font dans la vie et d’où elles viennent. Ce n’est pas grand chose, mais c’est assez pour les distinguer de tous ceux qui n’ont pas répondu au sondage et qui resteront pour moi à jamais des inconnus.

Les moutons de Giverny

laineUn mouton est passé par là, un peu de sa toison est resté accroché aux épines de cette ronce.
Dans les collines au-dessus de Giverny, on peut voir de temps en temps un troupeau de moutons en train de paître.
Il a pour vocation d’entretenir les prairies, ces fameuses pelouses calcicoles à la flore si particulière, qui sans eux deviendraient rapidement une friche impénétrable.
C’est le Conservatoire des Sites Naturels de Haute-Normandie qui gère ces troupeaux placés sous la responsabilité d’un berger. En fait de moutons ce sont plutôt des brebis, de jolies brebis de race solognote avec le corps blanc et la tête et les pattes foncées.
Un peu partout sur leurs lieux de pâture ou de passage on trouve de petites touffes de poils laineux et frisés arrachés par les épines. Elles feront le bonheur des petits oiseaux au printemps quand ils voudront préparer un nid douillet pour leurs petits.

Porte de cave

Porte de caveLa plupart des maisons de Giverny possèdent une cave. Cela vient peut-être du passé viticole du village, même si ce n’est pas le seul usage d’une cave, loin s’en faut.
Les caves sont souvent des constructions en pierres de taille très soignées, voûtées, assez hautes pour qu’on s’y tienne debout. La maison de Monet a la sienne, de même que sa voisine la maison du Hameau.
C’est dans cette demeure fréquentée il y a un siècle par plusieurs peintres de la colonie américaine que se trouve cette curieuse porte de cave.
Le haut de la porte qui s’inscrit dans l’arrondi de la voûte se rabat, ce qui permet selon les besoins d’aérer ou de fermer en cas de gros écarts de température.
Vous aurez remarqué au passage le délicat bleu pâle qui orne toutes les huisseries, et que l’on retrouve dans certaines peintures de Frieseke exécutées dans ce jardin.

Giverny

Giverny Quand Monet a exposé ses premiers Nymphéas sans références spatiales, il a été si mal compris que ses tableaux ont été accrochés à l’envers…
Il avait supprimé tout ce qui aide le spectateur à s’orienter dans le tableau, la berge, le ciel, les branches, ou comme ici les herbes qui permettent de savoir où sont le haut et le bas.

Ombrelle

Femme à l'ombrelle à GivernyOn ne voit plus guère cet accessoire de mode indispensable à l’époque de Monet, quand les femmes voulaient à tout prix éviter de hâler leur visage.
Aujourd’hui, le bronzage donne bonne mine. Mais les plus romantiques des visiteuses de Giverny l’utilisent encore pour se protéger de la grande chaleur et des coups de soleil.
Cela leur donne un certain charme qui n’aurait pas déplu à Monet. L’ombrelle est un élément essentiel de plusieurs de ses tableaux, comme les deux « Essais de figure en plein air » du Musée d’Orsay.

Le village de Giverny

Vue générale du village de Giverny depuis la collineNoyé dans un restant de brume matinale, voici le village de Giverny vu depuis la colline qui le surplombe.
A gauche, le bâtiment vivement éclairé par le soleil est le grand atelier de Monet, celui où il a peint les Grandes Décorations du musée de l’Orangerie à Paris.
Au milieu de l’image apparaît le pignon de la maison d’habitation de Monet, dont on distingue la façade rose. Dans le prolongement, le deuxième atelier forme le coin du domaine.
Le jardin de Monet s’étend à peu près jusqu’à la rangée de peupliers. Derrière, on aperçoit le parking de la Prairie, vide de véhicules en cette saison, et la plaine des Ajoux.

Giverny hors saison

Rue Claude Monet à GivernyA quoi ressemble Giverny hors saison, quand les musées sont fermés pour cinq mois ?
Certaines stations balnéaires paraissent mornes en hiver. Rien de tel ici. Quelque chose a changé, oui, mais à peine.
Le grand parking de la Prairie est vide, barrières closes. Ses touffes de graminées continuent de briller dans le soleil, à contre-jour. En face, le parking sous les pommiers accueille quelques voitures du personnel des musées, où le travail continue même en l’absence du public.
Rue Claude Monet, les galeries de peintures ont tiré leur rideau. Le restaurant de la fondation Monet, si joli en saison au milieu des fleurs, est fermé. Personne au Terra Café.
Les rues sont désertes, aussi normalement désertes que dans n’importe quel village des alentours.
A y regarder de près, on sent comme une tension qui se relâche : on est entre soi de nouveau. On a fini d’être observé, photographié. On peut laisser les portails ouverts, on s’autorise un brin de décontraction.
Le village se repose en coulisse et savoure cette détente. Mais l’entracte est long. En avril, les premiers touristes seront aussi attendus que le retour des beaux jours.

GiVerNet a dix ans

association Givernet : Giverny et Vernon sur InternetOn ne lèvera pas nos verres, on ne soufflera pas les bougies, mais c’est une date que je voulais partager avec vous, les internautes : l’association GiVerNet a dix ans. Le 3 décembre 1996, ses statuts étaient déposés à la préfecture de l’Eure.
Ce n’était guère plus qu’une idée alors qui avait germé dans nos têtes, une idée généreuse comme il y en a tant sur la toile : faire connaître la région de Giverny et Vernon par l’internet, en donnant la parole à ceux qui y vivent.
Nous ne savions pas que nous étions en train de nous embarquer pour une aventure au long cours. Nous avons construit une caravelle avec trois allumettes.
La création de l’association était l’aboutissement de six mois de travail, autour de la conception d’un embryon de site, nommé giverny.org. Nous y avons mis tout ce que nous aimions dans la région, la maison et les jardins de Monet, les peintres, les moulins, les châteaux, les musées, les sites archéologiques, et tout ce qui nous a paru utile pour les visiteurs, moyens de transport, restaurants, hôtels, gîtes, chambres d’hôtes
Internet balbutiait en France, il fallait expliquer le web et l’e-mail. Mais internet intriguait. Nous avons rapidement été vingt, trente, cinquante dans l’association.
Le vrai succès de Givernet, ce sont les internautes qui l’ont fait, en venant nombreux, très vite. Au cours de la seule année 2006, vous aurez été un million à surfer sur giverny.org.
Le succès crée des obligations, infléchit des carrières professionnelles. C’est une aventure enthousiasmante, un défi quotidien qui demande technicité, créativité et vista. Il entraîne un bouillonnement de projets, capable de nous occuper quelques décennies encore…
Mais l’aspect le plus exaltant de cette aventure, c’est l’ouverture qu’elle donne sur le monde. C’est ce sentiment d’ouvrir virtuellement nos bras et d’y accueillir la terre entière. L’encouragement des milliers d’internautes qui ont écrit des messages chaleureux dans le livre d’or du site. Autour de nous, le soutien de tant de bonnes volontés, à commencer par la ville de Vernon.

Pour ces dix ans de partage, à tous, merci.

Mariage à Giverny

Christopher et Lorelai de la série Gilmore GirlsIl se passe des choses à Giverny que les gens du cru ignorent. Un mariage très médiatique vient d’y être célébré dans la plus stricte intimité. Il n’en met pas moins l’Amérique en émoi.
Lorelai et Christopher se sont dit oui après un bref et romantique séjour à Paris. Enfin ! Mais que va en penser Luke, qui est secrètement amoureux de Lorelai depuis toujours ?
Sur internet, on se déchaîne dans les forums. Les avis sont partagés. Un mariage à Giverny entre deux citoyens américains est-il valable ? Les époux ont-ils vraiment compris ce que disait l’officiant dans cette langue exotique, le français ?
On peut s’attendre à la prochaine annulation de la noce givernoise, car la vie de Lorelai et Christopher se nourrit de rebondissements. En effet, le couple n’existe que dans l’imagination des téléspectateurs de la série Gilmore Girls et de ses scénaristes.
La scène aurait pu être jolie, tournée à Giverny ou dans un autre village, mais le producteur n’a pas déboursé un dollar pour ce mariage : il s’est déroulé « hors écran ». Bref, on ne risquait pas d’entendre carillonner à Giverny.
Pourtant la nouvelle n’est pas aussi anodine qu’elle en a l’air. Elle révèle quelque chose de l’image que les Américains se font de Giverny. Le village de Monet est devenu un mythe d’un romantisme extrême, au point de supplanter Venise dans un tel scénario.
A quoi doit-on ce phénomène récent ? Aux « jolis » tableaux de Monet, au « joli » jardin mondialement connu, au côté petit village si bien préservé ? A la proximité de Paris ?
Quand on quitte le monde de la fiction pour celui de la vraie vie, se marier à Giverny devient très difficile si on n’y habite pas. Pour un mariage civil, il est obligatoire d’y résider depuis au moins 40 jours. D’ailleurs, il faudra bien tout ce temps pour effectuer les démarches nécessaires, et faire traduire les documents officiels…
Un mariage religieux à l’église catholique demandera encore une bonne dose de détermination pour constituer le dossier préalable. Et si les amoureux ne sont pas catholiques, il faudra qu’ils viennent avec leur propre officiant : le mariage à la chaîne à Giverny n’est pas pour demain.

Chemin à Giverny

Chemin à GivernyAimez-vous les petits chemins secrets ? Celui-ci est caché dans la colline au-dessus de Giverny. Sous vos pieds, il est doux comme un gazon. Des pieds qui seraient vite humides de rosée, mais vous êtes prévoyant, vous portez des chaussures imperméables !
De là-haut, la vue est magnifique. Le clocher du village surgit au milieu des prés, tout seul. Où sont passées les maisons ? Derrière lui, la vallée de la Seine se déroule, jusqu’à la colline parallèle à la vôtre, couverte de bois.
De ce côté-ci, c’est plutôt le domaine des prairies et des vergers. Vous apercevrez peut-être le troupeau de brebis qui a pour mission d’entretenir les pelouses calcicoles et d’empêcher que les buissons ne viennent y étouffer les fleurs sauvages protégées.
Protégé aussi, le lézard vert est un hôte farouche de la colline. Mais si vous avez la chance de vous trouver nez à nez avec ce bel animal d’un vert presque fluorescent, cette rencontre extraordinaire va illuminer toute votre journée.

Vivre à Giverny

rue Claude Monet, GivernyLes touristes affluent à Giverny. Ils seraient quelque 500 000 par an à venir visiter la maison et les jardins de Monet.
Vous habitez peut-être un endroit touristique ? Alors vous savez qu’on a vite fait de ressentir une fierté un peu bête à vivre dans un lieu recherché.
Une fierté un peu bête, parce qu’on n’a aucun mérite à cela. Les habitants de la Côte d’Azur sont-ils responsables du soleil et de la mer ? Les Chamoniards ont-ils une part à la majesté du Mont-Blanc ? Les Parisiens sont-ils pour quelque chose dans l’érection de la Tour Eiffel ou la collection de chefs d’oeuvre du Louvre ?
Les Givernois n’ont pas lieu de s’enorgueillir de l’intérêt des touristes pour leur village, ni plus ni moins intéressant que des dizaines d’autres villages des environs. Seule la puissance créatrice de Monet est à l’origine de cet engouement, et rien n’aurait pu en renaître sans la générosité des Américains.
A Giverny, on peut ressentir de la joie à vivre dans les magnifiques paysages de Monet, de l’agrément à visiter ses jardins à volonté. Mais Monet n’a fait que nous apprendre à voir. Partout où il a voyagé, il a peint des merveilles. De la vallée de la Creuse à Antibes, de la Hollande à l’Italie, de Londres à Belle-Ile en Mer.
Nous sommes de passage, tout juste légataires d’un patrimone architectural, culturel, paysager dont nous devons prendre soin du mieux que nous pouvons. Seule la création d’une beauté nouvelle autorise une légitime fierté.

Croix de chemins

croix de carrefour près de GivernyC’est comme une présence. A la croisée de deux petites routes, soudain, cette majestueuse croix monolithe.
Elle se trouve en bordure d’un village au nom bien normand, tout près de Giverny : la Queue d’Haye.
La croix paraît mutilée, il semble qu’il devait y avoir une troisième patte en haut.
Telle qu’elle est, elle émeut sous sa parure de lichens. Depuis combien de siècles est-elle dressée au bord de ce carrefour ? Qui l’a érigée ? Qu’elle était sa fonction ?
Certains disent que c’est une croix celte. Avant les invasions romaines, la région était en effet occupée par des peuples celtes, les Véliocasses dans le Vexin.

Chambre d’hôtes au château

lit de parade au château de BonnemareAdmirez ce magnifique lit de parade derrière sa petite balustrade. On se croirait dans un musée, mais pas du tout : il est possible de dormir dans ce lit ! Il se trouve au château de Bonnemare, à une trentaine de kilomètres de Giverny.
Bonnemare, c’est un château du dix-septième siècle habité par une famille d’agriculteurs. Les propriétaires louent les plus beaux appartements du château en chambres d’hôtes.
En fait de chambres, ce sont plutôt de merveilleuses suites où vous vous croyez dans les châteaux de la Loire, à Chantilly, à Vaux-le-Vicomte, à Versailles…
Salon de musique, boudoir, luxueuses salles de bains, partout des fresques, des stucs, des tapisseries, des rideaux qui dégringolent depuis le plafond, à quatre mètres de haut.
cuisine du chateau de Bonnemare près de Giverny Un week-end à Bonnemare est un bien joli cadeau, qui demande tout de même de casser sa tirelire : 246 euros la nuit et le petit-déjeuner pour deux personnes. Mais c’est un moment privilégié de parcourir le château avec la maîtresse des lieux, qui a grandi là et connaît sa demeure sur le bout des doigts. D’anecdote en historiette, de détail architectural en meuble remarquable, on s’aperçoit soudain que la visite dure depuis deux heures et qu’on n’a pas vu le temps passer.
Au réveil, on prend son petit déjeuner dans l’ancienne cuisine du château. Dans la cheminée qui peut accueillir quatre personnes debout, un tournebroche est entraîné par des poulies mises en mouvement par la convection thermique du foyer. L’inventeur de cet ingénieux système aujourd’hui encore en parfait état porte un nom de code : Leonardo da Vinci.

Boîte aux lettres

Boîte aux lettres à GivernyUne idée à prendre si une boîte aux lettres de la Poste orne votre mur : elle devient très romantique encadrée par un rosier rouge grimpant. On imagine aussitôt des lettres enflammées et parfumées…
Cette boîte est la plus proche de la maison de Monet à Giverny. Etait-elle déjà là quand Alice entretenait une correspondance quotidienne avec Claude, pendant ses longues campagnes de peinture ?
Aujourd’hui les lettres postées dans cette boîte ne portent pas le cachet de Giverny, elles sont oblitérées au bureau voisin de Gasny, dont la flamme est à l’effigie de Claude Monet.

Giverny, site classé

Giverny site classé patrimoine nationalLe panneau orne fièrement la porte de la mairie : »Giverny Claude Monet Site classé Patrimoine national ».
Le classement des sites naturels est moins connu que celui des monuments historiques, et pourtant la loi qui protège les paysages – entre autres – date du 21 avril 1906. Elle fête son centenaire cette année, en toute discrétion.
C’est en toute discrétion aussi que le panneau du classement a été placé à la mairie, à l’écart des flux touristiques. Mais il fallait bien le mettre quelque part.
La zone protégée depuis 1985 couvre un secteur qui s’étend sur plusieurs communes autour de la Fondation Monet. Les générations futures auront peut-être encore le loisir d’admirer les paysages qui ont inspiré le maître de l’impressionnisme.
Le classement d’un site comme celui de Giverny ne pose pas question, il va de soi. Mais parfois, l’inscription porte sur des objets beaucoup plus limités : un arbre, un cimetière.
Est-ce dû à un patrimoine régional exceptionnel, comme le proclame la Direction Régionale de l’Environnement de Haute-Normandie ? L’Eure est la championne de France du classement, avec 261 sites et monuments naturels protégés.
Dans un zèle qui les honore, les fonctionnaires du début du 20e siècle se sont empressés d’inscrire de nombreux arbres remarquables du département, parmi lesquels les ifs pluricentenaires des cimetières. Cette frénésie de classement a cessé après la guerre.
Aujourd’hui, on cherche à protéger de vastes zones naturelles et cohérentes. Les projets sont moins nombreux, mais plus ambitieux.

Les souterrains de Giverny

Les souterrains de GivernyQuand Monet a emménagé à Giverny, le jardin de sa maison s’arrêtait à la route et à la voie ferrée. Par la suite, il a acheté un bout de terre de l’autre côté du chemin de fer pour y creuser son jardin d’eau. Cela ne le dérangeait guère de franchir le ballast pour passer d’un jardin à l’autre, vue la rareté des trains et leur allure modérée. Quant à la route…
Ces temps sont révolus. Aujourd’hui, si la ligne de train a été désaffectée et tranformée en voie verte, la départementale est devenue passante. Pas question de la faire traverser en surface aux visiteurs. On a donc construit des souterrains.
Le plus emprunté, c’est celui de la Fondation Monet. Il permet de faire la visite des deux jardins en passant sous la route. C’est un souterrain coquet, peint en rose et orné de treillage vert. On y descend par de belles marches en pierre de Vernon. Il porte une inscription gravée dans le marbre : « ce passage souterrain a été construit dans l’intérêt du public grâce à une donation de the Hon. Walter H. Annenberg. »
Le plus récent, c’est celui du grand parking de la prairie. Lui aussi passe sous la route. Come il se doit si près de chez Monet, il a une vraie tête d’ouvrage d’art. Tout de béton, il répond à un cahier des charges exigeant : il est accessible aux handicapés. Il porte lui aussi une inscription. « Passage souterrain inondable ».
Le plus mystérieux est beaucoup moins fréquenté. Chacun connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui sait où il se trouve. C’est « Le » fameux souterrain qui passerait sous la Seine. Rien que ça. Mais pourquoi pas ? Les mythes de souterrains se succèdent tous les 500 mètres le long du fleuve. Ce n’est pas impossible après tout, dans cette région frontalière où le moyen-âge a réussi plus d’un tour de force, tel que la construction de Château-Gaillard en un an, avec ses puits de 100 mètres de profondeur.
Cela paraît même plausible si l’on pense à quel point les collines entre Vernon et Giverny sont un gruyère de galeries. Pendant près de mille ans, on en a extrait la pierre qui a servi à construire quantité de monuments, dont la Sainte Chapelle à Paris.
Si on redécouvre ce souterrain, je me demande s’il portera une inscription, et si oui, laquelle ?

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Ariane.

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