L’île aux orties

ile aux orties, Giverny Claude Monet était propriétaire d’un bout de terrain à l’île aux Orties, sur la commune de Giverny. C’est là, au confluent de l’Epte avec la Seine, qu’il a peint ses fameuses Matinées sur la Seine. Il possédait un hangar où il entreposait ses toiles et ses bateaux. Une aquarelle accrochée dans sa chambre le représente.
Voici ce que je peux vous proposer de mieux comme photo de l’île aux Orties, car l’endroit ne doit pas son nom au hasard. Cette zone humide en bordure de rivière est un petit bout de nature sauvage, où les orties atteignent deux mètres de haut, et où les arbres abattus par les dernières tempêtes pourrissent tranquillement, dans un chaos de troncs brisés. Pas très photogénique. A se demander comment Monet a pu décider de le peindre…
Je me suis avancée avec précaution sur ce sol incertain pour approcher du bord de l’eau. Le confluent lui-même est un peu décevant, peut-être parce que ce n’est pas la bonne saison, mais quand la végétation est vigoureuse le lieu doit être inaccessible. L’Epte arrive presque parallèle au fleuve et se jette dedans sans même que les flots de la Seine paraissent remarquer ce renfort.
Les deux cours d’eau sont invisibles sur la photo, la Seine passe en contrebas de la colline et l’Epte juste derrière les arbres.
Ce que l’on voit bien, en revanche, ce sont les boules de gui qui garnissent les branches de cet arbre, le long d’un champ où la prochaine récolte pousse déjà dru.
Cela me rappelle de jeunes visiteurs irlandais, en avril dernier, avant que les feuilles ne poussent aux arbres. « Qu’est-ce que c’est, ces machins ? » avaient-ils demandé. A l’annonce qu’il s’agissait de gui leurs yeux se sont mis à briller. « On viendra avec un camion et on va faire fortune ! » ont-ils rigolé. On dirait que le gui n’est pas si courant sur leur île.
Sur celle de Monet, il pousse aussi volontiers que les orties.

Edit 31/12/2017 : en commentaire un lien vers une vidéo aérienne de l’île aux Orties par Jean-Marie Peers de Nieuwburgh. 

Rouge-gorge

Rouge-gorge à Giverny
Le jardin de Claude Monet tout vide, c’est le moment que préfère le rouge-gorge pour reprendre possession de son territoire.
Il volette à travers les bambous, sous le grand hêtre pourpre, jusqu’à la glycine du pont japonais. Hop ! Vue imprenable sur le grand bassin aux nénuphars !
Être rouge-gorge à Giverny n’est pas de tout repos, avec tous ces bipèdes à longueur de journée, mais l’endroit offre aussi de nombreux avantages.
La terre sans cesse travaillée par d’aimables jardiniers regorge de nourriture, un vrai pays de cocagne !
Pour boire et se baigner, il y a autant d’eau qu’on en veut.
Pas trop de prédateurs : les chats sont bien nourris.
Les taillis ne manquent pas pour nicher.
Et les barrières de bambou qui délimitent les massifs sont autant de perchoirs tendus aux petites pattes.

Boîte

Boite à chapeauUne belle boîte posée dans le cabinet de toilette de Monet intrigue les visiteurs. Elle a une forme curieuse, elle est faite avec beaucoup de soin, en cuir, et la patine de la matière indique son ancienneté. A quoi sert-elle ?
Oh bien sûr, si vous avez l’habitude de chiner, vous l’avez reconnue tout de suite. On en trouve parfois, vide ou non, avec ou sans leur délicieuse petite clé… Vous avez deviné ?
C’est une boîte à chapeau, mais pas n’importe lequel. Un haut de forme.
C’était à la Belle Epoque le chapeau chic, l’accessoire masculin indispensable dans la bonne société, qui pouvait être gris le jour, mais toujours noir le soir.
Quand il était à Giverny, Monet rangeait certainement son haut de forme dans sa boîte. C’était un chapeau social, citadin. Malgré son goût pour les beaux vêtements, Monet portait un chapeau plus mou dans sa campagne.
Mais, de temps en temps, une cérémonie ou une soirée parisienne lui fournissait l’occasion de tourner la petite clé et d’extraire le chapeau retourné de son cocon de soie.
Monet se devait de posséder un chapeau haut de forme, la marque d’appartenance à la bonne société. Issu d’un milieu bourgeois, marié à une grande bourgeoise, il connaissait les codes, et n’avait nullement l’intention de passer pour un peintre bohème.
A voir la boîte, on se dit que ça devait coûter une petite fortune, un haut de forme. Un vrai gadget bling-bling.

Cadran solaire

Cadran solaire, FourgesDans les villages du Vexin, où l’on n’était pas assez riche pour s’offrir le luxe d’une horloge comme à Evreux ou aux Andelys, les cadrans solaires ne sont pas rares sur les murs sud des églises. En voici deux repérés dans la vallée de l’Epte, en amont de Giverny.
A Fourges, où l’église vient d’être restaurée, le cadran solaire porte la date de 1764. Il est placé non pas sur le mur mais sur un contrefort en angle, sans doute parce que l’église ne pointe pas vers l’est réel.
Les heures sont indiquées en chiffres romains qui se prolongent par des chiffres arabes plus espacés et plus lisibles. Surtout le cadran a droit à une inscription à la mode antique, dans un latin transparent : « INUTILE SINE SOLE », inutile sans soleil, une lapalissade qui fait sourire. Son auteur était peut-être un peu dépité par le climat normand !

Cadran solaire, Berthenonville Dans un autre genre, à Berthenonville, ce cadran solaire très original est soutenu par un ange en plein vol. Cette disposition lui confère une élégance certaine et justifie le décalage par rapport au plan du mur, qui n’aurait pas été très esthétique sans cela.
Y a-t-il eu compétition avec celui de Fourges ? Les deux églises ne sont pas très éloignées l’une de l’autre. Assez dissemblables dans leur plan, elles se rejoignent non seulement par la présence d’un cadran solaire, mais aussi par cette belle pierre jaune qui se patine en un gris subtil, un matériau bien différent du calcaire de la vallée de la Seine.

Eglise inachevée

Chapelle de château sur EptePerdue au milieu des champs, la chapelle du cimetière de Château sur Epte a une drôle d’allure. On dirait qu’on en a coupé un bout.
Je n’ai pas trouvé d’infos sur cet édifice, me voilà donc réduite aux conjectures, et cette impression que le bâtiment est tranché est si forte qu’il m’est venu l’idée qu’il avait peut-être été partiellement démoli à la Révolution, dépeçage qui se serait arrêté juste à temps pour nous laisser la partie encore debout.
L’explication paraît toutefois bien peu probable. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin sur un bâtiment aussi petit ?
Il semble plutôt qu’on a ici un exemple d’une vision très familière il y a quelques siècles, celle d’une église inachevée. Ce n’est plus si courant.
La plupart des édifices religieux ont eu le temps d’être plus ou moins terminés depuis le siècle lointain où ils ont été commencés, et pour nous qui les observons au 21e siècle ils offrent un aspect fini. Les quelques rares églises qui se construisent encore sont bâties avec des méthodes modernes en un temps record, on n’a pas une impression de chantier interminable. Il faut la vaste entreprise de la Sagrada Familia de Barcelone pour retrouver cette impression d’étalement des travaux dans le temps, à l’échelle de plusieurs générations.
Ici, à l’époque où la France « se couvre d’un blanc manteau d’églises », à en croire la belle baie gothique, les paroissiens de Château-sur-Epte ont uni leurs efforts pour bâtir cette chapelle. Ils ont eu de quoi construire l’abside. Et puis, plus rien. Gel définitif des travaux après la première travée.
Que s’est-il passé ? Le village a-t-il été dévasté ? Les efforts se sont-ils portés ailleurs ? Si vous le savez, merci de me laisser un petit mot d’explications ! Telle qu’elle est, la chapelle de Château sur Epte ne manque pas d’une bonne dose de mystère.

Des précisions inattendues ici

Les carreaux vichy

Fenêtre à rideaux bonne femme en carreaux vichy, Giverny, Maison de Claude MonetQuand les petites filles dessinent une maison, elles aiment lui faire des rideaux aux fenêtres. Les fenêtres sont les yeux de la maison, avec des rideaux elles ont l’air d’avoir des paupières, et ce sont des détails qui comptent quand on a à coeur de représenter les choses avec minutie.
Les petites filles, en général, se plaisent dans la maison de Claude Monet. Les fenêtres de la cuisine ont exactement le type de rideaux qu’on imagine, des rideaux bonne femme, ces voilages courts et volantés retenus par des embrasses.
En harmonie avec les carreaux en faïence bleue de Rouen qui recouvrent les murs, les rideaux sont en tissu vichy bleu. Je ne sais pas ce que ça vous évoque, les carreaux vichy, peut-être la chemise de nuit de Pimprenelle ? la robe de mariage de Brigitte Bardot ? Aujourd’hui c’est un tissu sage qui préfère l’ameublement à la mode. Il donne un style campagne, un côté un peu désuet, authentique dans le sens terroir du mot.
Dans les dessins d’enfant, encore plus souvent que des rideaux les fenêtres ont des croisillons. C’est aussi le cas de celles de Monet, c’est l’époque de construction qui veut ça. Et, cohérence du détail, on ouvre la fenêtre grâce à une magnifique poignée en fonte ouvragée.
La tentation est grande de se prendre pour la cuisinière de Monet, de tourner la poignée, d’ouvrir la fenêtre. Les rideaux tamisent le soleil, voilent le dehors sans le cacher. Mais fenêtre ouverte, le jardin fait irruption dans la pièce. De la fenêtre il ne reste que l’encadrement, ce que justement on nomme le tableau de la fenêtre. Quand on est à l’intérieur de la maison, le jardin y apparaît comme un tableau du maître des lieux.

Sainte Marie-Madeleine et le jardinier

Sainte Marie-Madeleine et le jardinier, vitrail de la collégiale de Vernon, fin du XVème siècleC’est peut-être le vitrail ancien le plus beau de l’église de Vernon : parfaitement conservé, il date de la fin du 15e siècle et occupe une lancette d’une baie sud de l’édifice.
A gauche, une femme agenouillée présente un flacon dans ses mains. Son visage est entouré d’une auréole. C’est Marie-Madeleine, venue apporter du parfum au tombeau du Christ pour embaumer son corps, le dimanche de Pâques.
A droite, un homme seulement vêtu d’un manteau somptueux se tient debout. Il porte un bâton terminé par une croix, et un nimbe crucifère autour de la tête, signe qu’il s’agit de Jésus.
La scène est d’une émotion extrême. Marie-Madeleine était plongée dans l’affliction la plus totale, le deuil le plus cruel.
Elle était une des disciples les plus proches de Jésus, et elle a eu la douleur de voir le Messie crucifié. Revenue au tombeau le surlendemain de la Passion, elle veut lui rendre un dernier hommage, une sépulture digne de lui. Et là, que découvre-t-elle ? Plus de corps !
Elle craque, Madeleine. Elle pleure. L’évangile de Jean nous raconte ses larmes, qui nous sont restées dans l’expression « pleurer comme une Madeleine ».
On devine ce qu’elle s’imagine : que les bourreaux du Christ ont pris son corps pour le jeter quelque part, dans la fosse commune ? aux bêtes ? pour empêcher toute dévotion post-mortem.
Et là, coup de théâtre, retournement complet de situation.
Au milieu de ses larmes elle regarde le tombeau, et elle y voit deux anges, deux anges blancs qui lui demandent pourquoi elle pleure.
Drôle de question ! C’est qu’ils savent, eux, qu’il n’y a pas à pleurer mais à se réjouir. A peine Madeleine a-t-elle le temps de leur expliquer entre deux hoquets pourquoi elle pleure : « Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis », qu’un nouveau personnage apparaît.
Nous qui sommes finauds, nous l’avons tout de suite reconnu, n’est-ce pas. Depuis deux mille ans, on s’est fait à l’idée de sa résurrection. Mais Madeleine ne peut pas s’attendre à cela. Elle s’imagine parler à un vivant, et elle prend cet homme pour le jardinier. Qui d’autre pourrait se trouver là ?
Regardez avec quel raffinement le maître-verrier du Moyen Âge a figuré la verdure sous les pieds des personnages. Toute une harmonie de tons de verts, de formes de feuilles différentes… On se croirait à Giverny, autour de l’étang de Monet !
Un arbre se dresse au centre du vitrail. C’est l’arbre de vie, peut-être, car le Ressuscité donne la Vie éternelle. C’est aussi une verticale qui divise le vitrail en deux parties, à gauche, Madeleine, bien vivante, à droite le Christ, revenu se manifester à ses disciples après sa mort. Deux mondes distincts, qui ne doivent pas se toucher.
Car elle a sûrement envie de le toucher, Marie-Madeleine. Pour qu’elle le reconnaisse, Jésus l’a appelée par son nom, Marie. Et la voilà qui passe de la douleur à la joie la plus folle. Qu’est-ce que vous auriez eu envie de faire à sa place ? Lui sauter au cou, le serrer dans vos bras ? Lui baiser les pieds ?
Pas question. Un phylactère sort de la bouche du Christ, on y lit, à l’envers, les paroles latines « Noli me tangere », ne me touche pas.
Madeleine devra témoigner auprès des autres disciples de l’Apparition. Celui qu’elle a pris pour le jardinier est le jardinier des âmes.

Symphonie automnale

Giverny

On aimait bien les titres qui évoquaient la musique à l’époque de Monet, les Harmonies en vert, en bleu, en rose pour le maître de Giverny, les Symphonies ou les Arrangements numérotés chez Whistler…
Voici donc quelques mesures de la symphonie de jaunes et de rouges qui se joue en automne dans le clos normand du chef de file de l’impressionnisme.
Les massifs aux teintes chaudes rayonnent dans les feux du couchant, tandis que ceux aux tons plus doux, mauves, roses, font plutôt face à l’est.
Et la maison, tout au bout de l’allée, est comme noyée sous l’envolée des accords de couleurs.

Rue Claude Monet

Rue Claude Monet, GivernyCe n’est pas une surprise, la rue principale de Giverny porte le nom de Claude Monet. Elle chemine à flanc de colline et traverse tout le village de part en part, une balade d’environ deux kilomètres. La maison de Claude Monet (à droite sur la photo) est située presque tout au bout, en face d’un petit parking.
Divine bonne nouvelle, on apprend dans le journal local Le Démocrate que l’agglo a budgété 2,2 millions d’euros pour l’aménagement piétonnier et touristique de la rue Claude Monet à Giverny. Les travaux devraient être réalisés dès 2010. Si c’est en fin d’année, les visiteurs en profiteront au plus tard en 2011.
La nouvelle manque de précision, on ne sait pas quelle est la portion de la rue qui est concernée.
Cet été un essai a été fait de la barrer pour rendre piétonnier le tronçon face au musée des Impressionnismes. C’était très agréable, on regrette seulement que l’interdiction aux voitures n’ait pas été étendue là où elle serait le plus utile, devant la Fondation Monet. C’est plus difficile à cause du parking, mais c’est là qu’il y a le plus de monde, l’entrée et la sortie du musée Monet se faisant directement dans la rue.
Autre bonne nouvelle, Giverny aura enfin des toilettes publiques. Trente ans après l’ouverture de la Fondation Monet, il est temps. On devine dans cette procrastination une saga clochemerlesque. Mais pas seulement : on ne dirait pas comme ça, mais construire cet édicule a un prix stupéfiant. Allez-y, devinez… Non non, beaucoup plus : 226 000 euros ! Le prix d’un rond-point, ou d’une petite maison avec non seulement des toilettes, mais toutes les autres pièces en prime ! Il faut croire qu’il y aura des hectomètres de tuyaux à poser. Emplacement pressenti, ai-je ouï dire, le bas du parking du Musée des Impressionnismes.

Depardieu sera Monet

Gérard Depardieu, DR Rencontre de deux monstres : Gérard Depardieu interprétera Claude Monet dans un film dont le tournage est prévu pour le printemps 2010.
Je brûle déjà de voir comment Depardieu incarnera le peintre. L’aspect bourru et enflammé lui va bien, il a tout le charisme nécessaire, et n’aura pas à composer pour jouer les amateurs de bonne chère !
La réalisatrice de ce biografilm est Chantal Picault. Ce sera intéressant de voir comment elle va condenser la longue vie de Monet, quels évènements elle va mettre en avant, lesquels seront passés sous silence. Comment donnera-t-elle du rythme à l’histoire ? Quelle sera l’image de Monet porté à l’écran ? L’analyse subjective du personnage ?
Un indice, d’ores et déjà : Depardieu ne vient pas seul, le casting propose d’autres stars telles que Michel Galabru dans le rôle de Georges Clemenceau et Sandrine Bonnaire dans celui de Blanche Hoschedé-Monet.
On ne sait pas encore qui jouera Camille, Alice, ou Durand-Ruel… Mais on peut imaginer que l’aspect people de Monet sera mis en avant avec ce choix d’une star pour interpréter l’ami le plus illustre du peintre. Et il faudra bien un peu de glamour aussi. A ce titre la dévotion de Blanche à l’égard de son beau-père ne manque pas de passion, mais sans doute de chair. La femme de sa vie, c’est Alice.
Bref ! Un grand film sur Monet, c’est merveilleux, et tous les guides qui traitent de l’impressionnisme vont se précipiter pour le voir dès sa sortie. Parce que les clients nous en parleront, et parce que notre travail s’en rapproche. En guidage aussi, il s’agit de donner en deux heures une certaine idée de Claude Monet.

Etretat

w817 Claude Monet, Etretat, soleil couchant, 1883 Claude Monet, Etretat, soleil couchant, 1883

A en croire sa production de tableaux, Claude Monet a fait au moins sept séjours dans la petite station balnéaire normande d’Etretat, célèbre pour ses spectaculaires arches de pierres qui plongent dans la mer.
Dès 1864, le jeune Monet peint la Porte et la falaise d’Aval. Il récidive en 1868 avec une « Grosse mer à Etretat », puis revient en 1873.
Enfin, en janvier 1883, Monet se lance dans une campagne de peinture de trois semaines. Il peint dix-neuf toiles. Il sent qu’il n’a pas épuisé le sujet. L’hiver 1885-86, il passe trois mois à Etretat et y exécute la bagatelle de quarante-neuf tableaux, portant à soixante-quinze le nombre total de toiles d’Etretat.
Ce sont les oeuvres faites à la faveur d’un séjour prolongé qui offrent les points de vue les plus originaux.
Selon le mot de Monet, on ne s’imprègne pas d’un paysage en un jour. Le décor est si naturellement pittoresque à Etretat qu’on se contente volontiers du plan le plus banal, saisi sur la plage devant le bourg. Il faut du temps pour rechercher l’originalité, crapahuter de haut en bas des falaises, jouer avec les marées, s’imprégner des possibilités changeantes du lieu.
Bon marcheur, Monet n’a pas hésité à aller assez loin pour trouver des angles intéressants. Le peintre intrépide a choisi parfois des espaces dégagés quelques heures seulement à marée basse, ce qui n’a pas été sans risque.
Etretat, l'aiguille et la porte d'aval, coucher de soleil Monet aimait le bord de mer en hiver. Pour retrouver ses lumières, c’est le moment d’aller à Etretat. L’automne offre des couchers de soleil dès 5 heures du soir, et, dans la petite station qui somnole au crépuscule de la saison, on trouve à nouveau de la place pour se garer.
Si vous aimez la photo vous cadrerez en vous posant les mêmes questions que les peintres, plus large ou plus serré ? plus à gauche ou plus à droite ? d’ici ou de là ?, en jouant des éclairages et des perspectives. Mais prudence près des falaises, attention à la mer, aux chutes de roches, et au vent.

Etretat, l’Aiguille et la Porte d’Aval, coucher de soleil

Brume à Giverny

Brume à GivernyL’automne est plus qu’une autre la saison de la brume.
Le matin elle s’accroche à la vallée de la Seine, paresseuse, jusqu’à ce que le soleil la tire du lit du fleuve.
Elle est chez elle dans le jardin d’eau de Claude Monet.
Sur l’étang aux nymphéas, la brume voile les formes, trouble les contours, dissout les couleurs.
Elle joue, taquine, aux devinettes. Qu’aperçoit-on là-bas, en écarquillant les yeux ? Un petit pont à cheval sur le ruisseau, la barque du jardinier ?
Indécis, on tourne au milieu de ce monde qui flotte. Où aller ?
La brume ferait perdre le nord, à escamoter les lointains.

Aster

Gisverny, asterSon nom d’étoile lui va comme un gant : l’aster a puisé dans la voie lactée l’idée de ses myriades de petites corolles qui illuminent les jardins d’automne.
En bouton, elle est déjà jolie, avec tous ses petits poings serrés au milieu de son feuillage fin et touffu.
L’attente, pourtant, paraît longue, tandis que doucement l’été fait place à l’automne et que partout les massifs débordent de fleurs. Toujours verte, l’aster attend son heure.
Puis viennent les petits points de couleur, gouttelettes échappées du pinceau.
Quand enfin les couronnes de pétales bleus ou blancs s’écartent, dévoilant une infinité de petits soleils dorés, l’aster se couvre soudain d’une floraison si dense qu’on ne voit plus qu’elle.
Le jardinier est récompensé au centuple des quelques soins qu’il lui a prodigués : l’aster est une bonne fille débrouillarde et accommodante, une fille de la campagne habituée des jardins paysans, solide, robuste, pas une de ces beautés fragiles qu’un souffle d’air fait périr.
Et puis vient l’heure du déclin. L’aster a le bon goût de ne pas s’afficher mourante. Elle signale discrètement qu’elle dépérit en changeant la couleur de son coeur, qui de jaune pâle devient jaune foncé. Puis les pétales se recroquevillent, s’effacent derrière de nouvelles étoiles à peine ouvertes, épargnant au jardinier la corvée de retirer les fleurs fanées.
Quand enfin tout le bouquet est passé, il ne reste plus qu’à couper à ras, en attendant que la plante repousse l’année suivante. La fidélité est le cadeau des vivaces, elles fournissent la trame immuable de nos jardins.

Jean-Pierre Blanchard

Monument à Jean-Pierre Blanchard, les AndelysSur une colonne de pierre blanche, le profil en bronze d'un homme coiffé à la mode de l'Ancien Régime se détache sur la silhouette d'une montgolfière. Le monument situé sur la place du Petit-Andely est dédicacé "à Blanchard, ses concitoyens et ses admirateurs".
Blanchard est l'une des gloires des Andelys. Sa maison natale se trouve juste derrière l'église Saint-Sauveur, au numéro 8.
Le petit Jean-Pierre y voit le jour le 4 juillet 1753. Très jeune, il rêve de voler. Il construit un drôle d'engin à plumes, qui ne s'élèvera jamais au-dessus du sol.
C'est l'invention des frères Montgolfier qui va donner un tournant décisif à sa carrière. En mars 1784, quelques mois seulement après les premiers vols en ballon, Blanchard effectue sa première ascension et devient à son tour un des pionniers de l'aéronautique.
Il perfectionne la technique (son ballon est gonflé à l'hydrogène et non à l'air chaud) et se met en tête de traverser la Manche, en compagnie de l'Américain John Jeffries.
Partis de Douvres, les deux hommes atterrissent à Guînes, près de Calais, un peu moins de trois heures plus tard. Ils ont eu chaud, si l'on peut dire : arrivés au tiers du parcours, leur ballon a commencé à descendre. Il leur a fallu jeter par-dessus bord tout le lest, les victuailles, l'ancre et même une partie de leurs vêtements, geste héroïque (on est en janvier) !
L'exploit accompli au péril de leur vie leur vaut une gloire immense. Blanchard l'exploite habilement en multipliant les ascensions. S'il n'a pas été le premier à voler en France, il le sera dans d'autres pays, en Allemagne, en Pologne, aux Pays-Bas…
Il parcourt l'Europe puis se rend aux Etats-Unis. Le 9 janvier 1793, Blanchard s'envole de Philadelphie en Pennsylvanie et atterrit à Deptford, dans le New Jersey. Pas moins de cinq présidents des Etats-Unis assistent à l'évènement, le président en exercice George Washington, et les futurs présidents John Adams, Thomas Jefferson, James Madison et James Monroe !
Rentré en France, Blanchard se marie. Sa femme Madeleine Sophie, aussi intrépide que lui, l'accompagne dans ses démonstrations.
Blanchard meurt en 1809, suite à une chute due probablement à un accident vasculaire cérébral en vol qui l'a empêché de s'occuper du foyer du ballon. Le parachute, qu'il n'a pas inventé mais dont il s'est fait le promoteur, ne lui est d'aucun secours.
Sa femme poursuit seule les démonstrations d'ascension. Elle aussi connaît une fin tragique. Au cours d'un vol nocturne où, parvenue très haut dans le ciel de Paris, elle doit lancer des feux d'artifices, son ballon prend feu. La malheureuse s'écrase au sol, devenant la première femme victime d'un accident d'aéronef. Le monument des Andelys ne l'a toutefois pas associée à l'hommage rendu à son illustre époux. Il est vrai qu'elle n'est pas native de la commune.

360°

Les Nymphéas de l'OrangerieClaude Monet – Les Grandes Décorations des Nymphéas au musée de l’Orangerie, Paris. 

Pour tous ceux qui sont loin de Paris, le musée de l’Orangerie propose une visite virtuelle à 360° des célèbres Grandes Décorations de Claude Monet. Évidemment, elle ne remplace pas l’émotion de voir en vrai, mais l’effet est bien plus réaliste qu’une photo.
On peut faire défiler tout le panorama des Nymphéas, et retrouver cette sensation de continuité et d’infini coloré, rêveur, qui saisit face au testament pictural du maître de Giverny.
Pour parfaire l’illusion, le 360° permet aussi d’observer le plafond nouvellement refait, avec sa verrière qui fournit un éclairage naturel très doux, et le sol comme si on y était.
Cette prouesse technique du 360° est maintenant accessible non seulement aux institutions comme les musées ou les parcs d’attractions, mais aussi à tout un chacun, par exemple les hôtels et les chambres d’hôtes pour des visites virtuelles de leur établissement, ou encore les agences immobilières ou les particuliers qui souhaitent vendre leur maison.
Pour en revenir aux Nymphéas de l’Orangerie, un regret, la difficulté d’imaginer l’échelle de l’oeuvre dans une salle idéalement vide. On aimerait aussi avoir le détail de chaque panneau. Cela viendra peut-être ?

Kreative

kreativ blogger Odile des Cerisiers de l’Aube a eu la gentillesse de me décerner le titre de Kreativ Blogger, une distinction amicale dont je la remercie. Les règles en sont de révéler sept vérités me concernant et de décerner à mon tour l’award à sept bloggers.

Je rêve d’avoir un jour un beau jardin (pour l’instant c’est une prairie), je suis gauchère (mais pas si maladroite), je suis entourée de cinq hommes (dont trois informaticiens), je n’aime pas les smileys (ce sont les rires enregistrés de l’écrit), j’ai essayé sans succès d’apprendre l’arabe (deux ans d’efforts), j’aime les voyages qui ne sont pas touristiques (recherches ou retrouvailles), enfin et surtout j’ai un penchant héréditaire pour les projets un peu fous (le coeur a ses déraisons).

Je vous propose d’aller faire un tour sur les blogs de :
Snödroppe, ma voisine bloggeuse d’Evreux, pour la passion avec laquelle elle parle de rugby,
Passiflore, jardinière et chineuse créative, pour son humour léger,
Aifelle, pour ses bons conseils de lecture,
Kinneret, pour goûter aux joies de la traduction automatique,
Yigael, pour la beauté de ses dessins qui donnent envie de s’abonner à Cosinus,
et pour finir un blog collaboratif,
le Blog de Rouen, pour ses photos superbes !

Bonne découverte !

Les règles :
Insérer une image kreativ blogger, faire un lien vers le blog qui a décerné le prix, donner sept informations inédites sur soi, nommer sept blogs avec le lien, laisser un message sur leurs blogs, afficher les règles.

478 000 visiteurs en 2009

Giverny, la tonnelle aux rosesLa Fondation Monet vient de faire ses comptes : 478 000 visiteurs ont franchi la porte des jardins de Giverny en 2009, un chiffre qui place cette année parmi les cinq meilleures en trente ans d’ouverture.
La hausse par rapport à 2008 est spectaculaire : + 17 % !
Plusieurs facteurs se sont conjugués pour aboutir à cette affluence record. L’ouverture sept jours sur sept explique la moitié de la progression, l’autre étant due à la météo exceptionnelle, à l’attrait des expositions du musée des impressionnismes, et à l’effort de communication et de publicité déployé par les deux structures.
Une ombre vient pourtant ternir le tableau, la crise sous-jacente. Si la moitié des visiteurs de Giverny vient de l’étranger, l’absence des Britanniques, dont la livre s’est brutalement dépréciée, est flagrante. Les Anglais sont restés chez eux, ce qui se ressent dans les hôtels et les chambres d’hôtes de la région. Les Franciliens, qui représentent les deux tiers de la clientèle française, sont venus plus nombreux, mais ils rentrent chez eux le soir et consomment donc moins.
Pour la première fois la Fondation Monet a mis en place un outil d’analyse de l’origine géographique des visiteurs. Pas encore d’études comparatives avec les dernières années, donc, mais déjà des premiers résultats qui ne manquent pas d’intérêt. On apprend ainsi que les Japonais représentent 6% de la clientèle des jardins de Monet. C’est un très beau chiffre étant donné l’éloignement du Japon, mais un bien petit pourcentage tout de même, qui vient tordre le cou à l’idée reçue que Giverny est envahi de Japonais.
Les chiffres réservent d’autres surprises, les Australiens arrivent avant les Hollandais, par exemple, les Suédois devant les Belges. Il est vrai que les Suédois ont tous lu « Linnéa dans le jardin de Claude Monet », best-seller international de la littérature enfantine écrit par une Suédoise, et qu’il n’y a rien de tel pour donner envie d’entreprendre le voyage…

Les Nymphéas de la Toussaint

Nénuphars à GivernyOn n’avait jamais vu ça : deux courageux nénuphars roses se sont mis en tête de fleurir aujourd’hui sur l’étang de Monet, histoire de fêter la fermeture des jardins ce soir !
C’est la première fois qu’on en voit si tard en saison, alors qu’ils ont coutume de disparaître dès la mi-octobre. Mais l’automne a été doux, hormis le malencontreux coup de froid d’il y a quinze jours. Il fait encore 15° à Giverny cet après-midi. Bien des plantes jouent les prolongations.
Et puis, un deuxième facteur est venu décider les Nymphéas à ouvrir encore leurs boutons : un petit courant tiède les chatouille.
Depuis que les feuilles des arbres se sont mises à tomber dru sur le bassin, les jardiniers entretiennent un léger courant pour les pousser naturellement toutes du même côté. Cette eau venue du sous-sol est moins froide en ce moment que l’eau de surface, ce qui plaît beaucoup aux nénuphars.
Sous son manteau de feuilles dorées, le bassin a un charme automnal et mélancolique. Mais je n’ai pas pu faire de photo des héros du jour, il pleut des seaux à Giverny cet après-midi. Celle-ci date du 19 octobre, avant la chute des feuilles.

Eau vive

Jardin de Monet

Il n’y a pas que le bassin aux Nymphéas pour faire le spectacle dans le jardin de Monet !
Le ruisseau qui contourne l’étang creusé par le maître de Giverny n’est pas en reste.
Les berges débordent de fleurs harmonisées avec soin, qui jouent le naturel avec beaucoup de sophistication.
Du grand art.

Chuchotis à chat

Chat dans le jardin de Monet

Tout au bout du bassin de Monet, près du petit pont, l’eau clapote contre la vanne.
Quelquefois des grognements s’échappent du petit barrage mobile qui servait à alimenter à la demande le bassin aux Nymphéas avec l’eau de la rivière, pour ajuster le niveau de l’étang.
Les visiteurs se demandent quel est l’animal caché sous les lattes du pont, un cochon ? un chien ?
Ce bruit de succion qui rappelle celui d’une baignoire qui se vide n’intrigue pas que les visiteurs. Ce petit chat du quartier lui aussi est venu écouter.
Installé sur la grille du vannage au milieu des pétasites, il guette les bruits, moustaches frémissantes.

Il a fait preuve d’une grande patience, mais rien n’y a fait, la bête mystérieuse n’est pas sortie de sa cachette !

La passerelle

Passerelle de MonetAprès l’ondée, c’est l’heure des farces dans le jardin de Monet.
Le soleil rasant se glisse sous la passerelle pour aller éblouir les nymphéas de l’autre côté.
Le pont japonais, revêtu de sa tenue de camouflage offerte par l’automne, se prend pour les arbres dont il est issu. Il essaie de se fondre dans le décor.
La lumière devient pétillante, réfléchie par les millions de gouttelettes qui traînent encore dans l’air.
Les gouttes s’alignent sous les rambardes en bataillons bien rangés. Suspendues têtes en bas en équilibre, prêtes à se laisser choir, elles défient les lois de la pesanteur.
Les lattes du pont brillent, méditant des traîtrises.
Il ne pleut plus, mais les feuilles des arbres ont gardé des réserves d’averse qui n’attendent qu’une bourrasque pour surprendre l’innocent promeneur.

Reflets d’automne

Couleurs d'automne à GivernyL’automne a mis le feu aux frondaisons autour du bassin aux Nymphéas de Monet. Des flammes dansantes plongent dans les profondeurs bleues, chapeautées placidement par les feuilles rondes des nénuphars.
C’est un spectacle éphémère et superbe, ce choc des contraires, la rencontre du chaud et du froid, du mouvement et de l’immobilité, de l’air et de l’eau.
Les jeunes artistes se pressaient nombreux ce matin sur les berges pour tenter de saisir le flamboiement de l’automne.
C’est le moment que je préfère du côté du jardin d’eau, quand, las des gammes de verts qu’il a décliné tout au long de l’été, il se souvient qu’il y a d’autres couleurs et les sort subitement de son chapeau.
Le visiteur étonné découvre un tout autre décor, où chaque arbre révèle soudain un potentiel insoupçonné, comme un sportif qui se surpasse sous la pression de la compétition. C’est donc cela que tu avais dans le ventre ! se dit-on face au taxodium devenu roux comme un écureuil, aux buissons de lilas jaune pâle et aux liquidambars qui prennent des teintes vineuses, rouge, bordeaux ou or.
On ne sera plus là pour assister à la défaite ultime, la chute des feuilles desséchées sur les pelouses ou le bassin, la mise à nu des branches et des troncs. La Fondation Monet ferme dimanche prochain à 18h. C’est donc une image glorieuse qu’on emportera du jardin d’eau de Monet. Le jardin de fleurs, en revanche, a déjà rendu les armes, surpris par un gel nocturne précoce. Créées pour s’opposer en tous points, les deux parties du jardin n’ont jamais été aussi dissemblables.

Le jardin de Monet en 1961

Le jardin de Monet en 1961Le jardin de Monet en janvier 1961, photo Albert Pillon

En janvier 1961, voici comment se présentait le jardin d’eau de Claude Monet à Giverny, trente-cinq ans après la mort du peintre.
Cette photo d’un grand intérêt documentaire a été prise par Albert Pillon, un Givernois émigré au Québec cinq ans plus tôt. Lors d’une de ses visites dans son village natal, il a pensé à fixer sur la pellicule le fameux bassin aux Nymphéas, motif préféré du chef de file de l’impressionnisme.

Si vous agrandissez la photo, vous pourrez apercevoir les arceaux de l’embarcadère aux rosiers, à peu près au milieu du cliché. Ils permettent de situer l’angle de prise de vue et de comparer avec la restitution actuelle du jardin. Le pont, les bambous, le hêtre pourpre sont hors champ sur la droite.
Certes, c’est l’hiver, une époque où la végétation s’efface, mais le jardin paraît net et entretenu. On est loin de la jungle impénétrable, du bassin partiellement comblé, à l’eau noirâtre, que décrira Gérald van der Kemp quinze ans plus tard.
Les arbres échevelés qui se mirent dans l’étang ont l’air d’être des saules, aucun d’eux n’a survécu jusqu’à aujourd’hui. Mais un saule pleureur se devine sur la gauche, ainsi que des rosiers. Le jardin lui-même donne une impression de vide et de simplicité, loin de l’opulence actuelle.
La petite clôture de barbelés bien symbolique ne dissimule rien au regard des promeneurs qui se tiennent sur le talus de chemin de fer, une disposition fidèle à l’esprit de Monet.
J’imagine les passants de 1961, ceux qui croient apercevoir une banale mare de campagne, et ceux qui savent qu’ils ont sous les yeux le motif d’innombrables chefs-d’oeuvre.
Suspendu entre ce qu’il a été et ce qu’il va devenir, l’étang a déjà en lui ce magnétisme qui attirera bientôt des millions d’admirateurs de tous les coins de la planète.

Expo d’orchidées à Vascoeuil

Orchidée Zygopetalum Titanic

Si comme Monet vous êtes passionné d’orchidées, vous allez vous régaler à Vascoeuil ce week-end. Dès vendredi après-midi commence la 11e « Magie des Orchidées », une exposition florale qui présentera des centaines de variétés différentes dans des mises en scènes spectaculaires, à travers les salles du château. Emerveillement en perspective !
Le matin, on peut s’initier au rempotage, et même venir avec sa propre orchidée. Mais c’est surtout l’occasion d’en adopter de nouvelles, étranges et originales, jamais rencontrées en jardinerie.
Celle-ci par exemple se nomme Zygopetalum Titanic, une obtention de Vacherot et Lecoufle, des orchidéïstes français.
A la voir, il y a bien de quoi se détendre les zygomatiques : un déguisement de clown entoure une bouche qui rit aux éclats, entre un mignon petit nez rose et une barbe de nain de jardin.

Une impression forte

Chateau-GaillardChâteau-Gaillard tire son nom de son aspect redoutable. La forteresse conçue par Richard Coeur de Lion était si bien pensée, perchée sur son piton rocheux, avec ses murs immenses et très épais, ses fossés larges et profonds, qu’elle paraissait imprenable.
Pour faire définitivement forte impression sur ses contemporains et surtout sur ses ennemis, le duc de Normandie n’a pas lésiné sur les moyens. Il a même, avant l’heure, usé d’arguments psychologiques de dissuasion.
Voyez-vous les rayures blanches et brunes sur ce mur ? La place forte est entourée de remparts de dix mètres de haut composés de deux sortes de pierres différentes. La pierre blanche est du calcaire du val de Seine, la brune vient des côtes de la Manche.
L’appareillage très régulier met en valeur l’alternance des matériaux, dans un but décoratif.
Oui, décoratif ! Toute l’astuce est là. Ces pierres que l’on fait venir de loin, à grands frais, montrent la puissance de Richard Coeur de Lion.
Elles disent au roi de France, regarde ! Je suis le roi d’Angleterre, je règne sur la Normandie et l’Aquitaine, mon domaine s’étend de l’Ecosse aux Pyrénées. Je suis si riche que je peux me permettre des fantaisies décoratives sur cette citadelle. Ne t’y frotte pas, toi qui n’es qu’un roitelet, tu ne fais pas le poids.
Le bas du mur a perdu son parement de pierres taillées. Il laisse apparaître le remplissage de petits morceaux de pierres et de mortier qui formait la masse entre les deux chemises de pierres lisses.
Cet aspect ruiné n’est pas dû à la seule usure du temps. C’est un démantèlement volontaire, autorisé par Henri IV. Le château avait perdu son rôle militaire dans la France unifiée, mais il servait de repaire à des bandits. Le roi a donc autorisé des congrégations religieuses à venir s’y servir en pierres pour réparer leurs abbayes. Les moines ont pris les pierres du bas, et ils ont laissé celles du haut du mur.
Tout en haut, on aperçoit les fines archères par lesquelles on lançait des volées de flèches sur l’ennemi, pour tenter de le tenir à l’écart.

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Ariane.

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